05/03/2021
Étude n°11 L'amour et la Vie Ésaïe 55.1-11 (13 03 21)
Étude n°11 L'amour et la Vie Ésaïe 55.1-10 (13 03 21)
«Tendez l’oreille et venez à moi ; écoutez et votre âme vivra. Je conclurai avec vous une alliance éternelle, celle de la bienveillance fidèle envers David » 55.3
Observons
Le contexte :
- Qu’est-il décrit dans les chapitres 53 et 54, qui explique l’appel lancé au ch 55 ?
Le texte :
- V1 : Relevez les répétitions et les contrastes contenus dans ce verset ! Sur quoi cela insiste-t-il ?
- V2-3a : Quelle question est posée à Israël ? Quelle est la condition pour goûter à ce que Dieu propose ? De quelle vie s’agit-il ?
- V 3b : Qu’offre l’Éternel ? Quels sont les bienfaits promis à David par la bienveillance divine ?
- V 4-5 : De qui s’agit-il ? (remarquer le changement de pronom personnel entre les deux versets) David, Israël, le Messie ? Quand cette prophétie se réalis(er)a-t-elle ?
- V 6-7 Quel est l’appel lancé aux hommes en parallèle avec le v 1 ? Comment y répondre, 7a ? Qui trouveront-ils en l’Éternel, 7b?
- V 8-9 : quel mot relie ce verset au précédent ? Qu’explique-t-il ?
- V 10-11 : A quoi est comparée la Parole de Dieu ? Pourquoi ? Quel sens prophétique peut avoir le v 11 ? Voir Jean 1.1-4 ; 12-14.
Comprenons
Contexte
Le chapitre 53 prophétisait la mort expiatoire =(qui enlève le péché) du Serviteur de l’Éternel en qui nous voyons Jésus-Christ. Le chapitre 54 révélait l’alliance nouvelle qui en découle, alliance d’amour (v 8,10) qui accorde à l’homme justice et paix (v14, 17b). Le chapitre 55 appelle les assoiffés de justice et de paix à venir se désaltérer gratuitement auprès de l’Éternel.
Texte
V 1 : L’appel à venir à l’Éternel est pressant comme le fait sentir la triple répétition dans ce verset (Venez…). Comme la soif physique le réclame (on ne survit pas à plus de trois jours sans eau), la soif spirituelle doit être étanchée rapidement. Le dessèchement spirituel se produit lorsque le contact avec Dieu et sa Parole est rompu par négligence ou révolte ou incompréhension. C’est pourquoi Dieu insiste pour se faire entendre et mieux comprendre. La relation avec lui ne demande pas d’autre effort ou d’autre prix que de s’approcher de Lui les mains vides mais ouvertes pour recevoir sa grâce. Dieu le fait comprendre par le contraste inattendu entre le verbe « achetez » (2 fois) et les expressions de la gratuité : « sans argent, sans rien payer. » Dans un monde où tout se paye, les croyants ont tendance à penser que Dieu réclame une « bonne conduite », des œuvres charitables, ou des pénitences, ou encore des offrandes financières, pour pouvoir accorder en retour son pardon et sa protection. C’est considérer Dieu comme une idole, à l’exemple de Caïn qui cherchait la faveur de Dieu en lui offrant les fruits de la terre. Ce sont « les indulgences » qu’il fallait acheter pour avoir le salut, contre lesquelles s’est élevé Luther au 16ème siècle, mais qui existent toujours sous une forme plus ou moins déguisée.
Dans les versets suivants (2-3), L’Éternel interroge le fidèle sur ses soucis principaux. Qu’est-ce qui prime dans sa vie terrestre ? Sa survie matérielle, la satisfaction de ses besoins primaires, manger, boire, au prix de peines et de sacrifices souvent vains, ou bien sa relation avec Dieu qui seul peut répondre à ses problèmes existentiels, apaiser son être et lui donner la vie éternelle. Si tant est que l’homme veuille bien l’écouter, Dieu lui promet la même bienveillance qu’il a fidèlement montrée à David. Malgré sa conduite déplorable à certains moments, David a toujours renoué la relation avec son Dieu qui est riche en pardon et en bienfaits immérités.
Dans les versets 4-5, sous la personne de David, l’Éternel suggère et annonce celle du Messie à qui il donnera la domination sur les peuples (Daniel 7.14). Ce Messie étendra son appel au-delà d’Israël, à toutes les nations païennes. Ainsi apparaîtra une nation nouvelle composée de ceux qui auront répondu à cet appel de Dieu qui donne sa gloire à son Messie. Ainsi est prophétisée la glorification de Jésus et la naissance de l’Église, conséquence mondiale de son œuvre de salut.
Aux versets 6-7, le prophète reprend l’appel de Dieu du v 1, en précisant que Venir à Dieu demande du pécheur un désir réel, une recherche volontaire, une démarche de repentance et d’abandon du mal qui l’a séparé de Dieu. La présence de l’Éternel est toute proche, et garantit une compassion et un pardon assurés et abondants, à l’inverse de ce que peuvent craindre les hommes pécheurs. Dieu ne réagit pas au péché de l’homme comme ils peuvent le penser. Plus de crainte de punition ou de séparation définitive, le Serviteur Jésus a tout pris sur lui (ch 53) pour libérer le pécheur de la condamnation qu’il encourt selon les exigences de la loi. Plutôt que d’écraser le pécheur par cette affirmation de la grandeur et de la supériorité de Dieu, ces versets sont un réconfort pour lui, car ils révèlent que Dieu ne pense ni n’agit comme les hommes soumis au mal.
Dans le paragraphe suivant (v 10-11) une comparaison avec la pluie et ses effets bénéfiques sur la nature et sur l’homme permet de faire comprendre que la Parole de Dieu (= la pluie = Christ) est efficace et sure pour accomplir la volonté de Dieu en faveur de l’homme : cette volonté, c’est le salut, la joie, le bonheur éternel, la paix avec Lui. Le pécheur peut s’appuyer sur les promesses de la Parole de Dieu, car Dieu les accomplit sans faillir. Nous savons par la réalisation de sa promesse de la première venue de Jésus dans l’humilité, que sa seconde venue en gloire est assurée !
Le chapitre se termine sur deux versets (12-13) qui promettent aux exilés de Babylone (et à nous, exilés dans ce monde de confusion et de violence) d’en sortir dans la paix et la joie de l’univers entier régénéré pour l’éternité.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce qui me retient de répondre à l’invitation de Dieu ?
- La gratuité du salut me dérange-t-elle ? Pourquoi ?
- Comment puis-je prendre conscience de la présence aimante et toute proche de Dieu ?
- Qu’est-ce qui m’assure du pardon de l’Éternel ?
- Sur quoi appuierai-je ma confiance dans les promesses divines ?
08:00 Publié dans Esaïe | Lien permanent | Commentaires (0)
26/02/2021
Étude n°10 Réaliser l'impensable Ésaïe 52.13 - 53.12 (06 03 21)
Étude n°10 Réaliser l'impensable Ésaïe 52.13 - 53.12 (06 03 21)
« Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » 53.5
Observons
a) 13-15 : Paroles de Dieu sur l’élévation à la gloire de son Serviteur souffrant
b) 1-10 : paroles du prophète révélant au peuple les souffrances du Serviteur
c) 11-12 : Paroles de Dieu sur la mission de son serviteur glorifié.
Les souffrances imméritées mais libératrices du serviteur (exprimées au passé en b) sont encadrées par les promesses (au futur en a et c) de son élévation et des effets de son œuvre.
La description de ses souffrances est émaillée de versets révélant l’incrédulité du peuple (13b, 4b, 8a), ou donnant le sens spirituel caché de ces souffrances (4a, 5, 6b, 8b,10a,11b,12b).
Le vocabulaire fait référence aux rites des sacrifices pour l’effacement des péchés dans le sanctuaire terrestre, et en donne le sens prophétique : Le Serviteur souffrant incarne les victimes de ces sacrifices.
Comprenons
Ce chapitre est le sommet de la prophétie d’Ésaïe et de l’ancien Testament. Il ne peut s’appliquer qu’au Christ qui en a réalisé les moindres détails dans sa passion. Les Juifs y voient encore le symbole des souffrances de leur peuple, mais le peuple est nettement distingué du Serviteur dans ce passage (8b).
Ignoré et victime des hommes (v 2-3), le Messie innocent de tout mal (8-9), s’est offert volontairement (10b) à la place des hommes pécheurs, pour leur éviter la mort éternelle qu’entraîne leur séparation d’avec Dieu (v 4-6, 8). Il est devenu « l’anti-type » de tous les animaux sacrifiés au temple sous l’ancienne alliance (v 7) : par l’imposition de ses mains sur la tête de l’animal apporté au temple en signe de confession de son péché, le pécheur s’identifiait à l’animal. La mort de l’animal mettait à mort symboliquement son péché, le délivrait de sa culpabilité et lui permettait de vivre pardonné et justifié.
Pour une meilleure perception de ce que représente le sacrifice « expiatoire » ou réconciliateur, nous vous donnons, avec son accord, un extrait d’une prédication de Philippe Augendre sur le sujet :
« Nous avons vu le sens général et fort de l’imposition de la main : établir une étroite et intense relation, potentiellement polyvalente, de communion, de délégation de pouvoir, rarement de confession (une seule fois au Yom Kippour sur le bouc émissaire), plus généralement d’association et de consécration dans une même démarche pour laquelle la notion d’identification me semble pertinente. Qu’est-ce que cela signifie dans le cas de sacrifices pour le péché ? Cela veut déjà dire qu’il ne s’agit pas d’une opération de marchandage, de paiement, du genre : « j’ai péché, tu exiges un animal, le voici, nous sommes quittes ». Démarche non seulement fausse et sans réel pouvoir de salut, mais surtout assez vile, fondée sur un esprit de calcul. C’est d’abord l’expression de la reconnaissance de mon état, d’une repentance profonde et vraie, d’une acceptation des conséquences de mes actes : « je dois mourir ». Mais c’est surtout un acte de foi : « j’accepte, Seigneur, le sentier de pardon que tu me proposes. Et ma vie, par cet animal qui me représente, je te l’offre ». Si effectivement cet animal meurt physiquement pour moi, alors, c’est moi qui, en m’identifiant à lui, accepte de mourir à moi-même. On le voit, c’est tout l'évangile avant la lettre ! Et si, paradoxalement, je meurs tout en continuant à vivre, c’est que je suis invité à vivre en nouveauté de vie, à me consacrer à Dieu. La proclamation de Paul « ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi » serait, ici, anachronique historiquement et culturellement, mais pas spirituellement. Le pardon, étape décisive dans le processus du salut, se vit dans la reconnaissance de ses fautes, dans l’acceptation de leurs conséquences, dans la mort à soi-même, par une identification à la victime, réalité ultime du sacrifice pour le péché. (Miniature du 13è)
Mais quelle est l’action de Dieu en réponse à la démarche repentante du pécheur ? Car le sacrifice ne peut se suffire d’une approche subjective, unilatérale, de l’homme. Le seul fondement objectif de l’efficacité du sacrifice, c’est Dieu qui y attache une promesse et maintenant va l’accomplir. L’offrant peut croire, par la foi, que Dieu efface réellement ses péchés : le rite est dit d’absolution, pour « faire l’expiation » disent les versions habituelles. Le terme signifie l’effacement du péché…
En conséquence, les péchés sont « expiés », enlevés, effacés, lavés, ôtés, absous, pardonnés. Lorsqu’il est l’expression d’une sincère repentance, le sacrifice pour le péché est une absolution, un effacement réel des péchés, promis et accompli par Dieu ; le pardon demandé est accordé et la réconciliation rendue effective. »
Le texte d’Esaïe 53 applique exactement la signification spirituelle des sacrifices du sanctuaire au « sacrifice » que le Messie accomplira parfaitement sur la croix une fois pour toutes. Les résultats de cette œuvre de sacrifice pour l’absolution des péchés concernent d’abord le Serviteur lui-même : sa résurrection (10b), son ascension (52.13), sa glorification (52.14b) et sa joie (11-12), son œuvre d’intercession (12b) sont annoncées ; puis les effets de ce sacrifice sur les pécheurs sont précisés : la paix du pardon (5b), la purification (52.15), la justification (11), la connaissance de Dieu et la communion avec Lui (12).
Le mot « châtiment » (v 5) pose aussi problème ; Une fois encore je citerai un large extrait d’une prédication de Philippe Augendre, qui nous réconcilie avec l’image de Dieu que nos traductions traditionnelles véhiculent à grand dommage : « Il portera les souffrances et se chargera des douleurs de l’humanité (v.4). Conditionnés par nos traditions de lecture nous restreignons ces mots à son sacrifice sur la croix. Mais le N.T., lui, applique cette parole (Mt 8.17) au ministère de guérison. Porter nos souffrances, se charger de nos infirmités, ne se rattache pas uniquement à sa mort. Ce fait peut nous aider à mieux saisir le sens du ministère du Christ : une harmonie existe entre les différentes phases de son action salutaire ; sa vie et sa mort s’éclairent mutuellement. Ce texte majeur sur le salut, paradoxalement, n’utilise pas le mot salut mais ceux, très voisins, bien qu’avec d’importantes nuances, de paix et de guérison.
Le peuple continue en reconnaissant ses erreurs (« nous l’estimions frappé de Dieu ... mais »). Seul l’Esprit peut discerner un aveuglement si habituel. Celui des amis de Job traduisait la propension des hommes à croire que les malheurs frappant les hommes sont des châtiments de Dieu. Les auditeurs d’Ésaïe et ceux du Christ pensent de même. Pourtant Jésus fut clair à ce sujet[1], mais trop de chrétiens, y compris, hélas ! des traducteurs de la Bible, ont adhéré à cette argumentation malsaine et anti-évangélique. Penser la vie du Serviteur en terme de châtiment, croire que le salut des hommes rend légitime de faire payer un innocent, revient à adopter - et c’est grave - le principe « la fin justifie les moyens ». Ésaïe dit expressément l’inverse. Le chemin de douleur du Serviteur n’est pas la punition d’une faute. Au contraire, en s’engageant dans une humble voie de rectitude, de solidarité, il s’identifie à la condition pécheresse et mortelle de l’homme et l’assume (« sur lui la faute de nous tous », v. 6) jusqu’à en mourir. Ce n’est pas un « fatum » (destin) qui tombe injustement sur lui, c’est une démarche libre, volontaire, intentionnelle en vue de combattre le péché : « percé à cause de nos révoltes, écrasé à cause[2] de nos fautes »). La cause morale de sa mort est le péché des hommes. Par la force de l’amour il en triomphera. L’abaissement du Christ est le processus par lequel le mal sera dénoncé, radicalement attaqué dans ses effets, vaincu à sa racine, au bénéfice d’une multitude. Tel est le chemin du salut. (Evangile et Peinture, Percé à cause de nous)
En bref, ce verset 5b, si nous voulons respecter l’enseignement de Jésus lui-même[3], pourrait être traduit ainsi : « Il a pris sur lui notre auto-condamnation à mort, et ainsi nous a donné la paix ». (voir Col 1.20 ; 2.14)
Philippe Augendre poursuit :
« Le v. 10[4], douloureux, est difficile à comprendre, aussi bien littérairement que théologiquement. Mais, à nouveau, très encourageant puisque « il verra une descendance … et la volonté du Seigneur aboutira ». Comme pour les versets précédents sa structure est complexe.
Pour la 1ère déclaration je retiendrai la traduction de la TOB (1983) « Mais Seigneur, que broyé par la souffrance, il te plaise[5] ». « Ce n’est pas la souffrance ni la mort du serviteur qui ont plu à YHWH ! Mais que les pécheurs soient sauvés, fût-ce au prix de la mort du serviteur. Ainsi la mort humiliée accomplit un mystérieux plan de Dieu[6] ».
La réponse aux questions que pose la mort de Christ, se trouve clairement exposée dans ce chapitre d’Ésaïe, 700 ans avant sa réalisation ! Ce chapitre nous invite à rechercher le sens spirituel des rites du sanctuaire, des paraboles et des images symboliques, par lesquels le Seigneur a cherché à enseigner et à faire comprendre son projet de salut à des humains limités par leur péché.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Puis-je m’identifier au « nous » du texte ? Est-ce que la paix de Christ remplit mon cœur et me guérit de mes culpabilités et de mes blessures profondes ? (5). Ai-je conscience que Christ a subi la mort physique et spirituelle qu’entraîne ma séparation d’avec Dieu, et qu’il me permet ainsi de vivre une relation nouvelle avec Dieu ?
- La connaissance du plan du salut annoncé par Esaïe et accompli par Christ me remplit-elle de joie et de reconnaissance et resserre-t-elle ma communion avec Lui ? (12a).
- Comment manifester dans ma vie la libération de ma culpabilité par le sacrifice réparateur de Jésus ? Par quoi se révèle la nouvelle vie qu’il m’a offerte ?
- Face à la croix de Jésus, suis-je poussé à la confession de ma culpabilité envers lui, puis à l’identification avec Lui pour « mourir au péché » (Rm 6.5-6)? Dans quels domaines ai-je encore à m’identifier à la mort de Jésus, pour ressusciter à une nouvelle vie dès maintenant (Rm 6.11)?
[1]; Jn 9.2-3.
[2] Sens, en hébreu comme en grec, du « pour ».
[3] Mat 26.28 ; Luc22.19
[4] « Il a plu à l’Éternel de le briser par la souffrance » (Bible à la Colombe, Segond révisée)
[5] Autre exemple de la difficulté de ce texte : la traduction de la LXX : « le Seigneur veut le purifier de sa blessure (laver ses plaies ?) ».
[6] A.-M. Pelletier, Le livre d’Isaïe, Cerf, 2008, p.132.
08:00 Publié dans Esaïe | Lien permanent | Commentaires (0)