15/12/2023
Étude n°12 Esther et Mardochée Esther 4.1-17 (23 12 23)
Étude n°12 Esther et Mardochée Esther 4.1-17 (23 12 23)
« C’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus d’Israël et pour ramener les restes d’Israël : je t’établis pour être la lumière des nations, pour que mon salut soit manifesté, jusqu’aux extrémités de la terre » Es 49.6
(Illustration : Esther et Mardochée, Aert de Gelder. Début 18è.Hollande)
Observons Esther 4.1-17
Le contexte
- Où et quand se situe l’action ? Qui sont Esther et Mardochée ? Quel édit menace le peuple juif exilé, 3.13 ? Pourquoi cet édit est-il promulgué, 3.2, 5-6 ?
Le texte
- Comment réagissent Mardochée et les Juifs ? Comment Esther croit-elle d’abord régler le problème ? v 1-4
- Comment apprend-elle la réalité de la situation ?v 6-7
- Que lui demande Mardochée ? Comment réagit Esther ? v 8-12
- Distinguer dans la réponse de Mardochée les menaces et les paroles d’espérance ? Comment est suggéré le dessein de Dieu sans nommer l’Éternel ? v13-14
- Qu’entreprennent alors la reine, Mardochée et le peuple juif ? Quelle est la détermination de la reine ? v15-17
- Qu’est-ce que ce récit nous apprend sur la façon dont Dieu conduit ses enfants ? Que leur demande-t-il face aux aléas de la vie ?
Comprenons
Le contexte : L’exil à Suse
En 538 av JC, le décret du roi Cyrus autorisa Zorobabel à rentrer à Jérusalem avec une première vague d’exilés. Cela faisait près de 70 ans que Daniel servait à la cour de Babylone, il avait environ 85 ans, et ne put pas participer à ce retour ! Beaucoup de Juifs étaient morts en exil, et beaucoup préférèrent y rester : ils s’étaient confortablement installés et redoutaient d’affronter l’inconnu, la pauvreté et l’insécurité de Jérusalem. Leur foi demeurait mais ne suffisait pas à les motiver pour ce nouveau déracinement.
Environ 50 ans plus tard, en 486 av JC, le petit-fils de Cyrus, Assuérus ou Xerxès pour les Grecs, monta sur le trône de Perse et préféra établir sa résidence dans la ville de Suse. La troisième année de son règne il tint à Suse de grandes fêtes et une assemblée (Esther 1.3), pour préparer sa campagne contre la Grèce. C’est à ce moment-là qu’eut lieu la disgrâce de la reine Vashti (vers 482), appuyée par les grands du palais, qui avaient préféré, par souci de leur sécurité, suivre l’avis du roi (1.15) et destituer la reine par décret royal irrévocable. Le roi Assuérus partit ensuite contre la Grèce dont il revint, vaincu à Salamine en 480. Pour se consoler, il s’adonna aux plaisirs de son palais. Les grands s’empressèrent de lui trouver une nouvelle reine, par crainte de la vengeance de Vashti si elle rentrait en grâce ! C’est ainsi qu’Esther monta sur le trône.
Pour elle, comme pour les autres exilés, se posa la question de l’assimilation aux Perses au point d’oublier ses origines, ou de la fidélité à Dieu au risque de la mort. Mardochée, son oncle et tuteur fut auprès d’elle un prophète de Dieu qui ne cessa de la conseiller. Mardochée, dans l’ombre, avait servi le roi en dénonçant un attentat qui se préparait contre lui (2. 19-23). Mais il manifestait sa fidélité à Dieu sans compromis en refusant de se prosterner au passage du premier ministre Haman (3.45). Cette fidélité intransigeante provoqua la persécution de tous les Juifs par Haman, et l’intervention courageuse d’Esther.
Le texte : Fidèle à qui ?
Lorsque Mardochée et les Juifs apprirent le sort qui les attendaient, au lieu de s’enfuir quand ils en avaient le temps (l’édit annonçait le massacre pour un an après), prirent le deuil (se couvrir de sac) et manifestèrent ouvertement la désolation la plus profonde. Esther enfermée dans le harem en eut des échos sans en comprendre la raison et voulut protéger Mardochée de la vindicte royale à cause d'une tenue de son oncle indigne devant le roi. Par l’intermédiaire de son eunuque gardien du harem, Mardochée lui révéla la véritable cause du deuil des Juifs et lui ordonna de révéler au roi son identité de juive pour tenter de sauver le peuple de Dieu.
Face à la réticence d’Esther à s’exposer à la fureur du roi en paraissant devant lui sans y avoir été invitée, Mardochée prononce des paroles étonnantes :
1- Ce n’est pas parce que tu es Majesté, la reine aimée du roi, que tu échapperas au sort de ton peuple = que tu le veuilles ou non, tu es solidaire du peuple.
2- Si tu te tais, en croyant sauver ta peau, Dieu (qui n’est pas nommé) trouvera un autre moyen de libérer son peuple, mais toi tu périras.
3- Son accession au trône est sans doute voulue par Dieu pour qu’elle puisse sauver son peuple ! (4.14). C’est la seule allusion indirecte à la confiance en Dieu de Mardochée, dans ce livre qui ne contient pas le nom de Dieu, mais rend compte de la fidélité de ses serviteurs et de leur délivrance de la mort. Esther alors accepte au péril de sa vie d’aller trouver le roi, et demande à tous les Juifs de jeûner et prier avec elle avant cette entrevue.
On s’est demandé pourquoi Dieu n’est jamais mentionné dans ce livre biblique. Sans doute écrit par les exilés rentrés à Jérusalem, soucieux d’honorer scrupuleusement la loi de Moïse, le livre évite de prononcer le nom de Dieu ouvertement, et se contente d’y faire allusion par le comportement et les propos de Mardochée fidèle à sa foi.
Tout en servant honnêtement le roi de Perse, Mardochée et Esther servirent la cause du peuple de Dieu, qui fit «concourir au bien de ceux qui l’aimaient » les événements dramatiques dus à la jalousie et à l’esprit de vengeance d’Haman. Ils furent les artisans de la délivrance du peuple Juif et les témoins de la bénédiction de Dieu sur son peuple.
Enseignement spirituel
Le problème de l’assimilation ou de l’intégration au monde dans lequel on vit est le même pour le chrétien d’aujourd’hui. Daniel, ses compagnons, Mardochée et Esther sont des exemples que Dieu nous a laissés : on doit s’intégrer au monde en collaborant à son bien (Jér 27.12, 17), tout en restant fidèle à la relation personnelle avec Dieu, quels que soient les risques. C’est une façon d’être témoin de l’existence et de la bonté de Dieu pour tous. Chacun à sa mesure a reçu la mission de faire connaître qui est l’Éternel Dieu.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment mon église et moi-même contribuons-nous au bien de notre commune ? Sommes-nous solidaires de ses actions sociales ou humanitaires ?
- et Jusqu’où suis-je prêt à consacrer du temps, des forces, et/ou de l'argent, pour exercer le bien (selon l’évangile) autour de moi ?
- Comment rester fidèle à ma foi au milieu de gens athées ou hostiles ? Quelle image de Dieu leur donner ?
- Quelle est ma mission auprès de mes voisins, mes collègues de travail, mes concitoyens et les élus de ma commune ?
08:00 Publié dans Mission de Dieu ma mission 4/23 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/12/2023
Étude n°11 Mission vers les « perdus » (2), Mat 15.21-28 (16 12 23)
Étude n°11 Mission vers les « perdus » (2), Mat 15.21-28 (16 12 23)
Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour la justice et je te prends par la main, je te protège et je t’établis pour faire alliance avec le peuple, pour être la lumière des nations… » Es 42.6 (Jésus et la Cananéenne, Drouais , 18ès)
Observons
- D'où part Jésus et où se rend-il ?
- Qui rencontre-t-il ? D'où vient-elle ? Comment l'appelle-t-elle ? Quelle est sa requête ?
- Comment réagit Jésus ? Que lui demandent ses disciples ? Quel double sens a le verbe employé par les disciples ?
- Quelle forme ont les phrases des deux premières réponses de Jésus ?
- Comment Jésus définit-il sa mission ?
- Comment la femme insiste-t-elle ?
- Que signifie l'image employée par Jésus pour lui répondre ?
- Quelle est l'attitude de la femme devant ces propos ?
- Qu'admire Jésus chez elle ? Comment l'exauce-t-il ?
Comprenons
Un texte où l’attitude de Jésus paraît dure. Est-ce de la pédagogie, ou Jésus a-t-il besoin de se laisser convaincre par la femme ?
Un face à face en territoire païen
Jésus quitte la Galilée pour la région de Tyr et de Sidon. L’association des deux noms de ville ne donne pas l’indication géographique précise, mais indique un territoire païen, sans doute la Phénicie. La femme qui interpelle Jésus est cananéenne, donc païenne. Le fait que sa fille soit tourmentée par un démon la situe encore davantage du côté de "l’impureté", comme le pensaient les Juifs au sujet de tous les païens (= les Gentils), et de tous les « fous » appelés démoniaques.
Une sortie du cadre pour chacun des personnages
Curieusement le texte commence par deux sorties : celle de Jésus d’abord, qui « sort de là » (= Israël, la Galilée), puis celle de la cananéenne qui « sort de ces contrées» (le verbe est traduit à tort par « vient »). Le départ de Jésus apparaît comme une pause, un temps de vacances, de repos, qui rompt avec le rythme soutenu des récits précédents, où il était suivi par les foules et assailli de questions pièges par les Pharisiens. Lui le Juif, il ose choisir, pour souffler un peu, un territoire païen où il espère rester incognito.
La femme païenne ose sortir de son cadre païen pour appeler au secours un homme juif, qu’elle reconnaît comme Messie, Sauveur, Fils de David donc de lignée royale. Elle sort donc de son territoire culturel, social et religieux.
Tous les deux sont sortis hors de leur milieu naturel, pour offrir une possibilité de rencontre avec l’autre. Pour se rencontrer ne faut-il pas sortir de soi, de ses habitudes, de ses préjugés ? Mais il faut du temps pour se rencontrer en dehors de soi. C’est ce que peut aussi enseigner ce récit.
Un dialogue à sens unique ?
Mt 15.22 : la femme commence par assaillir Jésus de supplications, en le reconnaissant comme Seigneur, Fils de David, qui sont des titres messianiques. Est-ce de la foi ou un simple savoir sur quelqu’un dont elle n’attend qu’un geste ponctuel de guérison pour sa fille ? (Icône, guérison de la fille de la Cananéenne)
V 23-26 : A cette femme qui se prosterne devant lui et qui l’appelle à l’aide, Jésus ne répond que par le silence, puis par deux phrases impersonnelles qui commencent chacune par une négation, et s’adressent surtout à lui-même et aux disciples : elles rappellent avec force la place première d’Israël dans sa mission, telle qu’il l’avait comprise jusque-là. Jésus en tant qu’homme avait à affiner sa compréhension de sa mission. Sa rencontre avec la cananéenne va lui en donner l’occasion.
Les disciples ont un comportement équivoque, ambigu. Cherchent-ils à la « renvoyer » ou à la « délivrer » ? (le verbe employé peut avoir les deux sens). Les disciples dans un sens comme dans l’autre, le renvoi ou la guérison, désireraient être débarrassés au plus vite de cette femme païenne et impure qui les dérange. C’est pourquoi Jésus ne peut pas accéder immédiatement à leur demande ni à celle de la cananéenne, le dialogue doit se poursuivre pour que chacun comprenne qui il est : un guérisseur juif, le Messie des Juifs, ou le Sauveur de l’humanité toute entière ?
Les miettes de l’abondance
V 27 : la femme rebondit sur l’image du pain et des chiens utilisée par Jésus, en interrompant la suite des négations par une affirmation : « Oui, Seigneur ». Elle témoigne ainsi de sa capacité à entrer dans le raisonnement de Jésus, et de son désir d’entrer dans le monde du salut où la surabondance de la nourriture spirituelle rejaillit sur les plus humbles. La femme en reconnaissant dans les « enfants » (pour Jésus = les Juifs) des « maîtres », accepte humblement la préséance du peuple juif, mais affirme que les païens peuvent aussi bénéficier du salut sans porter ombrage aux Juifs.
Elle a accompli tout un chemin intérieur : elle n’intercède plus seulement pour une action miraculeuse extérieure à elle (pour sa fille, v 22), mais elle demande du secours pour elle (v 25) et reconnaît en Jésus celui qui donne la nourriture de vie, dont même une miette peut faire vivre (v 27).
Jésus aussi a parcouru un chemin : il s’émerveille de la foi de cette femme cananéenne, en contraste avec les préjugés (v24,26) et l’incrédulité de son peuple (v 12-20). Il entre alors en contact direct avec elle (v 28), en admirant sa foi et en affirmant la guérison de sa fille. C’est la foi, exprimée par la prière et la recherche de salut, qui permet l’intervention divine, et non l’envie du prodige ou le désir d’être débarrassé d’un problème gênant.
Jésus est amené par la cananéenne et le centenier (Mt 8.5-13) à affirmer sa mission universelle : si le salut vient bien des Juifs, il est offert à tous, juifs et païens, qui le désirent d’un cœur humble et sincère.
Audace, humilité, écoute de la Parole, persévérance et confiance totale dans la puissance de Dieu, tels sont les enseignements de cette femme pour la croissance de notre foi.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Par quoi est motivé notre désir de rencontrer Jésus ? Une simple curiosité, un souhait personnel de miracle, un besoin de nourriture solide pour notre vie, la conscience de notre faiblesse, l’aspiration à un changement de vie et d’état, la nécessité de grandir dans la foi ?
- De quoi avons-nous besoin de « sortir » pour rencontrer Christ, ou notre prochain ?
- Quelles exclusions freinent notre témoignage à « toutes les nations » ? Comment imiter Jésus dans nos contacts avec les Juifs, les Musulmans, les Orientaux bouddhistes et hindous ou les agnostiques et athées ?
- Quel message apporter à tous ces non-croyants en Jésus-Christ ?
08:02 Publié dans Mission de Dieu ma mission 4/23 | Lien permanent | Commentaires (0)