17/07/2015
Etude n°4 Jonas 4,1-11 (25 07 15)
Étude n°4 Jonas 4,1-11 (25 07 15)
« Alors Pierre ouvrit la bouche et dit : En vérité, je le comprends, pour Dieu il n’y a pas de considération de personnes, mais en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. » Actes 10.34-35
Observons
Contexte
Résumez les événements de la vie de Jonas envoyé en mission à Ninive.
Pourquoi était-ce si pénible d’obéir à Dieu ? Quel message devait-il transmettre ? Dans quel but ? Comment s’est-il acquitté de sa mission ? Avec quels résultats pour les Ninivites ?
Texte
V 1-4
- Quelle est la réaction de Jonas devant la grâce de Dieu ? Que savait-il de Dieu et que lui reproche-t-il, alors qu’il avait expérimenté cette grâce à son profit ?
- A quoi en arrive-t-il dans sa fureur ? (v 3)
- A quoi l’invite Dieu ?
V 5-6
- Comment réagit Jonas ? Dans quel but ? Comment se marque à nouveau la sollicitude de Dieu à l’égard de son prophète ?
V 7-8
- Quelles sont les interventions de Dieu ? Dans quel but ?
- Que dénote la réaction de Jonas à ces nouvelles épreuves ?
V 9-11 : dialogue entre Jonas et Dieu
- Comment Dieu s’adresse-t-il à nouveau à Jonas ? Avec quelle variante (v 9) ?
- Que répond Jonas pour la 3ème fois ?
- Qu’oppose Dieu dans son explication ? (v 10-11) Que signifie dans ces deux versets l’expression « avoir pitié » ? Que veut faire comprendre Dieu à Jonas en lui parlant des Ninivites, « qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche » ?
Comment se termine le livre de Jonas ? Voir la véritable fin dans la prière du chapitre 2, versets 8-10.
Comprenons et actualisons
Jonas avait reçu la mission d’aller vers les Ninivites, les ennemis n°1 des Israélites. Les sentiments nationalistes et racistes du prophète, renforcés par la peur, l’avaient poussé à fuir à l’opposé géographique de Ninive. Dieu l’arrêta par une tempête déchaînée et l’avertit du sort mortel auquel l’entrainait son refus d’obéissance. Jonas bénéficia personnellement de la grâce divine lorsqu’il se repentit, et consentit à se rendre à Ninive. Appelé à crier contre les Ninivites (1.2) pour les inviter à se repentir de leur méchanceté (= spirituellement leur idolâtrie), comme l’expression « crier contre » peut le signifier (Jér 18.11 ; 23.22 ; Mat 3.1-3), Jonas ne retient que la menace de « bouleversement », qu’il prend au sens de destruction, et non de « conversion » ! Il se présente en prophète de malheur, trahissant ainsi la volonté de Dieu de sauver ses créatures quelles qu’elles soient, …même animales ! (Jonas 4.11). Son expérience personnelle de la grâce inconditionnelle ne lui a pas encore appris que ses ennemis sont aussi aimés de Dieu ! Dans sa fureur, il invective Dieu et lui reproche même d’être compatissant ! Il se réserve l’amour de Dieu et ne veut pas que les ennemis de son peuple en bénéficient aussi. Dégoûté, par trois fois il demande la mort. Le Seigneur l’invite à réfléchir sur sa colère, et pédagogiquement organise les circonstances pour l’y pousser.
Jonas et Dieu sont face à face et dialoguent par les actes et les mots. Dieu intervient trois fois indirectement auprès de Jonas, et deux fois par la parole. Jonas ne parle que pour exprimer son désir de mort et sa colère.
4.5 : Jonas se construit une hutte pour avoir de l’ombre dans son attente au sujet de la fin de Ninive = au lieu de réfléchir sur lui-même, il se met à l’écart et à l’aise pour observer le reste du monde, en espérant ( ?) qu’il va disparaître.
Ironie : la hutte devait symboliser la sollicitude de Dieu après la sortie d’Egypte et être un signe de la reconnaissance des hommes pour leur salut, leur délivrance du jugement (Jour des Expiations Lév 23.39-44). Elle est pour Jonas l’abri de sa rancœur et de son égoïsme !
Questions :
- l’Église n’est-elle pas souvent la hutte sous laquelle nous nous abritons pour attendre les temps de la fin, en observateurs satisfaits d’être protégés ?
- La vie dans l’Église qui devrait être joie et reconnaissance à Dieu pour son salut, ne devient-elle pas source de repli sur soi, d’autosatisfaction, et recherche du bien-être personnel ?
4.6 : Intervention de Dieu = il lui fait cadeau de l’ombre d’un arbuste pour changer son humeur. Jonas s’en réjouit :
a) Dieu ne laisse pas Jonas ruminer dans son autosatisfaction
b) il accorde des bénédictions extraordinaires pour éveiller sa reconnaissance et sa confiance.
c) Jonas (= l’homme en général) jouit égoïstement de ces bénédictions, à son seul profit.
Questions : Quels sont nos "ricins sur lesquels nous comptons, inconscients de leur fragilité ? De quelles bénédictions pouvons-nous nous réjouir dans l’Église ? Les estimons-nous acquises une fois pour toutes ? Comment éviter d’en faire des sujets de glorification de nous-mêmes ?
4.7-8 : Dieu intervient par un ver, un vent chaud et le soleil = plus d’ombre, ni de hutte, insolation, désespoir et désir de mort. Dieu permet des épreuves dans un but pédagogique : il veut enseigner que
- en nous accaparant les grâces de Dieu nous les stérilisons (voir le 3ème serviteur de la parabole des talents).
- en ne comprenant pas la grâce de Dieu, nous risquons la mort comme Jonas.
- en nous attachant aux grâces matérielles et éphémères, nous passons à côté de l’essentiel : l’amour de Dieu et la vie éternelle.
- en ayant une attitude attentiste, non engagée, nous récoltons le sort que nous attendons pour les autres !
Question : Les épreuves de l’Église ou de notre vie (ver, = souci qui ronge inconsciemment, vent = souffle de colère ou de rancœur qui stérilise, ou soleil = idolâtrie ou sécheresse spirituelle qui détruisent) nous conduisent-elles à prendre conscience de notre égoïsme et de notre autosatisfaction de Pharisiens ? Nous font-elles revenir à Dieu humblement, ou nous plongent-elles dans le désespoir comme Jonas ?
4.9 : La Parole de Dieu interroge pour appeler à examiner les raisons de la colère. Les paroles de Jonas marquent sa surdité spirituelle, son entêtement dans ses idées sur soi, sur les autres et sur Dieu.
Questions : D’où viennent nos colères devant les événements qui nous atteignent personnellement, et contre lesquels on ne peut rien ? La fureur de l’échec n’est-elle pas une blessure d’amour-propre ? La colère contre Dieu n’est-elle pas signe de présomption et d’incompréhension de ce que Dieu veut enseigner ?
A quoi l’examen de ses émotions doit-il mener ? (conscience et acceptation de leur existence, de la réalité et de notre responsabilité dans le mal qu’elles nous font, et repentir).
4.10-11 : comparaison en opposition entre :
- la « pitié » de Jonas pour un végétal, et la « pitié » de Dieu pour les hommes et les bêtes de Ninive.
- la préoccupation ou la sympathie de Jonas pour une chose dont il n’est pas responsable, et la préoccupation et l’amour de Dieu pour de nombreux êtres qu’il a créés, et qui sont égarés.
Questions : Quelles sont nos priorités personnelles ou en Église ?
- assurer notre confort spirituel, moral et matériel sur cette terre ?
- compatir au sort des « perdus » pour leur enseigner à distinguer le bien et le mal selon Dieu(= la droite et la gauche , v11), et pour leur annoncer le salut et l’amour de Dieu ?
- Si Dieu a fait grâce à Jonas (= moi, ou l’Église) pourquoi lui refuser le droit de faire grâce aux autres, même à ceux que nous jugeons comme indignes (parce qu’ils ne croient pas en Dieu, parce qu’ils n’observent pas les commandements comme nous, parce qu’ils ne pensent pas comme nous, etc.).
- Comment partager avec d’autres la grâce reçue ?
Le livre se termine apparemment « en queue de poisson », c’est-à dire sans conclusion. Mais il faut se souvenir de la logique de la langue hébraïque, qui n’est pas linéaire comme la nôtre : l’hébreu place au milieu du récit ce qui est le plus important, qui sert d’axe aux différentes parties du texte. C’est ainsi que nous trouvons dans la prière de Jonas, placée après coup et non pas chronologiquement dans le ventre du poisson, la capitulation du prophète devant son Dieu, et la reconnaissance que « le salut vient de l’Éternel »(2.8-10).
Questions : - Savons-nous reconnaître que nous nous sommes trompés et que notre vision de Dieu et de sa volonté était erronée ?
- Comment nous engageons-nous à corriger notre témoignage auprès de ceux qui ne le connaissent pas (symbolisés par les animaux de Ninive), ou mal comme les hommes idolâtres de Ninive ?
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10/07/2015
Étude n°3 Le missionnaire mal-aimé, 2 Rois 5.1-19 (18 07 15)
Étude n°3 Le missionnaire mal-aimé, 2 Rois 5.1-19 (18 07 15)
« Il y avait beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Élisée, et cependant aucun d’eux ne fut purifié, si ce n’est Naaman le Syrien » (dit Jésus). Ils furent tous remplis de fureur dans la synagogue en entendant cela. » Luc 4.27-28
Observons
Pour comprendre pourquoi Jésus provoqua, au risque de sa vie, la colère de ses compatriotes de Nazareth (Luc 4.29), il nous faut reprendre le récit de la guérison de Naaman, rapporté dans 2 Rois 5.1-19.
Questions pour observer le texte :
- Quels sont les personnages de ce récit ? Pour chacun d’eux quelles sont la nationalité et la fonction sociale ?
- A quels moments le nom de l’Éternel est-il prononcé ? Par qui ? Que peut-on en conclure sur l’image de Dieu que se fait chacun des personnages ?
- Quel itinéraire emploie Dieu pour répandre sa parole de guérison ? Quels sont les personnages qui contribuent effectivement à la guérison de Naaman ? Qu’est-ce que cela doit enseigner à Naaman ?
- Comment expliquer l’attitude réservée d’Élisée ? Que cherche-t-il ?(v10)
- Quels sentiments révèle la fureur de Naaman ?(v 11-12)
- Pourquoi sept plongeons dans le Jourdain ? Un seul n’aurait-il pas suffi ?
- Quels changements se sont opérés dans le cœur et l’attitude de Naaman envers le prophète et l’Éternel (v 15-16)
- Quelle requête adresse-t-il au prophète ? Pourquoi ? Quel lien y a-t-il entre l’adoration et la terre ? (v 17-18)
- En quoi la réponse d’Élisée est-elle extraordinaire et apaisante encore aujourd’hui ?
Comprenons
A l’époque d’Élisée (894 av JC), Israël (= l’État du nord) est tombé sous la férule des Syriens. Au contact des Israélites, les Syriens avaient appris l’existence de leur Dieu, l’Éternel, à qui ils attribuent ironiquement ( ?) leur victoire v1). L’Éternel était pour eux un dieu de puissance guerrière qui se plaçait donc du côté des vainqueurs. L’auteur du récit pourtant contredit cette image déformée, en mentionnant la faiblesse du général vainqueur Naaman : il était lépreux. Si cette maladie de peau ne semble pas l’exclure de la société comme en Israël, pour les Israélites elle était symbole du péché d’idolâtrie, offense suprême faite à l’Éternel. Or c’est ce lépreux étranger et païen que Dieu choisit pour révéler aux Juifs comme aux non-Juifs, sa vraie nature inconditionnellement aimante et guérissante !
La première parole d’espoir donnée à Naaman par l’entremise de son épouse, vient de la jeune esclave israélite à leur service. Cette jeune fille montre combien elle aimait son maître malgré sa captivité ; elle montre une foi sans faille dans la puissance de guérison accordée par Dieu à son prophète. Naaman se saisit de cet espoir et met en œuvre les moyens diplomatiques que son rang de ministre lui permet, pour tenter sa chance. Les rois de Syrie et d’Israël réagissent aussi en fonction de leurs habitudes royales : celui de Syrie envoie son général à son homologue israélite en lui ordonnant de guérir son ministre, sans mentionner le prophète, totalement insignifiant et inconnu de lui. Mais le roi d’Israël ne fait pas mieux : en état de subordonné vaincu, il prend cet ordre pour un défi ou un piège mortel ! Oubliant totalement l’Éternel et son prophète, il déchire ses vêtements en signe de deuil et de désespoir. Dieu pour lui est absent.
La parole guérissante rebondit avec l’intervention du prophète qui reproche son incrédulité au roi. Par sa guérison, Naaman reconnaîtra qu’il y a un prophète et un Dieu en Israël. C’est l’honneur de Dieu qui est en jeu, et non celui d’Élisée, ou de Naaman.
Le général syrien vient trouver le prophète, tout rempli de son importance : il est le ministre vainqueur et affiche son rang en arrivant sur un char tiré par des chevaux (ce qu’Israël ne possédait pas et convoitait toujours). Naaman cherche sans doute à en imposer à cet obscur guérisseur qu’est pour lui Élisée. L’apparent mépris de l’accueil du prophète qui ne sort pas à sa rencontre, ulcère Naaman peu habitué à être traité de la sorte. Il venait ordonner sa guérison…à Dieu, par l’entremise du prophète, et croyait que Dieu obéirait à sa volonté ! Élisée opèrerait comme un magicien, imposant ses mains sur la partie malade (v 11). Aussi l’attitude d’Élisée est-elle pour Naaman un véritable affront à sa fierté de personnage important. Du coup, il repart furieux et méprisant pour le remède prescrit, ne saisissant pas sa portée symbolique et psychologique. Peu importent la qualité des eaux de ce baptême sept fois répété en signe d’accomplissement parfait : ce qui compte c’est l’abaissement qu’il implique, le renoncement à l’orgueil, la soumission du cœur qu’il exige pour être efficace. C’est une véritable mort à soi-même qui est demandée à Naaman dans ce geste simple, un abandon de son propre jugement, et une confiance aveugle dans la parole d’Élisée.
Pour accentuer ce symbolisme, la parole guérissante passe de nouveau par les serviteurs qui se montrent plus sages et avisés que leur maître, et plus confiants que lui dans la promesse de guérison. Naaman sortit des eaux du baptême purifié de sa maladie physique et de sa lèpre spirituelle ; il reconnaît Dieu comme le seul vrai Dieu (v 15), auquel il veut montrer sa reconnaissance par de somptueux présents à son prophète, selon la coutume en vigueur.
Le refus énergique d’Élisée lui apprend que Dieu ne s’achète pas, que sa grâce est vraiment gratuite. En conséquence il s’engage à n’adorer que Lui (v 17), et il abandonne son idolâtrie. Sa requête à Élisée est pour nous tout à fait insolite mais s’explique par la croyance que les dieux étaient liés à la terre, au pays de leurs adorateurs[1]. L’Éternel étant le dieu d’Israël, Naaman croyait qu’en emportant un peu de la terre d’Israël, il s’attacherait sa présence et pourrait l’adorer même au milieu des terres païennes. Élisée ne contredit pas cette croyance et comprend le dilemme de Naaman : par sa fonction il sera amené à accompagner son roi dans les temples païens, tout en adorant l’Éternel dans son cœur. La paix que lui accorde Élisée est encore scandaleuse aux yeux des intransigeants de la foi qui vont au martyre pour ne pas « trahir » publiquement leur Dieu. L’Éternel se satisfait-il du sacrifice de ses enfants ? Leur vie transformée par son amour ne peut-elle pas avoir autant ou plus grande valeur de témoignage auprès des idolâtres, qu’une mort violente et injuste ?
Le prophète Élisée fut à son époque le pionnier de la diffusion de la Parole de Dieu en milieu étranger aux Juifs. Complètement ignoré et méprisé par les « grands » de ce monde, qui ne croyaient pas en l’Éternel même en Israël, Élisée préfigure l’humilité et l’amour inconditionnel de Jésus que les hommes ont rejeté (Esaïe 53.3 ; Luc 4.29,) parce qu’entre autres, il dénonçait l’incrédulité de son peuple et admirait la foi que des païens manifestaient à son égard. Les préjugés nationalistes et religieux contre ceux qui diffèrent dans leurs croyances et leurs rites sont encore vivaces et meurtriers aujourd’hui !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelle image de Dieu me suis-je forgée ? Sur quoi s’appuie-t-elle ? Comment influence-t-elle mes relations avec les autres ?
- Comment est-ce que je considère celui qui ne croit pas en Dieu, ou qui pratique sa foi différemment de moi ? Comment lui faire percevoir l’amour de Dieu pour lui ?
- Quelle « parole de Dieu » transmettre autour de moi, pour apporter guérison et paix ?
- De quoi mon Église témoigne-t-elle dans sa commune et dans le pays en général ? Quels rapports entretient-elle avec les autorités ?
- Comment considérons-nous les chrétiens obligés de cacher leur foi dans une société hostile où ils risquent leur vie et celle de leur famille ? Comment les aidons-nous à rester fidèles malgré la persécution ?
[1] Cette localisation est encore très vivace aujourd’hui, avec la multiplication des lieux sacrés, chrétiens ou musulmans, et la vénération de beaucoup pour la "Terre Sainte" du Moyen Orient.
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