21/02/2025
Étude n°9 : Esaïe 14.12-15 ; Ezéchiel 28.12-19 Le conflit cosmique (01 03 25)
Étude n°9 : Esaïe 14.12-15 ; Ezéchiel 28.12-19 Le conflit cosmique (01 03 25)
« Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance, celle-ci t’écrasera la tête et tu lui écraseras le talon » Genèse 3.15
Les textes d’Esaïe et d’Ezéchiel se complétant l’un l’autre, nous vous proposons l’étude de chacun d’eux.
Observons
1- Esaïe 14.12-15
Le contexte v 1-11 : Chant funèbre sur le roi de Babylone :
1-3 : Annonce du rétablissement d’Israël après l’exil à Babylone
4-11 : Annonce de la mort du roi de Babylone, réduit à la pourriture (v 11), pour la joie des opprimés (v 7-8) et sous les sarcasmes virtuels du séjour des morts (9-10).
Le texte : 12-15 : Chant funèbre sur « l’astre brillant »
12 : tombé du ciel (Gravure de G.Doré 19è)
13 : à cause de son ambition orgueilleuse
14 : et de sa prétention à être « semblable à Dieu ».
15 : Conséquence : sa chute dans le séjour des morts.
Le chapitre se poursuit (v 16-23) par le tableau de la ruine désastreuse et définitive de « Babylone », ville réelle et ville symbolique.
Comprenons
Dieu soulève dans ce texte prophétique un coin du voile sur la question de l’origine du mal sur la terre. Il est nécessaire pour une compréhension plus claire de ce mystère, de joindre à cette prophétie celle d’Ezéchiel 28, (dont vous pouvez trouver une étude à la suite de cette note), et la prophétie de Jean dans l’Apocalypse (12.3-10).
A- Dans un premier temps, décryptons les personnages de la prophétie d’Esaïe.
Sous la figure de rois ennemis d’Israël, ceux de Babylone et de Tyr, les deux prophètes de l’Ancien Testament dévoilent la personnalité et le sort de la puissance adversaire de Dieu, qui a manipulé ces rois. Ainsi, dans les deux textes le chant funèbre des deux rois terrestres se poursuit par la prophétie de la chute du « roi » spirituel qu’est Satan.
A quoi reconnaît-on dans notre texte le glissement du roi terrestre à l’être céleste ?
Esaïe nomme le roi de Babylone, « l’oppresseur, le tyran », juste après l’exclamation « Quoi donc ? » (ou « Comment »), traditionnellement employée pour débuter une lamentation (Lam 1.1 ; Ez 26.17 ; 2 Sam 1.19, 25, 27). Il décrit l’état d’humiliation et de pourriture dans la mort de ce roi terrestre dans deux images contrastées : les sarcasmes qui l’accueillent dans un séjour des morts virtuel, et la décomposition physique réelle de son corps dans la terre (v 9-11). Puis Esaïe reprend tout à coup l’exclamation « Quoi donc ? », pour parler d’un autre personnage de dimension céleste, nommé « astre brillant » (porteur de lumière, Lucifer en latin) dont le roi terrestre serait un « type », une allégorie. Cet être tombe du ciel (Jésus le nommera Satan dans Luc 10.18), où il a un trône parmi les étoiles de Dieu (Ap 1.20 = les anges). Son ambition n’est pas terrestre mais spirituelle : ressembler au Très-Haut. Tous ces détails, comme ceux du texte parallèle d’Ezéchiel 28, nous avertissent qu’il s’agit d’un être qui dépasse nos limites humaines. L’apôtre Jean dans Ap 12.9 apporte un complément à ces tableaux : « Il fut précipité le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre habitée, il fut précipité sur la terre (= Es 14.12) et ses anges furent précipités avec lui. »
Jean encore (Ap 12.7), nous permet de comprendre l’objectif de Satan d’être semblable au Dieu Très-Haut : « Il y eut guerre dans le ciel, Michel et ses anges combattirent le dragon. » On vient de voir que ce dragon est une image qui désigne Satan. Contre qui s’élève-t-il ? Contre Michel dont le nom signifie justement « Qui est semblable à Dieu ? » Ce nom est employé quatre autres fois, toujours dans un contexte de combat dans le monde céleste, dans Daniel 10.13, 21, et 12.1, dans Jude 9. Il désigne un être céleste, chef protecteur et libérateur du peuple de Dieu, vainqueur du diable à propos de Moïse (Ju 9). Paul nous donne la réponse à la question que pose son nom : Phi 2.6 : « Jésus-Christ dont la condition était celle de Dieu, n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal à Dieu », au contraire de notre Astre Brillant qui incitera les hommes à l’adorer sous la forme de la Bête, dont ils chanteront les louanges en disant « Qui est semblable à la Bête ?» (Ap 13.4). Col 1.15 : Christ est l’image du Dieu invisible.
Ainsi l’ambition de Satan a été de prendre la place de Christ, sur « la montagne de la Rencontre » (v 13, symbole du sanctuaire divin (le sanctuaire terrestre à son image, fut appelé « Tente de la Rencontre » entre Dieu et son peuple). La prétention de Satan a été de supplanter le Christ dans son œuvre auprès des hommes et de l’empêcher ainsi de sauver l’humanité, en la soumettant à sa tyrannie, comme les rois de Babylone et de Tyr l’ont fait pour Israël.
Les trois prophètes annoncent en chœur la conséquence de cette prétention d’usurpation : la chute sur la terre, puis la destruction définitive. Satan n’a plus le pouvoir de séduire les êtres célestes (Ap 12.8), depuis que par le don de sa vie (Ap 12.10) Christ leur a prouvé son amour pour les hommes, et par-là même a révélé les mensonges de Lucifer. N’ayant plus accès au monde des anges, Satan se rabat sur les hommes qu’il tente de séduire et tourmente, mais les prophètes ont vu sa disparition définitive, dont la chute de Babylone et de Tyr sont les symboles (Es 14.15-23 ; Ez 28.19).
Ce mouvement d’ascension jusqu’à Dieu, par orgueil et amour de soi, puis de chute dans la mort éternelle, est exactement à l’opposé du mouvement de Christ (Phi 2.6-8) : en effet, du même point de départ, le ciel et la présence de Dieu, Christ descend vers les hommes, s’incarne et meurt volontairement pour leur donner la vie éternelle, par amour des autres et non de lui-même. Et cet abaissement volontaire est suivi d’une glorification éternelle, dont il ouvre la perspective à ceux qui le suivent.
B- Quels sont les effets pour nous de cette lutte de Satan contre Christ ?
Comme Paul le dit en Rm 5.18, l’être humain en général, l’Adam que je suis au naturel, en écoutant la voix séductrice de Satan : « Vous serez comme des dieux ! » (Gen 3.5), se rend esclave de sa tyrannie et nourrit dans son cœur des désirs égoïstes et orgueilleux de puissance, de domination et de gloire. Il cherche à avoir la vie éternelle par ses propres efforts et ses mérites, selon la parole du Serpent (Gn 3.4) : « Vous ne mourrez pas du tout ! ». Par là, sans en prendre conscience il se sépare de Dieu, du Dieu de la Vie, et il court vers la mort (Rm 5.18a). On peut le comparer au nomade du désert qui néglige l’humble source d’eau à ses pieds, pensant trouver une eau plus abondante plus loin, et qui s’enfonce dans l’aridité mortelle du désert.
La Bonne Nouvelle de Jésus, déjà prophétisée par Esaïe et Ezéchiel, c’est que Christ est la Vie. De l’élévation la plus haute, il s’est abaissé volontairement (Phi 2.6-9), il s’est dépouillé de son vêtement divin, glorieux et puissant, et a revêtu le vêtement de chair de notre nature humaine, pour permettre à l’humain, l’Adam que je suis, d’avoir la vie éternelle ; il a donné sa propre vie d’homme innocent, il a pris sur lui notre nature pécheresse et l’a fait disparaître sur la croix dans sa mort (Col 2.14), l’affranchissant ainsi de l’emprise de Satan (Ap 12.10). Alors que Satan nous entraîne avec lui vers la mort, Christ en ressuscitant dans un corps humain régénéré par l’Esprit, nous entraîne avec Lui vers la Vie éternelle (Rm 5.18b).
Ce texte d’Esaïe 14.12-15 nous dévoile à la fois l’origine du mal qui existe hors de nous et en nous (Ja 1.14-15) et sa fin définitive (v 15). Jésus et les prophéties du Nouveau Testament révèlent comment cette fin se réalise en nous et hors de nous. C’est un message d’espérance qui soutient la foi et la marche terrestre de ceux qui s’appuient sur le Christ. La grâce de Dieu leur permet de s’approprier ces promesses et de se tenir debout devant Lui, dans l’assurance que les épreuves actuelles auront une fin définitive au retour de Christ (1 Pi 4.13 ; Ap 20.10, 15).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment est-ce que je participe au péché de Satan de vouloir être semblable à Dieu, de chercher à prendre la place de Christ pour avoir la vie éternelle ? Quelles sont mes ambitions profondes, et quels moyens utilisé-je pour les satisfaire ? Quelle espérance à ce sujet me donne cette prophétie d’Esaïe ?
- Ai-je fait mienne la bonne nouvelle du salut par le don de la vie de Jésus ? Qu’est-ce que cela change en moi et dans mon comportement, dans ma relation avec Dieu, avec moi-même et avec les autres ?
- Comment est-ce que je réagis aux humiliations ou aux échecs de ma vie ? Quelles promesses bibliques m’aident à en faire des occasions de rebondir et de rendre gloire à Dieu ?
- De quels vêtements d’orgueil est-ce que je me drape encore ? Comment les abandonner ?
2- Etude du texte d’Ezéchiel 28.11-19
Observons
Le contexte : Au ch 28, le prophète prononce deux oracles sur le roi de Tyr. A cause de son auto-déification, le roi mourra vaincu par des étrangers (v 1-10), envoyés par Dieu pour lui rappeler sa condition de créature humaine. Le second oracle constitue notre texte, et porte le regard au-delà du roi terrestre de Tyr.
Le texte :Trois parties :
a) v 12b-14 : Situation privilégiée du « roi de Tyr »
b) v 15-18a : Péché du « roi » et ses premières conséquences
a') v 18b-19 : Déchéance totale et définitive du « roi ».
A- La situation du « roi » est privilégiée à cause : - des lieux : Eden, jardin de Dieu (13), montagne sainte de Dieu, parmi les pierres ardentes (14,16); - de la nature du « roi » : créature magnifique (13, 14b, 15), chérubin protecteur (14, 16), rempli de sagesse, de beauté (12), et d’intégrité (15); - de sa fonction : mettre le sceau à la perfection (12).
B- Son péché, l’injustice trouvée en lui (15), vient de l’importance de son commerce qui l’a rempli de violence (16), de sa beauté qui lui a donné de l’arrogance (17a) et de sa splendeur qui a corrompu sa sagesse (17b). La multitude de ses fautes et sa conduite injuste ont fini par profaner sa sainteté (18a). Les deux premières conséquences de ce péché sont l’exclusion de la montagne de Dieu et des pierres ardentes, et le rejet sur la terre en spectacle aux autres rois (16b, 17b).
C- La prophétie prédit au « roi » une autodestruction totale par le feu (18b) et un anéantissement définitif (19).
Comprenons
Le contexte : la première prophétie sur le roi de Tyr introduit la seconde sur le chérubin céleste dont le roi terrestre est le « type »: par son auto-déification, il reproduit le péché de celui qui est devenu l’Adversaire du Seigneur.
Le texte : Le vocabulaire de cette prophétie fait du roi un personnage céleste :
- La sainte montagne de Dieu désigne dans la Bible la sphère spirituelle divine par opposition à la sphère matérielle terrestre. Dans ce domaine spirituel, conventionnellement appelé « ciel », splendeur, éclat, magnificence et gloire sont exprimés par l’abondance des pierres précieuses.
- Les pierres ardentes font allusion aux charbons ardents, au feu de l’autel devant Dieu (Ez 1.13 ; 10.2), pour désigner l’éclat de la sainteté divine et des créatures angéliques qui l’entourent.
- Les chérubins désignent chez Ezéchiel et Jean, les êtres en contact direct avec Dieu, bases de son trône (Ez 1.5-14,26 ; 10.2, 14-15 ; Ap 4.6-8). Ils seraient des créatures représentant concrètement des qualités que Dieu met en œuvre dans son action de gouvernement et de jugement, œuvre symbolisée par le trône.
Le chérubin, garde des sceaux de Dieu, participait à ses décisions. Comment en vint-il à ambitionner de prendre la place de Dieu (Ez 28.2 ; Es 14.13-14) ? Le texte suggère qu’au lieu d’accepter sa condition de créature et de serviteur, il s’est enorgueilli de ses responsabilités et de sa beauté (16,17) ; il s’est révolté contre celui dont il briguait la place, Michel (Ap 12.7), dont le nom hébreu signifie « Qui est comme Dieu ? » ; Christ porte ce nom comme chef des armées angéliques (Dn 10.13,21) dans sa lutte contre l’Adversaire (Ap 12.7) qui prétendit « être comme Dieu » (Es 14.14).
- La défaite annoncée par Ezéchiel (v 16) et reprise par Jean (Ap 12.9) eut lieu lorsque Christ prouva aux anges, par sa vie terrestre, sa mort et sa résurrection, l’amour inconditionnel de Dieu, contesté par Satan. Celui-ci, n’ayant plus le pouvoir de convaincre les anges, fut « précipité » et cantonné à la terre (Ez 28.17) où, depuis lors, il cherche à entraîner les hommes dans sa révolte (2Pi 5.8).
- Au v 18, Ézéchiel révèle la fin de son pouvoir : Satan sera l’auteur de sa propre destruction et entraînera dans la désolation et l’épouvante de l’anéantissement ceux qui l’auront suivi (Ap 20.10).
Les trois prophètes, Ésaïe, Ézéchiel, et Jean, sous des formes diverses ont la révélation des dessous de l’histoire de la terre : elle est le théâtre du conflit qui oppose Satan à Dieu, dont la victoire est déjà acquise par Christ, mais doit être reconnue par les hommes, comme elle le fut par les anges (Ap 12. 12). (G Doré : Satan déchu)
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Le péché de Satan s’est répété depuis Adam et Eve, individuellement et collectivement. Le pouvoir, les capacités, les responsabilités, la beauté, la gloire, la connaissance scientifique ou technique, poussent les hommes à ignorer leurs limites et à se croire supérieurs, voire divins. A mon niveau de responsabilité sociale, familiale ou ecclésiale, n’ai-je pas tendance à chercher à me valoriser, à cultiver l’ambition de briguer une place supérieure, hors de mes qualifications ? Comment rendre Christ vainqueur en moi de ces tentations ? (Ph 2.3-11).
- Toute ma vie peut être l’occasion de démontrer aux hommes que Satan est vaincu par Christ ! Pour cela je dois être conscient de ce qui guide mes choix : le service de Christ et du prochain, ou le désir de briller et de dominer ?
08:00 Publié dans Amour et Justice de Dieu 1 tri 25 | Lien permanent | Commentaires (0)
14/02/2025
Étude n°8, Ephésiens 1.3-14 Libre arbitre, amour et providence divine (22 02 25)
Étude n°8, Ephésiens 1.3-14 Libre arbitre, amour et providence divine (22 02 25)
« Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, son dessein bienveillant…de réunir sous un seul chef le Christ, tout ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. » Eph 1.9-10
Observons
- v 3 En quoi consiste l’introduction du texte ? Relever les répétitions dans ce verset.
- Par quoi pouvons-nous discerner les 4 étapes du texte ? Comment est construit chacun de ces 4 paragraphes ? Relevez les sujets des verbes, les répétitions d’un § à l’autre, les buts exprimés. Où se trouve défini le salut ?
- Quels sont les dons de la grâce divine ? A quoi prédestine-t-elle les hommes ?
- Comment comprendre au v 10 la réunion de toutes choses en Christ ?
- Distinguer la chronologie du plan du salut dans ce texte.
Comprenons
Paul a construit sa lettre en deux grandes parties : un exposé des vérités du salut en Jésus-Christ (ch 1-3) et une exhortation à les démontrer dans une vie chrétienne conséquente (ch 4-6). On y retrouve développée avec exaltation la pensée du discours d’adieu de Paul aux anciens d’Ephèse (Ac 20).
Après les salutations, Paul entame une longue louange à Dieu où en une seule phrase il énumère les bénédictions de la grâce divine.
Après un cri de louange qui répète trois fois le mot « béni ou bénédiction » en un seul verset (3), quatre moments sont introduits par l’expression « En lui » (= Christ) : v 4,7,11,13. Chacune de ces parties est construite de la même façon :
a) l’œuvre de Dieu pour nous : 4-5a ; 7-8 ; 11a ; 13
b) selon son dessein bienveillant : 5 ; 9 ; 11b ; 13c-14a
c) dans le but …que nous célébrions sa gloire (6 ; 12 ; 14c), que Christ réunisse tout en lui (10), que soit accomplie la rédemption de tous les élus (14ab), juifs (nous, v11-12) et païens convertis (vous, v 13-14).
Dès le début de sa lettre, Paul manifeste sa reconnaissance pour
a-l’œuvre de Dieu en notre faveur. C’est une œuvre de bénédiction (v 3), donc pour le bien des bénéficiaires, spirituelle, qui concerne donc la relation de Dieu avec l’homme. Elle vient des lieux célestes (voir aussi 2.6), c’est-à-dire du monde invisible de la présence éternelle de Dieu, avec qui elle nous met en contact, nous qui vivons dans le monde visible de la terre. Ne cherchons surtout pas à localiser matériellement cette expression, mais voyons-y une invitation à comprendre les bénédictions de Dieu dont va parler Paul, comme des bienfaits concernant notre salut.
Dieu dans son amour a d’abord élu (= choisi, v 4) ses enfants, il les a prédestinés à l’adoption (5). Cette élection ne vient pas d’un quelconque mérite (foi, sagesse, bonnes dispositions du cœur, bonne éducation ou bonne conduite, etc.) de l’homme, mais uniquement de l’amour et de la bienveillance de Dieu (Dt 7.7-8). La prédestination dont il est question ici n’est que positive : Dieu a formé dès les origines le projet et le plan de sauver ses créatures séparées de lui par le péché : grâce à Jésus-Christ, elles peuvent redevenir ses enfants. Il les « adopte » comme tels, volontairement ; esclaves du péché, il les libère en les rachetant (sens du mot « rédemption », v 7), en les sauvant de la mort éternelle.
Paul utilise ici la métaphore de l’affranchissement de l’esclave dans l’antiquité. Le prix de ce rachat de l’esclavage du péché, c’est le don de sa vie (symbolisé par le mot « sang », v 7) que Jésus-Christ a fait sur la croix , Christ mourant à la place et en faveur du condamné à mort qu’est chaque pécheur (voir l’épisode de la substitution de Jésus à Barabbas (Mt 27.17, 20-21).
Situé au centre du texte (v 7) le salut en et par Jésus-Christ est le point le plus important de l’œuvre d’amour de Dieu pour les hommes. Ce rachat libérateur du péché est la manifestation du pardon des péchés (7) offert par Dieu à celui qui se repent (voir le larron sur la croix, Luc 23.43). Il permet au repenti d’avoir accès à toute la richesse ou l’abondance de la grâce de Dieu dont il a besoin quotidiennement pour marcher en communion avec Lui. Dans sa grâce, Dieu donne au repenti la sagesse (8), ou compréhension des choses de l’Esprit (1 Co 2.13), et l’intelligence ou discernement de leurs applications pratiques (Col 1.9-10).
v 9-10 : Autre bénédiction de Dieu (v 9) : il révèle sa volonté de salut éternel en Jésus-Christ, son désir de réunir, de réconcilier (Col 1.20) toutes choses (Mt 17.11 ; Mal 3.23) terrestres (= les hommes, ou les choses matérielles, concrètes) et célestes (= les anges de Dieu,1.21 ; 3.15, ou les choses spirituelles, immatérielles). Dieu fait connaître son désir de rétablir la communication entre toutes ses créatures par son Fils Jésus qui en lui-même par sa double nature lie la divinité à l’humanité, l’invisible au visible. On peut aussi comprendre que Dieu désire que dans la vie de l’homme, le spirituel imprègne le concret du quotidien, que sa présence invisible transparaisse dans la vie visible dès maintenant, avant que l’union en Lui soit parfaite dans le Royaume de Christ rétabli à la fin des temps (v 10)
Par-là, Dieu met à part (11), ou sanctifie ses serviteurs, les Juifs qui vivaient déjà dans l’espérance du Messie (12) et les païens qui ont la foi en la Parole de vérité(13) qui leur est annoncée : tous reçoivent le sceau de l’Esprit (2 Co 1.22). Aux uns et aux autres ce sceau garantit l’appartenance à Dieu (Rom 8.16), l’héritage de la vie éternelle et le travail de sanctification qu’opère l’Esprit dans les cœurs et la vie des croyants (2 Co 3.18). C’est le sceau de l’Esprit, sa présence dans le cœur des croyants, qui leur permettra de subsister dans les temps difficiles de la fin (Ap 7.3) et de se distancer des impiétés du monde (Ap 18.4).
b-Toutes ces bénédictions, Dieu ne les dispense pas au coup par coup, en s’adaptant aux circonstances. Il les a préparées d’avance dans sa pré-science, dès la fondation du monde (v 4), dans un dessein bienveillant (5, 9), selon un plan établi volontairement et non sous l’influence des événements. Il ne s’agit pas ici de « prédestination », les uns pour le salut et les autres pour la perdition comme Calvin l’a cru. Paul insiste par ce « dessein bienveillant » sur la bienveillance de Dieu envers les hommes pour qui il a prévu d’avance le seul moyen possible de sauvetage, dans le cas d’un naufrage dû à l’usage erroné de la liberté de l’homme. Ce sauvetage s’est réalisé en Jésus-Christ et s’accomplira définitivement dans la « plénitude des temps» (v 10 et Rom 8.19-21, 23) pour ceux qui l’auront saisi.
c-Paul, enfin, par trois fois nous indique le but de toutes ces bénédictions : Dieu désire que ses enfants, élus, rachetés, pardonnés et sanctifiés par l’Esprit célèbrent la gloire de sa grâce (6, 12, 14). Cette expression réunit tout ce que le chrétien est appelé à refléter dans sa vie : la miséricorde ou bonté (Ex 33.18-19), la sainteté, l’amour de Dieu qui ne cesse de pardonner et de transformer celui qui croit en lui. Celui-ci devient une lettre de Christ écrite par l’Esprit (2 Co 3.3) pour que tous ceux qui la lisent croient en Jésus-Christ, le Sauveur et Seigneur (Jean 17.23 ; Mt 5.16)
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Ai-je conscience des bénédictions spirituelles dont parle Paul ? Me transportent-elles de la même joie et du même amour pour mon Sauveur que lui ? Laquelle de ces bénédictions me semble étrangère à ma vie ? Qu’est-ce qui m’empêche d’en jouir pleinement ?
- La pré-science ou pré-vision de Dieu à mon sujet me trouble-t-elle ou m’apaise-t-elle ? Comment la concilier avec ma liberté de choix ? Implique-t-elle une détermination de ma vie, une soumission à mon « destin », ou me permet-elle de me confier en toutes choses dans l’amour prévoyant de Dieu ?
- Comment ma vie manifeste-t-elle le sceau de l’Esprit que j’ai reçu à mon baptême ? Comment dans tout ce que je fais, pense et dis, glorifier Dieu, manifester son amour inconditionnel et gratuit ? Que signifie pour moi «d’être scellé par l’Esprit », Ap 7.3 ?
- Quel but Paul assigne-t-il à la vie du croyant ? Est-ce le sens que je donne à ma vie ? Quelles réorientations ai-je à examiner et à suivre ?
08:01 Publié dans Amour et Justice de Dieu 1 tri 25 | Lien permanent | Commentaires (0)