22/07/2016
Étude n°5 Aller vers les autres, Jean 4.27-42 (30 07 16)
Étude n°5 Aller vers les autres, Jean 4.27-42 (30 07 16)
« Jésus parcourait toute la Galilée, enseignait dans les synagogues, prêchait la bonne nouvelle du royaume, et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple ». Mat 4.23
Observons
1- Après lecture du texte, le replacer rapidement dans le contexte.
2- Délimiter les trois moments du récit :
a) l’arrivée des disciples et le départ de la femme (27-30)
b) le dialogue de Jésus et des disciples (31-38)
c) Jésus et les Samaritains (39-42)
3- Étude suivie de chaque partie :
a) - Quels furent les obstacles à la communication rencontrés par les disciples ?
- Le témoignage de la Samaritaine : Quels sentiments dénotent le fait de laisser sa cruche, la parole : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, et la question : Ne serait-ce pas le Christ ?
b) - Dans le contexte de ce passage, que signifie la parole de Jésus : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ? Quelle est cette œuvre ?
- Quel lien établir entre la métaphore de la moisson et l’histoire des
Samaritains ?
- Comment comprendre : D’autres ont travaillé, et c’est dans leur travail que
vous êtes entrés ?
c) Quelle est l’évolution de la foi des Samaritains ? v 39-42
Qu’est-ce qui a rendu efficace le témoignage de la Samaritaine ?
Comprenons
Le contexte
Elle avait soif, si soif qu’en plein midi, à l’heure la plus chaude, elle se rendait au puits de Jacob. Cette soif physique n’était que la manifestation extérieure d’une soif intense d’amour, qu’elle avait cru étancher en collectionnant maris et compagnons. Elle ne pensait pas ce jour-là qu’elle rencontrerait celui qui allait l’abreuver totalement et changer sa vie. Pourtant au puits de Jacob, à la source d’eau matérielle, elle a trouvé la source de la Vie qui a comblé toutes ses attentes. Jésus de passage dans la région s’est arrêté, lui a adressé la parole, à elle une femme étrangère, méprisée de tous ; il lui a montré sa parfaite connaissance de son cœur, et sans la condamner il lui a même révélé qu’il était celui qu’elle attendait et recherchait inconsciemment, le Messie. Il lui manifestait par là toute l’estime et la valeur qu’il lui accordait.
Le texte
V 27 : Les disciples viennent interrompre le dialogue au moment crucial de la révélation. Ce ne sont pas eux qui ont provoqué la rencontre et leur étonnement montre combien leurs préjugés raciaux et sexistes sont un obstacle à la communication avec des personnes hors de leur cercle d’hommes juifs. Ils n’en sont qu’au début des trois ans de fréquentation de Jésus, et s’ils marquent un respect certain pour leur Maître, ils ont besoin d’une longue intimité avec lui pour apprendre à le connaître et à comprendre sa qualité de Messie. A partir de leur réticence, Jésus va tenter de les enseigner et de les faire avancer.
Actualisation : Qu’est-ce qui nous freine dans notre témoignage ? Quels tabou, quels préjugés nous empêchent d’aller vers les autres ? Quelles sont ces réticences souvent dissimulées sous le prétexte de la timidité, du respect des opinions de l’autre, de la tolérance, ou de la mauvaise compréhension de la volonté de Dieu ?
Qu’est-ce qui dans notre attitude, soit méfiante, soit trop réservée, soit intempestive, risque d’interrompre la rencontre de quelqu’un avec Jésus-Christ ?
v 28-30
La Samaritaine devant l’intrusion des disciples, mais aussi toute à la joie de sa découverte de Jésus, abandonne sa cruche pour se rendre à la ville. Son enthousiasme lui permet de quitter sans peine les anciens moyens qu’elle avait d’étancher sa soif physique, affective et spirituelle. Elle ose affronter le regard de ceux qu’elle fuyait en se rendant au puits à l’heure où il était désert. Elle cherche maintenant à partager sans crainte son expérience avec eux.
Comment le fait-elle ? Elle raconte comment cet homme Jésus est entré dans sa vie la plus intime, par sa prescience qui l’assimile à ses yeux à un prophète (v 19). Au lieu d’imposer sa conviction qu’il est le Messie comme il le lui a révélé, elle invite ses concitoyens à venir le voir, par une question interpellante : Ne serait-ce pas le Messie ?
Actualisation : Qu’est-ce qui nous pousse à témoigner de notre foi ? Le désir de « gagner des âmes » à l’adventisme, l’espoir que les autres trouveront aussi une réponse à leurs interrogations auprès de Jésus, l’enthousiasme provoqué par une rencontre personnelle valorisante et apaisante que l’on aimerait partager avec d’autres ? Comme cette femme, savons-nous inviter à rencontrer, plutôt qu’imposer notre conviction ?
v 31-38
A ses disciples plongés dans leurs préoccupations matérielles, Jésus va essayer de faire comprendre ce qui le meut. Jésus ne se contente pas de la vie physique, animale. Son objectif de vie est du domaine spirituel, de l’éternité : accomplir la volonté de son Père qui l’a envoyé. Cette œuvre de Dieu, Jésus la précisera plus tard (17.3) : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire. » La métaphore agricole de la moisson va permettre de distinguer l’œuvre de Jésus de celle des disciples.
A ce moment précis de la venue vers lui des Samaritains curieux de vérifier les propos de la Samaritaine (v 30), Jésus fait comprendre que ces Samaritains sont en train de devenir la moisson, fruit des semailles que la Samaritaine, lui-même et évidemment l’Esprit Saint ont faites. Les disciples sont appelés à la récolter sans y avoir travaillé auparavant ! Eux ne se doutent encore de rien, et Jésus les prépare à l’événement qui arrive.
Que leur demande-t-il ? Ils représentent la communauté juive, puis chrétienne qui va accueillir en son sein les non-juifs, les Samaritains en premier. Jésus les invite à recevoir sans réserve ceux que l’Esprit a préparés à entrer dans leur communauté. Les disciples ne le comprendront qu’après la Pentecôte, et leur silence dans la suite du récit montre tout le chemin qu’ils ont encore à parcourir. Jésus insiste, dans ce passage central du récit, sur le témoignage collectif de son Église : «A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ».
Actualisation : Sommes-nous, en église, de ces disciples réticents, qui se sentent bousculés et dérangés par ceux qui ne sont pas comme eux ? Ou bien sommes- nous ouverts et accueillants pour ceux que l’Esprit conduit vers Christ et vers nous ?
v 39-42
La conclusion du récit de la rencontre de la Samaritaine avec Jésus nous invite à examiner l’évolution de la foi des Samaritains.
Le témoignage de la Samaritaine les a incités à venir voir Jésus, avec curiosité, intérêt et foi en un prophète nouveau, tel qu’elle l’avait dépeint. Puis le contact fut prolongé à leur demande pendant deux jours, chose extraordinaire pour eux qui étaient considérés comme des ennemis et soigneusement évités par les Juifs. Cette visite de Jésus leur a permis de le rencontrer personnellement et de le reconnaître comme le Sauveur du monde ! La Samaritaine a fait part de son expérience et a éveillé leur intérêt, pour les conduire à Jésus, qui seul les a pleinement convaincus dans le cœur à cœur avec eux.
Qu’est-ce qui a fait l’efficacité de son témoignage ?
- La femme a écouté son cœur pour aller vers les autres, en abandonnant ses anciennes orientations de vie.
- Elle a su dire simplement ce qu’elle venait de vivre avec Jésus,
- elle n’a pas imposé ses convictions,
- elle s’est effacée pour que les Samaritains rencontrent Jésus personnellement.
Quel exemple pour notre témoignage !
Actualisation : nous pouvons toujours témoigner par des paroles pour décrire qui est Jésus, inviter à le contempler à l’œuvre dans notre vie, seuls ceux qui auront goûté à son amour, expérimenté une relation personnelle avec lui, pourront vivre comme la Samaritaine, libérés de leur culpabilité et de leurs quêtes erronées, rayonnants de joie au service de leur Maître. Individuellement comme la Samaritaine, et collectivement comme les disciples, nous sommes invités à devenir les messagers du grand roi !
08:00 Publié dans Rôle de l'Eglise | Lien permanent | Commentaires (0)
15/07/2016
Étude n°4 Justice et grâce dans l’AT, Ézéchiel 37. 1-14 (23 07 16)
Étude n°4 Justice et grâce dans l’AT, Ézéchiel 37. 1-14 (23 07 16)
« Tout être vivant qui se meut, vivra partout où le torrent arrivera…et il y aura de la vie partout où le torrent arrivera » Ez 47.9
Exceptionnellement cette semaine, à la place de notre étude, nous vous proposons, avec son accord, une prédication donnée à Reims le 2 mai 2010, puis à Chalons le 9 mai par le pasteur Christian Tanon de l’Église Protestante Unie de France, ex Église Réformée.
Comprendre ce texte difficile (Vision des ossements, G. Doré, 19ès)
Le texte que nous avons lu a de quoi nous donner des frissons dans le dos.
Le prophète déambule au milieu des ossements desséchés, qui s’entassent, innombrables, dans la plaine dévastée.
Les mots hébreux utilisés au v.2 suggèrent que le prophète doit littéralement escalader les ossements entassés pour se frayer un chemin.
Le lecteur est emporté avec le prophète dans sa marche, comme dans les vidéos en 3D, afin de vivre une scène digne des films d’épouvante.
Lorsque sur ordre de Dieu Ezéchiel prophétise sur ces ossements, nous assistons avec force bruitages et effets spéciaux, à la reconstitution par étapes d’êtres vivants.
Mettons à part l’aspect un peu macabre de cette vision, et demandons-nous quelle signification elle peut bien avoir. Quel sens lui donner aujourd’hui ?
Le contexte de l’exil
Examinons d’abord le contexte historique : quand Ezéchiel a eu cette vision, le peuple était en exil à Babylone. Le prophète lui-même était au milieu du peuple ; il regardait alentour et il voyait des hommes et des femmes au cœur desséché, ayant perdu tout espoir de revenir au pays. La plaine dévastée, ce sont ses contemporains. Les os, c’est leur être intérieur qui s’est endurci, qui a desséché et a perdu toute vitalité. Le ressort est brisé, dirions-nous aujourd’hui.
Alors Dieu inspire le prophète pour qu’il proclame une extraordinaire bonne nouvelle : le peuple retournera au pays, il rebâtira le Temple et Dieu sera au milieu d’eux. En un mot, ils revivront. Cette vision est d’abord pour le peuple d’Israël, meurtri et abattu par 50 ans d’exil.
La mort n’aura pas le dernier mot
Mais ce texte n’est pas pour le peuple seulement, il est pour toute l’humanité. Les Pères de l’Eglise y ont vu l’annonce de la résurrection des morts à la fin des temps. Au son de la dernière trompette, tous les morts sortiront de leurs tombeaux et se rassembleront, innombrables, autour du Dieu vivant. Cette interprétation a du bon, car elle nous remplit d’espérance. La mort n’aura pas le dernier mot dans l’histoire de l’humanité.
Le rôle de prophète
Mais si nous regardons le texte de plus près, nous pouvons y trouver une autre interprétation, qui part de la question : quel est le rôle du prophète ? Comment Dieu agit-il à travers le prophète ?
Dans ce texte, il est clair que le prophète a un rôle déterminant. Son intervention se déroule en deux étapes : l’observation et l’action.
Observer en étant dedans
Tout d’abord il regarde en déambulant parmi les ossements desséchés - entendez, au milieu de ses contemporains au cœur desséché. Il marche, il regarde, il observe longuement ces êtres sans vie.
L’image habituelle qu’on a du prophète, c’est un homme qui monte sur une hauteur, ne serait-ce qu’un escabeau, et proclame à la foule qui l’entoure une parole forte venant de Dieu. Mais c’est d’abord un homme qui regarde la misère du monde, qui déambule parmi les exclus, les malades, les sans papiers, les sans abris. Mais aussi parmi ceux qui n’ont plus d’espérance, qui ne sont pas nécessairement les plus pauvres d’ailleurs. Le prophète d’aujourd’hui observe la sécheresse spirituelle de la plupart de nos contemporains, surtout dans les pays dits développés. Et il en est frappé, obsédé, tourmenté.
Et face à cette sécheresse, l’homme-prophète avoue son impuissance, comme Ezéchiel à qui Dieu demande : « fils d’homme, ces ossements revivront-ils ? », et lui de répondre « Toi, mon Dieu, tu le sais. »(Lac salé ou Salar d'Uyuni en Bolivie)
Voilà donc une première caractéristique de l’homme-prophète : il regarde impuissant la vie se retirer du cœur de ses contemporains. Il ne se retire pas du monde en l’observant de loin, il en fait partie, il est en plein dedans. Et il est peut-être un des rares observateurs à « voir » ce qui se passe, à en être profondément touché et tourmenté.
Parler aux ossements
La 2ème étape, c’est la proclamation. « Parle aux ossements » lui ordonne le Seigneur. Parle à tes contemporains, même s’ils ne sont pas en état d’entendre.
Avez-vous vu des ossements qui entendent ?
Le prophète ne fait pas du marketing, il ne va pas faire un tri entre ses interlocuteurs pour ne s’adresser qu’à ceux qui sont susceptibles de l’entendre et le comprendre. Il ne fait pas le tri entre les croyants et les incroyants. Il s’adresse à tous, cœur de pierre et cœur de chair, indifféremment. Et c’est le souffle de Dieu qui passera à travers lui, le tri se fera tout seul si je puis dire, mystérieusement.
Ce souffle n’est autre que l’Esprit Saint, qui a seul la capacité de mettre la vie là où il y a la mort, l’espérance là où il y a le désespoir, le désir de Dieu là où il y a l’autosuffisance.
La collaboration entre l’homme et Dieu
« Viens des quatre vents, dit le prophète, viens, Esprit, souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! »
Il y a comme une synergie, une coopération, entre Dieu et le prophète, une répartition des rôles : Dieu n’agit plus seul comme il l’avait fait au temps de la Genèse pour créer Adam à partir de la poussière, en le modelant et lui insufflant la vie en soufflant dans ses narines, ici Dieu agit par l’intermédiaire des hommes.
Tous prophètes ?
Ces hommes, c’est qui ? C’est vous, c’est moi. Le rôle de prophète n’est pas réservé à quelques héros-martyrs comme Bonhoeffer ou Martin Luther King. Il concerne tous les témoins qui veulent bien partager leur foi. Du ministère de prophète au ministère de témoins dans l’Église, n’y a-t-il pas continuité ?
Certes, nous ne sommes pas tous « appelés » à être prophètes dans l’Église, mais nous avons tous quelque chose à partager avec ceux que nous fréquentons : ne serait-ce que notre confiance en Dieu.
Face à celui qui désespère, n’avons-nous pas, de la part de Dieu, une parole d’espérance à prononcer ? Face à l’affligé, une parole de consolation ? Face à celui qui ne se sent aimé de personne, n’avons-nous pas à lui dire : « il y en a Un là-haut qui te connaît par ton nom et te veut du bien » ? Au fond, c’est cela aussi être prophète, ne pas garder pour soi le trésor que Dieu nous a confié. Oser le partager en Église avec nos frères et sœurs dans la foi, oser aussi le partager avec les collègues de travail, ce qui est déjà plus difficile, je sais. Avec les voisins, amis et membres de la famille.
Prophètes impuissants
Et nous le faisons tout en nous reconnaissant impuissants. Combien pèsent nos arguments pour convaincre ? Devant celui qui vient de perdre un être cher, que peuvent bien faire nos paroles de consolation ?
Oui, comme Ézéchiel, nous nous savons impuissants à produire par nous-mêmes l’espérance, la paix et la consolation désirée.
Pourtant Dieu compte sur nous. C’est avec nous, les baptisés, les témoins au jour le jour qui déambulons quotidiennement dans la vallée desséchée, c’est avec nous que Dieu soufflera sur les braises de la vie, et produira l’espérance, la paix et la consolation, dont le monde a tant besoin.
Amen
Questions complémentaires (posée par nous !)
- Sommes-nous prophètes de Dieu et comment ? Quel message portons-nous de sa part ?
- Comment contribuer à redonner vie autour de nous ?
08:00 Publié dans Rôle de l'Eglise | Lien permanent | Commentaires (0)