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04/10/2013

Étude n°2 : Le ciel sur la terre, Jean 2.13-22 (12 10 13)


« Ceux-ci célèbrent un culte qui est une image et une ombre des ralités célestes, ainsi que Moïse en fut divinement averti, quand il allait construire le Tabernacle : Regarde, lui dit Dieu, tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. » Héb 8.5

 

Observons Jean 2.13-22

Le contexte : Jésus a accompli son premier miracle à Cana et s’est établi à Capernaüm (Mat 4.13). Il a sans doute commencé à prêcher et se rend pour la première fois à Jérusalem pour fêter la première Pâque de son ministère (Jn 2.12-13).

Le texte

- Combien de fois sont répétés les mots « temple » ou « maison » ? Quel sens cela donne-t-il au texte ?

- Par quoi, selon Jean, Jésus commence-t-il son ministère public ? Pourquoi ?

- Qu’est-ce qui explique que le temple soit devenu une maison de trafic ?

- Au nom de quoi Jésus agit-il ainsi ? Que défend-il ? (v 16)

- Pourquoi les Juifs demandent-ils un miracle à Jésus ?

- Quel malentendu crée la réponse de Jésus dans l’esprit des Juifs ?

- Quelles vérités spirituelles Jésus voulait-il faire entendre ? Quand les disciples les comprirent-ils ?

- Quel rapport y a-t-il entre le temple de Jérusalem et le corps de Jésus ? voir Héb 8.5

- Comment la réponse de Jésus fut-elle transformée pour servir d’accusation contre lui ? Mat 26.61 ; Marc 14.58. Pourquoi ?

(Illustration : Temple d’Hérode à l’époque de Jésus)temple au temps de Jésus.jpg

Comprenons

L’apôtre Jean au contraire des autres évangélistes, place la purification du temple au début du ministère de Jésus. Ce choix est significatif de l’importance à ses yeux du geste symbolique de Jésus. Jésus manifeste pour la première fois son autorité et sa prescience divines et donne le sens de son ministère en une sorte de parabole vécue : C’est lui, qui fait descendre le ciel sur terre, qui est la présence de Dieu parmi les hommes (Jean 1.14, 18), qui vient purifier son peuple et le libérer des puissances et des idoles spirituelles qui l’enchaînent. C’est pourquoi il choisit la fête de la Pâque, parce qu’elle célébrait la libération historique de l’esclavage des Hébreux en Egypte, et préfigurait la libération spirituelle de l’esclavage du péché auquel est soumise toute l’humanité. L’agneau pascal dont le sang répandu sur les linteaux de porte avait éloigné l’ange de la mort, trouvera bientôt en Jésus crucifié son « antitype », son modèle, son accomplissement spirituel.

C’est donc dans l’optique d’annoncer la réalisation des prophéties de l’AT, que Jésus commence son ministère à Jérusalem, en « purifiant » le parvis du temple, lieu sacré du culte israélite depuis Moïse et Salomon. Les Juifs exilés  à Babylone avaient pleuré leur temple détruit, car ils croyaient que la destruction de la Maison où Dieu avait voulu habiter parmi les hommes signifiait l’abandon du peuple par Dieu. D’où le prix qu’ils attachèrent par la suite à sa reconstruction comme signe de la faveur renouvelée et de la présence de Dieu parmi eux. Seulement ils en étaient arrivés à admirer les pierres et le monument en lui-même (Mat 24.1), oubliant les symboles qu’il portait, et le modèle qu’il imitait (Ex 25.9). Ils ne considéraient que l’extérieur, le visible et ne tenaient pas compte du symbolisme spirituel des lieux. Le trafic commercial qu’entraînait les sacrifices d’animaux primait sur les services religieux purement formels. Sans s’en rendre compte ils profanaient un lieu qui devait être consacré à l’adoration du Dieu invisible. Jésus dénoncera plus tard leur aveuglement spirituel (Mat 23.16-22), qui les fait jurer par le ciel, le temple ou l’autel, sans avoir conscience de ce qu’ils représentent.

Le renversement des tables de change (la monnaie du temple n’était pas celle de la ville), le renvoi des animaux hors de l’enceinte du parvis, annonçaient la disparition du rituel des sacrifices et le bouleversement de l’adoration et du culte, que Jésus allait opérer dans son peuple, en accomplissant tout ce que le sanctuaire préfigurait. Après lui, on ne pourrait plus adorer qu’ « en esprit et en vérité »(Jn 4.23) : on donnerait du sens aux « signes » que sont toutes les formes matérielles du culte.

Les Juifs demandèrent à Jésus de donner par un miracle surnaturel une preuve de son autorité divine et de son droit à purifier le temple. Plusieurs fois ils répèteront cette demande (Mat 12.39 ; Marc 8.12 ; Luc 20.2) à laquelle Jésus ne répondra pas ou renverra au « signe de Jonas » (Mat 16.4 ; Luc 11.29), image de même sens que celle de notre texte. Jonas a prêché à Ninive la repentance, comme Jésus la prêche à Jérusalem. Jonas a été entendu par les Ninivites, Jésus ne le sera pas par son propre peuple.

Le Psaume 69.10, revenu à la mémoire des disciples à ce moment-là, fait de David un « type » de Christ. Son amour (= son zèle) pour la Maison du Père est si grand qu’il le conduit à être rejeté par son peuple et à aller jusqu’à la mort de la croix.

On s’interroge sur le rapport que Jésus établit entre la purification du temple et son injonction « détruisez ce temple ». Jésus semble lire dans le cœur des Juifs scandalisés par son geste, leurs intentions de meurtre. Sa réponse énigmatique est une véritable parabole qui joue sur le mot « temple ». Les Juifs le prennent exclusivement littéralement, dans le sens matériel du bâtiment, les disciples le comprendront plus tard, après les événements, dans le sens symbolique du corps de Jésus, mis à mort et ressuscité trois jours après.

Jésus va au devant de la haine des Juifs, en les provoquant sur plusieurs points :

-          il s’identifie au temple matériel, révélant par là qu’il en est le « modèle » montré à Moïse sur la montagne (Ex 25.8) et qu’il réalise la prophétie d’Aggée (2.9) : « La gloire de cette Maison sera plus grande que celle de la première, et c’est dans ce lieu que je donnerai la paix ! ». Il leur suggère qu’il est le vrai temple, la demeure de Dieu parmi les hommes (Jn 1.14, 18).

-          Il révèle ce que les Juifs sont en train de faire et qu’ils feront trois ans plus tard : ils détruisent le temple en le profanant par leurs trafics, et ils détruiront eux-mêmes tout le culte qui s’y célèbre en mettant à mort Celui qui en est l’origine et l’accomplissement. La mort et la résurrection de Jésus mettront effectivement fin au système juif des sacrifices et des fêtes.

-          En prophétisant sa mort et sa résurrection sous cette image de destruction et reconstruction en trois jours (c’est le temps biblique pour accomplir une action importante) Jésus s’attribue une puissance divine aux yeux des Juifs. Ce sera un motif de leur condamnation : « il se faisait l’égal de Dieu en l’appelant son Père ! » (Jean 5.18 ; 10.33), et il prétendait reconstruire en 3 jours ce qui avait mis 46 ans à se bâtir sans être achevé ! Cette parole prise littéralement était incompréhensible sur le moment, et dut paraître à tous une folie présomptueuse et impie. Ce qui explique la transformation qu’elle subit dans la bouche des faux témoins, qui accuseront Jésus d’avoir dit « Je détruirai ce temple ! » (Mat 26.61 ; Marc 14.58). Les Juifs refusaient la responsabilité de cette destruction, que leur faisait porter Jésus !

Comme pour toute parole de Jésus dans l’évangile de Jean, derrière le sens littéral nous sommes invités à découvrir le sens spirituel et symbolique.

Les disciples eux-mêmes n’en saisirent le sens qu’après l’accomplissement des événements et la Pentecôte. Ils purent alors comparer cette parole sur le temple avec les textes prophétiques de l’Ecriture (Es 53.10-11 par exemple) et en découvrir l’harmonie et la vérité.

 

Questions pour une application dans la vie quotidienne

 

-          Comment est-ce que j’accueille une parole biblique surprenante ? Comment dépasser le sens littéral qui me heurte et en découvrir la portée spirituelle ?

 

-          Comment faire de nos lieux de culte des maisons de prière et de recueillement sans les sacraliser ? Nos services de culte sont-ils formalistes ou expriment-ils la joie de la présence de Dieu parmi nous ?

 

-          En quoi le sanctuaire terrestre juif, qui n’existe plus, peut-il m’être utile aujourd’hui pour mieux connaître qui est Jésus et ce qu’il attend de moi ?

 

08:00 Publié dans Sanctuaire | Lien permanent | Commentaires (0)

27/09/2013

Etude n°1 : Le sanctuaire céleste : Ps 102.13-23 (05 10 13)


 

« Tu écouteras des cieux, du lieu où tu sièges, leurs prières et leurs supplications, et tu leur feras droit ». 1 Rois 8.49

(Miniature du 15è Les deux Jérusalem, la terrestre et la « céleste »)Jérusalem, évolution Miniature 15è.jpg

Observons Ps 102.13-23

Le contexte : Ce psaume est une complainte d’un homme affligé par la ruine de Sion (v 15), et l’exil du peuple (v 11).  Dans la première partie (v 1-12)  le psalmiste expose sa situation misérable, dans la troisième partie (v 24-29) il s’en remet à son Créateur dont il loue la puissance éternelle pour relever le malheureux (v 29).

 

Le texte

Le passage central du psaume (v 13-23) exprime l’assurance du psalmiste au sujet de la compassion de Dieu et du rétablissement de Sion, pour la gloire de Dieu.

 

V 13 : L’Éternel siège : A quoi s’oppose cette image de Dieu dans la pensée du psalmiste ? Que signifie-t-elle pour sa relation avec Dieu ?

V 14 : À quelles qualités de Dieu se réfère le psalmiste ?

V 15 : Quels sentiments pour Sion animent les fidèles ? Pourquoi ?

V  16-18 : Qu’est-ce que la reconstruction de Jérusalem prouvera aux yeux des nations ? En quoi consiste la gloire de Dieu dans ce texte ? voir Ex 33.18-19.

V 19 : De quoi s’accompagnera la reconstruction de Sion ?

V 20-21 : Quel contraste entre Dieu et l’homme souligne cette image de Dieu se penchant vers la terre « du haut de son lieu saint » ?  D’où peut venir une telle localisation de la demeure de Dieu ?

V 22-23 : Quelles conséquences aura le rétablissement de Sion sur l’ensemble des peuples ?

 

Comprenons

Le malheureux exilé détourne les yeux de sa situation misérable, pour contempler Celui qu’il implore avec foi. Alors qu’il se « dessèche comme l’herbe »(Moi, v 12), il sait que son Dieu (Toi, v 13) est éternel et « siège à perpétuité ». Le verbe « siéger » est souvent employé pour désigner la position de Dieu en tant que Roi et Maître du monde, et en tant que Juge : Ps 9.8-9 «L’Éternel siège pour toujours ; il a établi son trône pour le jugement. C’est lui qui gouverne le monde avec justice, qui juge les peuples avec droiture ». Comme ce Dieu est éternel, chaque génération peut en perpétuer le souvenir en invoquant son Nom : Yahveh (= l’Éternel) et en le servant (Ex 3.15 ; Ps 78.1-8). Parce qu’Il est compatissant pour sa ville détruite, il lui apportera le salut au temps fixé par Lui. Lui seul connaît le temps favorable pour ses interventions (Es 49.8). Le croyant ne peut que lui faire confiance. Comme ses promesses de salut se sont réalisées dans le passé (Actes 17.26, 31), au moment choisi par Lui, pour la venue du Messie par exemple, celles qui concernent la fin des temps se réaliseront aussi au « temps fixé » ( Daniel 9.24 ; Hab 2.3). Même si Jésus a déclaré à ses disciples, inquiets de la date du rétablissement du royaume d’Israël, qu’ils « n’avaient pas à connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Actes 1.7), il avait tout de même reproché aux Pharisiens de ne pas savoir discerner les signes des temps qu’ils vivaient (Mat 16.3), et il avait recommandé à ses disciples de « veiller et prier sans cesse » pour ne pas être pris au dépourvu par la venue de leur Maître (Mat 24.42).

Le psalmiste est consolé par l’assurance de la réalisation de la promesse divine, car il connaît la compassion et la grâce  de l’Éternel envers ses enfants affligés par le sort de Jérusalem. De même le croyant de tous les temps, avant et après Jésus-Christ, est consolé dans ses épreuves, par cette perspective de retrouver « la cité de Dieu, la Maison du Père », où Jésus a dit lui  préparer une place (Jean 14.2). « En  réalité, ils (les croyants) aspirent à une patrie meilleure » (Héb 11.16) que la patrie terrestre, la cité céleste (Phi 3.20 ; Héb 12.22) « qu’ils ont vue et saluée de loin », sans l’avoir obtenue de leur temps (Héb 11.13).

Le psalmiste porte sa vision dans le monde spirituel invisible, qu’il localise dans le ciel, car pour toute la Bible, le ciel est un lieu inaccessible, infini, au-dessus  de l’atmosphère (premier ciel) et des astres (deuxième ciel). C’est dans le troisième ciel (2 Cor 12.2) qu’Etienne ou Paul affirment avoir été transportés et avoir vu « le Fils de Dieu assis à sa droite » (Actes 7.56). De là, le ciel devient le lieu où les hommes placent ce qui les dépasse, les domine ou leur provoque de la crainte : Dieu, les anges ou les démons, invisibles à l’œil physique des humains (Héb 12.22-23). Cette localisation géographique du monde spirituel vient de la difficulté pour l’homme d’appréhender l’abstrait. Les hommes de la Bible se rattachent au concret qu’ils connaissent, et se font une idée très anthropomorphique (ressemblant à l’humain) du monde divin. D’où cette image de Dieu qui « se penche du ciel », comme d’un balcon, pour regarder la terre ; elle veut exprimer l’attention qu’il porte Lui, le Saint Tout-Puissant Éternel, à ses humbles créatures humaines, mortelles et faillibles. Sa compassion le fait « condescendre », « s’abaisser » au niveau du malheureux, se mettre à sa portée, pour lui communiquer sa grâce, C’est la préfiguration de son incarnation en Jésus.

Les expressions du psalmiste insistent sur l’écart immense entre la gloire royale et sainte de l’Éternel, et l’humble condition humaine, que seule la grâce et la compassion de Dieu peuvent combler : Dieu n’est pas hautain, ni retranché dans un monde supérieur, inaccessible à l’homme. Il se soucie du plus faible sur la terre et met sa gloire à le relever, le délivrer, le rétablir dans son droit, bref lui rendre justice.  Le psalmiste devient prophète et voit la reconstruction de Jérusalem et l’adoration de tous les peuples réunis en son sein. Au-delà de son espoir pour un proche retour de l’exil, sa prière prend une dimension eschatologique, que nous pouvons faire nôtre comme les prières de la fin  de l’Apocalypse : « Viens, Seigneur Jésus,… établir ton règne à perpétuité ! » (Ap 19.6 et 22.20).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-          Comment la certitude de la royauté de Dieu et la perspective du rétablissement de la justice influencent-elles ma façon de vivre les conflits et les épreuves de mon existence actuelle ?

 

-          Comment suivre dans mes relations avec les autres, l’exemple de compassion que Dieu me donne dans ce psaume ?

 

-          Quel sens prend concrètement pour moi et pour mon Église cette image d’un Dieu au ciel et en même temps attentif à la terre ? A rapprocher de  l’expression : « Avoir la tête au ciel et les pieds sur la terre » !

 

-           Comment intégrer à ma vie de foi la promesse d’Habakuk (2.3) sur l’arrivée au temps fixé par Dieu du rétablissement de la justice sur la terre ?

 

 

08:00 Publié dans Sanctuaire | Lien permanent | Commentaires (0)