08/01/2021
Étude n°3 Quand votre monde se délite, Esaïe 7.1-14 (16 01 21)
Étude n°3 Quand votre monde se délite, Esaïe 7.1-14 (16 01 21)
« Si vous n’êtes pas fermes dans votre foi (ou confiance), vous ne serez pas affermis » (Bible A la Colombe) ou « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas » (Bible annotée de Neuchâtel) Es 7.9
Observons
Contexte
V 1 : Quand Ésaïe est-il appelé à délivrer ce message ? Quelle conclusion historique anticipée donne-t-il à l’événement (2 Rois 16.5, 7-9)
V 2 : Quel est l’état d’esprit du roi et du peuple ? Comment est-il imagé ?
Texte (v 3-14)
v 3 : où Ésaïe doit-il se rendre selon l’ordre de l'Éternel ? De qui est-il accompagné ? Que symbolise cet ordre sur le rôle du prophète et sur son message ?
v 4 : Quelle recommandation fait-il au roi face à ses peurs ?
v 5 : Comment désigne-t-il les deux rois ennemis ? Comparer avec le v 2b.
v 5-6 : Quels projets ont ces deux rois ?
v 7 : Quel est le verdict de l’Éternel ?
v 8a et9a : Que signifie ce rappel évident de la situation des deux ennemis ?
v 8b : A quoi sert cette interruption dans le discours ? Quand s’est réalisée cette prophétie ? (2rois 17.24)
v 9b : Quel est le message de l’Éternel transmis par Ésaïe à ce moment d’angoisse nationale ?
v 10-12 : A qui s’adresse Ésaïe ? Pourquoi ce passage est-il placé au centre du texte. ?
v 11 : Que propose Dieu à Achab ? Dans quel but ? Que peuvent signifier un « signe venant du shéol » et un signe « venant du ciel » ? De quoi le signe demandé sera-t-il le garant ?
v 12 : Quelle est la réponse d’Achaz ? Que révèle-telle sur son état d’esprit ?
v 13 : Que marque la réponse d’Ésaïe sur les limites de la patience de Dieu ? Comment est désigné l’Éternel ? Comparer avec le v 11.
v 14 : Quel est le signe donné par l’Éternel ? De quoi ne tient-il pas compte ? Quel est le sens du nom de l’enfant ?
v (15-16) Quelle conclusion Ésaïe donne-t-il aux événements qui provoquaient l’angoisse du roi et du peuple (v2) ? Que signifie « manger de la crème et du lait » ? A quel âge estimait-on la maturité spirituelle d’un enfant en Israël ?
La transition entre les versets 15 et 16 se fait sur le mot «enfant » sans qu’on puisse affirmer qu’il s’agisse du même enfant dans les deux versets. Qui pourrait désigner l’enfant du v 16 si on le rapproche du v 3 ? Que prophétiserait alors ce v 16 ?
Comprenons
Comme nous l’avons vu, le chapitre 6 serait à placer en premier dans l’histoire du prophète et dans le livre. S’en suivraient les menaces contre Juda infidèle des chapitres 1-5, puis les promesses des chapitres 7-12 avec l’annonce de la venue du Messie « Emmanuel » (7.14). Au ch 9.5, il est né et reçoit le nom de Prince de la Paix ; au ch 11.1 rempli de l’Esprit, il règne sur son peuple avec justice.
Le message d’Ésaïe au ch 7 se situe au début du règne (742 environ av JC) d’Achaz le petit-fils d’Ozias, le roi de Juda qui régna 50 ans, mais mourut lépreux sous la régence de son fils Yotam, pour avoir pris la place du sacrificateur dans le Temple, (2 Chr 26.16-21).
Dans le royaume du Nord, un parvenu Pékach s’était emparé du pouvoir à Samarie et s’était allié à Retsin le roi de Syrie (Damas) contre le royaume de Juda à qui ils firent subir une défaite retentissante (2 Chr 28.5-6). Achaz et le peuple de Jérusalem assiégée ensuite par leurs troupes, étaient plongés dans un profond découragement. Le texte les compare à des arbres agités sous le vent de la tempête, l’arbre étant un symbole récurent dans la Bible pour désigner les hommes (Ps 1 ; Dan 4 ; Gen 2.9). C’est alors que l’Éternel envoya le prophète Esaïe leur remonter le moral et leur annoncer une prochaine issue heureuse à cette guerre fratricide (v 4-7 et 16).
En contraste avec les arbres symbolisant le peuple de Juda, Ephraïm (= Israël, le royaume du Nord) et Retsin le Syrien, sont comparés à deux tisons fumants, c’est-à-dire deux restes d’un feu qui s’éteint, pour signifier à Achaz leur fragilité et leur disparition prochaine (v7). Leur projet de mettre sur Jérusalem un roi de leur choix pour contrer les ambitions de l’Assyrien Tiglath-Pilezer, échoua, car Achaz de son côté avait en secret appelé au secours ce même Tiglath-Pilezer en lui offrant une énorme somme. L’Assyrien délivra bien Jérusalem du siège des Samaritains et des Syriens (2 Rois 16.5, 7-9), mais ensuite la contraignit à payer un lourd tribut et réduisit le pays à la famine (7.17-25).
Notre texte situe l’action pendant le siège de Jérusalem, et les angoisses du roi. Ésaïe est envoyé dans le quartier des Sources nécessaires à la survie de la ville, qu’Achaz devait avoir entrepris de protéger. Il montrait ainsi au roi que c’était l’Éternel le vrai protecteur, la source de salut. Il invitait le roi à se tourner vers les Sources de sa Parole et de ses promesses, et non vers des alliances humaines incertaines. Pour le confirmer, l’Éternel demande à Ésaïe de se faire accompagner de son jeune fils au nom symbolique de « Un reste reviendra (ou se convertira) », promesse divine de salut pour ceux qui, peu nombreux, seront fermes dans leur foi ou leur confiance en l’Éternel (7.9b ; 10.21-22).
V 4-9 : Comme chaque fois que Dieu intervient, ses premières paroles sont réconfortantes, apaisantes : « Sois tranquille, ne crains rien ». Dieu cherche à calmer la crainte respectueuse que provoque son intervention, mais aussi les angoisses devant les difficultés et les épreuves qui attendent les hommes.
Achaz ne doit pas s’alarmer : si lui et son peuple sont des arbres feuillus, les deux rois ennemis ne sont plus que deux bouts de bois qui finissent de se consumer, donc qui vont disparaître. Chacun de ces rois règne sur un territoire bien défini que l’Éternel empêchera de s’étendre (8a, 9a). Une interruption du discours annonce la disparition totale d’Ephraïm (= Israël, royaume du Nord) dans 65 ans. En réalité Samarie fut prise par les Assyriens 20 ans plus tard ; la population du Nord fut dispersée en exil et remplacée par des peuples étrangers et idolâtres, qui en effet assimilèrent la peuplade restante et firent disparaître à jamais les Israélites du Nord en 676 av JC, soit 65 ans après la prophétie d’Ésaïe (2 Rois 17.24). Pour affermir leur défense de la ville, le roi et le peuple de Jérusalem sont exhortés à garder foi et confiance en l’Éternel, leur seul Sauveur sûr.
Cet appel reste valable encore pour nous encourager, nous réconforter dans les moments de découragement ou d’angoisse. Il fait écho à la promesse d’Habakuk (2.4) «Le juste vivra par sa foi ». Celui qui se tourne vers l’Éternel est un juste qui trouve en Dieu fermeté et salut.
V 10-12 : Au centre de la prophétie, Ésaïe s’adresse à Achaz directement et l’invite à demander à Dieu un signe surnaturel qui serait le gage de l’accomplissement de la promesse divine de salut. Dieu qui aime le roi malgré son indignité, consent à se désigner comme son Dieu, et tend une perche à sa foi. Il laisse à Achaz le choix du signe d’en bas (le schéol) ou d’en haut, le ciel. C’est le même choix qu’en Deut 30.19, qui se présente à tout homme au moins une fois dans sa vie : la mort ou la vie. Saül en allant consulter la voyante pour évoquer l’esprit de Samuel déjà mort, avait choisi un signe venant du schéol et y trouva sa propre mort (1Sam.28). A l’inverse, Josué demandant un signe du ciel, obtint l’arrêt du soleil qui lui permit d’être victorieux des ennemis. Elie faisant descendre le feu du ciel sur l’autel de l’Éternel prouva la puissance du seul Dieu vivant.
Le refus de choisir d’Achaz révèle son incrédulité qu’il cache sous une piété hypocrite : il feint de craindre d’offenser l’Éternel en lui demandant une preuve de la vérité de sa promesse. Pourtant, c’est Dieu lui-même qui le lui proposait et qui dans d’autres circonstances avait répondu à la prière de Gédéon avec ses toisons (Juges 6.17, 37-40).
V 13 : Ésaïe invective avec force la « maison de David » dont Achaz est le représentant pour lui rappeler d’où il vient et combien il déshonore son ancêtre par son incrédulité et sa fausseté, lassant la patience de son peuple et du Seigneur lui-même. Dieu se retire, il n’est plus le Dieu d’Achaz, mais reste le Dieu d’Esaïe (v 13 : mon Dieu). Il ne peut plus être le Dieu de ceux qui n’en veulent pas, mais demeure le Dieu de ceux qui le servent et lui font confiance.
V 14-15 : Dans ces versets, le signe prophétique annoncé par Dieu ne concerne plus la situation d’Achaz assiégé par les Syriens (v 2), mais porte les regards de ceux qui croient vers ce temps messianique où naîtra d’une jeune femme célibataire (c’est le sens du mot hébreu employé ici), un enfant qu’on appellera Emmanuel (= Dieu avec nous). Cet enfant vivra jusqu’à sa majorité spirituelle dans un temps de disette pour le peuple, n’ayant plus que les produits naturels lait et miel pour se nourrir, toute culture de la terre ayant disparu. On peut interpréter ces détails au sens symbolique : Le messie Jésus naîtra et vivra jusqu’à sa bar-mitsva (à 12 ans, le garçon juif avait le droit de lire les Écritures devant l’assemblée au temple) et son baptême dans l’humilité, ignoré de tous, dans une période où le peuple sera dans une grande famine spirituelle, manquant d’enseignement et n’ayant que les rudiments de la Parole de Dieu pour se nourrir. Il manifestera la présence aimante de l’Eternel dans son peuple pour le délivrer de son angoisse spirituelle. Cette promesse ne répond pas à l’attente du moment, mais permet à ceux qui placent leur confiance en Dieu de relever la tête, de traverser les épreuves en gardant l’espérance de voir se réaliser cette prophétie.
V 16 : la transition avec le verset précédent se fait sur le mot « enfant » pour donner à Achaz une indication de la durée de son attente de délivrance de ses ennemis. Malgré l’incrédulité du roi, Dieu a pitié de lui et lui annonce qu’il sera libéré du siège de Jérusalem, non sans avoir à subir ensuite la domination tyrannique du roi des Assyriens qu’il avait déjà en secret appelé à son secours (v 17 et suivants).
Mais qui est cet enfant dont l’âge sera un signe pour Achaz ? Pour tenter de le comprendre, il nous faut revenir au v 3 qui mentionne le fils d’Ésaïe qui l’accompagne, et le rapprocher du verset 18 du ch 8 où Ésaïe précise que « lui et les enfants que l’Éternel lui a donnés servent de signes et de présages en Israël ». Cet enfant serait donc le fils d’Ésaïe, que le prophète montrerait du doigt en s’adressant à Achaz. Il aurait une dizaine d’années et Ésaïe annoncerait qu’à sa majorité spirituelle, dans deux ans, Jérusalem serait libérée par la défaite des deux rois ennemis. Cette prophétie se réalisa en effet deux ans après.
Dieu reste un Dieu qui veut sauver, délivrer ses enfants éprouvés, malgré leur peu de foi, aussi bien dans les circonstances de leur vie physique que dans leurs attentes spirituelles. La réalisation historique et partielle des prophéties est le garant de leur réalisation spirituelle et parfaite en Jésus-Christ. Elle permet à ceux qui se confient en Dieu de fortifier leur foi et leur espérance d’être délivrés un jour par Lui de tout mal.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont mes émotions et mes réactions devant une menace sur ma vie et ma famille ?
- Où vais-je chercher du secours (v3) ? Quelle est ma source de réconfort et d’apaisement : mes biens matériels, ma famille, mes amis, la Parole de Dieu ?
- Comment discerner la juste valeur de ce qui m’effraie (v 4-7) ?
- Qu’est-ce qui peut m’aider à garder confiance dans les promesses de Dieu, (v 9) et à attendre sereinement la réalisation des prophéties eschatologiques ?
- Qu’est-ce qui m’empêche de demander à Dieu un signe de sa présence ou de sa volonté, pour Lui obéir ?
- En quoi la venue du Messie est-elle propre à garantir l’amour de Dieu pour moi ?
- Comment être des signes de la venue du Christ sur la terre ?
08:00 Publié dans Esaïe | Lien permanent | Commentaires (0)
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