17/01/2014
Etude n°4 : Faire des disciples des enfants Mat 18.1-14 (25 01 13)
« N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? » Mat 21.16
Observons
Le contexte
Après la Transfiguration, le chapitre 17 a relaté la guérison de l’enfant lunatique que les disciples n’avaient pu opérer. Jésus a annoncé pour la seconde fois (17.22) sa mort et sa résurrection prochaines (1ère fois en 16.21, 3ème fois en 20.19). Il a manifesté sa soumission à la loi humaine du tribut payé au temple, malgré son statut de Fils de Dieu qui aurait pu l’en dispenser. Avant de quitter la Galilée pour monter à Jérusalem, Jésus donne quelques derniers enseignements.
Questions pour observer le texte :
- v 1 : Quelle est la préoccupation des disciples à ce moment-là ? Pourquoi ? (voir une cause probable en 16.18 et 17.1) Qu’est-ce que cela prouve sur leur état d’esprit et leur compréhension de la situation de Jésus ?
- v 2-4 : Réponse de Jésus : Que demande Jésus en prenant un enfant comme exemple ? Qu’a-t-il décelé dans le cœur de ses disciples ?
- v 5 : Quelle valeur Jésus attribue-t-il à un enfant, contrairement à la coutume de son époque ? Quels sentiments sous-entend l’accueil d’un enfant « en son nom » ?
- v 6 : Que peut recouvrir le mot « petits » ? Doit-on le limiter aux enfants ? Pourquoi le scandale est-il inévitable ? En quoi consiste-t-il ici ? (voir l’opposition avec le v 5). Quel sort est préférable pour le fauteur de scandale ? Pourquoi ?
- v 7-9 : Quel est l’enjeu dans ces images d’avertissement ? Comparer avec l’emploi des mêmes images en Matthieu 5.29-30 : est-ce le même ? De quoi doit-on se garder ici ?
- v 10 : Comment ce verset éclaire-t-il le sens du verbe « scandaliser » ? Quelle raison donne Jésus pour ne pas « mépriser les petits » ? Qu’en conclure sur la valeur des « petits » pour Dieu ?
- v 11-14 : Conclusion : Parabole de la brebis perdue ? Quel lien faire entre cette parabole et ce qui précède ? Quel espoir Jésus accorde-t-il à celui qui a été égaré ou méprisé ?
Comprenons
Jésus a annoncé sa mort prochaine, et a manifesté son humilité en acceptant de se plier à l’impôt du temple, malgré sa nature divine et sa pauvreté. Pourtant ses disciples montrent leur totale incompréhension de la situation : ils espèrent toujours pour Jésus un royaume glorieux, et pour eux une place en vue dans ce « royaume des cieux » qu’ils imaginent à la ressemblance des royaumes terrestres humains. En leur donnant en exemple un enfant, le plus petit, le plus faible dans la société, Jésus veut les frapper par le contraste entre « le plus grand » de leur question, et « le plus petit » de sa réponse.
Devenir comme un petit enfant pour le disciple ne signifie ni être innocent, ni être ignorant, ni sans discernement, mais mis en parallèle avec la conversion, c’est changer profondément d’état d’esprit. Jésus a décelé dans la question des disciples l’orgueil ambitieux, le goût du pouvoir qui les habitent, et qui sont incompatibles avec les lois d’amour, d’humilité et de confiance de son royaume. Le petit enfant vit naturellement dans la dépendance de ses parents auxquels le lient ces mêmes lois. Pour être disciple de Jésus, il est nécessaire, comme le signifient les images des v 8 et 9, d’abandonner ces désirs « charnels » qui poussent à se croire et se vouloir supérieur aux autres, et à les regarder avec mépris, condescendance, jalousie, inimitié ou même indifférence. Ces désirs, nourris dans un cœur non régénéré, conduisent à « scandaliser » les âmes humbles et confiantes que représentent les petits enfants. Les exemples néfastes donnés par des disciples non transformés par l’Esprit, sont des « occasions de chute » pour ceux qui voudraient suivre Jésus. Ils sont repoussés loin de la foi par le mépris dans lequel les tiennent les « pseudo disciples » imbus d’eux-mêmes. Jésus le rappellera à plusieurs reprises (Mat 19.14 ; Luc 11.52) en termes très fermes : « N’empêchez pas les petits enfants de venir à moi, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent », « Malheur à vous docteurs de la loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient».
Jésus les avertit d’un sort bien plus terrible que la mort physique la plus atroce (écrasement ou noyade), car c’est le rejet pur et simple du Royaume : sous l’image du feu éternel, il faut entendre en effet la disparition à jamais.
Ce monde soumis à la puissance de l’Adversaire est le théâtre de tels scandales qualifiés « d’inévitables » (v 7), tant que les cœurs ne changent pas. Certaines versions de la Bible les disent même « nécessaires », non dans le sens d’indispensables, mais dans le sens de « qui arrivent infailliblement », « qui ne peuvent pas ne pas se produire ». Le disciple de Jésus conscient des conséquences de ces attitudes « scandaleuses », a tout un travail intérieur à faire sur lui-même avec l’aide de l’Esprit, pour éviter de fermer la porte des cieux aux autres par un contre-témoignage (v 8-9). Les disciples mirent longtemps à le comprendre puisqu’on voit que jusqu’à la veille de la mort de Jésus, ils se disputaient encore la première place dans le royaume (Luc 22.24) ! Il faut la puissance du Saint-Esprit pour transformer le cœur orgueilleux et méprisant, en cœur humble et aimant !
Jésus appuie sa mise en garde contre le mépris des plus humbles, sur la conception très hébraïque de l’ange gardien. L’Église catholique a repris cette vision, que les Protestants ont ensuite délaissée à la suite de la fausse adoration qu’elle entraînait et que l’apôtre Jean lui-même a frôlée (Ap 19.10 ; 22.9). Toujours est-il que Jésus par cette explication montrait aux disciples tout le soin que le Seigneur accorde à ses enfants au cœur humble, confiant et désireux de le suivre.
La parabole de la brebis perdue, que Luc rapporte dans un autre contexte, confirme cette pensée que celui qui s’est égaré à la suite du mépris des « disciples », peut avoir l’assurance que le Seigneur, lui, ne le méprise pas, ne l’abandonne pas, mais fait tout pour le ramener dans son « troupeau ». Quelle magnifique consolation que la perspective d’un tel amour divin pour tous les humiliés, négligés, persécutés, de nos sociétés et de nos…églises ! Mais aussi quel appel pressant aux disciples en recherche du Royaume, à changer de cœur et à abandonner les fausses valeurs éphémères de ce monde !(Bon Berger, Berna, Évangile et peinture)
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont nos ambitions humaines dans nos églises, nos familles, notre profession ? Comment cherchons nous à les satisfaire ? Sont-elles compatibles avec les enseignements et les valeurs de l’Évangile ? (Mat 6.33) Faut-il bannir toute ambition ?
- En quoi notre conduite est-elle responsable du rejet de la foi et de l’Église par nos jeunes ?
- Comment tenir compte des plus humbles dans nos relations personnelles, dans les activités et les ministères de la communauté, sans hypocrisie ni démagogie ?
- Qu’avons-nous à abandonner pour ressembler à Jésus, et devenir des disciples porteurs de la « Bonne Nouvelle » auprès de tous ?
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10/01/2014
Etude n°3 : Être disciple et la prière Jean 17 (18 01 14)
Texte étudié : Jean 17
« Ce n’est pas pour eux seulement que je prie mais pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole »Jean 17.20
Observons
Le contexte
Dans un dernier discours, Jésus a annoncé à ses disciples son départ auprès du Père (16.28) et leur propre abandon (32). Pour les rassurer il leur a affirmé sa victoire sur le monde et ses tribulations (33), prophétisant ainsi le sens de la croix et de la résurrection. En présence de ses disciples, Jésus prononce la prière ultime qui va transformer la vie de Jean, le seul disciple qui restera avec les femmes au pied de la croix et qui nous transmettra cette intercession.
Le texte
A- v 1-5 : intercession pour la glorification de Christ en faveur des croyants
(glorifier : 4 fois, gloire : 1 fois). (Trinité dans la gloire, 15è s)
B- v 6-19 : intercession :
a) (6-12) pour la protection divine (garder : 3 fois) sur les disciples que Dieu a donnés à Jésus (5 fois) et qui ont cru en la parole qu’il leur a donnée (3 fois) ;
b) (13-19) pour leur sanctification (3 fois).
C- v 20-26 : intercession pour l’unité (4 fois) dans l’amour de Dieu
(v 23-24, 26), des disciples qui croiront en lui.
Questions pour guider l’observation : D’où viennent les disciples ? A qui appartenaient-ils ? Comment expliquer ce paradoxe ?
Relever les répétitions de verbes, et de noms : Quels rapports établissent-elles entre les personnes ?
Quelle place tient le monde ? Que représente-t-il ?
Qu’ont reçu les disciples et avec quels effets ?
Quels vœux Jésus exprime-t-il en faveur de ses disciples ? (v 11,13 , 15, 17)
Que signifie la glorification de Jésus dans les disciples, et la sanctification par la parole de Vérité ?
Comprenons
A- A la veille du don de sa vie, Jésus anticipe les événements pour porter ses regards sur l’au-delà de la croix, dont il sait que l’heure est venue. Sa demande de glorification, c’est-à-dire de reconnaissance de sa divinité éternelle et de son pouvoir sur toute créature (2), manifeste sa confiance en sa résurrection. Celle-ci en effet permettra de faire reconnaître son identité de Dieu, sa qualité de Sauveur (sens du nom Jésus) et de Christ (= Messie, Oint de Dieu), son pouvoir de donner la vie éternelle à ceux que le Père a conduits par l’Esprit à croire en lui et en son œuvre.
Cette œuvre a consisté, dans tout son cheminement de la crèche à la croix, à rendre gloire à son Père, c’est-à-dire à le révéler comme le seul Dieu de vie et de gloire ; la gloire de Dieu consiste en son amour selon le récit de Moïse réclamant de voir la gloire de Dieu, et recevant la réponse qu’il pourrait voir sa miséricorde, en Ex 33.17-19, seule face de Dieu visible pour l’homme pécheur. Jésus demande à Dieu de révéler sa puissance d’amour et de vie en le ressuscitant, et en lui accordant de retourner dans sa présence glorieuse, qu’il avait quittée en s’incarnant (Phi 2.6-11). Car ressuscité et retrouvant sa puissance divine, il pourra alors œuvrer universellement pour la vie éternelle de ses frères humains (v 2). Jésus ne s’enorgueillit pas, comme nous avons tendance à le faire, d’avoir « gagné des âmes » pour son Père ! Il reconnaît au contraire que l’adhésion des disciples vient du Père. Il n’a été que le transmetteur des paroles divines. Celles-ci leur ont permis de reconnaître en lui le témoin, le messager envoyé par le Père. Il n’y a pas de passage plus clair sur l’union intime entre Dieu et Jésus (v 7, 10). Ces paroles expliquent celles que Jésus avait prononcées auparavant (Jn 6.44, 65 ; 14.6) : « Nul ne vient au Père que par moi ». Les Ecritures, ou Parole de Dieu, permettent à ceux qui les entendent et les accueillent d’un cœur ouvert à l’Esprit, de reconnaître en Jésus le Fils de Dieu annoncé par les prophètes, et venu pour donner la vie éternelle (Luc 24.27 ; Jn 5.39).
B- Faire connaître le nom de Dieu, c’est-à-dire sa personne tout entière selon le sens du nom dans la langue hébraïque, a été la mission terrestre de Jésus, son Fils (= le porteur du nom, le représentant de la personne). Les versets 6 à 10 insistent sur les échanges de dons entre le Père et le Fils. Le Père a donné à son Fils ses paroles (8), Jésus à son tour les a transmises à ceux que le Père lui a donnés et qui l’ont reçue. Le Saint-Esprit a travaillé dans le cœur et l’intelligence de ceux qui se sont ouverts à entendre la Parole de Dieu. Il leur a permis d’accepter d’y croire, en reconnaissant son origine divine (7). Ce sera leur mission aussi de glorifier Dieu en eux, de faire connaître, par leur vie et leurs paroles, tout l’amour de Dieu pour ses créatures. Le Saint-Esprit leur donne la possibilité de se démarquer, par leur foi, du monde incrédule et les garde de toute déviation de sa Vérité (v 15-17 ; Ep 4.14-15).
Dans la conversion d’un cœur, il y a toujours rencontre de ces deux actions : celle de Dieu qui guide et se révèle, et celle de l’homme qui s’ouvre et reçoit. Celui qui accepte la révélation du Père en son Fils appartient désormais à Dieu et non plus à l’esprit du monde, à l’exemple de Christ. Cette appartenance fait bénéficier les disciples de sa protection contre les divisions (v 11), contre la tristesse du désespoir (v 13), et contre la souillure du mal (15). « Le monde », dans cette prière n’est pas l’humanité entière comme dans Jean 3.16 ; il représente l’état d’esprit général en opposition à celui du Royaume de Dieu dans lequel sont entrés les disciples par leur foi en Jésus.
Venus du milieu du monde, où Dieu les connaissait d’avance décelant leur soif de vérité et de liberté, ils ont été conduits par l’Esprit vers Jésus qui les a libérés de leurs préjugés, des influences ambiantes et de leur culpabilité devant Dieu. Dans le monde où ils vivent, ils seront hors d’atteinte de ses peurs, de ses angoisses, et de ses idéologies humaines mortifères, parce qu’ils seront gardés dans l’intimité avec Dieu par sa Parole qui est Vérité.
Sanctifier prend tout son sens ici : la Parole de Dieu permet aux disciples d’être « mis à part » pour le service de Dieu, consacrés entièrement à Dieu, comme le Fils va le faire en offrant sa vie en sacrifice pour le pardon du péché. De même les disciples vont offrir leur vie pour proclamer aux hommes la vérité de l’amour de Dieu révélé dans sa Parole (17-19). Cette vérité de l’amour démesuré de Dieu pour l’homme pénétrera leur cœur et les transformera : il leur fera abandonner l’égoïsme et le goût du pouvoir qui règnent dans le monde, pour devenir des témoins de cet amour (16, 18). Les quatre vœux de Jésus pour ses disciples, protection, joie, préservation du mal (=idolâtrie, surtout), et sanctification, concernent l’œuvre de Dieu dans les cœurs et les vies des disciples, envoyés dans le monde pour y « glorifier le Père ». Leur exaucement s’appuie sur l’œuvre sanctificatrice du Christ pour eux (v 19).
C- Après avoir prié pour ses premiers disciples de son vivant sur terre, Jésus pense à ceux qui croiront en sa parole grâce à leur témoignage, c’est-à-dire à son Église universelle (v 20). Jésus sait que la diversité des personnes et des cultures sera pour son Église une tentation de désunion. Sa prière fonde la vraie unité de ses disciples dans l’amour qui lie le Père au Fils et vice-versa. Chacun des deux a ses caractéristiques et ses fonctions, mais le lien d’amour qui les unit leur permet d’avoir le même objectif : le salut de l’homme pécheur. Jésus prie pour que les disciples de tous les siècles, de toutes les cultures et de toutes les personnalités trouvent leur unité dans le même amour de et pour Dieu, qui les pousse à Le proclamer au monde pour son salut (v 23).
L’unité dans l’amour, malgré ou avec les diversités d’expression, permettra au monde de connaître qui est ce Dieu d’amour que Jésus a lui-même fait connaître : "A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour es autres" (Jn 13.35).
La prière de Jésus se termine par la promesse qu’il continuera à révéler Dieu par l’amour qui habitera dans le cœur de ceux qui voudront le recevoir (26).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
1- Comment glorifier Dieu dans ma vie et dans la vie de l’Église ? Par quelles étapes passer, quelles décisions de vie prendre ? (Mt 4.4 ; Luc 6.12)
2- Ai-je fait l’expérience de la puissance de vie et de transformation de la Parole dans mon cœur ? A-t-elle vaincu en moi la peur, l’égoïsme et le goût du pouvoir ou de la vaine gloire ? M’a-t-elle poussé au don de moi pour servir Dieu au travers du service des autres ? Comment puis-je continuer à la laisser transformer mon caractère ?
3- La prière de Jésus pour l’unité de son Église contient-elle l’idée d’uniformité ? Voir comment Paul l’a comprise en 1 Co 12.4-31, et 13.
4- En quoi cette prière peut-elle être un modèle pour nos prières individuelles ou collectives ?
5- Qu’est-ce qui peut me permettre d’accepter dans l’Église les différences de caractère, de compréhension de la Parole, ou de pratiques ?
6- L’amour de Dieu pour moi, manifesté par Jésus à la croix, me pousse-t-il à avoir, pour les autres, le même désir de salut et le même amour ? Prions que l’Esprit agisse pleinement en nous dans ce sens et nous inspire les façons de lui rendre gloire adaptées aux circonstances actuelles.
Nous vous proposons la lecture d’un livre qui offre une méditation sur Jean 17 par le Pasteur Daniel Bourguet, responsable de « la Fraternité spirituelle des Veilleurs » : Le monde, sanctuaire et champ de bataille (Ed Réveil Publications 2002)
08:00 Publié dans Faire disciples | Lien permanent | Commentaires (0)