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14/02/2014

Etude n°8, Avec les riches et les célébrités, Marc 10.17-31// Mat 19.16-26 (22 02 14)

 

« L’amour de l’argent est la racine de tous les maux, et quelques-uns pour s’y être adonnés, se sont égarés loin de la foi et se sont infligé à eux-mêmes bien des tourments » 1 Tim 6.10

 

Observons Marc 10.17-31

Le contexte

Après la transfiguration, Jésus descend de la Galilée vers le nord de la Judée, par la route à l’est du Jourdain (10.1). Les Pharisiens l’interrogent sur la répudiation afin de le mettre à l’épreuve (v 2), et les disciples veulent écarter les enfants de Jésus, à sa grande indignation.

 Jésus et jeune homme riche H. Hoffman 2.jpg

Le texte

V 17 : rencontre avec le jeune homme riche (Heinrich Hoffmann, 19ès)

V 18-21 : dialogue de Jésus avec le jeune homme : « Va, vends tout et suis-moi »

V 22- 31 : dialogue de Jésus avec ses disciples :

            a) 23-25 : difficulté pour les riches d’entrer dans le royaume de Dieu

            b) 26-27 : Seul Dieu peut sauver

            c) 28-31 : Celui qui est libéré de ses liens par et pour Jésus, reçoit de Dieu au centuple, ici-bas et dans l’éternité.

 

 

Comprenons

Cet épisode peut servir d’application à l’enseignement de Jésus dans le discours sur la montagne, Mt 6.19-23 : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

Matthieu et Luc nous disent que celui qui s’approcha de Jésus était un jeune homme, de haut niveau social, (Matthieu 19.20-22), magistrat ou chef de synagogue (Luc 18.18). Il était sincèrement préoccupé de la question la plus importante de la vie humaine : avoir la vie éternelle. Comme les Pharisiens, il pensait l’obtenir par une obéissance scrupuleuse à tous les commandements, mais il restait dans le domaine du « faire » (Que dois-je faire ?), et non de la relation avec Dieu (« Qui suis-je devant Dieu ?).

Son empressement auprès de Jésus marque toute son inquiétude sur le sujet. Le titre qu’il lui donne « Bon Maître », révèle la vénération qu’il porte à Jésus, considéré comme un homme exemplaire, pour sa bonté, sa justice et sa connaissance de la Parole.

Jésus le reprend pour lui montrer qu’il se fait des idées fausses sur la bonté de l’homme. Le jeune homme se croit lui-même bon, parce qu’il obéit à la loi, il voit en Jésus un homme supérieur, mais pas plus. Jésus lui rappelle que Dieu seul est bon, parfait, saint. En reprenant le jeune homme sur cette expression, il le place devant la question : Comment me considères-tu, comme un homme, ou comme Dieu ? Penses-tu qu’un homme puisse atteindre la perfection de Dieu par son « faire » ?

Puis Jésus le renvoie à la loi qu’il connaît, pour lui faire prendre conscience de son but : la loi est un pédagogue qui mène à Christ (Galates 3.24). Le jeune homme en effet connaît la loi, mais mal : il n’en a pas saisi l’esprit. Il croit y obéir, mais ne s’est pas humilié, n’a pas reconnu son incapacité à la suivre par lui-même, n’a pas imploré le secours de Dieu pour cela. On peut avoir toute la connaissance biblique, et faire tous ses efforts pour suivre la lettre de la loi, sans avoir saisi la condition du salut : se reconnaître incapable devant Dieu d’obéir, et accepter que Dieu donne gratuitement son pardon et son salut à celui qui les lui demande (Romains 3.24).

Jésus vit que le jeune homme était sincère dans sa démarche et dans la confiance qu’il plaçait en lui. Il s’était sincèrement efforcé d’obéir, mais ne se sentait pas pour autant en paix.

Jésus décèle, et veut faire découvrir au jeune homme, ce qui le divise intérieurement. Son cœur reste attaché aux biens matériels. Jésus lui fait entrevoir un trésor supérieur, spirituel, donc impérissable, susceptible de rendre le sacrifice de ses biens moins pénible. Suivre Jésus, c’est accepter de se laisser emplir de son amour, ce qui rend les autres amours moins importants ; c’est accepter d’être dépouillé par Lui des attaches de son cœur avec le matérialisme ou tout autre addiction.

Après avoir prononcé une sentence absolue sur la difficulté des riches à entrer dans le Royaume de Dieu (v 23), Jésus adoucit l’explication : ce ne sont pas les richesses en elles-mêmes qui sont des obstacles, (elles étaient considérées d’ailleurs comme des signes de la bénédiction divine, 1 Chr 29.12 ; Ec 5.18), mais c’est la disposition du cœur et de l’esprit à mettre sa confiance en elles.

Pour insister sur l’impossibilité humaine d’entrer dans le Royaume spirituel sans un total abandon de soi à Dieu, Jésus emploie une expression devenue proverbiale, fondée sur le contraste entre l’animal chargé, utilisé dans les caravanes commerciales, et le minuscule passage dans « le trou de l’aiguille ». La difficulté apparaît au premier abord comme une impossibilité totale, mais elle prépare le remède : à Dieu rien n’est impossible (v 27). Il faut un miracle de la grâce pour que le cœur se donne entièrement à l’amour de Dieu et considère ses affections et amours terrestres passagers comme de moindre importance (voir dans Philippiens 3.3-11 l’expérience de Paul).

Si comme on le suppose, le « chas de l’aiguille » était le nom donné à la petite porte qui permettait aux piétons d’entrer dans la ville lorsque la grande porte était fermée le soir, le symbolisme de la comparaison devient frappant. Pour pénétrer par cette porte, le chameau chargé était obligé de déposer ses fardeaux, et de s’agenouiller pour passer. Le riche chargé de biens, pour pénétrer dans le Royaume par la porte qu’est Christ, doit se dépouiller de la confiance qu’il place dans ses biens, et s’agenouiller devant Christ en reconnaissant sa dépendance totale de lui.

Dessin de Zabou dans le livret « Dis, papa, explique-moi...l’argent et la dîme »diffusé par la FFS)

Zabou chameau agenouillé & caravane.jpg

Les disciples encore très attachés à une conception terrestre et matérialiste du royaume de Dieu, s’étonnent puis s’inquiètent de ce dépouillement nécessaire au salut. D’un autre côté ils se glorifient de leur propre dénuement (28). Jésus leur laisse entendre que cette démarche était l’œuvre de Dieu qui les a libérés de leurs attachements matériels ou même affectifs, chose impossible à réaliser pour ceux qui refusent l’influence et le travail de l’Esprit en eux, comme le leur a montré le refus du jeune homme. En même temps, Jésus les stimule par la promesse de recevoir au centuple de ce qu’ils ont donné, dès ce monde et dans l’éternité (30). En réalité ce n’est pas une récompense proposée comme une carotte à un âne, mais Jésus leur fait entrevoir les conséquences  bienfaisantes d’une libération d’addictions ou d’esclavages qui les maintenaient dans la tristesse (22) et l’inquiétude sur leur salut (17, 26). Mettre sa confiance en Dieu et non dans ses biens ou ses acquis (affectifs, intellectuels, matériels, ou même spirituels) procure la paix du cœur, la joie et l’énergie pour suivre Jésus. Et ceux qui sont considérés comme les plus petits ou les plus pauvres dans la société, ceux qui savent qu’ils dépendent de Dieu pour leur vie, devanceront dans le royaume ceux qui sont pleins d’eux-mêmes, ou qui s’appuient sur leurs possessions (31), ceux dont le cœur est attaché au terrestre.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-          A quoi ou à qui suis-je attaché sur cette terre ? Qu’est-ce que je crains par-dessus tout de perdre ? Pourquoi cela me semble-t-il si difficile de penser à l’abandonner ? Comment apprendre à m’en détacher pour suivre Jésus ?

 

-          Jésus nous demande-t-il de vivre en ermite dénué de tout, en vagabond ou SDF, hors de la société, mais finalement à sa charge ? Comment obéir à cet ordre de dépouillement sans tomber dans l’excès sectaire ?

 

-  Jusqu’où va mon désir de vie éternelle ? La recherche du Royaume est-elle une priorité de ma vie ? Comment est-ce que je suis Jésus sur ce chemin : comme le chameau bien chargé, lentement et avec de nombreuses haltes, en caravane ou solitaire, ou bien comme le chameau débâté par son Maître, qui se nourrit au puits et dans l’auberge (l’Église ?), pour marcher avec persévérance dans les déserts de la vie, vers l’oasis du Royaume ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

07/02/2014

Etude n°7 : Jésus et les rejetés de la société, Jean 8.3-11 (15 02 14)

 

« La femme samaritaine laissa donc sa cruche, s’en alla dans la ville et dit aux gens : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Ne serait-ce pas le Christ ? » Jean 4.28-29

 (Lucas Cranach l’Ancien,15è, La femme adultère)Femme adultère Lucas Cranach 16è.jpg

 

 Observons

Le contexte

Lors d’un séjour à Jérusalem, Jésus divise la foule, et est de plus en plus contesté par les Pharisiens qui cherchent à lui tendre des pièges pour l’arrêter. Pourtant il continue à enseigner ouvertement dans le temple.

Le texte

En trois parties :

- 3-6a : le piège tendu à Jésus au sujet d’une femme adultère

- 6b-8 : Jésus renvoie chacun à sa conscience

- 9-11 : Après le retrait des accusateurs, Jésus absout la femme.

 

Quel est le champ sémantique  (= le domaine du vocabulaire) de ce texte ? sur quoi insiste-t-il ? Voir successivement les versets 3-5,  5,7 // Dt 17.7, 9, 10-11.

Ce vocabulaire donne la clef d’interprétation du piège dressé contre Jésus, de son attitude et de son pardon.

 Comprenons

Le champ sémantique  légaliste et juridique insiste sur la condamnation du péché par la loi (3-5), sur les prescriptions de Moïse (5,7 // Dt 17.7), sur la prise de conscience par les scribes de leur culpabilité personnelle (9), sur l’absence de condamnation de la femme (10-11, où le mot condamner se trouve deux fois).

-          Les scribes et les Pharisiens se considéraient comme les défenseurs de la stricte observation de la loi et s’érigeaient en garants et censeurs des bonnes mœurs du peuple. Devant la liberté et l’enseignement de Jésus qui leur semble renier les prescriptions mosaïques en fréquentant les pécheurs, et devant sa compassion pour les humbles et les femmes, ils essaient de lui tendre un piège au sujet de la loi. En présentant à Jésus une femme adultère qu’ils s’arrogent le droit de juger, ils cherchent à trouver un prétexte d’accuser Jésus devant le sanhédrin de mépriser la loi de Moïse s’il l’absout ; ou bien une raison de le discréditer  auprès du peuple, comme rigoriste, s’il la condamne à la lapidation (peine pour l’adultère, devant être appliquée selon la loi aux deux amants, Dt 22.22).

 

-          Second point légal : selon Dt 17.7, les premiers à jeter la pierre sur le condamné étaient les témoins du délit. Était-ce les scribes ? Que faisaient-ils à épier cette femme ? Par jalousie, par convoitise, par haine ? En ce cas, ils enfreignaient eux aussi la loi ! S’ils n’étaient pas les témoins, ils n’avaient aucun droit à la lapider eux-mêmes !

 

-          L’attitude de Jésus interpelle : il refuse d’entrer dans le débat en écrivant sur le sol ; il leur signifie ainsi qu’il n’est pas là pour juger de leurs affaires juridiques (Luc 12.14). Pourtant, comment par son double refus (6,8) arrive-t-il à les placer devant leur conscience (9) ?

 Jésus écrit au sol.jpg Dans la Bible, seuls trois textes nous parlent de Dieu écrivant : au Sinaï, sur les tables de pierre, il inscrit la loi (Ex 34.28), à Babylone, sur le mur du palais, sa main inscrit le jugement prononcé sur le roi Belchatsar, profanateur des objets sacrés du temple de Jérusalem. Le troisième texte est le nôtre où Jésus écrit sur le sol dans un contexte de désobéissance à la loi et de jugement.

 On peut penser que ce qu’il écrit n’est pas étranger à ces deux autres écrits de Dieu qui manifestent sa loi et son jugement. Au lieu de ne retenir que le 7ème commandement comme le font les accusateurs de la femme, Jésus leur rappelle peut-être les autres commandements qu’ils ont enfreints eux-mêmes. Placés ainsi individuellement devant leur culpabilité, les accusateurs deviennent accusés (Jn 7.19) et ne peuvent pas répondre à l’exigence de Jésus (7). Mais en même temps, ils peuvent pressentir leur pardon dans le fait que Jésus écrit sur le sol effaçable, et non sur la pierre comme le fut la loi. La loi éternelle révèle le péché et condamne (Rm 3.19),  mais la miséricorde de Jésus efface et pardonne les péchés (1 Jn 1.9 ; 2.1b).

 

- La femme adultère aurait pu profiter du départ de ses accusateurs pour s’éclipser discrètement, avec sa culpabilité au cœur, comme les scribes. Le fait qu’elle reste prouve qu’elle a été touchée par les paroles de Jésus, le seul qui est sans péché, et suggère qu’elle en attend plus : au-delà de l’angoisse de la mort qui s’éloigne, et du sentiment de culpabilité qui l’envahit, elle espère sans doute la compassion que Jésus a déjà manifestée à d’autres. Elle ne fuit pas Jésus, mais s’attend à lui qui seul peut la sauver.

 

- Jésus, en ne condamnant pas la femme, comme les scribes voulaient le pousser à faire, et comme il était le seul à pouvoir le faire, libère la femme du sentiment écrasant d’une culpabilité bien réelle, dont elle se repent, pour l’inviter à faire le pas suivant de la conversion : Va, et ne pêche plus ! ».

 La culpabilité mise à jour peut conduire, sans Christ, au désespoir, au repli sur soi, à la névrose, mais présentée à Jésus avec repentance, elle produit le désir de changement et de libération. Le pardon obtenu entraîne la reconnaissance et l’amour pour le Sauveur dont la miséricorde opère la régénération du cœur et de la vie.

Par ses actes comme par ses paroles, Jésus enseigne la sagesse d’un Dieu d’amour et de justice, qui permet aux hommes de Le connaître et de marcher dans ses voies (Pr 2.1-9, 20-21).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-          Quelle place tient la loi dans ma vie : est-ce un code de références pour accuser les autres de péchés que je ne crois pas commettre moi-même, un miroir pour révéler mes fautes et me culpabiliser dans mes efforts de sainteté et de perfection, un moyen pédagogique pour me faire tourner vers Christ en lui avouant  mes faiblesses (Ga 3.24), des directives pour m’indiquer comment manifester ma reconnaissance pour le pardon reçu de Christ ?

 -          Est-ce que je crois que Jésus a tout pardonné en moi ? Qu’est-ce qui m’empêche d’obéir à sa voix : Va, et ne pêche plus !

 -          Suis-je prêt à imiter la miséricorde de Christ devant le péché évident d’un de mes voisins, ou  de ma famille, ou d’un de mes frères et sœurs dans la foi ?

 -          En quoi la sagesse de Dieu diffère-t-elle de la sagesse humaine ? Comment mon église et moi-même vivons-nous cette sagesse divine et miséricordieuse ?

 -          Le pardon équivaut-il pour moi à l’oubli de la faute, à la faiblesse qui ferme les yeux, à l’offre d’une nouvelle vie ?