08/03/2019
Étude n°11 Les sept dernières plaies, Ap 15 et 16 (16 03 19)
Étude n°11 Les sept dernières plaies, Ap 15 et 16 (16 03 19)
« Seigneur qui ne craindrait ton nom ? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que ta justice a été manifestée. » Ap 15.4 (Apocalypse Flamande 15ème siècle, Anges recevant les 7 coupes)
Ces deux chapitres étant une fois encore fort longs à interpréter, un choix s’imposera pour les échanges en groupe. Pour enrichir votre connaissance biblique, nous vous livrons ici une étude détaillée dans laquelle vous pourrez puiser les thèmes à aborder… en insistant plus sur les promesses divines que sur les catastrophes !
Observons d’abord le ch 15
Le contexte
Le début du chapitre 15 est lié directement à la fin des ch 11 et 14, par l’évocation de la « Colère de Dieu » : 11.18 « ta colère est venue », 14.19 « la grande cuve de la colère de Dieu », 15.1 « par eux s’accomplit la colère de Dieu ».
Les chapitres 12 à 14 constituent une parenthèse explicative, véritable clé de voûte de l’Apocalypse. Ils reprennent en résumé l’histoire de l’Église depuis la naissance du Christ jusqu’à la fin de l’instruction du jugement (11.17-18). Cette parenthèse des ch 12-14 permet de démasquer les véritables acteurs du grand conflit et de l’histoire des hommes.
Le chapitre 15 ouvre donc une autre phase du jugement, celle de l’exécution des sentences.
Le texte
Première partie du ch 15
v 1 : Introduction des anges aux 7 coupes ou 7 plaies, en transition avec les ch précédents.
v 2-3a : présentation des vainqueurs
v 3b-4 : le cantique nouveau des vainqueurs.
- Quels sont les personnages vus par Jean ? Quel est celui qui est au centre (relever les répétitions de son nom sous ses diverses formes) ? Où se tiennent-ils ? Que font-ils ? Relevez les temps des verbes dans leur cantique,
Deuxième partie du ch 15
V 5-8 : sortie du sanctuaire des 7 anges aux 7 coupes.
- Quel est le symbolisme de ce sanctuaire céleste ?
- Comment se présente le sanctuaire au début et à la fin de ce passage, v 5 et 8 ?
- Qui sortent du sanctuaire ? Quel aspect ont-ils ? Que reçoivent-ils de la main de qui ? v 6-7
- Qu’empêche la fermeture du sanctuaire ? Pourquoi est-il rempli de fumée ?
Comprenons
Le contexte
La section des plaies suit immédiatement la vision de la vendange du ch 14, qu’elle développe et précise comme l’expression de la colère de Dieu.
Les deux camps sur la terre sont bien définis :
D’un côté, « ceux qui ont vaincu la bête et son image et le nombre de son nom»(v 2), les saints qui persévèrent dans l’observation « des commandements de Dieu et dans la foi de Jésus » (14.12) au milieu des persécutions des puissances hostiles à Dieu (ch 13), ceux qui se retrouvent devant « le tabernacle du témoignage » dans le temple ouvert (15.5), sur la mer de cristal, les harpes à la main(v 2).
De l’autre côté, ceux qui portent la marque de la bête et adorent son image (16.2) et qui ne peuvent plus entrer dans le sanctuaire fermé (15.8).
Le texte du ch 15
A- v 1-4 : Dans les quatre premiers versets le nom de Dieu est répété 4 fois ; il faut lui ajouter Seigneur (2 fois) et l’Agneau (1 fois) : en tout 7 fois, chiffre symbole de la plénitude divine. Il est qualifié de Tout-Puissant, Saint, Rois des rois. Par deux fois l’idée de justice lui est attribuée (v 3, 4).
L’emploi des temps des verbes situe le cantique de louanges après que la justice de Dieu a été manifestée (v 4d) aux yeux des vainqueurs, et avant qu’elle ne soit reconnue par les nations qui alors viendront se prosterner devant Dieu (v 4c). Dieu juste juge est donc le personnage central de la séquence des plaies qui définissent l’application de ses jugements.
1- La colère de Dieu
L’expression désigne depuis l’Ancien Testament le temps de l’exécution des sentences de Dieu sur les impies. C’est un anthropomorphisme qui traduit le sentiment éprouvé non par Dieu, mais par les hommes séparés de Dieu : n’ayant jamais voulu reconnaître l’amour de Dieu, ils sont furieux de voir révélés le fond de leur cœur et la haine qui les habite, et ils se tournent avec colère contre ce Dieu qui les met au grand jour. Ils prennent alors la sentence contre eux comme l’expression de la « colère de Dieu », faisant un transfert de leurs sentiments sur Dieu lui-même. Dieu n’éprouve de colère contre personne puisque sa volonté est de sauver les hommes. C’est avec indignation devant les conséquences terribles de leurs actes sur ses enfants et avec une profonde tristesse, qu’il constate leur refus et leur endurcissement qui les conduisent à la mort.
2- Les 7 anges aux coupes d’or (v 1)
Ces êtres célestes sont les exécuteurs des sentences sur les impies. Les coupes contiennent les fléaux qui vont frapper ceux qui n’ont pas le sceau protecteur de Dieu sur leur front, mais qui portent la marque de la bête et se prosternent devant son image (16.2). Seuls seront atteints ceux qui n’adorent pas le vrai Dieu et ne reconnaissent pas son autorité et sa justice.
3- Les saints
Ils sont encore sur la terre, puisque le Christ n’est pas revenu (son retour est décrit au ch 19). Ils ont simplement été scellés par l’Esprit (7.3), c’est-à-dire qu’ils ont été investis de la puissance divine, pour servir Dieu jour et nuit dans son temple (7.15), pour suivre Jésus partout où il va (14.4), donc pour connaître et comprendre ses voies (15.3), et les annoncer à tous pendant le temps des trompettes (14. 6-12) ; ils ont reçu une protection spéciale de Dieu pour « subsister au jour de la colère de Dieu » (6.17), et enfin ils ont été reconnus par la cour céleste comme serviteurs de Dieu (11.18). Leur communion en esprit avec leur Seigneur et Sauveur leur permet de rester debout devant lui, fermes dans la foi et l’espérance de leur délivrance, tandis que les fléaux accablent les autres hommes impies.
Ils sont appelés « vainqueurs de la bête, de son image et du chiffre de son nom »(v2) : cela renvoie aux ch 12-14 : « ils ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage » (12.11), ils sont debout devant le trône de l’Agneau, avec son nom écrit sur leur front, jouant de la harpe et chantant un cantique nouveau, parce qu’ils sont rachetés de la terre (14.1-5), ils sont persévérants et gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus (14.12).
4- Pourquoi sont-ils sur la mer de verre ?
Cette mer devant le trône a été mentionnée en 4.6. Elle a la particularité d’être transparente comme le cristal. Ezéchiel l’avait vue dans sa vision (1.22) comme un ciel de cristal resplendissant étendu au-dessus de la tête des chérubins qui soutiennent le trône de Dieu.
Cette précision nous indique que face au Dieu qui juge, c’est-à-dire qui libère, qui ôte les obstacles, tout est transparent, limpide. Rien ne fait plus obstacle à la relation avec Lui. Tout péché est venu à la lumière par le repentir du pécheur et a été pardonné, effacé. Les élus pardonnés et purifiés par l’Esprit, peuvent se tenir debout en esprit devant Dieu (15.2), car plus aucun obstacle ne s’interpose entre eux et le Seigneur. C’est ce que symbolise la mer de verre qui les soutient.
A ce moment ceux qui ont préféré les ténèbres à la lumière (Jn 3.19) vont subir les conséquences de leur choix : leurs œuvres vont être dévoilées à tous malgré eux, dans l’exécution des jugements.
5- Les harpes de Dieu
Les 144000 portaient aussi des harpes (14.1-5).
La harpe fut l’instrument de musique utilisé par David pour chasser le mauvais esprit qui était sur Saül (1 S 16.23). De même les élus, pendant cette période de la fin où les mauvais esprits se déchaînent sur le monde, ont pour mission de témoigner du calme et de la paix que Dieu donne à ceux qui le suivent.
C’est aussi au son de la harpe qu’Élisée reçut le don de prophétie devant les rois d’Israël, de Juda et d’Edom (2 R 3.15). Les saints, grâce à leur relation intime avec Dieu, connaissent ses voies et prophétisent, parlent au nom de Dieu, réalisant ainsi la prophétie de Joël 2.28, et d’Ap 10.11, 14.5-6.
Enfin la harpe est aussi associée à la joie spirituelle et profonde de la communion avec Dieu, que peuvent éprouver les élus.
1 Ch 13.8 « David et tout Israël dansaient devant Dieu de toute leur force en chantant et en jouant des harpes... »
Ps 33.1-3 «Justes, réjouissez-vous en l’Éternel, la louange sied aux hommes droits. Célébrez l’Éternel avec la harpe, célébrez-le sur le luth à dix cordes, chantez lui un cantique nouveau ! »
Ps 98.1-5 « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau !...L’Éternel a fait connaître son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations...Psalmodiez en l’honneur de l’Éternel avec la harpe, au son des psaumes... ».
6- Le cantique nouveau qu’entonnaient les 144000 du ch 14.3 pendant la période des avertissements, devient, maintenant que la victoire est acquise pour le peuple de Dieu, le cantique de Moïse (Dt 32) et celui de l’Agneau (v 3). Ces cantiques expriment la louange à Dieu qui est reconnu grand et admirable dans ses œuvres, juste dans toutes ses voies (v 3), et rempli de sainteté (v 4), parce qu’il a remporté la victoire et libéré son peuple. Dieu est reconnu juste par tout son peuple.
A l’ouverture du jugement céleste( ch 4), les rachetés chantaient leur reconnaissance à Dieu et à l’Agneau pour le salut obtenu par le sacrifice de Christ (7.10, 14-15) ; maintenant, après avoir compris la sentence de libération et de justification qui les concerne (11.18), ils peuvent chanter les louanges de Dieu pour la justice qu’il a rendue (v4d).
Les élus peuvent glorifier Dieu à ce moment, car ils ont, en esprit, suivi l’Agneau partout où il va (14.4) ; ils ont donc compris l’œuvre de libération spirituelle dont ils viennent de bénéficier (= la moisson du ch 14), et l’œuvre d’élimination du mal qui va commencer avec les 7 plaies (= la vendange du ch 14). Les jugements de Dieu leur ont été manifestés en esprit (v 1 : la scène se passe dans le ciel, c’est-à-dire dans la sphère spirituelle, en opposition avec la terre, sphère matérielle et concrète où se passent les fléaux), à cause de leur communion avec Dieu.
Les nations ne vont les comprendre à leur tour que lorsque ces jugements commenceront à être exécutés dans les fléaux qui leur feront prendre conscience des conséquences mortelles de leur rébellion contre Dieu, la seule source de vie. Elles seront alors contraintes de reconnaître aussi la grandeur, la justice et la sainteté de Dieu (v 4).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment participer à ce chant de louanges et d’adoration dès maintenant ? Ai-je la conviction que Jésus m’a déjà sauvé et scellé pour son royaume ?
- Ai-je reconnu les voies, les projets de Dieu à mon égard, et suis-je entré dans son plan ? Comment cela se manifeste-t-il aujourd’hui ?
- Quelle musique ma harpe joue-t-elle ? Une musique de paix, de confiance, d’amour et d’espérance, au milieu des cris de désespoir, de haine et de guerre, ou une musique accordée à celle du monde, pour ne pas se faire remarquer, ou encore une musique de condamnation et de rejet de ceux qui ne croient pas comme moi ?
B- 15. 5-8 : Le temple ouvert puis fermé
Cette partie porte le regard sur le temple de Dieu et le dernier service qui s’y déroule. Du temple ouvert (v 5) sortent sept anges (v 6), en tenue du grand sacrificateur lors du jour des Expiations : lin pur, éclatant, ceintures d’or : ils n’ont plus rien à y faire, car le service « d’expiation du sanctuaire » (= purification) est terminé. On aurait ici la réalisation du geste prophétique du rituel israélite du Jour des Expiations : le grand sacrificateur, après avoir purifié le sanctuaire en faisant l’expiation (=l’enlèvement des péchés) du tabernacle et de l’autel des parfums, sortait du sanctuaire pour imposer les mains sur la tête du bouc pour Azazel (Lév 16.20-21). Il faisait ainsi reposer sur lui la responsabilité du mal qui avait souillé le temple, avant de l’éliminer, en chassant le bouc au désert. Les sept anges, après la constitution et la purification spirituelle du peuple des élus qui constituent le sanctuaire spirituel, « céleste » de Dieu, s’apprêtent à exécuter les sentences de Dieu sur ceux qui n’ont pas voulu faire partie de ce peuple (v 7). C’est le moment de la vendange décrite en 14.18-20.
C’est pourquoi le temple est empli de fumée (v 8a), car Dieu manifeste ainsi encore une fois sa miséricorde qui est sa gloire : nul ne peut voir Dieu sans mourir (Ex 33.20), il épargne sa créature pécheresse, en voilant sa présence par la nuée. Comme la fumée avait envahi le sanctuaire terrestre au moment où il fut achevé par Moïse (Ex 40.34-38), elle emplit le temple céleste, le sanctuaire spirituel que les élus constituent, au moment où s’achève leur purification et leur scellement par l’Esprit (ch 7). Les élus, sont ainsi doublement protégés : la fumée, qui marque la présence de Dieu, fait écran entre eux et la sainteté de Dieu lui-même. Celle-ci en effet, tant que leur corps n’a pas été transformé (1 Co 15.52-53), les anéantirait, à cause de leur condition de créatures pécheresses. La présence de Dieu les garantit aussi de la contamination du péché des impies, parmi lesquels ils continuent à vivre sur la terre pendant tout le temps des plaies.
Cet écran marque aussi l’impossibilité pour quiconque de pénétrer dans le temple*, dans la présence de Dieu, sans s’être repenti (v 8b). Nul ne peut plus entrer dans l’Église*, car l’endurcissement des cœurs est tel, que personne ne veut plus se repentir, comme le ch 16 le répètera (v 9,11).
Ce chapitre 15 explique la parole de Ap 22.11 : « Que celui qui est injuste soit encore injuste, et celui qui est souillé se souille encore. Que le juste pratique encore la justice et celui qui est saint, se sanctifie encore. » Chacun poursuivra sa voie, sans changement possible d’aiguillage.
Au verset 7, les 7 coupes pleines de la colère de Dieu sont données aux anges par « l’un des quatre êtres vivants ». Nous avons vu (ch 4 et 6) qu’ils étaient les personnifications symboliques et les gardiens des quatre aspects de Dieu dans sa fonction de juge. D’après notre lecture et notre compréhension de ces passages difficiles du ch 6 où les quatre animaux ouvrent les quatre premiers sceaux et révèlent ainsi comment Dieu va exercer sa justice, ce pourrait être ici le chérubin en forme d’aigle qui donne les 7 coupes : l’aigle est le symbole de la justice exécutive. Maintenant vont commencer à être exécutées les sentences du jugement de Dieu.
Le chapitre 15 constitue l’introduction spirituelle de la séquence des sept plaies, comme nous avions aux chapitres 4 et 5 une introduction aux 7 sceaux, et au ch 8.2-6 une introduction aux 7 trompettes. Maintenant le regard de Jean va se tourner vers la terre et les plaies qui s’y déchaînent.
*Pour assimiler le sanctuaire céleste à l’Église, ensemble de tous les élus, nous nous fondons sur 1 Co 15.44-49 où les mots « spirituel et céleste » sont mis en correspondance, 1 Co 3.16 et 12.27 qui s’adressent à l’Église « temple » du Saint-Esprit et « corps de Christ », 1 Pi 4.17 qui parle du jugement de « la maison de Dieu » qu’est l’Église. A la fin du temps où la grâce peut être encore saisie par les pécheurs, tous les élus qui constituent l’Église ont été identifiés, le « corps de Christ » est au complet, « la maison de Dieu » est achevée.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont les conditions d’entrée dans le sanctuaire de Dieu ?
- Que cherche à me faire comprendre la vision des sept anges aux sept coupes pour ma vie actuelle ? De quoi ai-je besoin encore d’être purifié ?
- Est-ce avec crainte ou confiance que j’envisage cette période ultime de l’histoire du monde ? Pourquoi ?
- Chapitre 16 : Les 7 plaies ou la colère de Dieu.
(Apocalypse flamande du 15è, les anges versent les 7 coupes)
Observons
- Comment est construit ce chapitre ? Comparez avec la séquence des trompettes (8.7-9.21)
- Quelles sont les caractéristiques des 4 premières plaies ? Qui touchent-elles ? dans quel domaine ?
- Qui intervient à la 3ème plaie ? Quelles conséquences ont ces 4 plaies sur les hommes ?
- Qui sont touchés aux 5ème et 6ème plaies ? Avec quelles conséquences ?
- Quel trio retrouve-t-on à la 6ème plaie ?
- Quelle béatitude et quelle promesse divine interrompent cette 6ème plaie, v 15 ?
- Que se passe-t-il à la 7ème plaie ? Qui parle alors ? Quelle figure symbolique retrouve-t-on au v 19 ?
- Comment se conclut la séquence des plaies ?
Comprenons
La voix forte ordonnant du sanctuaire aux 7 anges de verser leurs coupes émane du trône de Dieu, pour indiquer que les sentences de son jugement vont être exécutées.
I- Comparaison avec la section des Trompettes
On y retrouve la même organisation en deux groupes :
Les 4 premières plaies touchent l’écosystème dans le même ordre que les trompettes : terre, mer, eaux douces, soleil et astres.
Les 3 dernières plaies marquent la désorganisation des systèmes économico-politico-religieux qui dominent le monde et que symbolise le trio maléfique (du dragon, de la bête, et du faux prophète v 13) qui constitue Babylone.
Les conséquences sont similaires mais décuplées : ulcères, sang, brûlures, mort, rébellion générale symbolisée par le combat d’Harmaguédon (v 16), et chute des puissances mondiales sous le nom de Babylone (v 19-20).
Pourtant on trouve des différences
- dans l’intensité et l’étendue des plaies : ce n’est plus un tiers des hommes ou de leur environnement qui est touché, mais l’ensemble (v 3, 10, 14).
- dans la nature de ceux qui sont touchés : les plaies ne touchent que ceux qui ont « la marque de la bête et adorent son image ». Les élus demeurent sous la protection spirituelle de Dieu, ce qui ne signifie sans doute pas qu’ils échappent aux désordres physiques de la terre, car ils sont solidaires de l’humanité entière. On se trouve sans doute après la persécution que les impies ont fait subir à ceux qui ne voulaient pas de cette soumission (13. 15-17 ; 11. 7-10 ; 16.6).
- dans la réaction de ceux qui sont frappés : non seulement ils ne se repentent pas (v 9 et 11 en parallèle avec 9.21), mais ils blasphèment d’abord (v 9) le nom de Dieu, qu’ils identifient comme l’auteur de leurs plaies (ils reconnaissent implicitement qu’elles sont un jugement), puis le Dieu du ciel (v 11), qui a donc autorité sur la Création dont ils font partie, enfin ils blasphèment Dieu lui-même (v 21), le seul et unique Dieu de tout l’Univers.
La section des 7 plaies insiste par trois fois (v 9, 11, 21) sur l’endurcissement des cœurs rebelles, sur leur refus volontaire de Dieu : ils ont conscience de l’existence, de l’autorité et du jugement de Dieu sur eux à travers les plaies qu’ils subissent, sans pour autant vouloir revenir à Celui que les saints leur ont annoncé pendant la période d’avertissement des trompettes.
- dans les interruptions pour expliquer l’action en cours :
v 5-6 : l’ange des eaux, celui qui a transformé les eaux douces en sang, loue le Seigneur d’avoir ainsi fait se retourner contre les bourreaux les persécutions qu’ils ont fait subir aux saints. Se réalisent ainsi les paroles de Dieu : « Qui sème le vent, récolte la tempête » (Os 8.7), et « Celui qui tuera par l’épée, mourra par l’épée » (Mt 26.52). Ce fléau est présenté comme une sorte de boomerang : la justice de Dieu est exécutée par les hommes eux-mêmes, qui subissent les conséquences de leurs meurtres, ce n’est pas Dieu l’auteur de ces fléaux !
v 7 : l’autel est celui qui au ch 8.3, chapeautait la troisième séquence, celle des trompettes. Dans les trompettes, l’ange était au-dessus de l’autel et offrait des parfums : Jésus accomplissait son service d’intercession. Maintenant, il ne fait qu’approuver la justice et la vérité de Dieu dans l’exécution de ses jugements, il n’intercède plus pour les pécheurs impies, car plus personne ne le lui demande.
v 15 : Christ intervient pour réconforter son peuple au moment du dernier assaut des rebelles contre Dieu. Face à la coalition d’Harmaguédon seront « Debout et en marche » (traduction de A. Chouraqui du mot « heureux »), « ceux qui veillent et gardent leurs vêtements », c’est-à-dire les saints qui persévèrent dans la foi de Jésus, qui se confient dans la justice que Christ leur a offerte dans sa grâce, pour cacher leur nudité ou leur état de péché (Za 3.4) ; ils peuvent rester en esprit « debout sur la montagne de verre, avec des harpes de Dieu » (15.2), glorifiant leur Sauveur qui vient « comme un voleur », à l’heure où les impies ne s’y attendent pas.
On remarque que l’ulcère de la première plaie (v 2) fait encore souffrir les hommes à la cinquième plaie (v 11). Cet ulcère correspond aux brûlures de la terre à la première trompette (8.7), et atteint ici les hommes qui ont fait allégeance à la bête. Leur soumission même provoque et entretient leur douleur, comme on aggrave son ulcère en se grattant. On peut penser que cet ulcère est moins physique que spirituel et moral : les hommes impies et idolâtres seraient remplis d’angoisse qu’ils entretiendraient constamment par leurs méfaits.
L’intensité de la douleur des peuples soumis à la bête et à son image, atteint son paroxysme avec les ténèbres de la 5ème plaie. Non seulement la servilité fait souffrir, mais elle ôte toute faculté de discernement, elle engendre la mort physique et spirituelle (v 10-11). Le trône de la bête rappelle la puissance de la première bête du ch 13.2. La puissance du système papal serait alors atteinte et spirituellement plongée dans les ténèbres.
II- Babylone
Les sixième et septième plaies sont liées et nous donnent de précieux renseignements sur Babylone, déjà citée au ch 14.8, et mentionnée à nouveau au v 19, avant d’en avoir une plus ample explication dans la sixième séquence, celle des jugements (ch 17-18) que nous verrons la semaine prochaine.
a) L’Euphrate : la 6ème coupe assèche le fleuve, comme la 6ème trompette en avait délié les 4 anges. L’Euphrate, nous l’avons dit, est interprété littéralement comme représentant le Moyen Orient, et symboliquement comme représentant les peuples de la terre plongés dans l’idolâtrie et la confusion politico-économico-spirituelle que représente Babylone (17.15 en parallèle avec 13.15-17). Comme Cyrus assécha le lit du fleuve et en détourna les eaux pour pénétrer dans la Babylone antique, la puissance dominatrice du monde en ce temps de la fin sera privée de ce qui lui donnait vie et sécurité, c’est-à-dire la soumission des peuples à son autorité (17.16-18).
b) Les trois esprits impurs (v 13) nous indiquent de qui est constituée Babylone :
- du dragon, symbole du pouvoir de Satan incarné au travers de l’Empire Romain antique (ch 12), puis des puissances politiques païennes, athées ou laïques du monde, représentées par la deuxième bête du ch 13.11, qui parle comme un dragon (!).
- de la bête, symbole du pouvoir politico-religieux de l’Empire Romain Chrétien (13.1-8), dans lequel on peut reconnaître le système de la papauté,
- du faux-prophète, que l’on peut identifier à la puissance politico-économico-religieuse appelée « image de la bête" au ch 13.15, capable d’imposer une adoration mondiale, et de contrôler l’économie de la terre entière (13.16) ; Il subit le même sort que la bête dont il imite les comportements séducteurs et tyranniques (19.20). Au moment des plaies, ces trois formes de la puissance de Satan sont alliées pour constituer Babylone, rassembler les peuples soumis à leur autorité et faire la guerre à Dieu à travers ses saints, dans un dernier combat. Elles se sépareront à la 7ème plaie (16.19), ce qui constituera la chute de Babylone décrite aux ch 17-18.
c) les rois de l’Orient (16.12)
On a cru longtemps que cette expression, lue littéralement, désignait les puissances de l’Est asiatique, et on a craint le « péril jaune », l’affrontement de l’Est et de l’Ouest, grâce à la disparition des puissances du Moyen-Orient.
Or géographiquement, dans la Bible, ce n’est pas d’Orient que vient l’ennemi pour Israël, mais du Nord : de Babylone pour atteindre Jérusalem, on remontait vers le Nord par la vallée de l’Euphrate, pour éviter le désert de Syrie, et on redescendait vers le Sud sur Israël.
Dans la Bible, l’Orient a une valeur symbolique : c’est de là que vient la Lumière. Ez 43.2 « la gloire du Dieu d’Israël s’avançait de l’Orient » Es 41.2 « Qui a suscité de l’Orient le salut ? » Es 41.25 « Il est venu de l’Orient celui qui invoque mon nom...mon élu que j’ai appelé pour le salut » (Es 42.6).
Comme Cyrus, venu de l’Orient, a pris la ville antique de Babylone, et a ainsi permis au peuple Juif en exil depuis 70 ans de rentrer à Jérusalem, ce Serviteur appelé de l’Orient pour le salut, serait Christ apparaissant sur les nuées, entouré de ses armées angéliques (19.11-14), pour délivrer son peuple de la domination de la Babylone des derniers temps. La venue des rois de l’Orient préparée par la chute de Babylone symboliserait le retour du Christ avec ses anges.
d) Harmaguédon
Ce nom mystérieux associe « Har », la Montagne, et « Meguiddo », la ville de la plaine de Jizréel, où se sont déroulés des combats sanglants depuis le début de l’histoire d’Israël. Zacharie (12.11) de même rapproche Jérusalem et Méguiddo : « En ce jour-là le deuil sera grand à Jérusalem, comme le deuil d’Hadadrimmon, dans la vallée de Méguiddon ».
Nous reproduisons ici un extrait de l’étude que fait de cette expression J. Doukhan dans son livre « Le cri du ciel », p 214-216 :
L’apôtre Jean a l’intention « de révéler par le nom le sens profond de l’affrontement... Le prophète parle de montagne de Méguiddo (Ar-Maguédon) parce qu’il pense spécifiquement à Jérusalem. Le lieu de la bataille n’est pas la vallée (géographique) de Jizréel, mais bien comme le prophète Daniel l’avait prévu (11.45), la glorieuse et sainte montagne. Tous les rois de la terre, tous les pouvoirs ici rassemblés, ne visent qu’un seul objectif : le contrôle de Jérusalem. » « Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, Jérusalem est devenu le nom de la cité d’en-haut (Ga 4.26), chargée de tous les bonheurs et de la présence souveraine de Dieu (Heb 12.22). C’est cette Jérusalem-là que les forces de la terre veulent prendre d’assaut...dans un rejet délibéré et définitif du royaume d’en-haut. »
Or sur terre, cette Jérusalem spirituelle est représentée par le peuple des élus, des saints de Dieu. Harmaguédon symboliserait donc le dernier combat spirituel, avec ses conséquences matérielles, que la coalition des impies sous la domination des puissances de Babylone, livrera au peuple de Dieu des derniers temps (Ap 16.14, 16), et qui aboutira à sa propre destruction (v 19).
e) Le cri « C’en est fait ! » (v 17) marque l’intervention de Dieu pour arrêter ce combat contre son peuple. Dieu prend l’initiative de la fin des souffrances de son peuple. Il intervient avec puissance avant qu’il ne soit détruit par les hommes impies. En délivrant son peuple, il abandonne les rebelles à leurs luttes internes qui vont provoquer la chute rapide de Babylone par autodestruction (v 19-20), comme l’avaient prévu les prophètes Ésaïe (14.20) en s’adressant au roi de Babylone « Tu as détruit ton pays, tu as tué ton peuple », et Ézéchiel à propos du roi de Tyr (28.18) : « Je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ».
Conclusion des 7 plaies
Le chapitre 16 se termine sur l’annonce de la chute de Babylone, que la section suivante, celle des jugements, développera plus précisément (ch 17-18).
On voit que la section des 7 plaies décrit l’exécution des sentences de Dieu, en commençant par celles qui concernent les individus et les peuples soumis à Babylone.
La section des jugements concernera les responsables du mal sur la terre, dans l’ordre inverse de leur apparition dans la vision centrale (ch 12-14) : Babylone (ch 17-18), le faux prophète et la bête (19.19-21), puis le dragon ou Satan (20.10).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels sentiments provoque en moi cette prophétie du ch 16 ?
- Vais-je m’attacher à essayer d’identifier tous les protagonistes et tous les événements annoncés, au risque de me tromper et d’être déçu ? Ou bien vais-je retenir les messages de Dieu à son peuple, pour garder confiance en Lui en toutes circonstances et envisager l’avenir avec sérénité et espérance ?
- Comment mon église et moi-même pouvons-nous « veiller et garder nos vêtements » de justice et de salut, dans l’attente de notre Sauveur ? (v 15)
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