UA-111710466-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/04/2022

Etude n°2 : La chute Genèse 3 (09 04 22)

Étude n°2 : La chute Genèse 3 (09 04 22)

"Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon" Gen 3.15

 Le 3e chapitre de la Genèse est aussi important que les deux premiers pour comprendre la situation actuelle de l’homme et de la création par rapport à Dieu. Il permet de saisir le plan de Dieu qui veut sortir  l’être humain de la catastrophe provoquée  par son choix désastreux de  vivre à sa guise, sans tenir compte de Lui. Pour compléter nos études sur le livre de la Genèse, vous pouvez consulter dans la colonne de gauche de la page les études passionnantes du pasteur belge Johan Delameilleure.

Observons

Le récit de la seconde création, concernant surtout l’humain, commence en Genèse 2.4b et ne se termine pas avant la fin du chapitre 3. Il est donc indispensable, de prendre un peu de recul  pour voir le contenu d’ensemble.

L’écrivain biblique n’a pas écrit ce texte au hasard. Il a pris la peine de donner à son récit une structure élaborée qui permet d’en faire ressortir l’essentiel.

 La méthode dite inductive permet de repérer cette structure  en observant les mots et expressions qui se répètent. Ces expressions répétitives font ici apparaître une structure concentrique, dans laquelle les expressions des extrémités du passage se font écho de part et d’autre d’un axe central constitué par Genèse 3.9.

Voici cette structure présentée sous la forme d’un tableau général,  :

A. 2.4-17 : l’homme dans le jardin

a) 2. 7,8 : dans le jardin, l’homme

b) 2.15 : l’homme doit cultiver et garder le jardin

c) 2.16,17 : il peut manger de tous les arbres sauf de celui de la connaissance du bien et du mal.

        B. 2.18-25 :    des relations agréables

        a) 2.18 : l’homme a besoin d’un vis à vis

        b) 2.20 : il donne des noms aux animaux

       c) 2.23 : la femme est tirée de l’homme

       d) 2.25 : ils sont nus sans honte

            C. 3.1a : Dieu et le serpent

            a) 3.1a : le serpent créé par Dieu

            b) 3.1a : le plus rusé des animaux

            c) 3.1a : le serpent parle à la femme

               D. 3.1b-6 : Dieu mis en doute et accusé

               a) 3.1b : vous ne devez manger aucun fruit ?

               b) 3.2,3 : vous ne devez pas en manger de peur d’en mourir

               c) 3.4,5a : le serpent dit : vous verrez les choses telles qu'elles sont

              d) 3.5b : vous serez comme Dieu

              e) 3.6 : elle en prit et en mangea, puis en donna à son mari.

                    E. 3.7,8 : l’attitude de l’homme

                     a) 3.7 : ils se rendirent compte qu’ils étaient nus

                     b) 3.8a : ils entendirent le Seigneur se promener

                     c) 3.8b : ils se cachèrent

                            X . 3.9 :      Le Seigneur appelle l’homme : Où es-tu ?

                   E’. 3.10 :   l’attitude de l’homme

                   b’. 3.10a : je t’ai entendu

                   a’. 3.10b : j’ai eu peur car je suis nu

                   c’. 310c :   et je me suis caché

              D’. 3.11-13 : l’homme responsable

              a’. 3.11 :         avez-vous mangé du fruit défendu ?

              b’. 3.12 :         c’est la femme

              c’. 3.13a :       pourquoi as-tu fait cela ?

              d’. 3.13b :      le serpent m’a séduite

              e’. 3.13c :       j’ai mangé

          C’. 3.14,15 : Dieu maudit le serpent

          a’. 3.14 :         Dieu maudit

          b’. 3.14 :         le plus méprisé des animaux

          c’. 3.15 :         le serpent sera vaincu par la postérité de la femme

     B’. 3.16-21 : des relations endommagées

     a’. 3.16 :         l’homme dominera sur sa femme

     b’. 3.17,18 :   l’homme tirera sa subsistance du sol

     c’. 3.20 :    l’homme donne un nom à sa femme

     d’. 3.21 :    ils n’ont plus honte car Dieu les habille

A’. 3.22-24 : l’homme hors du jardin

c’. 3.22 :    l’homme ne peut plus manger de l’arbre de vie

b’. 3.23 :    il doit cultiver le sol hors du jardin

a’. 3.24 :    il ne peut plus rester dans le jardin.

  

Comprenons 

1- Cette structure fait apparaître que l’axe autour duquel tout le récit est construit est l’intervention de Dieu auprès de l’homme.  Cette intervention n’est pas agressive : Dieu appelle, et il est présenté non seulement avec son titre Dieu Elohim, mais avec son nom propre : L’Éternel (le tétragramme YHVH).

Les paroles qu’il prononce ne sont ni des accusations, ni des reproches, ni une condamnation, mais une question. Pédagogiquement c’est à l’homme de se situer, de dire à Dieu où il est, et où il en est dans sa relation avec lui-même, avec la femme, avec la nature que Dieu a faite pour lui, et avec Dieu, son créateur.

 2- Tout ce qui est avant l’axe décrit la situation initiale jusqu’à l’acte commis et à ses premières conséquences indépendantes de toute intervention de Dieu. La situation initiale comporte des risques indiqués par l’ordre de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et par la présence du serpent, qui va se révéler instrument de séduction.

 3- Tout ce qui est après l’axe montre la situation finale compte tenu de l’intervention de Dieu. Cette situation est marquée par un certain nombre de conséquences liées à la désobéissance de l’homme.    

A- La séduction Gen 3.1-7  

La séduction faisant appel essentiellement aux sens et à la sensibilité, le séducteur va s’attaquer à celui des deux êtres humains où ils sont les plus développés, la femme,  par rapport aux facultés de raisonnement logique, et de maîtrise de soi que l’on attribue plutôt à l’homme.

V 1 : Le serpent (médium et symbole de Satan, Ap 12.9), avant de séduire cherche à semer le doute dans l’esprit d’Eve sur la parole de Dieu.

V 2-3 : Les ajouts ou transformations de la parole de Dieu apportés par  Eve (le fruit, ne pas toucher), montrent combien l’interprétation de la Parole de Dieu dépend de l’esprit auquel on se soumet pour interpréter : cherche-t-on à être guidé et éclairé par Dieu, ou par sa propre intelligence ou par ses sentiments, ou par un esprit de critique ?

Si on n’y cherche pas une relation intime avec Dieu, la lecture et l’étude de la Bible seront vaines, ou influencées par d’autres esprits que l’Esprit Saint. Eve en écoutant le serpent s’est déjà mise sous son influence et le montre tout de suite par son ajout à la parole divine. 

Mettre en doute la parole de Dieu (1) ouvre la porte à toutes les convoitises. Celles des yeux et de la chair (1 Jean 2.16) se manifestent (6a) dans le désir d’Eve de posséder ce que symbolise pour elle le fruit de l’arbre défendu : l’immortalité (4) et le discernement personnel du bien et du mal, qui sont les privilèges de Dieu (5). Satan a su éveiller en elle l’aspiration à sortir de sa condition dépendante de Dieu, et à conquérir le pouvoir divin de décider ce qui est bien ou mal.  Or les promesses de Satan se révèlent totalement fallacieuses : leurs yeux s’ouvrent* non pas sur le monde spirituel des dieux, mais sur leur situation de dénuement total de créatures sans Dieu !(*Cette expression dans la Bible s’applique toujours aux « voyants », prophètes de Dieu ou devins, qui ont accès au monde invisible (voir 2 Rois 6.16-17).

 Nous retrouvons quotidiennement les facettes de cet « orgueil de la vie », lorsque sans même nous en rendre compte, et souvent avec les meilleures intentions du monde, nous nous mettons à la place de Dieu. Déterminer qui est sauvé ou pas, décider de la vie de ses proches ou de l’Église selon sa propre volonté, chercher à briller aux yeux des hommes, ou à grimper dans les hiérarchies pour exercer un pouvoir sur les autres, toutes ces attitudes reproduisent le péché de nos premiers parents. Il les rendit mortels, et les conduisit à cacher leur faiblesse devant Dieu et les autres par des moyens de fortune précaires (7). Ainsi en est-il de nos efforts pour donner le change et faire croire à une capacité personnelle de nous sortir des impasses dans lesquelles nous nous enfonçons par notre insoumission à Dieu.  

Comment Dieu agit-il face à l’échec de son plan de vie pour l’homme ?Chute Zabou.jpg

 Illustration de Zabou : Adam et Eve séduits par le serpent 

 V 4-5 : Les paroles du serpent présentent les 7 dogmes de l’humanisme spirituel qu’a repris  la philosophie du Nouvel-Age, et qui s’infiltrent dans la pensée contemporaine. Ils ont comme objectif subtil et masqué de séparer l’homme de Dieu, et de faire de l’homme un rival de Dieu en lui faisant croire à son indépendance, son pouvoir et son intelligence.  

1- Vous serez comme des dieux : c’est le refus du statut de créature dépendante de Dieu, et l’aspiration à l’auto-adoration. 

2- Vous ne mourrez pas : c’est la croyance en l’immortalité naturelle, que l’on retrouve dans toutes les religions, et qui conduit à la foi en la réincarnation. 

3- Vos yeux s’ouvriront : dans la Bible cette expression s’emploie pour la prise de connaissance du monde occulte, donc inaccessible au profane, au non-initié. Eve va croire que Dieu la condamne à la naïveté, à avoir les yeux fermés sur ces pouvoirs de l’esprit, sur cette intelligence de l’infini et de l’au-delà. 

4- Vous connaîtrez le bien et le mal : chacun sera capable de déterminer ce qui est son bien ou son mal : c’est le relativisme moral, où l’homme n’a de compte à rendre à personne que lui-même. 

5- Dieu a-t-il réellement dit ...: le doute est  semé sur la révélation divine, qui prend moins d’importance que la communication de l’esprit humain avec les forces surnaturelles. 

6- Dieu sait que ...: Dieu est présenté comme un Dieu d’obscurantisme, un Dieu qui veut garder jalousement son savoir, qui interdit à l’homme la connaissance, l’ouverture d’esprit.  

7- Un fruit précieux pour ouvrir l’intelligence : la recherche du développement du cerveau par l’énergie cosmique (symbolisée par cet arbre) avec laquelle on entre en contact grâce à la méditation, est l’idée-clé de la philosophie humaniste spirituelle du Nouvel-Age. Elle s’introduit aussi dans l’Église, lorsqu’on ne perçoit pas toute la subtilité des propositions sataniques, dont le but est de séparer de Dieu. 

V 6 : La tentation d’Eve reprend les trois convoitises dont parle l’apôtre Jean (1 Jean 2.16) : convoitise des yeux, convoitise de la chair et orgueil de la vie.

La tentation d’Adam est un peu différente : il devait choisir entre écouter Dieu et perdre sa femme, ou écouter sa femme, perdre Dieu et se perdre tous les deux. Il préféra la seconde solution, ce qui fait dire que le péché d’Adam avait une connotation sexuelle.  Mais en aucun cas, nous ne pouvons prétendre que le péché de nos parents fut l’acte sexuel ! Celui-ci était voulu et béni par Dieu, pour le bonheur de l’être humain et le peuplement de la terre, et même pour symboliser l’union que Dieu voulait vivre avec la créature à son image !

B- Le dialogue entre Dieu et le couple ( Gen 3.8-20) révèle la sollicitude de Dieu 

Ce passage est très important pour comprendre la rupture des relations entre Dieu et la créature, et entre les êtres créés eux-mêmes. Il n’y a plus confiance, mais peur et accusations mutuelles dans le couple. Seul Dieu continue à aimer : Il va au devant de l’homme, Il le recherche, Il lui parle, Il veut l’amener à prendre conscience de sa responsabilité et à se tourner vers Lui, Il lui fait des promesses, et concrètement lui donne les moyens de comprendre Son amour.

 Ce dialogue  nous apprend sur Dieu qu’ :

  1. il accepte de se laisser accuser indirectement sans se fâcher,
  2. il s’adresse au serpent séducteur et le maudit,
  3. il annonce la guerre qui s’ouvre entre l’humanité et le serpent et en révèle l’issue favorable à l’humanité, il est donc un Dieu d’espérance;
  4. il ne cache pas les difficultés : il y aura blessure au talon,
  5. il permet à la femme de vivre suffisamment de temps pour transmettre la vie, même si cette transmission se fera dans la douleur,
  6. il ne maudit ni la femme, ni l’homme,
  7. il sait qu’il y aura à la fois attirance de la femme vers l’homme et domination de l’homme sur la femme : il ne donne pas l’ordre qu’il en soit ainsi, il le voit d’avance.
  8. il sait que le travail de la terre sera difficile,
  9. il sait que les humains seront mortels, et c’est une grâce dans ces nouvelles conditions de vie, pour ne pas perpétuer sans fin souffrances et destructions.
  10. il agit pour enlever la honte de l’homme et de la femme : il est donc un Dieu de pardon, de grâce.

 Il n’y a donc aucune raison d’avoir peur de Dieu. Tout nous pousse à l’aimer et à lui manifester notre reconnaissance pour ce qu’il est et ce qu’il fait.

 Au lieu de reprocher à l’homme sa désobéissance, ou de se détourner de lui par dépit et fureur de voir son œuvre parfaite gâchée, Dieu s’approche du couple dans un désir de reprendre la relation rompue, à l’heure la plus propice pour un échange dans l’intimité. Les questions posées n’ont d’autre but que de pousser l’humain à faire le point sur sa situation, à reconnaître sa responsabilité et à revenir humblement à son Créateur. Adam ne saisit pas la perche tendue, et s’enfonce dans sa culpabilité en accusant Dieu et sa femme (12), tandis qu’Eve reconnaît rapidement avoir été séduite : cette plus grande capacité de la femme à avouer sa faiblesse expliquerait-elle la présence plus nombreuse des femmes dans nos églises ?

 La différence des réactions à l’interrogation de Dieu entre l’homme et la femme n’est pas sans conséquence : Dieu promet à la femme que sa postérité vaincra le serpent, et à l’homme il rappelle qu’il est poussière et retournera à la poussière (Gen 3.19). Pourquoi n’est-il pas dit   « leur » postérité ? Si l’on rapproche ce texte de celui qui concerne la postérité d’Abraham (Gal 3.16,29) qui reçoit l’héritage promis par la justice de la foi (Rom 4.13), la postérité d’Eve victorieuse du serpent ne concernerait que celle qui, comme elle, sait reconnaître avec humilité son péché devant Dieu (Gen 3.13), qui accepte comme Abel (Gen 4.4), puis Seth (4.26), ou comme l’Église (Rom 16.20), de dépendre de Dieu pour son salut et sa victoire, tel que Christ le vivra parfaitement en se donnant lui-même sur la croix. La postérité d’Adam au contraire, refuse comme Caïn, d’écouter Dieu, se détourne de lui et retourne à la poussière ! Attention à ne pas désigner l’autre comme faisant partie de cette postérité : nous avons tous en nous un Adam et une Eve, l’un qui ne veut jamais reconnaître ses torts et accuse autrui pour se justifier, l’autre qui accepte sa faiblesse et revient humblement vers son Sauveur. Lequel des deux privilégions-nous ?

C- La nudité (3.7)

 En fait, on peut trouver une piste d’interprétation de ces versets, dans le jeu de mots qui existe dans la langue hébraïque entre le mot nu et le mot lumière. Quand on entendait le verset 25 du ch 2, l’hébreu pouvait presque comprendre ils étaient lumière. Cette lumière leur venait de la présence de Dieu. Et voilà que, après leur désobéissance, ils comprennent qu’ils se sont séparés de la présence de Dieu, ils ont perdu sa lumière et se retrouvent seuls face à eux-mêmes, sans sa protection. Le froid et la peur qu’ils en éprouvent se traduisent par la honte de se voir tels qu’ils sont.  La nudité dans la Bible devient alors le symbole de l’état de péché du cœur de l’homme, qu’il ne peut cacher devant Dieu. Mais physiquement elle n’a pas de valeur négative, de même que le sexe et la sexualité. Ils ont été voulus par Dieu pour le bonheur, la complémentarité et la procréation des êtres humains. C’est le péché introduit par l’homme, la séparation d’avec Dieu, qui en a fait des tabou, des sujets de honte et de souffrance.

La conscience de la nudité qu’a l’être humain à ce moment est l’expression physique, somatique (sentiment de froid) de sa détresse intérieure, psychique, en s’apercevant qu’il s’est coupé de Dieu, qu’il se retrouve seul, démuni de sa protection, et voué à la mort. Ici, leur honte intérieure de s’être séparés de Dieu, se transfère sur leur nudité : ils ne peuvent plus se regarder eux-mêmes en face, tels qu’ils sont, ils ne s’aiment plus eux-mêmes, et ne peuvent plus aimer l’autre car chacun  renvoie à l’autre l’image d’un être faible et privé de la présence et de l’amour de Dieu.

 Les feuilles de figuier qu’ils utilisent pour se couvrir sont le symbole des efforts humains pour cacher l’état de pécheur, et pour mériter son salut. Dieu va en montrer toute la vanité, en offrant lui-même un vêtement de peau. Pour cela, Il est contraint de sacrifier le premier animal innocent. Il enseigne ainsi concrètement le plan du salut de l’homme : Il sacrifiera son propre Fils pour que l’homme puisse vivre ! C’est le sens des sacrifices bibliques.

  D- « Les malédictions » (v 14,17)

 Il est indispensable d’être au clair au sujet des malédictions. Encore faut-il s’entendre sur le sens des malédictions divines : Dieu ne veut jamais le mal pour personne. Simplement il voit à l’avance ce qui va découler du mauvais choix de chacun, et il l’annonce. On pourrait transcrire le «tu seras maudit » par « tu seras malheureux, toi qui … ». Dieu ne fait que constater les dégâts que la rupture de l’homme avec Dieu entraîne sur ses relations dans le couple (16), dans la nature (17-19), et sur ses facultés de donner (16) et d’entretenir la vie (19). Les malédictions n’atteignent que le serpent (14) et le sol (17), dont Dieu annonce l’impossibilité totale de sortir de leur nouvelle condition ! La  souffrance va atteindre chacun dans ses forces de vie : la femme dans sa faculté de transmettre la vie, l’homme dans sa faculté d’entretenir la vie, le sol dans sa capacité de produire les moyens de vie, et le serpent dans son pouvoir de séduire et d’ôter la vie. Ce n’est pas la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi. Dieu constate seulement ce que la séparation d’avec lui entraîne.

En voulant être comme Dieu, en devenant rival de Dieu, on devient rival de son vis-à-vis, qui est image de Dieu. Lorsqu’on accepte d’être à nouveau adopté par Dieu comme fils ou fille, les rapports avec le vis-à-vis sont transformés et retrouvent l’amour et l’égalité voulus par Dieu à l’origine. Ce ne sont pas des fatalités, puisque, en même temps Dieu annonce le remède, par ses paroles et ses actes: ainsi Dieu annonce la victoire sur l’adversaire(v 15), le moyen de cette victoire par le sacrifice d’un être innocent pour conserver la vie de l’homme(v 21), et la fin de la mortalité (v 22), puisque le pécheur ne prolongera pas éternellement son état de péché,  l’accès à l’arbre de vie, qui le ferait vivre éternellement, lui étant désormais impossible.               Dieu prévient l’homme des conséquences désastreuses de son mauvais choix en lui indiquant les signes de la mort introduite

- dans la nature :

*   pour le serpent : malédiction (= peur, dégoût, mépris) parmi les animaux, poussière comme nourriture (symbole de la mort dont se nourrit Satan), reptation sur le ventre (le domaine d’action de Satan sera désormais essentiellement sur terre auprès des hommes et non plus dans le ciel, auprès des anges (Ap 12.7-8).

*   pour les relations du serpent et des humains : guerre avec les humains qui se terminera par la mort du serpent après qu’il les ait blessés.

*   pour le sol : malédiction du sol qui devient difficile à cultiver et encombré de mauvaises herbes.

 - dans la condition de la femme : la souffrance des accouchements augmentera.

Cela ne signifie pas que la souffrance existait déjà avant, simplement le travail de l’accouchement devient sensible et douloureux : le seuil de sensibilité s’est considérablement abaissé et rend douloureux le travail naturel de l’enfantement !

 - dans la condition de l’homme : peine quotidienne pour trouver de la nourriture, blessure par le serpent, retour à la poussière, donc mort.

 - dans leurs relations mutuelles : le désir d’amour de la femme pour son mari se heurtera à l’esprit de domination de l’homme sur elle : les relations d’amour et d’égalité entre eux font place à des rapports de force. En chacun d’eux, le même décalage se fera entre la sensibilité féminine et la force virile.

 Dieu est-il « sadique » ? (v 16)

L’expression « je rendrai tes grossesses très difficiles » est une de celles qui ont répandu l’image d’un Dieu qui s’acharne sur sa créature ! Elle vient de la conception vétérotestamentaire d’un Dieu Unique et Tout-Puissant, source de tout ce qui existe, bien comme mal (Job 1.21). La pensée d’un auteur du mal, indépendant de Dieu et révolté contre lui était inconcevable pour des croyants farouchement opposés au polythéisme païen. Seuls Job (1), Zacharie (3.1) et Daniel (10.13,20 ; 12.1) y font allusion,outre les prophéties d'Esaïe 14.12-15et Ezéchiel 28,  et il faudra attendre le Nouveau Testament pour avoir une notion plus précise de ce conflit cosmique entre Satan et Christ. On peut alors comprendre que « Dieu n’éprouve personne » (Jac 1.13), et que dans l’épreuve, il envoie la force et les moyens d’en sortir (1 Cor 10.13) à celui qui se confie en Lui.

 E- Les promesses divines

 Au centre de ces prévisions de l’avenir de l’homme, Dieu prononce la première promesse messianique, en deux volets (15) :

  • l’homme et la femme ne mourront pas immédiatement, ils auront une postérité.
  • Dans cette descendance apparaîtra celui qui, au prix de ses souffrances (blessure au talon) sera vainqueur du serpent mortel, symbole de Satan (Ap 12.9 ; Héb 2.14). Le grand combat entre Christ et Satan, dont nous sommes à la fois les acteurs et les enjeux, est clairement annoncé par Dieu dès la Genèse, et fera l’objet de ses révélations aux prophètes, sans être vraiment compris jusqu’à l’incarnation de son Fils. Discernons-nous au milieu de nos souffrances, la lumière d’espoir que le Seigneur entretient, pour nous permettre de les surmonter ? Adam l’a si bien saisie, que de toutes les paroles de Dieu il n’a retenu que cette promesse. Il l’en remercie en donnant à sa compagne le nom de son espérance : la Vivante ! L’avenir de l’homme, c’est la Vie promise par Dieu !

 Dieu leur laisse d’autres promesses merveilleuses :

  • le couple aura une postérité, donc la vie continue !
  • cette postérité, en la personne de Christ, malgré la souffrance causée par le mal, vaincra le mal (v 15). Cette première promesse messianique projette le couple dans un avenir certain et permet à l’homme (isch) de reconnaître en sa compagne (ischa) Eve, la mère des vivants (20).
  • v 21 : Dieu est avec eux et pourvoit à leurs besoins physiques (un vêtement chaud contre le froid), moraux et psychiques (le vêtement de peau donné par Dieu symbolise la nouvelle peau = la nouvelle façon de vivre et de percevoir les choses grâce à Dieu), spirituels (le sacrifice d’un animal innocent pour que l’homme coupable vive, symbolise le salut et la justice, offerts à l’homme par le sacrifice de Christ sur la croix).

Ce geste d’amour de Dieu remplira le couple de reconnaissance, il enseignera à ses enfants à le reproduire quotidiennement dans un sacrifice de foi et de soumission à Dieu, comme Abel le comprendra (Gn 4 et Hb 11.4).

  • v 22-23 : Dieu leur donne un avenir avec la perspective de la fin du mal : ils ne vivront pas éternellement pécheurs, mais la mort leur sera une image concrète qu’un jour le mal aussi mourra (Ap 21.4). Etre chassé du jardin où l’arbre de vie subsiste n’est pas une punition, mais une étape nouvelle de leur existence, pour leur permettre de croître dans des conditions de vie différentes, incompatibles avec celle de l’Eden à cause de l’introduction du péché. L’homme (ou l'humain) devra non seulement cultiver la terre, mais encore le terrain de sa personnalité, pour grandir jusqu’à la “stature parfaite de Christ" (Ep 4.13).
  • v 24 : Pour cela, le chemin de l’arbre de vie subsiste, il est “gardé”, et même montré de façon claire par l’épée de la Parole de Dieu (Hb 4.12), flamboyante de la lumière de l’Esprit (Act 2.3-4 ; Jn 14.26), agitée sous les yeux des hommes par les quatre chérubins, symboles de la justice, la miséricorde, la fidélité et la vérité que Dieu met en œuvre dans le jugement libérateur (Ps 89.15 ; Ez 1 ; Ap 4.6), qu’il exerce en faveur de sa créature devenue esclave de Satan (Rm 3.9-18 ; 6.16 ; 7.24-25).

 Quelle plus belle espérance Dieu pouvait-il donner que celle de la vie éternelle offerte en Christ à celui qui, pécheur repentant, veut marcher sur son chemin (Christ) selon les directives de sa Parole ? 

F- La liberté de choix

 Dieu avait mis en garde l’homme, qui connaissait donc les données du problème, comme nous les connaissons aussi par la Bible aujourd’hui. Mais Dieu dans son amour, laisse l’homme libre, car il ne veut pas s’imposer par la force et faire de l’homme une marionnette. En refusant la liberté de la vie avec Dieu, l’homme devient une marionnette, un esclave de Satan. Seul Dieu peut alors le libérer, et il a tout prévu pour cela. Mais là aussi il faut le consentement de l’esclave, l’acceptation du plan de Dieu.

 Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • La lecture de ce texte fondamental pour l’humanité me fait-elle considérer Dieu comme punissant et poursuivant l’homme de sa colère, ou comme un Dieu d’amour, accompagnant sa créature en détresse pour lui donner l’espérance d’une nouvelle vie avec lui ? En hébreu le verbe traduit à tort par « punir » dans Ex 20.5, signifie en réalité « visiter, s’occuper de, prendre soin de », Dieu prend soin des conséquences désastreuses sur les enfants de la faute de leurs parents, sur au moins trois générations. Il ne les impose pas comme des punitions (ce serait totalement injuste et en contradiction avec Ezéchiel 18, mais il accompagne les enfants pour les en soulager et les en délivrer.
  • Comment est-ce que je réagis aux difficultés et aux souffrances ? en accusant Dieu et les autres, en m’accrochant à ses promesses, en faisant de ces obstacles et de ces promesses des moyens de “cultiver mon sol”, en remerciant Dieu de me laisser et de m’ouvrir un chemin vers la Vie ?
  • Quels actes et quelles attitudes témoignent de l’espérance qui m’habite, malgré les manifestations du mal en moi et autour de moi ?
  • Comment ce texte me permet-il de comprendre l’œuvre de réparation accomplie par Christ sur la croix ? Comment manifester concrètement cette nouvelle perception, dans ma vie quotidienne, et dans ma relation avec Dieu ?