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12/05/2023

Étude n°8 Le sabbat et la fin Ap 14 .7b et 22.1-5 (20 05 22)

Étude n°8 Le sabbat et la fin Ap 14.7b et 22.1-5 (20 05 22)soleil levant.jpg

« Il reste donc un repos de sabbat pour le peuple de Dieu ». Héb 4.9

« Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre car les premiers avaient disparu et la mer n’était plus ».Ap 21.1

Nous poursuivons l’étude, commencée la semaine dernière,  du premier message des 144000 d’Ap 14.7b, en nous attachant à répondre à la question : Comment le sabbat devient-il un signe de la fin des temps et un avant-goût de la nouvelle terre ?

Observons

  • Comment est désigné le Créateur? Comparer avec Gen 1.1, Néhémie 9.6 ; Ap 14.15
  • Pourquoi ce rajout des sources d’eau ? Quel sens prend-il physiquement et spirituellement à l’époque des trois messages ?
  • Comment retrouve-t-on la mention de l’eau dans la nouvelle Jérusalem ? Ap 22.1
  • Le sabbat est-il mentionné dans la nouvelle Jérusalem ? Pourquoi ?

Comprenons

Le premier message proclamé par les 144000, invite les humains de la dernière génération à ne pas se soumettre aux injonctions des puissances terrestres symbolisées par les trois entités bestiales d’Ap 13 qui réclament pour elles l’adoration forcée des peuples de la terre. Le message demande de revenir au respect et à la glorification de Dieu à cause de son jugement qui est en cours, et à cause de son autorité de Créateur.

Prosternez-vous ou adorez : Ex 34.14 ; 20.5 ;  Mt 4.10 ; Ap 19.10 : c’est manifester un respect religieux pour quelqu’un considéré comme divin. C’est pourquoi seul Dieu et Jésus acceptent cet hommage de la part des hommes. Les apôtres l’ont toujours refusé, comme l’ange l’a fait auprès du prophète Jean (Ap 22.9).

Celui qui a fait le ciel, la terre, la mer, les sources d’eaux : Dieu est le créateur des lieux et des moyens de vie, et de l’univers dans toutes ses dimensions. L’adoration du Créateur est simultanée à la glorification du Juge. C’est le message dont le monde a besoin dans la fin des temps où Dieu est rejeté comme Créateur et Juge.

Prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eau :cette expression se trouve en parallèle avec les avertissements des quatre premières trompettes au ch 8, et les quatre premiers fléaux du ch 16. Dans les trompettes, un tiers des éléments de la création est touché par les destructions tandis que dans les fléaux, c’est la totalité. Le chapitre 14, situé entre ces deux séquences, laisse à penser par ce message que le respect du Créateur se manifeste, à la dernière génération, par l’attention portée à la nature et à l’écosystème, atteints par les pollutions et les fléaux (8.7-12 ; 16.2-9), dont notre époque prend cruellement conscience. Le respect du Créateur passe par ce souci de bien gérer sa création extérieure (= écologie), et intérieure (mon être, créature à l’image de Dieu). Mais aussi ce message invite à respecter Dieu comme le Créateur, ce qui est contesté par beaucoup préférant adhérer à la théorie de l’évolutionnisme qui élimine Dieu. Ce respect se marque par un retour à l’observation du Sabbat mentionné dès le récit de la création (Gen 2.1-2) et repris dans les dix commandements (Ex 20.9-11), ainsi que par Jésus (Mat 12.8 ; Marc 2.27-28)

Dieu dans toute la bible est décrit comme le Créateur du ciel, de la terre et de la mer. Jamais on n’y associe les sources d’eau. Celles-ci représentent la vie, le dynamisme de la terre, au sens physique comme au sens spirituel (voir l’histoire d’Acsa dans Juges 1.14-15, ou celle de la Samaritaine dans Jean 4.10-14, ou encore le fleuve d’eau vive d’Ap 22.1). Or trouver de l’eau potable est devenu un vrai problème aujourd’hui, et spirituellement les hommes meurent de la soif d’entendre les paroles de l’Éternel (Amos 8.11) !

La transparence du cristal, qui caractérise l’eau de la vie dans  la ville descendant du ciel en Ap 22.1, indique pour nous la transparence de la relation de proximité et même l’intimité que chaque personne sauvée pourra partager avec Dieu. Au sein de cette ville coule le fleuve d’eau de la vie sortant du trône de Dieu et de l’Agneau[1]. Cette image associe les trois personnes de la divinité : Dieu Roi et Juge (trône), Dieu Sauveur (l’Agneau), Dieu Esprit (fleuve d’eau vive). Le verset 2 du ch 22 renchérit avec la présence de l’arbre de vie, arrosé par le fleuve et abondamment fécond, image de Christ éternellement vivant. Cette description n’est pas sans rappeler le jardin d’Éden. Dieu veut rétablir son projet des origines[2] pour que l’être humain soit nourri et abreuvé de sa présence vivifiante et éternelle, qui guérit tous les maux de la terre.

 Les trompettes d’ Ap 8-9  lancent, par des événements importants, des appels et des avertissements que le peuple des 144 000, grâce à l’Esprit, décrypte et explique : la terre est en train de se détruire, ou d’être détruite, la solution est en Christ, en Dieu Créateur. Les 144 000 donnent une interprétation écologique et spirituelle à ce qui se passe concrètement sur terre, et annoncent la Bonne Nouvelle, pendant qu’il est encore temps de se repentir et de revenir à Dieu.

Se souvenir que Dieu est le Créateur s’exprime par l’observation du jour du repos qu’Il a lui-même institué à la création (Gen 2.1). Ce jour appelé sabbat, ou repos, est l’occasion d’être en relation étroite avec le Seigneur et avec les autres créatures humaines ou naturelles. Or il s’est avéré que Dieu a été contesté comme Dieu créateur de l’homme et de la nature, à la fin du 19ème siècle. D’où la nécessité pour les croyants dès cette époque de rappeler au monde qu’il existe un Dieu Créateur.

L’auteur de l’épitre aux Hébreux, développe dans son chapitre 4 la notion de repos du sabbat sur plusieurs plans : historiquement le rappel du repos de la création est mis en parallèle avec le repos de l’entrée en Canaan du peuple hébreu sorti d’Égypte. Puis spirituellement, il représente le repos dans lequel on entre dès aujourd’hui par l’accueil de Dieu dans sa vie, et enfin prophétiquement il annonce le repos éternel dans la nouvelle Jérusalem.

On peut se demander si le sabbat sera encore un signe d’adoration du Créateur dans la nouvelle terre. La description de la Nouvelle Jérusalem insiste sur la présence permanente de Dieu et de l’Agneau qui éclaireront de leur lumière le peuple de Dieu rassemblé autour d’eux. Point n’est besoin alors d’un jour spécial pour rappeler cette présence éternelle ! En attendant cette heureuse perspective, le sabbat reste un signe puissant de l’existence du Dieu Créateur, qui peut donner un avant-goût du bonheur de la présence éternelle de Dieu.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Comment proclamons-nous dans notre observation du sabbat le repos que l’on trouve en Dieu ?
  • Comment en faire un avant-goût du repos éternel avec Dieu ?
  • Les Adventistes du 7è jour se sont approprié ce message au plan spirituel, en oubliant peut-être sa dimension écologique. Comment mon église peut-elle corriger cet oubli ?

 

 

[1] Apocalypse 22.1

[2] Cf. Ezéchiel 47

05/05/2023

Étude n°7 Adoration du Créateur Ap 4.2-11 (13 05 2023)

Étude n°7 Adoration du Créateur Ap 4.2-11 (13 05 2023) CreationJNR.jpg

« Prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer, et les sources d’eaux ! » Ap 14.7b

Le premier message lancé au monde par les 144000, après avoir annoncé que l’heure du jugement était venue, se termine par un appel à adorer le Créateur. Cet appel reprend le cri lancé à la fin du chapitre 4 par les vingt-quatre anciens, témoins de la mise en place du jugement . Pourquoi ce lien entre l’heure du jugement et l’adoration du Créateur ?  Pour répondre à cette question nous étudierons le chapitre 4 plus en détail. 

Observons 

Contexte :

  • Sur quels mots de la lettre à Laodicée se fait le lien avec le ch 4.? (3.20-21 et 4.1)
  • Que signifie le nom « Laodicée » ? A quoi est invité le lecteur de cette 7ème lettre (v 22) ?

Texte :

  •  Où se situe la nouvelle scène ? Que doit-elle révéler (v 1)? A quoi la voix de Dieu est-elle comparée  ? Pourquoi ?
  • Que nous indique la mention « je fus ravi en esprit » (v 2) sur le sens à donner à la séquence ?
  • Relever les répétitions, les différents personnages, leurs attributs, leurs paroles, les emblèmes.
  • La scène fait-elle avancer l’action ? Que peut-on en conclure dans le déroulement de la vision de l’Apocalypse ?

 Comprenons[1]

Quelle est la transition entre la séquence des Églises et celle des sceaux ? 

Les versets 1-2 du chapitre 4 situé entre la fin des sept Églises et le début des sept sceaux, donnent plusieurs indices de lien entre les deux sections :

- Après cela est une coordination temporelle assez floue : elle permet à Jean de passer d’une section à l’autre, sans marquer obligatoirement une rupture franche avec ce qui précède comme on l’interprète traditionnellement ; elle peut suggérer une suite chronologique entre ce qui est dit dans la section précédente, et ce qui va être révélé.

- Le mot porte (4.1) fait écho au mot porte de 3.20, même si ce n’est plus la porte du cœur humain, mais celle du «ciel», le monde invisible de Dieu. Dans les deux cas, il est question d’ouverture de la porte, d’accueil du Christ ou de la vision de ce qui doit arriver dans la suite.

- Le mot trône (2x) au v.2 reprend 3.21, où il se trouve aussi 2 fois.

- la mention de la voix comme une trompette et du ravissement en esprit renvoie à 1.10, au début de la section des sept Églises. La voix de Dieu, après les lettres aux Églises, poursuit sa révélation, qui, comme une trompette, doit alerter l’auditeur ou le lecteur, et l’inviter à prêter attention à ce qui doit arriver par la suite.

De cette observation, on peut tirer les conclusions suivantes :

- La section des sept Églises se poursuit sans rupture ni interruption, par celle des sept sceaux, où certains de ses détails sont repris pour être développés dans une sorte de zoom grossissant.

- L’enchaînement chronologique entre les deux sections de la vision est suggéré par les mots : Après cela et ce qui doit arriver dans la suite, compris par rapport à ce qui a été vu dans la section précédente (la lettre à Laodicée), et non par rapport à l’époque de Jean. Ainsi le début de la section des sept sceaux se situerait pendant ou à la fin de l’Église de Laodicée dont le nom signifie "Jugement du peuple", et non du vivant de Jean, comme le place une lecture traditionnelle. Ce que le chapitre 4 va décrire s’enchaînerait  alors à ce qui vient d’être vu, concernant la dernière Église.

 Le décor de la scène en définit l’atmosphère :

4 : le(s) trône(s) : que signifie la répétition de ce mot au singulier et au pluriel ? Tous les textes bibliques qui parlent de trônes au pluriel, sont situés dans un contexte de jugement[2]. La répétition du mot trône au singulier et au pluriel donne à la scène du chapitre 4 son sens d’installation d’un tribunal où prennent place les acteurs et les témoins d’un jugement. Par cette répétition (14 x) du mot « trône », Jean met l’accent sur l’élément essentiel à la compréhension de la scène, qui à ce niveau reste statique. Le « trône » constitue le sujet principal de ce passage.

Les personnages sont nombreux et variés dans leur aspect et leur signification : Jean aperçoit Celui qui est assis sur le trône : Le personnage est tellement extraordinaire que Jean ne peut le nommer, selon le respect hébraïque dû à l’Éternel. La description qu’il en fait, à l’aide des pierres précieuses et de l’arc en ciel, symboles de la richesse, de la gloire et de la paix divines, est à rapprocher d’Ézéchiel 1. 26-28, où le prophète est en présence de « l’image à forme humaine de la gloire de l’Éternel ». Esaïe (6.1) voit aussi le"Seigneur assis sur un trône très élevé.

Les emblèmes sont des images de la présence de Dieu. On y trouve des sons, de la lumière, de l’eau, des êtres fantastiques : Jean perçoit des sons : « Du trône sortent des éclairs, des voix, des tonnerres »[3] ; ces phénomènes naturels accompagnent toujours la manifestation de la gloire de Dieu, qui provoque joie ou crainte parmi le peuple[4]. La lumière tient une place importante dans la vision. Outre les éclairs qui sortent du trône, et l’arc-en-ciel qui l’environne, Jean voit  que « devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu[5] ». Sept est le chiffre de la plénitude, de la totalité[6]. En Ésaïe 11. 2 sont rassemblées les sept caractéristiques de l’Esprit Saint, la première contenant les six autres : « L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel ». Le symbole de l’eau est aussi présent au v 6 : « Il y a devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal ». On donnait ce nom, dans le sanctuaire terrestre, au bassin des ablutions où se purifiaient les sacrificateurs avant d’entrer dans le temple. Cette cuve d’airain était en effet tapissée par les miroirs que les femmes avaient offerts à la sortie d’Égypte[7]. En se penchant sur l’eau de la cuve, l’officiant y voyait le reflet du ciel derrière son propre visage, en symbole de sa purification.                          Dans l’incapacité de « voir » Dieu, Jean en distingue la présence grâce à ces emblèmes qui lui signifient que, dans cette scène (ch 4), rien ne fait obstacle à la lumière, tout est transparent, pur et saint. Au ch 15.2, les adorateurs qui ont été purifiés peuvent se tenir debout devant la sainteté de Dieu. 

Dans ce décor  se trouvent des personnages symboliques. Les quatre êtres vivants décrits en Ap 4.6-8  sont des êtres emblématiques et fantastiques, bien mystérieux : « Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière. » Essayons de découvrir ce qu’ils peuvent nous révéler sur Dieu, puisqu’ils sont assis avec lui sur le trône ! Pour comprendre ce que sont ces êtres vivants[8], il faut revenir à Ezéchiel 1 et 10. En  Ez 1. 5-14,  les 4 animaux ont chacun 4 faces différentes qu’on retrouve en Ap 4. 7. En Ez 1.15-20,  il y a des yeux sur les roues qui cheminent avec les animaux, et « l’esprit des animaux était dans les roues ». Les animaux dans cette vision sont comme les courroies de transmission entre le trône de Dieu et l’action de Dieu sur la terre. Ézéchiel (ch 10.1) définit ces animaux comme « des chérubins qui soutiennent le trône de Dieu ». Ils interviennent dans un contexte de jugement sur Jérusalem et son temple. Les événements vus par Ézéchiel dans les chapitres 9 et 10, se retrouvent dans Apocalypse 7 et 8. La présence des chérubins, ou des quatre êtres vivants, atteste que Dieu contrôle parfaitement son plan de salut : même s’il y a sur terre des souffrances, la justice libératrice de Dieu, à terme, s’accomplira.

En Ap 4. 8, les êtres vivants ont chacun six ailes, comme dans Ésaïe 6. 2. Même les « êtres » les plus proches de Dieu ont conscience de la sainteté de Dieu devant laquelle ils se couvrent. Ils marquent le profond respect dû à l’Éternel, par cette attitude comme par leur louange au Dieu trois fois saint. Pourquoi trois fois ? Nous avons là un signe de la Trinité divine dont chacune des personnes est sainte. « L’Éternel est saint, juste et bon », telle est la louange des quatre êtres vivants, exprimée par le « trois fois saint ».

Où se situent les quatre êtres vivants ? « Au milieu du trône et autour du trône[9] » : non seulement  ils portent le trône, siège de la justice de Dieu selon les Ps 89.15 et 97.2 : « la justice et l’équité sont la base de ton trône. », mais encore ils en font partie intégrante, se confondant avec Celui qui est assis sur le trône ! Ces quatre êtres vivants semblables à un lion, un veau, un homme et un aigle, pourraient alors représenter les aspects de la justice que Dieu exerce envers la terre habitée, symbolisée par le chiffre quatre[10]. La comparaison avec Ésaïe 33.22 donne un sens à ces quatre symboles de la personnalité de Dieu : « L’Éternel est notre juge, l’Éternel est notre législateur, l’Éternel est notre roi, c’est Lui qui nous sauve » : Le roi s’incarne dans le lion, symbole d’assurance, de force, de vaillance, de supériorité héroïque et de jugement[11] ; ses rugissements symbolisent la colère de Dieu contre le péché dans Ésaïe 31.4, Osée 11.10 ou Amos 1.2 et 3.8 ; le lion représente donc ici la majesté et la puissance de Dieu pour juger la terre. Le sauveur se retrouve dans l’image du veau, animal utilisé dans les sacrifices d’alliance entre Dieu et l’homme, ou dans l’eau d’expiation[12]. Dieu se donne en son Fils pour purifier l’homme et lui permettre de vivre éternellement. Le législateur est représenté par l’homme, créature douée de discernement, d’intelligence, capable de trier ses informations, de choisir ses décisions et ses lois[13]. Dieu représenté par une tête d’homme est un Dieu qui a le discernement du bien et du mal, et qui fixe les lois de vie de l’Univers entier. Le juge est symbolisé par l’aigle, ou le vautour qui était l’animal « éboueur », éliminateur des déchets, des corps morts et atteints par la corruption. Dieu élimine ceux de sa maison qui se sont laissé corrompre par le mal, au point de «  violer son alliance et transgresser  sa loi »[14].En même temps, l'aigle qui porte ses petits sur ses ailes (Deut 32.11) pour leur éviter la chute, peut symboliser toute la sollicitude de Dieu pour ses enfants. On retrouve une dernière fois ces Vivants[15], dans l’adoration de Dieu, après l’exécution de ses jugements, au retour de Christ, quand l’Agneau vient célébrer ses Noces avec la femme-Église. Puis ils disparaissent, n’ayant plus leur utilité dans la Nouvelle Jérusalem.

À côté de ces images de la présence de Dieu, l’apôtre Jean distingue une autre catégorie de personnages, les vingt-quatre anciens (v 4). Que représentent leurs vêtements blancs ? C’est une image biblique répétitive pour évoquer la pureté accordée à ceux qui ont foi dans le sacrifice de Christ[16]. Autrement dit, les vêtements blancs représentent l’œuvre de justification, de purification et de sanctification,  accomplie par Christ dans le cœur et la vie de ceux qui ont eu foi en son sacrifice. À l’idée de justification s’ajoute celle de la victoire que l’on retrouve avec l’image des couronnes d’or. Il existe deux mots en grec pour exprimer la couronne, le diadème royal ou la couronne du vainqueur sportif (stephanos). C’est ce dernier mot qui est employé ici. Les vingt-quatre anciens ont été reconnus comme justes et vainqueurs de Satan, à cause de leur foi dans le sacrifice de Christ. Qui sont les vingt-quatre anciens ? Sont-ils des anges, des créatures humaines ou des figures symboliques ? Dans la Bible, les anciens en Israël rendaient la justice en tant que représentants du peuple et étaient responsables de l’enseignement[17] : Les vingt- quatre anciens de la vision de Jean sont là comme représentants du peuple de Dieu dans un rôle de juges, puisqu’ils sont sur des trônes, comme assistants ou jurés du Juge suprême. Ils constituent une sorte de jury, témoin des sentences divines. Pourquoi les trouve-t-on autour du trône de Dieu ? Deux hypothèses se présentent : La première est en rapport avec Luc 22.30, où Jésus dit aux Douze disciples : « Je dispose du royaume en votre faveur...afin que ...vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël ». On aurait ainsi douze trônes pour les représentants du peuple de l’Ancien Testament, et douze autres trônes pour les représentants de l’Église du Nouveau Testament, comme le furent les douze patriarches et les douze apôtres sur la terre.La seconde  hypothèse est en rapport avec le nombre vingt-quatre, que l’on ne retrouve que dans les classes de prêtres et de chantres de David[18]. Or ici, comme représentants du peuple devant Dieu, les vingt-quatre anciens sont prêtres, et ils chantent la gloire de Dieu[19]. Ces anciens sont différenciés des anges et des êtres vivants[20], ils sont donc des hommes, qui ont bénéficié de la grâce divine symbolisée par leurs vêtements blancs. 

Dans une lecture littérale, on se demande comment il se fait que des hommes soient déjà au ciel, alors que, à ce moment de la vision, le Christ n’est pas encore revenu, et que la résurrection générale n’a pas encore eu lieu ? Si nous croyons selon la Bible que la résurrection des morts n’aura lieu qu’au retour du Christ pour les élus, et après les mille ans pour les impies[21], nous savons par quelques textes, qu’il y a eu des exceptions :

- Énoch et Élie furent enlevés au ciel, vivants, sans passer par la mort[22] .

- Moïse connut la mort, mais fut l’objet d’une lutte de Michaël contre Satan, et fut ressuscité en avant-première, comme le prouve sa présence à côté d’Élie, à la Transfiguration de Jésus[23].

- Les ressuscités à la mort de Jésus, prémices des ressuscités de son retour, sont sans doute « montés au ciel » avec lui d’après les textes : « Les sépulcres s’ouvrirent et plusieurs des corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent. Étant sortis des tombeaux, après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à un grand nombre de personnes», et « Étant monté en haut, Christ a emmené des captifs[24] ». On peut comprendre ce mot « captifs » comme « prisonniers de la mort», libérés par Christ, ou comme « ceux qui ont été capturés par Christ ».  Les saints déjà au ciel qui dialoguent avec les prophètes Daniel (7.16) et Jean (Ap 5.4) seraient les vingt-quatre vieillards de la cour céleste, prémices des  ressuscités. On ne connaît pas le nombre de ces ressuscités, mais ils pourraient constituer les vingt et un anciens (3 x 7 !) qui accompagnent les trois précédemment nommés, Énoch, Élie et Moïse. Ces personnes, selon Héb 11.39-40, n’ont pas encore obtenu la récompense promise du Royaume. Elles sont en fonction auprès de Dieu (= dans le ciel), mais elles attendent aussi la Nouvelle Jérusalem éternelle qui sera constituée de tous les élus de tous les temps.

Dans une lecture symbolique que l’ensemble du texte nous suggère pour une interprétation cohérente, la scène entrevue par Jean se situe dans « le ciel », mot qui désigne, rappelons-le, non un lieu géographique, mais le « monde spirituel de Dieu». Les vingt-quatre anciens pourraient alors représenter tous les « prophètes » de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance. Ils ont eu la grâce de recevoir la révélation divine sur le jugement de libération et de salut de Dieu[25]. Spirituellement, ils ont été et sont encore, chaque fois qu’ils sondent les Écritures, les jurés témoins de l’œuvre de Dieu pour son peuple à travers les siècles. Ils perçoivent la dernière phase de cette œuvre de libération et s’en réjouissent pleinement. On peut en conclure que les vingt-quatre anciens vus par Jean seraient les figures symboliques des croyants fidèles, conscients de ce jugement de la fin des temps.

Quel est le rôle de ces anciens ? Les interventions des vingt-quatre anciens ne sont pas placées n’importe où, ni n’importe quand, dans le livre de l’Apocalypse. On les voit par quatre fois adorer et chanter les louanges de Dieu, Créateur et Juge :

- au ch 4, ils apparaissent comme jurés,  au moment de l’ouverture de l’enquête dont parleront les chapitres suivants (Sceaux et trompettes).

- Les vingt-quatre anciens interviennent à nouveau chantant les louanges de l’Agneau immolé[26], après la reconnaissance de sa dignité à ouvrir le livre scellé (5.11), et après le scellement des élus (7.11).

- au ch 11.16-18, les anciens interviennent une quatrième fois pour proclamer les louanges de Dieu à la fin de l’enquête et au moment  de l’exécution des sentences du jugement. On les retrouve comme témoins du cantique chanté par les 144000 élus et enfin se prosternant devant Dieu aux noces de l’Agneau[27]. Leur « Amen, Alléluia ! » marque alors la fin du plan du salut dont ils ont eu la révélation, et auquel ils ont participé. Les actions de grâces des anciens parsèment donc les différentes phases du jugement. Savoir que les vingt-quatre anciens, prémices des élus, sont des témoins du jugement de Dieu,  est un sujet de joie et d’espérance, car nous avons là une confirmation que « Dieu ne fait rien sans le révéler à ses prophètes[28] » !

Un décor de jugement  est donné à la scène par la louange des vingt-quatre anciens, adorant leur créateur  à la fin du chapitre 4 : v 9-11 « Quand les êtres vivants rendront gloire...les vingt-quatre anciens se prosterneront » : l’emploi du futur avec la conjonction temporelle lui donne un sens de répétition « chaque fois que... ». Les êtres vivants et les anciens sont associés dans la louange de « Celui qui est assis sur le trône... »[29]. Le Seigneur est peu décrit avant d’avoir été reconnu comme Dieu Créateur par les créatures célestes et terrestres sauvées (v 11). « Tu es digne, car tu as créé toutes choses » : si les anciens et les quatre êtres vivants reconnaissent la dignité de Dieu, c’est que celle-ci a été contestée. Dans le combat céleste, qui dure depuis Gen 3, l’autorité et l’amour du Dieu Créateur ont été mis en cause et bafoués. Au moment de l’installation du tribunal céleste, les témoins reconnaissent à Dieu d’abord la qualité de « Créateur de toutes choses », qui confère à Celui qui préside le « tribunal », la dignité et l’autorité suprêmes. 

Le fait d’associer l’adoration du Créateur à l’heure du jugement dans ces deux textes d’Ap 4 (v 11) et 14 (v7) incite à penser qu’au moment où le jugement du peuple de Dieu commence, la terre ne croit plus au Dieu Créateur. Seuls les 24 vieillards, prophètes de Dieu ou les 144000 fidèles le reconnaissent comme le Créateur, ayant autorité sur la terre et ses habitants, donc digne de les juger.

Serait-ce un indice de la mission confiée par l’Esprit aux croyants des derniers temps dont font partie les Adventistes du 7ème jour, depuis la fin du 19ème siècle, au moment de la négation de la création divine par Darwin ? L’adoration du Créateur serait-elle un critère dans le jugement du peuple de Dieu ? 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Comment montrer que j’adore Dieu comme Créateur, en dehors du respect du Sabbat ?
  • Quelle observation du sabbat rend gloire au Créateur ? Revoir l’exemple de Jésus.(Mat 12.12 ; Jean 7.23 ; 9.14)
  • L’adoration du Créateur par l'observation du Sabbat est-elle une condition du salut ?

Notes

[1] Nous reprenons de larges extraits du livre « Le message d’espérance de l’Apocalypse » d’E Zuber. Ed BOD (www.bod.fr)

[2] Dn 7. 9-10 ; Mt 19. 28 ; Lc 22. 30 ; Ap 20. 4a  ; Ap 11. 16 et 18

[3] 4. 5a

[4] Ex 19. 16 ; Job 36.33 ; Ps 77.19 ; Ap 8. 5 11. 19 ; 16.18,21.

[5] v 5a ; v3 ; v 5b

[6] Ap 1. 4 ; Ap 5. 6

[7] Ex 38.8

[8]  La Bible ne parle nulle part du « tétramorphe » en rapport avec les quatre évangélistes. C’est une interprétation tardive de la tradition, à une époque où les symboles bibliques de l’Ancien Testament n’étaient plus perçus. Pour plus de détails sur les quatre êtres vivants et leur rôle, voir "La Bonne Nouvelle des Chérubins" d'E. Zuber, Ed BoD.

[9] Ap 4.6b

[10]  voir les 4 vents de la terre, les 4 coins ou points cardinaux dans Ap 7.1.

[11] Pr 28.1 ; Jg 14.18 ; 2 S 17.10 ; Pr 30.30-31 ; 1 Rois 13.24

[12] Gn 15.9, Jér 34.18-20 ; Nb 19.2-6

[13]  Pr 12.8 : un homme est estimé en raison de son intelligence ; 1 Co 2.14-16 : seul l’homme peut avoir l’intelligence que donne l’Esprit.

[14] Osée 8.1 ; Voir aussi Job 9.26 ; Hab 1.8 ; Es 46.11.

[15] Ap 19.4

[16] Ap 19.7 ;  Zacharie 3.4-5-8 ;

[17] Nb 11. 16-17 ; Dt 31. 9-13 ; Ruth 4. 2,9,

[18] dans 1 Chr 24 et 25

[19] Ap 4.11

[20] 5.11

[21] Ap 19.4 ; Ap 19.5, 9,12

[22] Gn 5. 24 et Hb 11.5 pour Enoch, 2 R 2.11 et Mt 17. 3 pour Elie.

[23]  Dt 34.5, Jude 9, Mt 17.3

[24] Mat 27. 52-53 ; Eph 4. 8 

[25] Héb 11.13

[26] 5.12 et 7.12

[27] 14.3 ; 19.6

[28] Amos 3.7

[29] Ap 4.10 ; 5.8 ; 7.11 ; 14.3