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11/01/2019

Étude n°3 Peuple de Dieu dans les villes, Ap 3.7-13 : Philadelphie (19 01 19)

Étude n°3 Peuple de Dieu dans les villes, Ap 3.7-13 : Philadelphie (19 01 19)

« J’ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer, parce que tu as peu de puissance, que tu as gardé ma parole et que tu n’as pas renié mon nom. »Ap 3.8

Observons

Le contexte

  • Dans quel ensemble s’insère ce passage de l’Apocalypse ?
  • Entre quelles lettres s’inscrit celle-ci ?
  • Qui dicte la lettre et à qui ? Quel en est le destinataire ? Que signifie son nom en grec ?

Le texte

  • V 7 : Comment se présente l’auteur ? Pourquoi ? (voir 1.18b, Es 22.22) (Ap 3.14 ; 19.11 ; 1 Jn 5.20)
  • V 8 : Quelles sont les « œuvres » de l’église de Philadelphie ? Que lui promet le Saint ? Que peut symboliser la « porte ouverte que personne ne fermera » ? Quelles qualités ont amené l’Église devant cette porte ?
  • V 9 : Que représentent les « Juifs menteurs » et « la synagogue de Satan » ? Quelle prédiction les concerne ?
  • V 10 : Pourquoi l’Église sera-t-elle gardée dans l’épreuve ?
  • V 11 : Quelle exhortation est adressée à Philadelphie ?
  • V 12 : De quoi le croyant sera-t-il vainqueur ? Quelles répétitions contient ce verset ? Quelle promesse est faite au vainqueur ? Quels en sont les divers éléments ?
  • Quel avertissement termine la lettre à Philadelphie, comme toutes les autres ? Quel climat cela crée-t-il ?

 

Comprenons

Notre passage se situe vers la fin de la première section de l’Apocalypse, consacrée aux lettres envoyées par Christ aux Églises d’Asie Mineure, par l’intermédiaire du visionnaire de Patmos, l’apôtre Jean. Prisonnier sur sa petite île, Jean reçoit la révélation du retour de Jésus (1.3,4,7,8), dans une vision qui se présente comme un film à plusieurs séquences successives ou simultanées. Dans la perspective de ce retour, Christ demande à Jean d’écrire ce qu’il a vu « ce qui est, et ce qui va se produire ensuite » (1.19). Chacune des lettres contient un message prophétique qui tient compte à la fois de « ce qui est » à l’époque de Jean sur les plans géographiques et spirituels pour ces églises, mais aussi de « ce qui va se produire » au fil du temps dans l’Église en général, qui prendra les divers aspects décrits sous les noms  des 7 lettres de cette séquence. Ces messages peuvent donc symboliser outre l’état des églises apostoliques, les étapes de la foi personnelle du croyant, et l’évolution de l’Église à travers le temps jusqu’au retour de Jésus.

L’église de Philadelphie, dont le nom signifie en grec « Amour des frères »,  représenterait l’état de l’Église au 19è siècle, après celle de Sardes « le Reste » (17è-18è) et avant Laodicée, « Jugement du peuple » (20è et suivant), dernière église avant le retour de Jésus.

Que nous révèle cette sixième lettre sur son auteur et son destinataire ?

L’auteur se nomme lui-même « le Saint et le Véritable » : Jean(1.9) dit dans son Évangile que « Jésus était la véritable lumière », un peu plus loin, dans la lettre à Laodicée (Ap 3.14), il est l’Amen, le témoin fidèle et véritable, l’auteur de la création ». Dans Ap 19.11, le cavalier blanc au manteau rouge, s’appelle Fidèle et Véritable », et la première lettre de Jean affirme (5.20) que « nous savons que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître celui qui est le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable en son Fils Jésus-Christ. C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle ».

Comme l’église du premier siècle où sont apparues plusieurs hérésies, celle du 19è a besoin de savoir que Christ est la Vérité, le seul « Saint » (= attribut divin Ap 4.8), au moment où se développent toutes les idéologies athées (spiritisme moderne, communisme, capitalisme, évolutionnisme, etc.), les déviations théologiques (ex dogme de l’Immaculée Conception de la Vierge en 1854, l’infaillibilité doctrinale du pape) et diverses apparitions de la Vierge (Lourdes, Fatima). Ce qu’écrit le Christ à son Église doit être considéré par elle avec la plus grande attention car Christ ne peut mentir ni cautionner le mensonge !

Sa seconde caractéristique est de détenir « la clé  de David » qui seule peut ouvrir et fermer. clef du Royaume.jpgL’image est tirée d’Esaïe 22.22 : la clé du palais royal était confiée à Eliakim. Il détenait ainsi le pouvoir d’en accorder ou refuser l’accès à quiconque pour y remplir une fonction ou approcher le roi David. Ainsi Christ détient le pouvoir suprême (Mat 28.18) d’ouvrir les cœurs à son Évangile, de protéger ceux qui sont dans son royaume des exactions ou attaques de l’Adversaire en l’empêchant d’y pénétrer par ruse ou violence ; personne d’autre n’a ce pouvoir, même si ses disciples ont reçu avec Pierre (Mat 16.19-20) les clés du royaume : par leur prédication de l’Évangile, ils sont en « odeur de vie ou de mort » pour leurs auditeurs ; ils leur ouvrent les portes du salut et de l’alliance avec Dieu. Mais celles-ci restent fermées malheureusement pour ceux qui refusent de passer par la Porte qu’est Jésus, et restent liés à leur péché d’orgueil, de puissance et de refus de la Parole. Ceux qui peuvent entrer dans son Royaume ont au contraire manifesté leur humilité par la repentance et leur fidèle attachement à la Parole de Christ. .

Dans notre texte, la clé de David reprend l’attribut du Christ au milieu des chandeliers (Ap 1.18) : « je détiens les clés de la mort et du séjour des morts » : par sa résurrection Jésus a vaincu la mort, et acquis la toute-puissance de ressusciter ses disciples. C’est un grand encouragement pour l’Église souffrante et persécutée. Christ reste maître même de la puissance de mort de l’Adversaire !

Il est de plus clairvoyant sur la situation de l’Église de Philadelphie (v 8a). Les œuvres qu’il connaît sont d’après la fin du verset, plus spirituelles que matérielles : malgré son peu de force (peu nombreuse, peu de moyens), elle est restée fidèle à la Parole de Dieu et elle a porté dignement grâce aux fruits de l’Esprit en elle (Gal 5.22) le nom de Christ devant les hommes et leurs persécutions. L’Église du 19è siècle représentée sous le nom de l’église de Philadelphie, a trahi dans sa grande majorité la vérité de Christ. Une petite minorité s’attacha à l’étude des Écritures, chercha à les mettre en pratique et les répandre par amour pour les populations ignorantes de la terre entière. A cette époque s’épanouirent les Sociétés bibliques et missionnaires qui traduisirent la Bible en de nombreuses langues et la diffusèrent hors de l’Occident (voir en Afrique l’œuvre de Livingstone par exemple). C’est l’époque de l’expansion de la Bonne Nouvelle « à toutes tribus, langues et peuples » d’Ap 14.6 ! On peut comprendre ainsi géographiquement « la porte ouverte » par Christ devant son Église (v 8b) pour lui faciliter sa mission.-porte-ouverte.jpg

Mais plus symboliquement et spirituellement, cette porte ouverte peut annoncer l’ouverture à la compréhension des prophéties relatives au retour de Jésus (v 11a). C’est au 19ème siècle en effet que l’intérêt s’éveille pour ces prophéties. William Miller, un agriculteur occupe ses longs jours d’hiver à étudier le livre de Daniel, que l’ange avait ordonné de tenir fermé et « scellé jusqu’au temps de la fin, où ceux qui auraient de l’intelligence comprendraient » (Dan 12.9). N’est-ce pas ce petit livre que Jean voit ouvert dans la main de l’ange, et qu’il doit manger  (Ap 10.2) ? Lorsqu’il l’a « avalé » le livre lui procure une grande joie suivie d’une grande amertume. William Miller en 1830, en étudiant (= mangeant) les prophéties de Daniel éprouva avec ceux qui le suivirent la grande joie de redécouvrir la vérité et la proximité du retour de Jésus en gloire. Il crut d’après le calcul des dates de Daniel 7-9, qu’elle était fixée en Octobre 1844. A l’échec de cette espérance la désillusion de ce petit groupe de croyants fut terrible. L’interprétation des prophéties datées fut revue et le symbolisme de la « purification du sanctuaire » fut sondé dans la Parole. C’est ainsi qu’apparut peu à peu le sens de l’œuvre spirituelle que Christ accomplissait pour les siens depuis son ascension. Le plan du sanctuaire terrestre et les fêtes du rite juif préfiguraient toute l’œuvre de Christ et son déroulement dans le temps : (voir le schéma joint) le parvis représentait l’œuvre terrestre (de l’incarnation à la mort et la résurrection) de Jésus, le Lieu-Saint son œuvre spirituelle quotidienne, par l’Esprit, depuis son ascension dans et pour son Église (lumière de l’Esprit, nourriture de la Parole, intercession des prières). Une fois l’an, le grand sacrificateur entrait dans le Lieu Très-Saint, pour accomplir la « purification du sanctuaire », c. à d. éliminer symboliquement les péchés du peuple commis dans l’année écoulée, portés devant Dieu par le sang des victimes sacrifiées pour le pardon. En répandant le sang pur d’un bouc qui n’avait pas reçu l’imposition des mains (= sur qui les péchés n’avaient pas été transférés) le grand sacrificateur ce jour-là éliminait toute trace d’impureté dans le sanctuaire. Il préfigurait la dernière phase de l’œuvre spirituelle de Christ, notre Grand Sacrificateur, pour sa Maison, juste avant son retour : le jugement de son peuple (1 Pie 4.17), c’est à dire  le tri parmi ceux qui se réclament de son nom, pour rassembler ceux qui font partie de son royaume et les ressusciter à son retour. Ce jugement opère une purification, une libération définitive des accusations mensongères de Satan contre les enfants de Dieu, Christ les scellant de son Esprit et les reconnaissant comme siens (Ap 7).

La « porte ouverte » devant l’Église de Philadelphie représentait cette perspective nouvelle, cette ouverture sur la compréhension des prophéties de la fin et de l’œuvre de Jésus-Christ qui en 1844 est entré dans cette dernière phase de son œuvre symbolisée par le Lieu Très Saint, et a commencé le jugement de sa Maison. On retrouve cette « porte ouverte dans le ciel » au ch 4 de l’Apocalypse, par laquelle Jean « voit », la cour céleste qui s’est installée et assiste  au jugement qui se déroule au temps de Laodicée sous la direction de l’Agneau Immolé (Ap 4-5).

Pour la première fois au v 9 de notre passage, apparaît la curieuse expression « la synagogue de Satan » où se réunissent ceux « qui se disent Juifs mais ne le sont pas, car ils mentent ». La synagogue, à défaut du Temple,  est le lieu où se rassemblent les Juifs le Sabbat. Au temps de l’apôtre Jean, les chrétiens en avaient été exclus, les Juifs refusant la doctrine de Jésus en se croyant les seuls élus de Dieu parce que circoncis dans la chair. En persécutant les chrétiens ils s’étaient rendus complices de l’adversaire de Dieu et leur prétention à être les seuls vrais croyants devenait mensongère. Au  19ème siècle, face au développement des Sociétés bibliques et missionnaires des églises protestantes de toutes dénominations, les églises catholiques et orthodoxes, qui se croyaient les seules véritables, s’alliaient  à leur insu avec l’Adversaire contre les Mouvements de la Réforme et du Réveil. Dans ce texte, Jésus promet à ces dernières d’être finalement reconnues comme ses enfants aimés de Dieu et persévérants dans la Parole. Il faut reconnaître que depuis cet essor de la propagation de la Parole, les églises catholiques et orthodoxes en sont venues à se pencher plus sérieusement sur les Écritures, et à les divulguer elles-mêmes parmi leurs membres.

Au v 10, Jésus affirme que l’étude persévérante de la Parole, la recherche continue de la présence de Dieu dans sa vie, permettent au croyant de rester ferme dans les temps d’épreuve. Ce dernier mot peut être pris comme synonyme de « test » ou de « révélation ». En photographie, un cliché négatif doit passer dans un bain « révélateur », pour apparaître au positif. De même tout homme en passant dans « l’épreuve » va révéler ce qu’il a dans son cœur, sa vraie personnalité et ses vraies motivations. Voir les deux mères du jugement de Salomon (1 Rois 3.16-28) : face  à l’épée menaçant la vie de l’enfant, elles ont révélé leurs vrais sentiments pour lui. Il en sera de même pour chacun aux moments difficiles des temps de la fin : l’épreuve triera tous ceux qui se réclament du Fils, et tous les autres hommes ; elle déterminera les menteurs et les véridiques, ceux qui ont bâti sur le sable et ceux qui ont bâti sur le Roc (Mat 7.24-25), ceux qui tiennent fermes dans la foi et l’amour des autres (Mat 25.31-46).

Au cours de cette séquence des lettres aux Églises, on perçoit une progression de plus en plus pressante de l’annonce du retour de Jésus : A Éphèse, il avertit « Je viendrai à toi » (2.5), à Smyrne, « Je te donnerai la couronne » : ce sont des futurs lointains. A Pergame, c’est un peu plus précis avec l’adverbe (encore assez flou) « je viendrai bientôt). A Thyatire est ajoutée une idée de durée : « Tenez fermes jusqu’à ce que je vienne ». Pour Sardes, la pression devient plus grande « Je viendrai comme un voleur et tu ne sauras pas quand je viendrai te surprendre » : la surprise inattendue peut se révéler très désagréable ! A Philadelphie l’annonce est au présent, équivalant à un futur proche. Enfin à Laodicée, la proximité est immédiate : « Je me tiens à la porte… ». L’Église de Philadelphie, avant-dernière étape de l’histoire de l’Église, a pris au sérieux cette annonce et a redécouvert la vérité biblique du retour en gloire de Christ, qu’elle a diffusée depuis dans le monde entier.

V 11 : L’image de la couronne est tirée du monde sportif où le vainqueur recevait une couronne de lauriers en signe de sa victoire. La vie du chrétien est donc comparée à une course ou une lutte, dont le but ou l’enjeu est le royaume de Dieu (course =  Cor 9.24-26a ; Phi 3.14 ; Héb 12.1 ; lutte = 2 Cor 9.24-26a ; Eph 6.12 ; 1 Tim 1.18 ; 6.12 ; Héb 12.4 ; etc.). Pour remporter le prix dans ces deux sports comme dans la vie chrétienne, le « sportif » doit faire preuve de volonté, d’opiniâtreté dans l’effort, de fermeté dans l’objectif à atteindre, d’exercices pour acquérir l’endurance. N’est-ce pas là les qualités que Jésus réclame de ses disciples en les suppliant de « veiller et prier » pour résister dans l’épreuve (Luc 22.46 ; Marc 14.38). A la fidélité de Dieu qui promet de le garder dans l’épreuve, répond la fidélité du disciple qui veille, prie et s’appuie sur la Parole.

Dans le temple spirituel de Dieu que constitue l’Église, le croyant fidèle aura la place d’honneur d’une colonne qui soutient le bâtiment (Es 22.23-24). Trois noms seront inscrits sur son front, donc lisibles de tous : le nom de Dieu, Père de Jésus, créateur qui reconnaît le croyant comme son enfant, le nom de la cité spirituelle de Dieu dont il fait partie comme citoyen, le nom nouveau de Jésus dont il se réclame : il est nouveau, car c’est Jésus-Christ dans sa gloire qui le lui donne. La répétition (4 fois) du « nom de mon Dieu » dans ce verset, confère à la promesse de Jésus une intimité et une assurance pleines de consolation pour le chrétien éprouvé qui compte sur la Parole « plus que les sentinelles sur le matin » (Ps 130.6).

La lettre se termine sur le même conseil avertisseur que les six autres lettres : l’Église à travers les siècles est invitée à écouter et regarder à Jésus, qui se tient à la porte du cœur et du Royaume, et qui revient bientôt !

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Contre qui ou quoi ai-je à lutter dans ma vie de foi ?
  • Quelle place tient la Parole de Dieu dans mes choix de vie et mes espérances ?
  • Quelle porte Christ a-t-il ouverte devant moi ? L’ai-je vue et franchie ? Qu’est-ce qui me retient aveugle et immobile devant cette porte ?
  • Comment ma vie révèle-t-elle le nom de celui que je sers et attend avec impatience ?
  • Mon chemin de foi a-t-il atteint cette porte ouverte sur l’amour de mes frères humains ? Comment cela se voit-il ?
  • Quelle image de Dieu se reflète en moi dans l’épreuve ?
  • Quelle promesse de ce texte puis-je m’approprier ?

08:00 Publié dans Apocalypse | Lien permanent | Commentaires (0)

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