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07/10/2022

Étude n°3 Comprendre la nature humaine Ecclésiaste 12 .1-8 (15 10 22)       

Étude n°3 Comprendre la nature humaine Ecclésiaste 12 .1-8 (15 10 22)                      

« L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière du sol ; il insuffla dans ses narines un souffle vital, et l’homme devint un être vivant. » Gen 2.7

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Observons

Contexte : 11.9-8 Quels sont les conseils donnés à la jeunesse ? Comment le sage considère-t-il la jeunesse ?

Texte :

v 1-8 : Que recommande le sage à chacun ? Qu’est la vieillesse pour lui ? Relevez les différentes images et essayez d’en expliquer le sens !

Comparer le v 8 au verset 2 du ch 1 : le constat de la suprême fragilité (Ebel) de toutes choses n’est mentionné qu’une seule fois pour terminer la réflexion de Qohélet, au lieu de deux fois au début du discours.

Comprenons

Contexte : Les derniers versets du ch 11 font partie du discours final du livre. Le sage vieillissant se tourne vers la jeunesse, car il sait que cet âge ne durera pas et qu’il ne faut pas le laisser passer sans profiter des joies qu’il offre. C’est un appel à une sorte d’épicurisme (Jouis de la vie pendant qu’il est temps !) mais aussi un avertissement que l’on est responsable devant Dieu de ses choix de vie.

Texte :

12.1: Pour tempérer ce que ses propos contenaient d’épicurisme, de recherche du plaisir pour le plaisir, Qohélet rappelle que le Créateur est à l’origine de la vie humaine ; s’en souvenir pendant la jeunesse rend la vie encore plus belle et prépare une vieillesse sereine, alors que les capacités physiques diminuent et que les « jours de malheur » n’offrent plus de plaisir.

Par cet appel à la jeunesse, Qohélet conteste l’attitude traditionnelle de ne penser à Dieu qu’au moment du malheur pour attendre de Lui un remède, ou une évasion de sa condition. Dans le bonheur de la jeunesse on croit souvent pouvoir se passer de Dieu, on jouit du plaisir immédiat, mais on perd le sens de la vie, on ne saisit pas le pourquoi de ce bonheur. Si au contraire, on le reconnaît comme un don de Dieu pour notre joie et notre épanouissement, donc pour un témoignage vivant de l’amour de Dieu pour ses enfants, si on cultive un esprit de reconnaissance envers Dieu, ces temps de bonheur ne tournent pas en « folies de jeunesse » passagères et insensées qui détruisent le corps et l’âme. Ils ne risquent pas d’entraîner de la culpabilité qui pèsera sur toute la vie. 

v 2-8 : Ce passage tout en images symboliques décrit les méfaits de l’âge de façon très poétique et pleine d’humour et de tendresse. Il s’oppose à l’aspiration hébraïque à « mourir rassasié de jours » comme Abraham (Gn 25.8). Qohélet est un vieux sage qui endure la dégradation physique qui le mène peu à peu à la disparition en poussière. Les images, tirées des coutumes et des rites du deuil, suggèrent symboliquement la dégradation physique que subit le vieillard. Tous ses sens et ses facultés sont atteints :

v 2 : la vue s’obscurcit, et les nuages des soucis succèdent aux pluies bienfaisantes de la jeunesse, 

v 3 : bras et jambes tremblent et flageolent, les dents (meunières = molaires) s’arrêtent de mâcher, car elles sont trop peu nombreuses, les yeux derrière les paupières (fenêtres et volets) sont affligés de cataracte,

v 4 : les lèvres (les deux battants de la porte) ne s’ouvrent plus pour parler, et communiquer avec l’extérieur (la rue), car l’ouïe diminue et les cordes vocales (les chanteuses) s’affaiblissent, l’insomnie provoque des levers matinaux, au chant de l’oiseau.

v 5 : le souffle devient court dans les montées (il y a ici un verbe hébreu véritable onomatopée de l’halètement, qu’on pourrait transcrire par « ahaner »), la marche devient craintive et hésitante. L’expression « l’amandier fleurit » pose problème pour symboliser le blanchiment des cheveux du vieillard, si l’on s’attache à la couleur rosée des fleurs de cet arbre précoce au Amandier2.jpgprintemps. Qohélet utiliserait cette image en constatant que les fleurs deviennent blanches juste avant de tomber. Il pourrait y avoir un jeu de mots avec opposition entre la jeunesse printanière rose et la vieillesse blanchissante.                                                           

Pour compléter ce tableau, on a une image aussi à double sens : la sauterelle  peut représenter un objet très léger qui devient pesant pour le vieillard affaibli, la câpre sert habituellement à relever un plat, à l’épicer, mais serait inutile pour un vieillard qui a perdu le goût. Certains commentateurs voient dans ces images un euphémisme, tout à fait dans la veine de l’humour juif, de l’impuissance sexuelle du vieillard, qu’aucun excitant ne peut réveiller. Il s’approche de jour en jour de sa mort, de ce qui sera sa demeure pour toujours, moment où les pleureuses mèneront le deuil !

L’expression hébraïque pour la « demeure pour toujours » ne doit pas faire illusion : notre lecture de l’Ecclésiaste doit se faire en tenant compte du contexte historique et culturel hébraïque ; dans la pensée de Qohélet, c’était le « Schéol », le séjour des morts, le néant total où disparaît définitivement tout homme. Il n’y avait pas encore de notion d’espérance de résurrection et de vie éternelle, telles que les chrétiens le comprendront après la résurrection et l’ascension de Jésus.

V 6 : Les images suivantes, évocatrices avec beaucoup de poésie  de la rupture de la vie, sont tirées de l’expérience du puisage de l’eau au puits : la vie est aussi précieuse et aussi fragile qu’un cordon d’argent et un vase d’or, que la jarre ou la poulie de la citerne. Par ces comparaisons Qohélet manifeste son amour pour la vie ; malgré son caractère éphémère elle est un bien précieux, qu’il faut apprécier et soigner dès sa jeunesse.

V 7 : Nous arrivons à la conclusion du tableau de la vieillesse. Ce verset joint à la mention de la demeure éternelle, a été mal compris par les adeptes juifs de l’immortalité de l’âme dès le 1er siècle av JC, et ensuite par les chrétiens.

A cause de ce verset, ils acceptèrent que le livre tout entier fasse partie du canon biblique. A leurs yeux, la prédication de l’anéantissement total de l’homme dans la mort était « païenne » et désespérée. Ils préféraient et préfèrent encore croire à la doctrine de la séparation d’une âme qui monte auprès de Dieu, en quittant sa prison corporelle qui devient poussière.

 Qohélet est totalement étranger à cette pensée. Il sait selon les Écritures qu’il a sondées attentivement (v 9 ; Genèse 2.7 et 3.19) que l’homme est un tout, créé de la matière et recevant le souffle de vie (ruah), la respiration (Es 42.5 ; Ecc 12.7) pour constituer une « âme » ou un « être » vivant (nephech). Le mot « ruah » a été traduit en grec par « pneuma » et en latin par « spiritus ». A partir de ce terme latin, nous avons la traduction en français « esprit », que nous retrouvons dans notre verset et qui très facilement est devenu « âme » = principe spirituel éternel, dans la pensée des platoniciens juifs et chrétiens.

Notre verset signifie au contraire que la fin est une vraie fin, où l’homme disparaît dans la poussière, lorsque le souffle de sa respiration est repris par Dieu qui le lui avait donné à la naissance. Voir à ce sujet les derniers mots de Jésus sur la croix : « Père, je remets mon souffle entre tes mains », et non mon « esprit » ! (Luc 23.46) 

V 8 : D’où la conclusion que la vie est d’une fragilité absolue : après  avoir examiné tous les aspects de la vie, le « Prédicateur » termine son discours comme il l’avait commencé (1.2) sur un constat un peu désabusé. Mais le fait qu’il ne le dise qu’une seule fois doit nous alerter. En effet au début de son discours, le sage a répété deux fois la formule « Vanité des vanités » pour en certifier la réalité, selon le procédé littéraire de la langue hébraïque. Après son passage en revue de toutes les situations possibles, il conclut avec moins de certitude en ne le mentionnant qu’une fois, que finalement, oui, tout est fragile, …mais « tout a été entendu » (v 13) par Dieu, selon une autre traduction possible.

V 9-14 : Car entre temps il a fait comprendre que le sens de cette vie fragile ne se trouve qu’en Dieu, qui l’a donnée pour le bonheur de sa créature. Si elle est fragile et aboutit au néant, elle vaut la peine d’être pleinement vécue dans le respect et l’obéissance à Dieu (13) ; la vie est ainsi stimulée par les paroles des sages (11) que Dieu, l’unique berger, a placés comme des points de repère, des « clous plantés »dans la société, pour être des facilitateurs de la mémoire de l’essentiel au milieu des nombreuses sollicitations d’éparpillement intellectuel et d’activités fatigantes (12).

Qohélet, ou un de ses disciples, signe son écrit en affirmant qu’il y a travaillé avec sérieux, dans un souci pédagogique de clarté et d’authenticité (9-10). 

Enfin, son point final (13a) est que Dieu a tout entendu de son discours et en a évalué la vérité. Une autre version fait de ce point final un rappel que la vraie sagesse qui concerne tout homme, est dans la crainte ou la vénération de Dieu et l’obéissance à sa parole.

Comme ce que la vie a contenu de mal, cette sagesse sera mise en lumière par le jugement de Dieu (14). Qohélet introduit ici seulement à la fin de son écrit la notion de jugement, dans les termes que Paul reprendra presque à l’identique en 2 Co 5.10.

Qohélet, (alias Salomon ?), semble se souvenir du seul récit biblique d’un jugement réel, présenté dans 1 Rois 3.16-28. Dans ce jugement, le fond du cœur des deux femmes a été révélé par l’épreuve de l’épée (symbole de la Parole de Dieu Hé 4.11) ainsi que leur positionnement par rapport au Fils. L’une a choisi la vie de ce fils, en le donnant à sa compagne, l’autre a choisi la mort, d’abord en l’étouffant, puis en le condamnant à être assassiné (Dt 30.19). Le choix de ces deux femmes est le nôtre tous les jours. Nos actes révèlent le fond de notre cœur et notre position face au Christ. Comme le jugement de ces femmes a permis au peuple de reconnaître la sagesse de Salomon, la révélation des enfants de Dieu (Rom 8.19) permet à l’humanité de reconnaître dès à présent, et d’une façon éclatante à son retour, la sagesse et l’amour de Dieu pour ses enfants.  

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Comment est-ce que je considère et vis ma jeunesse ? Avec joie, frénésie de plaisirs, sagesse, angoisse de l’avenir, tristesse ?
  • Si ma jeunesse s’est enfuie, est-ce que je me sens coupable ou reconnaissant de mon passé ? Comment trouver les forces, le discernement et le chemin pour guérir les plaies ou les cicatrices qu’il m’a laissées ? Comment en tirer tous les enseignements pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, et croître sur le chemin de la vie ?
  • Comment la présence de Dieu peut-elle me donner un autre regard sur mon vieillissement physique et mental, et sur ma fin inexorable ?
  • Est-ce que ma vie révèle mon désir de la présence de Dieu et la sagesse qu’Il donne à ceux qui la lui demandent ?
  • La crainte du jugement empoisonne-t-elle mes jours ? Comment la pensée d’un jugement révélateur de mon cœur peut-elle devenir un moteur dans ma vie quotidienne avec Dieu ?