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14/10/2022

Étude n°4 L’espérance dans l’Ancien Testament, Psaume 71 (22 10 22)

Étude n°4 L’espérance dans l’Ancien Testament, Psaume 71 (22 10 22)

« Abraham comptait que Dieu est puissant même pour faire ressusciter d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui fut rendu. Il y a là un symbole » Héb 11.19

(Illustration : L’espérance indestructible de la foi, Apocalypse de Beatus 12è)Espérance indestructible de la foi (Apocalypse de Beatus 12ès).jpg

Observons

  • Quels détails nous sont donnés sur l’auteur et sa situation ? v4, 9, 13, 18, 21, 24.
  • Quelle est la structure du texte ? En hébreu, le psaume se présente en 4 strophes de six versets chacune :
  • 1-6 : Louange à l’Eternel, refuge et espérance du croyant : Qu’est l’Eternel pour l’auteur ?
  • 7-12 : Prière, appel au secours: Que suggère sur l’expérience de vie de l’auteur l’expression « Je suis comme un prodige pour beaucoup » ? Que reconnaît l’auteur à ce sujet (v 7). En quoi cette strophe peut-elle être une prophétie messianique ?
  • 13-18 : Louange à Dieu: Quelle espérance l’auteur veut-il opposer aux accusations contre lui ? De quelle justice parle-t-il ?
  • 19-24 : Espérance suprême: A qui l’auteur s’identifie-t-il par le passage du « Je » au « Nous » ? Quelle est sa grande espérance ?

Comprenons

Ce psaume a été attribué par les Septante  (traducteurs de la Bible hébraïque en grec au deuxième siècle avant Jésus-Christ) aux fils de Yonabad, le Récabite, dont parle Jérémie (ch 35). Ils situent donc le psaume dans la période du début de l’exil, prononcé peut-être par Jérémie lui-même. Les détails fournis sur l’auteur en font un personnage âgé (v 9,18), de haute condition (v 21), d’une expérience de vie tourmentée (v 20a) mais riche de délivrances prodigieuses (v 7), ce qui correspond assez à la vie de Jérémie, le prophète persécuté toute sa vie mais toujours délivré par le Seigneur.

Première strophe : Le cri du premier verset donne le ton à ce passage : c’est un appel à l’Éternel, le Dieu Vivant et Puissant, qui rend justice à l’opprimé et le délivre (v 2). L’auteur le considère comme son seul refuge, un roc sur lequel on peut s’appuyer car il est stable et solide, et surtout il désire que l’homme trouve sans cesse en Lui son salut (v 3) ! C’est pourquoi l’espérance du croyant peut reposer entièrement en son Créateur qui le connaît et le garde dès avant sa naissance (v 6, Ps 139.13, 15-16 ; Ps 22.10-11).Trouver en l’Eternel un refuge sûr et constant, n’est-ce pas le propre de la foi qui procure joie et sérénité ?

Deuxième strophe : Les versets 7 et 8, se rattachent pour le sens à la première strophe : La vie de l’auteur est reconnue par les autres comme « prodigieuse », remplie d’interventions divines miraculeuses dont l’auteur lui-même est profondément reconnaissant. Compter les bienfaits de Dieu à son égard est un bon remède à la morosité ambiante et fait voir l’avenir avec confiance. Cela n’exclut pourtant pas de se sentir vulnérable devant les attaques des malveillants et de crier à Dieu pour trouver forces et secours. Jésus lui-même considéré par beaucoup comme le Messie, et le Fils de Dieu, a éprouvé faiblesse et angoisse dans sa Passion face à ses ennemis qui voulaient sa mort, et s’est tourné vers son Père pour trouver les forces nécessaires pour faire sa volonté (Luc 22.39-44 ; 23.35-39 ; Marc 15.29-34).

Troisième strophe : Au contraire de Jésus qui pardonnera à ses bourreaux, le psalmiste invoque la justice de Dieu pour condamner ses accusateurs. Le mot hébreu pour accusateurs est de la racine qui a donné le nom de Satan ! N’est-ce pas le vœu de tout croyant que Satan, l’accusateur des frères (Ap 12.10) soit éliminé définitivement ? L’intervention de Dieu en faveur de son enfant jettera la confusion parmi tous ses opposants (v 13) car la justice qu’espère et loue le croyant, c’est avant tout celle du Dieu qui libère du mal et sauve. C’est une justice incommensurable, réparatrice, (v 15b) dont l’Esprit de Dieu seul peut donner la compréhension (Eph 3.18-19). Ce n’est pas la justice humaine, rétributrice qui condamne le méchant (sans ou) avant d’innocenter la victime ou lui offrir une réparation ! Le psalmiste reconnaît la présence merveilleuse et puissante de Dieu dans sa vie depuis sa première jeunesse et s’engage à la faire connaître aussi dans sa vieillesse. Là encore Jésus a pu faire sienne cette prière sur la croix (Marc 15.34 ; Ps 22.2 et suivants), espérant en la résurrection qui prolongerait sa vie pour faire connaître la « puissance de Dieu à tous ceux qui viendront »(v 18).

Quatrième strophe : le psalmiste s’identifie au peuple des croyants tout entier, en passant du « Je » individuel au « Nous » collectif (v 20), et en rappelant les « grandes choses » dont Dieu l’a fait bénéficier (v 19), depuis la sortie d’Égypte jusqu’à la royauté de David et de Salomon, et la construction du Sanctuaire,  sans compter les délivrances individuelles, au milieu des épreuves et des malheurs de la vie ; ceux-ci sont attribués à l’Éternel dans la mentalité hébraïque de l’Ancien Testament qui ne connaît pas encore la personnification du mal en Satan. Apparaît ici l’espérance suprême du croyant, qui a soutenu Jésus jusqu’au bout, celle de la résurrection : « tu me feras remonter des abîmes de la terre, tu me redonneras la vie » (v 20) (illustration :Résurrection des morts miniature psautierHildesheim 13è.jpg Psautier de Hildesheim 13è). Comme dans de nombreux psaumes (68.21 ; 49.16 ; 56.14), cette notion de résurrection est apparue avec Job (19.25-26), suggérée dans le récit du sacrifice d’Isaac par Abraham ( Héb 11.19) et prouvée par trois résurrections réelles (Élie et le fils de la veuve de Sarepta, 1 Rois 17.22 ; Élisée et le fils de la Sunamite, 2 Rois 4.34 ; l’homme mort touchant la tombe d’Élisée et reprenant vie 2 Rois 13.21); elle s’est révélée peu à peu aux croyants de l’AT pour soutenir leur espérance de vie éternelle avec Dieu. Elle est confirmée et précisée par l’Éternel à Daniel (12.2-3), pour l’encourager à persévérer dans la foi malgré l’exil et la vieillesse. Dans ce psaume 71, le psalmiste se réjouit à cette perspective d’avenir de libération, de gloire et de justice que Dieu lui accordera. On peut une fois encore mettre ses louanges dans la bouche de Jésus qui par sa résurrection garantira celle de tous les croyants qui placent leur espérance en Lui.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Que représente Dieu dans ma vie : refuge, soutien, espérance, juge, père aimant ou « fouettard », libérateur ou condamnateur ? Quelles attitudes et sentiments entraine chacune de ces visions ?
  • L’espérance de la résurrection est-elle vivante en moi ? Comment considérer la résurrection comme une réalité possible dès ce présent et pas seulement dans l’avenir ?
  • De quels bienfaits personnels puis-je louer le Seigneur ?