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30/08/2013

Etude n°10 : Réforme, volonté de grandir et de changer, Jean 5.1-14 (07 09 13)


 

«  Soumettez-vous donc à Dieu, résistez au diable, et il fuira loin de vous » Ja 4.7

 

Observons Jean 5.1-14

Le contexte

Après sa rencontre avec la Samaritaine, Jésus a guéri le fils d’un officier royal à Capernaüm. C’était seulement son deuxième miracle après les noces de Cana, en Galilée, à cause de l’incrédulité de ses compatriotes (Mat 13.58 ; Jn 4.44).

 

Le texte est un récit de guérison

Qui sont les personnages ? Quand et où interviennent-ils ?

Qui prend l’initiative de l’action ?

Quelles réactions obtient-il ?

 

a)     1-4 : lieux et circonstances du miracle

b)     5-6 : intervention de Jésus auprès du malade

c)      7-9 : guérison du paralysé

b’) 10-13 : Intervention des Juifs

a’) 14 : exhortation de Jésus

 

Comprenons

Un récit de guérison n’est jamais gratuit dans l’évangile de Jean. En effet l’apôtre n’a pas adopté un rapport chronologique des faits et gestes de Jésus, mais il les cite dans une intention apologétique, transformant les actes de Jésus en autant d’enseignements spirituels à faire passer à ses lecteurs.

Ce récit situé à Jérusalem introduit la seconde partie de l’évangile, consacrée à la confrontation entre le Fils de Dieu et les Juifs. A la croissance de la foi chez ceux qui s’attachent à Jésus correspond le développement de l’incrédulité des chefs religieux (que Jean appelle « les Juifs »). L’évangile se révèle pour les uns une odeur de vie pour la vie éternelle, et pour les autres une odeur de mort pour la mort (2 Co 2.16).

Notre récit en est une illustration et doit être interprété, après une lecture littérale, comme un symbole du ministère terrestre de Jésus et de ce qui se passe quand Il intervient dans une vie.

 

La fête des Juifs à l’occasion de laquelle Jésus revient à Jérusalem doit se situer entre sa rencontre avec la Samaritaine, quatre mois avant la moisson (Jn 4.35), soit vers décembre, en Palestine, et la fête de la Pâque mentionnée au ch 6.4. On peut en déduire que c’était la fête de Purim, célébrée en mars, en mémoire de la délivrance du peuple grâce à la reine Esther (Est 9.18). Jésus, le vrai libérateur veut être présent à Jérusalem pour cette commémoration, seule fête non canonique, à qui il donne ainsi une certaine légitimité.

De même, il se rend à la piscine de Béthesda, dont le nom signifie « maison de grâce ou de miséricorde », pour y guérir un malade paralysé de longue date. L’eau est déjà symbole de purification ! Le lieu devient hautement symbole du ministère de miséricorde et de purification de Christ parmi son peuple. De plus, ce lieu se trouve à proximité de la « Porte des brebis », près du temple où elles étaient sacrifiées. Jésus dira plus loin dans l’évangile (Jn 10.1-2, 7,9,11) qu’il est le berger des brebis de son peuple, et qu’il est la porte par laquelle il leur faut entrer dans son royaume.

La multitude des malades attendant la guérison est un tableau de l’humanité souffrant de sa séparation d’avec Dieu : elle est incapable de se guérir elle-même, elle est la proie des superstitions surnaturelles, mais elle aspire à un changement hypothétique car il dépend du jaillissement intermittent d’une source, et d’une aide extérieure compatissante. Ce mouvement d’eau, n’ayant pas été compris par les copistes du texte, comme un phénomène naturel, l’un d’entre eux a voulu l’expliquer par une intervention surnaturelle, et a rajouté un v 4, justifié par l’expression du v 7 : « l’eau est agitée ». Certains manuscrits conservent ce verset 4 en le mettant entre parenthèse, car il est peu sûr, étant sujet à de nombreuses variantes et paraissant plus légendaire que biblique[1]. Il semble peu utile de le conserver dans le récit, sinon pour illustrer la fascination du surnaturel qui s’empare de l’esprit humain quand il ne s’appuie pas sur la parole de Dieu, ou sur une connaissance précise des phénomènes naturels.

Le malade auprès duquel Jésus s’arrête, qu’il voit parmi tous les autres, dont il connaît la longue souffrance, peut représenter le peuple de Dieu, mêlé aux autres peuples. Découragé dans son attente du Messie, paralysé jusque dans sa volonté d’être délivré, il a besoin d’être réveillé, stimulé, remis sur pied et en confiance. Seul Jésus pouvait ainsi éveiller en lui l’étincelle de vie presque éteinte, en lui demandant s’il voulait bien être guéri. Question paradoxale ! N’est-ce pas le désir de tout malade ? Il faut croire que ce n’est pas si certain : beaucoup préfèrent rester dans leur état, même précaire et douloureux, plutôt que d’affronter l’inconnu et les risques d’un changement. La question de Jésus nous fait aussi comprendre que le Seigneur ne peut pas changer le cœur et la situation d’un homme sans son adhésion à son projet. La volonté de l’homme est indispensable pour que l’intervention de Dieu en sa faveur soit efficace. Le paralysé répond par l’exposé de sa situation désespérée. Il n’ose même pas acquiescer ou quémander l’aide directe de Jésus pour le plonger dans l’eau bouillonnante. C’est dire combien un changement de situation lui semble improbable !Jésus et paralysé de Béthesda.jpg

L’injonction de Jésus « Lève-toi ! Prends ton lit, et marche ! » a dû claquer comme un coup de fouet aux oreilles du malade, assourdi par le bruit permanent des plaintes autour de lui. Jésus n’est pas un lénifiant ! S’il écoute la plainte de son peuple avec compassion, ce n’est pas pour autant qu’il veut le maintenir dans son regard désespéré et tourné vers le passé. Au contraire par cet ordre autoritaire, il veut que son interlocuteur piqué au vif, réagisse, prenne sa vie en main, devienne indépendant des autres. On ne peut progresser dans la foi qu’en s’appropriant ce qu’on a reçu des autres, en s’affranchissant d’une simple imitation des opinions ou des habitudes de son environnement, pour construire une foi personnelle fondée sur la Parole de Dieu seule[2]. Cette démarche individuelle est historiquement à la source du mouvement de la Réforme de Luther et Calvin, et de tous les autres réformateurs du 19ème siècle. Jésus nous ordonne encore à chacun de nous « lever », de sortir de notre léthargie spirituelle, de notre aveuglement ou de notre complaisance à nous-mêmes (voir la lettre à Laodicée, Ap 3.14-22).

Le deuxième ordre de Jésus « Prends ton lit » est curieux : pourquoi s’encombrer d’un vieux grabat souillé, pour marcher ? On peut voir dans cette natte le symbole de la situation passée, des expériences vécues, ou peut-être du sentiment de culpabilité qui a paralysé le malade pendant tant d’années, et que Jésus semble avoir décelé, puisqu’il lui demande de « ne plus pécher » (v 14). Le malade s’est appuyé sur ce passé pour rester immobile, pour se faire porter par les autres, pour se donner l’illusion qu’il avait ainsi un pouvoir sur les autres. Jésus ne lui demande pas d’abandonner son passé, on ne peut pas s’en affranchir ! mais il l’incite à l’assumer, à le maîtriser pour ne plus en être une victime ligotée. En acceptant son passé pardonné par Dieu, le croyant retrouve la santé spirituelle et peut s’avancer vers un avenir différent, libéré de toute emprise. L’expression « Prendre son lit et marcher » est répétée trois fois (v 8, 9, 11), signe de son importance pour le croyant : il faut bien sûr la comprendre spirituellement et moralement, et non littéralement, comme les Juifs témoins de la guérison le reprochent au miraculé, parce qu’il avait été guéri un jour de sabbat ; ce jour-là, jour de repos consacré à l’Éternel, ils interdisaient le port de tout objet (v 10) et même les guérisons de Jésus, parce qu’ils les assimilaient à un travail (v 16). Chaque fois qu’il le pourra, Jésus enseignera par ses actes ou ses paroles que le sabbat n’est pas un jour de paralysie ni d’interdits, mais un jour de vie, de libération du conformisme religieux, de croissance spirituelle et de relations d’amour entre les hommes.

Lorsque Jésus revoit le miraculé, il le prévient que sa guérison physique n’aura d’efficacité durable que si elle s’accompagne d’une conversion du cœur et de la conduite. Ce n’est pas tout de recevoir le pardon, de se relever de son passé en s’appuyant sur ce geste d’amour pour rebondir[3], il faut changer d’orientation, comme la balle de tennis rebondit sur la raquette ou le sol et part dans une autre direction. S’il n’y a pas de changement de conduite, il y aura régression et on retombera dans un enfermement pire que le premier (Mat 12.45 ; 2 Pi 2.20).

 

Ainsi, par cette guérison, qui est une véritable parabole, Jésus prévient-il son peuple :

*qu’il fait attention plus particulièrement à lui parmi tous les autres peuples

*qu’il vient lui offrir libération spirituelle, pardon et nouvel avenir

*qu’il demande son adhésion à ce projet de vie

*qu’il invite chacun à changer de situation et à persévérer dans son choix en s’attachant à Lui.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-          Qu’est-ce qui me retient paralysé dans ma vie de foi ?

 

-          Comment assumer mon passé sans continuellement culpabiliser ?

 

-          Comment acquérir une foi personnelle, qui ne soit pas simple imitation de la foi et des pratiques de ceux qui m’ont enseigné ?

 

-          En quoi le sabbat m’aide-t-il à progresser sur le chemin de la foi ?



[1] L’angélologie s’est surtout développée chez les Juifs dans la période intertestamentaire.

[2] Voir Jacques Poujol /Cosette Fébrissy: Psychologie et foi, Parcours de vie en 6 étapes (Ed Empreinte)

[3] Boris Cyrulnik appelle ce principe de vie « la résilience »

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