10/05/2013
Etude n°7, Le peuple spécial de Dieu, Michée 6 (18 05 13)
Introduction au livre de Michée
Le Prophète dit de lui-même au v 1 qu’il est originaire d’un village de la plaine centrale de Canaan, au sud-ouest de Jérusalem. Il aurait connu les rois de Juda Jotham, Ahaz et Ezéchias, dont les règnes s’étendent d’environ 750 à 686 av JC. Son ministère, contemporain de celui d’Esaïe en Juda, et de celui d’Osée en Israël, aurait duré près de 60 ans. Son livre est donc un condensé de ses paroles.
Le contexte historique se découvre grâce aux livres des Rois et des Chroniques. Les premières prophéties de Michée annoncent la destruction de Samarie et la déportation de ses habitants en 722, dont 2 R 17 indique la cause principale, l’idolâtrie (7 et 23). Michée a dû commencer à parler pendant le siège de Samarie entre 724 et 722. Le livre de Jérémie fait allusion au sort de Michée, qui sous Ezéchias, n’avait pas été mis à mort malgré ses prophéties de destruction de Jérusalem (comme risquait de l’être Jérémie, 120 ans plus tard ). Michée avait obtenu la conversion du roi et le report du « châtiment » annoncé (Jr 26.17-19).
Deux faits importants marquent le règne d’Ezéchias : il provoqua par sa révolte contre les Assyriens vers 701, l’invasion de leurs troupes et le siège de Jérusalem (2R 18). Ecoutant les paroles de l’Eternel prononcées par Esaïe et Michée, le roi se repentit de son orgueil et l’invasion assyrienne avorta (2 R 19). Ezéchias entreprit aussi une réforme politico-religieuse, pour rétablir le service du Temple et la célébration de la Pâque à Jérusalem, après l’idolâtrie de son père Ahaz (2 Ch 29-31). Les avertissements de Michée (2 et 3, 6.9-16) furent entendus et portèrent des fruits de repentance qui éloignèrent la ruine de Jérusalem de 120 ans!
Le message de Michée est un des plus sévères de l’Ancien Testament, mais contient les plus belles promesses messianiques. Michée dénonce sévèrement toutes les formes d’idolâtrie du peuple et de ses chefs, en annonce les conséquences, mais donne aussi de merveilleuses promesses de rétablissement.
Le texte, un des plus difficiles de l’Ancien Testament, abonde en jeux de mots ou de sons absolument intraduisibles, en changements continuels de personnes, et en ironie difficilement transmissible. Il en résulte une variété considérable de traductions et d’interprétations, et une organisation du texte apparemment sans logique. On peut voir trois étapes marquées par la répétition de l’appel « Ecoutez » adressé à trois catégories d’auditeurs (peuples:1.2, chefs d’Israël:3.1, peuple de Dieu 6.1 et 3). Après des invectives puissantes, chaque partie se termine par des promesses messianiques de paix et de délivrance.
Le sens général reste clair et peut facilement être actualisé en ce temps d’attente de la venue du Seigneur : pour le recevoir sans être écrasé par son jugement, il est nécessaire de reconnaître son état devant lui, et de regarder à l’Eternel en mettant son espérance dans le Dieu de son salut (7.7).
***
« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, et ce que l’Éternel demande de toi : c’est que tu pratiques le droit, que tu aimes la loyauté et que tu marches humblement avec ton Dieu » Mic 6.8
Observons Michée 6
Le contexte
Les chapitres 1 à 5 sont séparés en deux parties par l’invitation à écouter adressée d’abord aux peuples de la terre (1.2) puis aux chefs d’Israël (3.1). Après des invectives sévères, des promesses de restauration permettent au peuple de garder l’espoir (ch 4-5).
Le texte ch 6
A) Qui parle, et à qui ?
Qui ? L’Eternel, directement : v 3-5, 10-16.
indirectement par son prophète : v 1-2, 8-9.
Le prophète représentant le peuple : v 6-7.
A qui ? Au peuple d’Israël v 2c,
A la nature témoin v 1-2a,b.
B) Quelle scène est représentée dans le texte ? Il s’agit d’un procès v2
1 - Instruction du procès
a) interpellation aux témoins v 2
b) Rappel des bontés passées de Dieu v 3-5
c) Plaidoyer de défense de l’accusé v 6-7
d) Rappel de la Loi v 8
2- Accusations de Dieu
a') Interpellation à l’accusé v 9
c’) Transgressions de la Loi v 10-12
3- Sentence
b’) Conséquences pour l’avenir v 13-16
Les versets sont liés de façon à placer au centre la loi divine selon laquelle est jugé le peuple accusé.
C) Quels bienfaits de Dieu sont rappelés v-1 ?
- sortie d’Egypte et délivrance de la servitude
- Révélation de la Loi par Moise et les prophètes
- Protection sur la route : épisode de Balaam devant le roi de Moab (Nb 22-23)
- Entrée dans la terre promise : de Sittim située à l’Est du Jourdain à Guilgal située a l’Ouest du Jourdain (Jos 3-5).
D) Que propose l’accusé pour obtenir le pardon ?
Il propose d’apporter des dons d’humilité : sacrifices d’animaux ou humains, rites expiatoires, qui ne sont que des formalités extérieures.
E) Que lui oppose Dieu ? v 8
Le bien = Justice, miséricorde, humilité,
Intimité avec Dieu = Etat d’esprit, attitude intérieure positive.
Le mal = injustice, violence, mensonge et tromperie,
Idolâtrie (v:16, 1Rois 16) = Etat d’esprit, attitude intérieure négative.
F) Quelles sont les conséquences du péché ?
Souffrances (v13) par insatisfaction et insécurité
Destruction après honte et disgrâce.
Comprenons
On revient ici à la situation décrite à propos des chefs au ch 3. Mais dans cette 3° partie du livre, c’est le peuple tout entier qui est interpellé.
1) L’image du procès donne une idée des relations de Dieu avec
l’homme : un procès implique un dialogue entre deux personnes qui ont été liées, mais dont les relations se sont détériorées par la faute de l’une ou l’autre. Dieu ici a été abandonné par son peuple. Il le convoque pour qu’il rende compte de son attitude devant la terre entière appelée à assister au procès(Le texte grec dit plutôt « devant » que « avec » ; si on veut garder cette préposition, il faut la prendre comme signifiant « en présence de »). La présence de ce témoin indiquerait que la terre est concernée par la relation de l’homme avec Dieu. Comme dans l’Apocalypse ( 4 premières trompettes ch 8 et 4 premiers fléaux ch 16), elle subit involontairement les conséquences néfastes de la séparation de l’homme d’avec le Créateur.
Comme dans toutes les Ecritures où Dieu est sans cesse en procès avec son peuple qui a rompu son Alliance (Es 1:18), Dieu rappelle son amour pour Israël au cours de son histoire en commençant par l’événement qui a fondé le peuple, sa délivrance de l’esclavage de l’Egypte sous la conduite de Moïse et sa fratrie, puis « les actes de justice de Dieu » qui ont permis au peuple d’être protégé des desseins maléfiques du roi de Moab. Le Seigneur interroge mais n’accuse pas, comme à la Création. Il se présente comme un Dieu d’amour, plein de sollicitude pour ses créatures.
Devant ces preuves d’amour, le peuple devrait reconnaître ses torts et en demander pardon. Or nous le voyons répondre pour essayer d’amadouer Dieu.
A la sollicitude aimante de Dieu, l’homme ne semble rien comprendre : il répond comme si les preuves de la volonté divine de délivrance, de protection, de salut n’étaient pas suffisantes pour lui donner l’assurance de son pardon ; il croit pouvoir « acheter » ce pardon par des offrandes, des sacrifices et même le sacrifice de son premier-né ; les enfants de Dieu tombent dans le même péché que les païens idolâtres : ils cherchent à « apaiser » Dieu, à lui «faire plaisir» par des actes de piété extérieure, des pratiques religieuses de mortification, certes pénibles, mais qui ne transforment pas leur état d’esprit ni leur conduite.
Le prophète rappelle alors (v 8) les exigences divines de vie juste et bonne dans l’intimité de Dieu. Il ne veut pas « d’actes religieux» qui n’engagent pas la vie toute entière, et qui dispensent, dans l’esprit des hommes, d’une pratique de la justice et de la miséricorde, ou même d’une relation vraie et humble avec Dieu.
2) Cette fois, Dieu prévient clairement son peuple des conséquences de ses fautes (v 9) : il subira le même sort que Samarie à cause de ses malhonnêtetés, ses violences, ses mensonges (v 10-12).
Comme dans Gen 3:16-17, Dieu est présenté comme l’auteur des « châtiments », mais il faut comprendre que Dieu ne fait qu’annoncer ce qu’il sait devoir arriver par suite du mauvais choix de l’homme, un peu comme la mère qui prévient son enfant des dangers du feu : « tu te brûleras ! ». La menace est réelle mais elle se veut dissuasive, comme le prouve le v 9 : en « craignant le nom de l’Eternel», on peut être sage et éviter de souffrir des conséquences de sa mauvaise conduite, famine, guerre, perte du fruit de son travail, destruction, opprobre (v 13-16).
3) La sentence de Dieu n’est que le constat de la situation. L’idolâtrie, c’est à dire l’attention à d’autres conseils (v16) que ceux de Dieu, détruit toutes les relations de l’homme :
avec son environnement : la nature est atteinte aussi par la cupidité, l’amour du profit et du pouvoir de l’homme (Gen 3:16-17 ; Rom 8:19-22 ; Apoc 11:18).
avec les autres hommes : l’amour de l’argent conduit au vol, au mensonge, à la violence, à l’injustice.
avec Dieu qu’on s’imagine « satisfait», « heureux» de recevoir des dons et sacrifices qui coûtent.
Le peuple, tellement influencé par l’idolâtrie ambiante et les pratiques introduites par le roi Achab, semble ignorer ou méconnaître les leçons de son histoire avec Dieu rappelée par Michée, et les enseignements du sacrifice d’Isaac : Dieu, pour rétablir la relation du pécheur avec Lui, et lui conserver la vie, se donne Lui-même en son Fils (préfiguré par le bélier), en faveur de l’homme.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles preuves de l’amour de Dieu ai-je dans ma vie personnelle et dans l’histoire des relations de Dieu avec son peuple et son Eglise ? Comment les conserver en mémoire, pour ne pas douter de son amour au moment de l’épreuve ?
- Comment comprendre l’expression usuelle « faire plaisir à Dieu »? Pourquoi, par exemple, observer le Sabbat, pratiquer la réforme sanitaire, rendre sa dime et ses offrandes ?
- Que signifie pour moi et pour l’Eglise : « marcher humblement avec Dieu » ?
Donner des exemples concrets de droiture, de miséricorde et de loyauté dans la conduite du chrétien au sein de notre société contemporaine.
-Comment prendre en considération les avertissements de Dieu sur notre avenir ?
- Comment considérons-nous la souffrance ? (mérite, punition, moyen de salut, conséquence du mal sur la terre, occasion de révolte ou de retour à Dieu). Qu’est-ce que l’exemple de Christ nous enseigne à ce sujet ?
08:00 Publié dans Petits prophètes | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
le " elle" représente qui dans MICHEE 7 V 10 ?
Écrit par : djagbavi koadjovi | 14/02/2014
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