22/02/2013
Etude n°9 : Le mariage un cadeau de l’Eden, Gen 2.16-25 (02 03 13)
Introduction générale au chapitre 2 de la Genèse :
Contrairement à beaucoup de critiques de la Bible, nous considérons le second récit de la Création comme un développement de la partie essentielle du premier récit, la création de l’humain. Le premier récit décrit comment tout était prévu et réalisé par Dieu pour permettre la vie de l’être humain sur la terre.
Dans le second récit certains détails sont précisés sur son environnement, ses conditions de vie, sa mission de représentant de Dieu sur terre.
La compréhension de ce texte est primordiale pour saisir la volonté de Dieu et les réflexions de Jésus et des apôtres sur la mission de l’homme et de la femme. Sans cesse la Bible se réfère à ce texte, que nous étudions avec précision, dans une optique spirituelle (considérant la relation entre Dieu et l’homme), et non scientifique.
En effet si l’on s’engage à chercher les réalités géographiques (quels sont les 4 fleuves ?), chronologiques (combien de temps Adam fut-il seul ?), morphologiques (Adam eut-il une côte en moins ?), ou autres, on se trouve vite dans des impasses.
Le texte a pour but d’éclairer l’homme sur ce que Dieu a voulu pour son bonheur terrestre et ses relations avec les autres créatures.
Observons la construction de ce chapitre2 :
V 1 à 3 : conclusion du ch 1 ou transition avec le second récit de la création : le septième jour
Second récit de la Création
a) V 4 à 6 : État de la terre à l’origine
b) V 7 à 15 : Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden
c) V 16 à 17 : les commandements de Dieu à l’homme
b’) V 18 à 25 : l’homme et les animaux
a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme
(Illustration : Adam nomme les animaux, de Zabou)
Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit (une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour. C’est cette seconde partie du texte que nous étudierons cette semaine.
Comprenons
A la différence des croyances païennes qui conçoivent des dieux indifférents ou hostiles à l’homme, le récit biblique montre un Dieu Créateur, soucieux jusqu’au bout de la créature qui porte son image. Il ne se contente pas de lui offrir de quoi satisfaire ses besoins physiques, air, eau, nourriture, abri1. Il se préoccupe de ses besoins psychiques, affectifs, moraux, relationnels et spirituels. Le sabbat en est l’expression la plus adéquate (v 1-3). La nomination des animaux et la création de la femme révèlent toute l’étendue de la sollicitude de Dieu (v 16-25).
Le texte nous indique les différents aspects de la mission de représentation de Sa personne confiée par Dieu à la seule créature qui soit à son image, appelée à devenir à sa ressemblance2.
1) Dieu ayant créé par la Parole, est un Dieu de communication et de révélation, l’être humain le représentera grâce à sa faculté de communiquer et de parler : c’est lui qui nommera les animaux et qui accueillera son complément féminin par le premier poème d’amour de l’humanité (v 18-20, 23).
2) Dieu étant le maître de l’univers, l’homme sera le maître de la terre et des animaux : il en sera le gestionnaire et le responsable, gardien du jardin (v 15). Il aura à cultiver la nature, donc à en maîtriser la connaissance et en contrôler les mécanismes, la nature étant aussi bien l’environnement que la nature humaine dans toutes ses dimensions.
Cet aspect de la mission confiée par Dieu dès la Création est mis en œuvre dans l’Église adventiste dans la pratique de la Gestion Chrétienne de la Vie (GCV).
3) Dieu étant un Dieu d’amour, attentif à chacun, l’homme partagera son amitié et son respect avec les animaux et avec ses semblables (v 19-20) : donner un nom à quelqu’un était considéré dans l’Antiquité comme une véritable adoption, une reconnaissance de paternité qui impliquait des liens d’affection, de respect et de protection.
( Zabou : Eve reconnue par Adam)
4) La création de la femme entre aussi dans le projet de Dieu de faire de l’être humain son représentant sur la terre. Ce passage, souvent mal compris, a servi à maintenir la femme dans un rôle subalterne et inférieur sous prétexte que sa création vient en dernier, et que le mot « aide ou auxiliaire » sous-entend infériorité dans nos esprits. Ces arguments fondés sur des préjugés culturels ne tiennent pas après une étude du texte.
En effet, le fait que le récit de la création de la femme vienne en second dans le récit de la Création tient au procédé littéraire du récit hébraïque où on revient toujours sur les détails importants, après avoir rapporté les généralités. La création de la femme au chapitre 2 explicite le texte : Il les créa homme et femme de 1.27.
De plus le mot aide, loin d’avoir une connotation péjorative, est employé dans la Bible toujours pour parler de Dieu qui vient en aide à sa créature, ou encore dans un contexte d’alliance entre deux chefs égaux qui unissent leurs forces pour lutter contre un ennemi commun. On ne peut donc tirer de ce mot l’argument de l’infériorité de la femme. Elle est la partenaire égale et de même nature (comme le suggère le jeu de mots ich / icha, traduit par compagnon / compagne dans la BFC), qui multipliera les forces de l’être humain, et lui permettra d’échanger avec un vis-à-vis.
Dieu a créé la femme d’une côte ou à côté de l’homme : cette expression imagée signifie qu’elle n’est ni au-dessus, ni au-dessous de son compagnon, et qu’elle est exactement de la même nature que lui, avec les mêmes capacités, comme le reconnaît immédiatement Adam, dans un magnifique cri d’amour émerveillé.
L’image de Dieu (1.27) ne pouvait être exacte et complète que dans cette dualité
masculin /féminin. Cela n'ignore pas les célibataires, mais signifie à chacun, qu’il a à développer harmonieusement en lui les caractéristiques psychologiques et affectives des deux sexes, et non à étouffer celles qui sont conventionnellement attribuées à l’autre sexe.
Par exemple, on dit à un jeune garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que ce sont les filles qui pleurent. On habitue ainsi les hommes à refouler leur sensibilité, pour paraître plus virils, ou on refuse aux filles l’esprit de décision et d’entreprise, pour rester féminines !
Pour que l’homme puisse reconnaître et écouter la composante féminine de sa personnalité, Dieu l’a plongé dans le sommeil, suggérant ainsi que c’est dans le repos et le silence de sa masculinité, qu’il pourra être attentif à ce qui reste caché en lui, mais qui doit s’exprimer pour lui permettre de vivre dans l’harmonie voulue par Dieu.
Dieu, dont l’être humain est l’image, révèle tout au long de la Bible les aspects masculins et féminins de sa personne. Ainsi Il dirige, organise, agit dans l’univers, mais aussi Il aime et est ému de compassion dans ses entrailles, en hébreu son utérus ! (Jér 31.20 ; Luc 1.78)
5) L’union de l’homme et de la femme : Dieu éprouvant un amour privilégié pour la créature à son image et désirant s’unir à elle intimement, l’homme s’attachera par un lien d’amour privilégié à son vis-à-vis, dans une communion de pensée, de projet de vie, de sentiments, de sensations et de plaisir (v 24-25). C’est ainsi que Dieu institua l’union conjugale comme signe et image de son caractère et de sa volonté de bonheur pour l’être humain3.
Les versets 24 et 25 sont indissociables, malgré la typographie de certaines Bibles qui depuis le 4e siècle de notre ère les séparent. On peut considérer ces versets comme l’expression de la volonté de Dieu pour le bonheur du couple humain et l’accomplissement de sa mission.
Psychologiquement et affectivement chacun des partenaires du couple cherche à :
- avoir atteint la maturité psychique qui le rend conscient de sa personnalité et responsable de lui-même (quitter son père et sa mère)
- être capable de se détourner de son égoïsme naturel pour s’attacher à l’autre du sexe opposé et l’aimer, comme Dieu aime (il s’attachera à sa femme)
- avoir un projet de vie cohérent, un objectif à atteindre en commun avec l’autre (devenir un seul être, ou une seule chair). Cette expression ne s’entend pas seulement de l’union physique, mais aussi de l’unité intérieure entre les composantes de la personnalité de chacun, et entre les valeurs de vie des deux partenaires.
- enfin, être vrai et transparent dans tous les domaines (tous deux étaient nus sans honte). La nudité sans honte est le symbole d’une sexualité acceptée et vécue avec joie parce qu’elle consacre l’union de deux êtres à l’image de Dieu. Comme le suggère la place de ce verset dans le texte, la sexualité voulue par Dieu est le point d’orgue de l’union conjugale : elle en augmente la durée et en resserre les liens déjà noués sur tous les autres plans, mais ce n’est pas elle qui débute et fonde l’union, comme veulent le faire croire les médias et les coutumes actuelles.
Elle est aussi le symbole de l’acceptation de soi et de l’autre, tels que nous sommes et tels que Dieu nous voit, dont l’expression moderne être bien dans sa peau est une traduction ! Psychologiquement, la nudité sans honte du jardin d’Eden signifiait qu’entre les deux humains, rien ne faisait obstacle à la communication, tout était clair entre eux, ils n’avaient rien à cacher ni à Dieu ni à eux-mêmes.
La tradition juive joue aussi sur l’homophonie des mots nu et lumière en hébreu. Seule une lettre muette les différencie à l’écriture. Dans le jardin d’Eden, le couple était nu ou dans la lumière de Dieu où rien n’est caché. Le péché créera la séparation avec Dieu, donc l’absence de lumière. La gène de cette disparition et la honte de l’avoir provoquée seront transférées physiquement sur la nudité et la sexualité qui seront dévoyées de leur sens.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
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Si je suis marié, les relations au sein de mon couple sont-elles harmonieuses, dans le respect et l’amour partagés, avec le désir d’authenticité et de service mutuels ? Sur quel point dois-je veiller plus particulièrement pour atteindre cet objectif ?
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Si je suis célibataire, ou individuellement pour chacun des membres du couple, comment puis-je harmonieusement développer les aspects masculins et féminins de ma personnalité, pour être une fidèle image de Dieu ?
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Comment dans mes relations avec l’autre puis-je refléter ma ressemblance avec Dieu ?
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En quoi ce texte fondateur nous éclaire-t-il dans les questions que nous pose la société actuelle au sujet du mariage ? Quel message les chrétiens peuvent-ils à proclamer à ce sujet, sans en faire ni dogme ni « sacrement » ?
1 première partie du texte que nous verrons la semaine prochaine
2 Voir la différence entre image et ressemblance (Gen 1.26 et 27) dans l’étude n°3 de ce trimestre (19-01 13) : les enseignements sur l’homme, §e.
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15/02/2013
Etude n°8 : Jésus celui qui pourvoit et soutient, Mat 6,24-34 (23 02 13)
« Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Christ jésus » Phi 4.19
Observons Mat 6.24-34
Le contexte
Nous sommes dans le discours de Jésus où il expose les principes de son Royaume.
Le texte : v 24-34
V 24 : introduction : incompatibilité entre le service de Dieu et celui de Mamon
V 25- 32 : quatre sujets de confiance en Dieu : nourriture, vêtement, valeur personnelle, durée de la vie (26-27), par comparaison de l’homme aux oiseaux et aux lys
V 33-34 : un seul souci : la recherche du royaume !
Comprenons
Le contexte
Le discours sur la montagne (ch 5-7) commence par indiquer les dispositions de cœur de ceux auxquels appartient le Royaume (Béatitudes), puis il publie la charte de ce Royaume, en marquant ses rapports avec les lois de l’Ancienne Alliance, que Jésus est venu accomplir parfaitement, et non abolir.
La Nouvelle Alliance implique l’intériorisation des lois divines, et une autre relation avec Dieu fondée sur la confiance en lui (Ch 6), qui permettra la mise en pratique de sa Parole.
Le texte
Le service de Dieu ne peut se partager avec le souci du matérialisme, symbolisé par Mamon, divinité de l’argent (v 24). La comparaison avec les oiseaux et les lys entre dans le style de l’enseignement de Jésus par paraboles, sur l’état d’esprit nécessaire pour vivre dans son Royaume. Elle est l’illustration de ce que Jésus vient de dire sur l’incompatibilité qui existe entre le service de Dieu et l’amour des richesses. La recherche inquiète de notre subsistance et la possession des richesses terrestres nous empêchent d’être tout entiers à notre seul Maître légitime, le Seigneur. Son service demande une confiance absolue, à l’exemple des oiseaux. Être en souci, c’est, étymologiquement, être divisé, partagé. Les inquiétudes pour sa vie physique pour son confort, sa santé et sa durée, dispersent la pensée, la tirent en sens contraire ; elles sont l’effet d’un cœur partagé entre le ciel (= le spirituel) et la terre (= le matériel).
Le remède, c’est la confiance en Dieu pour plusieurs motifs :
1- La vie ou principe de vie, concrétisé par le corps (= bibliquement parlant, l’être tout entier), est plus que ce qui l’entretient ou la protège extérieurement (nourriture et vêtement). Celui qui a donné le plus (= la vie) ne peut-il pas donner le moins, la subsistance ?
2- Dieu prend soin de tous les animaux de la nature. L’homme vaut plus que les animaux, parce qu’il est à l’image de Dieu, un être doué de la faculté de penser, décider, raisonner, et surtout entrer en relation d’amour avec un Dieu Père et avec ses semblables. L’homme ne peut-il donc pas mettre sa confiance en lui (v 26) ? C’est en substance la réponse de Dieu aux cris de Job (Job 38-42) !
3- Les inquiétudes sont inutiles, impuissantes à ajouter un temps de plus à sa vie dont Dieu connaît la durée, et qui est l’objet des soucis de l’homme (v 27). La foi ou confiance en Dieu permet de jouir de la vie éternelle dès cette terre et d’en révéler la beauté et le parfum, à l’image des lys (v 28-30). La comparaison avec l’herbe des champs insiste sur la fragilité de la vie. Quelle que soit sa durée, l’homme peut et doit faire de sa vie un témoignage de l’amour et de la gloire de Dieu, en plaçant sa confiance en Lui.
4- v 32 : Dieu est un Père qui connaît nos besoins et y pourvoit parce que nous sommes non seulement ses créatures mais aussi ses enfants avec lesquels il est uni par des liens d’amour.
Au v 33 nous est donné le moyen de fortifier la confiance en Dieu : la recherche de sa présence est la priorité de notre vie, car c’est lui seul qui la rendra droite et juste (1 The 5.23-24) et qui dispensera les bienfaits matériels nécessaires à ceux qui se réclament de lui, afin qu’ils puissent témoigner parmi les incroyants de leur appartenance à un Père aimant, qui pourvoit et soutient..
5- Chaque jour a son lot de peines et de difficultés. Il est inutile d’y ajouter le souci du lendemain, la prévision d’un mal à venir. C’est un conseil plein de compassion de la part de Jésus qui connaît notre propension à augmenter par l’imagination le poids de nos soucis ! C’est aussi un appel à profiter du moment présent pour en faire une occasion de glorifier Dieu, comme les oiseaux par leur chant, et les lys par leur beauté et leur parfum, au lieu de l’écraser sous le poids des souvenirs du passé ou des soucis de l’avenir.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
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Qu’est-ce qui m’inquiète le plus, et me sépare de Dieu ? Puis-je aujourd’hui le présenter au Seigneur et lui faire confiance pour me montrer une solution ou simplement me donner la patience ?
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Ai-je de la joie à rechercher le Seigneur ? Sinon, pourquoi est-ce pénible ? Comment puis-je transformer ma vision de la vie ?
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Essayons de préciser ce que signifie concrètement pour nous aujourd’hui : rechercher le royaume de Dieu. Faut-il vivre dans l’insouciance totale des contingences matérielles, sans aucune prévision, ni projet d’avenir ? Comment concilier la recherche du royaume avec les contraintes de notre vie terrestre ?
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Comment faire de chaque instant une occasion de « répandre la bonne odeur de Christ » (2 Cor 2.14-16 ), ou d’amener notre entourage à se réjouir des bienfaits de Dieu ?
- David, au Psaume 65, affermit sa confiance en Dieu par le spectacle de la nature que Dieu comble de richesses (v 10). En quoi la nature, malgré ses pollutions et ses catastrophes destructrices, peut-elle encore aujourd’hui nous conforter dans notre foi en un Dieu qui pourvoit et soutient ?
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