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28/06/2019

Étude n°1 Dieu créa… Genèse 2 (05 07 19)

Étude n°1 Dieu créa… Genèse 2 (05 07 19)

« Qui opprime l’indigent déshonore Celui qui l’a fait, mais qui a pitié du pauvre Lui rend grâces » Pro 14.31

Introduction

 

Nous avons choisi la version Segond révisée, dite à la Colombe, pour ce texte difficile et controversé, car elle est la plus proche du texte hébreu.

La version en français courant est déjà une tentative d’interprétation, dépendante des courants de pensée moderne (par exemple, elle dit au verset 4 du ch 2 : Dieu créa par étapes le ciel et la terre. Le texte original ne contient pas le par étapes, qui marque une approche « scientifique », hors de l'objectif du texte.

Contrairement à beaucoup de critiques de la Bible, nous considérons le second récit de la Création comme un développement de la partie essentielle du premier récit, la création de l’humain. Nous avons vu dans le premier récit comment tout était prévu et réalisé par Dieu pour permettre la vie de l’être humain sur la terre.

 Dans le second récit certains détails sont précisés sur son environnement, ses conditions de vie, sa mission de représentant de Dieu sur terre.

 La compréhension de ce texte est primordiale pour saisir la volonté de Dieu et les réflexions de Jésus et des apôtres sur la mission de l’homme et de la femme. Sans cesse la Bible se réfère à ce texte, que nous étudions avec précision, toujours dans une optique spirituelle (considérant la relation entre Dieu et l’homme), et non scientifique ni même historique.

En effet si l’on s’engage à chercher les réalités géographiques (quels sont les 4 fleuves ?), chronologiques (combien de temps Adam fut-il seul ?), morphologiques (Adam eut-il une côte en moins ?), ou autres, on se trouve vite dans des impasses.

 Le texte a pour but d’éclairer l’homme sur ce que Dieu a voulu pour son bonheur terrestre et ses relations avec les autres  créatures et avec Lui-même.

 Observons

La construction du texte :

V 1 à 3 : conclusion du ch 1 ou transition avec le second récit de la création : le septième jour

Second récit de la Création

  1. a) V 4 à 6 : État de la terre à l’origine
  2. b) V 7 à 15 : Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden
  3. c) V 16 à 17 : les commandements de Dieu à l’homme

b’) V 18 à 25 : l’homme et les animaux

a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme

 Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit (une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour.

Comprenons

     A la différence des croyances païennes qui conçoivent des dieux indifférents ou hostiles à l’homme, le récit biblique montre un Dieu Créateur, soucieux jusqu’au bout de la créature qui porte son image. Il ne se contente pas de lui offrir de quoi satisfaire ses besoins physiques, air, eau, nourriture, abri. Il se préoccupe de ses besoins psychiques, affectifs, moraux, relationnels et spirituels. Le sabbat en est l’expression la plus adéquate.

(Nous nous attacherons à découvrir comment Dieu pourvoit aux besoins essentiels de l’homme. En ce qui concerne le sabbat créé au 7ème jour, nous verrons à la leçon 3, ce qu’il signifie pour l’homme.)

A- L’environnement

 Les versets 4-6 décrivent l’état de la terre mentionné en 1.2 : une terre inculte et vide.

La pluie et la vapeur d’eau apparaissent ici comme signes de l’intervention de Dieu pour rendre la terre propre à la vie végétale, animale et humaine. Même le monde physique a besoin de l’intervention divine pour faire germer la vie.

 Cette eau restera dans toute la Bible le symbole de la faveur divine pour un peuple vivant en Orient et craignant par dessus tout la sécheresse. Spirituellement, la pluie est devenue le symbole de l’intervention puissante de l’Esprit (Joël 2.23-3.2 ; Actes 2.17-21). Sans cette pluie de l’Esprit, rien ne peut vivre éternellement.

Les versets 8-14 montrent l’organisation de la matière terrestre par Dieu pour permettre le développement de la vie humaine. Jardin avec arbres et fruits, fleuve à 4 bras, pierres précieuses, or, parfums, tout doit satisfaire les besoins physiques ou esthétiques de l’homme.

 Les noms du Tigre et de l’Euphrate localisent ce jardin à l’Est du Moyen Orient, le pays de Kouch désigne la région de la Haute Égypte, Nubie et Éthiopie, le Guihon pourrait être le Nil. Ces localisations ont comme intérêt de donner un cadre aux Hébreux sortis d’Égypte et à la recherche de la Terre Promise en Canaan. Celle-ci leur est présentée ici comme le jardin d’Éden, le Paradis où il fait bon vivre.

 Pour nous, ce jardin est aussi le symbole de la Terre Promise de la Nouvelle Création, héritage des élus dont parle Apocalypse 22.1-2. On y retrouve le fleuve et l’arbre de vie, symboles de la présence de Dieu dont dépend la vie éternelle de l’homme.

 B- Les conditions de vie

 a) la nature de l’homme

v 7 : les traductions de ce verset varient selon les versions et les conceptions des traducteurs ! Il est important de faire remarquer que

     -    l’homme est fait de matière créée par Dieu

     -    cette matière a besoin du souffle de vie donné par Dieu pour devenir vivante.

     -    Ce souffle de vie est accordé aussi aux animaux, c’est la respiration

     -    Il n’est pas question ici ni d’une parcelle d’Esprit Saint introduite dans le corps matériel de l’homme, ni d’une âme indépendante et immortelle qui viendrait habiter momentanément le corps mortel et lui donner ainsi un peu de son immortalité !

Lorsque Jésus sur la croix dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains, il ne dit rien d’autre que Je te rends le souffle que tu m’as donné.

 Le texte dit en Genèse 2.7 : l’homme devint un être vivant (ou âme vivante). Il ne dit pas qu’il eut une âme !

À remarquer que le mot souffle de vie «  ruah » de Genèse 1.2.  a été traduit en grec "pneuma" et en latin "spiritus" par le mot " esprit", sous l’influence des idées dualistes du philosophe grec Platon. Le mot employé ici est « nichamah » mot synonyme de ruah, " vent, souffle". Comme il est précisé que c’est Dieu qui donna à l’être humain ce souffle, on en déduisit, dans une lecture spirituelle et non plus littérale, mise à tort[1] en parallèle avec 1 Thes 5.23 ( que votre être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps…) que Dieu donnait son Esprit à l’homme, ou bien lui accordait une faculté étrangère aux animaux, l’esprit, par laquelle Dieu pourrait communiquer avec lui.

[1] Ce ne sont ni la même époque, ni le même contexte, ni la même culture. Paul détaille les dimensions de l’être humain : le spirituel, le psychique et le physique, qui forment la personne,  un tout indissociable.

 b) La responsabilité de l’être humain, (versets 9, 16-17).

Ce n’est pas le verset 7 qui explique l’image de Dieu du ch 1.27. Ce sont les suivants qui explicitent la responsabilité et la mission de l’homme à la ressemblance de Dieu. L’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont placés au centre du jardin : ils en sont donc les éléments essentiels, selon le processus de pensée hébraïque, qui met l’argument important au milieu du développement.

Dieu se sert des réalités physiques, matérielles, pour faire comprendre des vérités spirituelles. On ne doit pas exclure la matérialité de ces deux arbres, mais ils avaient surtout une fonction pédagogique. Ils peuvent être interprétés comme les  symboles de deux façons de vivre :

*   L’arbre de vie représente la vie dans la dépendance de Dieu, et sous-entend le développement harmonieux de toutes les capacités spirituelles, intellectuelles, psychiques, morales et physiques de l’être humain dans la lumière de la présence de Dieu.

*  L’arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole inverse d’une vie sans Dieu, dans l’indépendance de sa volonté, et même en opposition à Dieu, puisque l’être humain  désire prendre sa place, en devenant comme Dieu. (Voir le ch 3)

Les symboles dont s’est servie l’artiste Zabou dans sa représentation des arbres du jardin d’Eden  essaient de rendre l’enseignement de ces arbres. Ils permettaient à l’être humain de prendre conscience de sa liberté de choisir sa vie : soit une vie avec Dieu, dépendante de Lui et éternelle (= arbre de vie, portant des grappes, symbole du Christ et du sang versé pour nous (Luc 22.20), soit une vie d’expériences personnelles sans Dieu, qui conduit à la mort (= arbre de la connaissance du bien et du mal portant les « yeux » de la connaissance).

 

Zabou arbres de vie et de connaissance du mal.jpg

 

                                                     Illustration de Zabou : Au centre du Jardin d’Eden

 Il ne s’agit pas ici de la connaissance intellectuelle, du savoir, de la science. La langue hébraïque a l’habitude de désigner une notion abstraite par son nom en y associant son contraire. Le bien ou bon, c’est la présence de Dieu. L’arbre de vie donnait à l’homme la possibilité de rester en contact avec Dieu, ce qui est le bien pour l’homme.

 L’autre arbre lui faisait connaître le contraire : le mal, c’est-à-dire la privation, l’absence de Dieu. On le voit, la connaissance dont il s’agit, est spirituelle, et ne s’oppose en rien à la science. Dieu ne voulait pas maintenir l’homme dans une ignorance scientifique et intellectuelle, indigne de sa condition d’image de Dieu !

 La liberté de choisir sa vie confère à l’être humain sa dignité. Seule créature animale à pouvoir échapper au déterminisme de ses instincts et de ses besoins, l’être humain est responsable de sa vie présente et future (v 16-17). Qui dit choix sous-entend raisonnement et volonté. En cela l’homme est image de Dieu : Dieu en effet a pensé la Création et l’a réalisée selon sa volonté, comme nous l’avons vu.

 c) La mission

 Le texte nous indique les différents aspects de la mission de représentation de Sa personne confiée par Dieu à la seule créature qui soit à sa ressemblance. 

 1) Dieu ayant créé par la Parole, est un Dieu de communication et de révélation ; l’être humain le représentera grâce à sa faculté de communiquer et de parler : c’est lui qui nommera les animaux et qui accueillera son complément féminin par le premier poème d’amour de l’humanité (v 18-20, 23).

 2) Dieu étant le maître de l’univers, l’homme sera le maître de la terre et des animaux : il en sera le gestionnaire et le responsable, gardien du jardin  (v 15). Il aura à  cultiver la nature, donc à en maîtriser la connaissance et en contrôler les mécanismes, la nature étant aussi bien l’environnement que la nature humaine dans toutes ses dimensions. Cet aspect de la  mission confiée par Dieu dès la Création est mis en œuvre dans l’Église adventiste dans la pratique de la Gestion Chrétienne de la Vie, qu'on pourrait mieux désigner par "la Vie avec et par Jésus"

 3) Dieu étant un Dieu d’amour, attentif à chacun, l’homme partagera son amitié eZabou Adam nomme les animaux2.jpgt son respect avec les animaux et avec ses semblables (v 19-20) : donner un nom à quelqu’un était considéré dans l’Antiquité comme une véritable adoption, une reconnaissance de paternité qui impliquait des liens d’affection, de respect et de protection.          (Illustration : Adam nomme les animaux, de Zabou)

4) La création de la femme entre aussi dans le projet de Dieu de faire de l’être humain son représentant sur la terre. Ce passage, souvent mal compris, a servi à maintenir la femme dans un rôle subalterne et inférieur sous prétexte que sa création vient en dernier, et que le mot « aide ou auxiliaire » sous-entend infériorité dans nos esprits. Ces arguments fondés sur des préjugés culturels ne tiennent pas après une étude du texte.

 En effet, on l’a vu, le fait que le récit de la création de la femme vienne en second dans le récit de la Création tient au procédé littéraire du récit hébraïque où on revient toujours sur les détails importants, après avoir rapporté les généralités. La création de la femme au chapitre 2 explicite le texte : Il les créa homme et femme de 1.27. De plus le mot aide, loin d’avoir une connotation péjorative, est employé dans la Bible toujours pour parler de Dieu qui vient en aide à sa créature, ou encore dans un contexte d’alliance entre deux chefs égaux qui unissent leurs forces pour lutter contre  un ennemi commun. On ne peut donc tirer de ce mot l’argument de l’infériorité de la femme. Elle est la partenaire égale et de même nature (comme le suggère le jeu de mots ich / icha, traduit par compagnon / compagne dans la BFC), qui multipliera les forces de l’être humain, et lui permettra d’échanger avec son vis-à-vis. Dieu a créé la femme d’une côte ou  à côté  de l’homme pour signifier qu’elle n’est ni au-dessus, ni au-dessous de son compagnon, et qu’elle est exactement de la même nature que lui, avec les mêmes capacités, comme le reconnaît immédiatement Adam.

L’image de Dieu (1.27) ne pouvait être exacte et complète que dans cette dualité masculin /féminin. Cela ne condamne pas les célibataires, mais signifie à chaque être humain, qu’il a à développer harmonieusement en lui les caractéristiques psychologiques et affectives des deux sexes, et non à  étouffer celles qui sont attribuées conventionnellement à l’autre sexe. Par exemple, on dit à un jeune garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que ce sont les filles qui pleurent. On habitue ainsi les hommes à refouler leur sensibilité, pour paraître plus virils, ou on refuse aux filles l’esprit de décision et d’entreprise, pour rester féminines ! Pour que l’homme puisse reconnaître et écouter la composante féminine de sa personnalité, Dieu l’a plongé dans le sommeil, suggérant ainsi que c’est dans le repos et le silence de sa masculinité, qu’il pourra être attentif à ce qui reste caché en lui ou à ce qu'est la femme en vis-à-vis, et qui doit s’exprimer pour lui permettre de vivre dans l’harmonie voulue par Dieu. Dieu, dont l’être humain est l’image, révèle tout au long de la Bible les aspects masculins et féminins de sa personne. Ainsi Il dirige, organise, agit dans l’univers, mais aussi Il aime et est ému de compassion dans ses entrailles, en hébreu  son utérus ! Il est rempli de miséricorde pour sa créature !

5) L’union de l’homme et de la femme :Dieu éprouvant un amour privilégié pour la créature à son image et désirant s’unir à elle intimement, l’homme s’attachera par un lien d’amour privilégié à son vis-à-vis, dans une communion de pensée, de projet de vie, de sentiments, de sensations et de plaisir (v 24-25). C’est ainsi que Dieu institua l’union conjugale comme signe et image de son caractère et de sa volonté de bonheur pour l’être humain, signe de l'amour qui le lie à sa créature privilégiée.

Les versets 24 et 25 sont indissociables, malgré la typographie de certaines Bibles, qui depuis le 4e siècle de notre ère les séparent. On peut considérer ces versets comme l’expression de la volonté de Dieu pour le bonheur du couple humain et l’accomplissement de sa mission.

Psychologiquement et affectivement chacun des partenaires du couple cherche à :

     -    avoir atteint la maturité psychique qui le rend conscient de sa personnalité et responsable de lui-même (quitter son père et sa mère)

     -    être capable de se détourner de son égoïsme naturel pour s’attacher à l’autre du sexe opposé et l’aimer, comme Dieu aime (il s’attachera à sa femme)

     -    avoir un projet de vie cohérent, un objectif à atteindre en commun avec l’autre (devenir un seul être, ou une seule chair). Cette expression ne s’entend pas seulement de l’union physique, mais aussi de l’unité intérieure entre les composantes de la personnalité de chacun, et entre les valeurs de vie des deux partenaires. 

-    enfin, être vrai et transparent dans tous les domaines   (tous deux étaient nus sans honte). La nudité sans honte est le symbole d’une sexualité acceptée et vécue avec joie parce qu’elle consacre l’union de deux êtres à l’image de Dieu. Comme le suggère la place de ce verset dans le texte, la sexualité voulue par Dieu est le point d’orgue de l’union conjugale : elle en augmente la durée et en resserre les liens déjà noués sur tous les autres plans, mais ce n’est pas elle qui débute et fonde l’union, comme veulent le faire croire les médias et les coutumes actuelles.

La nudité est aussi le symbole de l’acceptation de soi et de l’autre, tels que nous sommes et tels que Dieu nous voit, dont l’expression moderne être bien dans sa peau est une traduction !

Psychologiquement, la nudité sans honte du jardin d’Éden signifiait qu’entre les deux humains, rien ne faisait obstacle à la communication, tout était clair entre eux, ils n’avaient rien à  cacher, ni à Dieu ni à eux-mêmes. La tradition juive joue aussi sur l’homophonie des mots nu et lumière en hébreu. Seule une lettre muette les différencie à l’écriture. Dans le jardin d’Éden, le couple était nu ou dans la lumière de Dieu où rien n’est caché. Le péché créera la séparation avec Dieu, donc l’absence de lumière. La gène de cette disparition et la honte de l’avoir provoquée seront transférées sur la nudité et la sexualité.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Quelle image de Dieu puis-je donner dans ma vie familiale, professionnelle, ecclésiale, et sociale ?
  • Si je suis marié, les relations au sein de mon couple sont-elles harmonieuses, dans le respect et l’amour partagés, avec le désir d’authenticité et de service mutuels ? Sur quel point dois-je veiller plus particulièrement pour atteindre cet objectif ?
  • Si je suis célibataire, ou individuellement pour chacun des membres du couple, comment puis-je harmonieusement développer les aspects masculins et féminins de ma personnalité, pour être une image de Dieu fidèle ?
  • Que signifie pour moi dans mes relations avec les autres "être miséricordieux  à l'image de Dieu" ?

Commentaires

L’ esprit donné à l’homme pour communiquer me parait pour le moment encore fort abstrait ! La prière

Écrit par : Faivre | 06/07/2019

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