14/09/2012
Etude n°12 : L’Antichrist, 2 Thes 2.1-12 (22 09 12)
«Que personne ne vous séduise d’aucune manière, car il faut qu’auparavant l’apostasie soit arrivée, et que se révèle l’homme impie, le fils de la perdition. » 2 The 2.3) (Illustration du Moyen-Âge)
Observons
Texte de style prophétique, construit en trois parties :
1-2 : Appel au bon sens dans l’attente du retour de Jésus
3-8 : Révélation de l’Antichrist avant le retour de Christ
9-12 : Caractéristiques et fin de l’Antichrist (à relever).
Comprenons
Au cœur de sa seconde lettre aux Thessaloniciens, Paul revient sur le sujet de l’avènement du Seigneur qui préoccupe cette église troublée par des prédicateurs exaltés et mensongers (v 2). Ce que l’apôtre avait annoncé dans sa première lettre n’a pas suffi à calmer les esprits. C’est pourquoi Paul les exhorte maintenant à conserver leur bon sens (v 2), et le discernement de la vérité (v 10-11). Dans les périodes de désarroi, de doutes, d’exaltation mystique, d’interrogations eschatologiques, Paul rappelle que la modération, la maîtrise de ses pensées et l’esprit critique sont nécessaires pour démêler le vrai du faux, pour « examiner toutes choses et retenir ce qui est bon », par une confrontation avec les Ecritures, car « l’esprit des prophètes est soumis aux prophètes », selon « l’analogie de la foi » (Actes 17.11 ; 1 Thes 5.21 ; 1 Cor 14.32 ; Rom 12.6). Nul ne peut prophétiser de la part de Dieu sans être en accord avec la foi, la conviction et les révélations des prophètes antérieurs. D’autre part, usurper l’identité de Paul pour annoncer des mensonges alarmants sur une seconde venue du Christ qui serait « déjà là » pour juger (c’est ainsi qu’on comprenait « le Jour du Seigneur », v 2), manifeste un manque d’amour de la vérité (v 10) et un égarement impie (v 11), qui ne doivent pas séduire les fidèles et les conduire au « désordre » et à l’agitation (3.6-8, 11).
La prophétie de Paul sur l’Antichrist a donné lieu à mille et une interprétations les plus fantaisistes selon les époques traversées par l’Église. Essayons de dégager les principales caractéristiques de cet Impie qui doit précéder l’avènement du Christ.
Paul le fait naître d’une apostasie dans l’église et/ou dans le monde. L’apostasie indique une infidélité, une révolte contre toute loi de Dieu ou des hommes, un rejet de la vérité divine (v10,12). Celui qui sera à la tête de cette révolte impie (= sans foi ni loi), sera « fils de la perdition » : il incarnera ce qui mène à la perdition spirituelle, « le mystère de l’iniquité » (v 6), en prétendant se faire adorer comme Dieu dans l’Église même (= temple du Seigneur, 1 Cor 3.16 ; 2 Cor 6.16 ; Eph 2.21). On a ici un écho des prétentions sataniques exprimées à travers les personnages des rois de Babylone et de Tyr (Es 14.13-14 ; Ez 28.16-17).
Que ce soit dans l’Église dans son ensemble, ou dans le cœur de chaque individu, la tentation est grande de se détourner de Dieu pour s’adorer soi-même, adorer l’Homme orgueilleux et égoïste qui cherche à s’imposer partout.
Jean dans l’Apocalypse aura la même vision pour la fin des temps. Il désignera cet Impie comme « l’image de la bête » dont le chiffre 666 est un chiffre d’homme : dans l’interprétation juive héritée de la Kabbale, 6 est le chiffre de l’imperfection humaine par rapport à la plénitude divine représentée par le 7. Répété trois fois, ce chiffre 6 (666) symbolise le désir de l’homme d’être semblable à la Trinité divine. L’image de la bête impose à la terre entière de l’adorer et la soumet à ses lois politiques, religieuses et économiques (Ap 13.15-18).
Deux autres caractéristiques nous interpellent : ce mystère d’iniquité était déjà à l’œuvre dans l’église à l’époque de Paul, et il sera encore là jusqu’à la fin puisque c’est Christ qui y mettra fin par « le souffle de sa bouche à son avènement » (v 8). (Souffle en hébreu comme en grec est le même mot que Esprit. Le souffle de la bouche de Christ est donc l’image de sa parole inspirée par l’Esprit Saint, qui exercera son jugement sur l’Antichrist.)
Qu’est ce qui était déjà à l’œuvre dans l’église apostolique et le monde d’alors, avec les caractéristiques mentionnées ? Les lettres de Paul mentionnent les mensonges, les impuretés, les injustices, les idolâtries, les dissensions et les luttes de pouvoir qui affligeaient la société et les communautés chrétiennes (Rom 1.24-25 ; 1 Cor 3.3-23), les plongeant dans l’aveuglement qui conduit au jugement-condamnation et à la destruction (Ap 9.11 ; 14.18-20).
L’apôtre Jean dit qu’il « y a plusieurs antichrists » (1 Jean 2.18) qui au cours des siècles ont préfiguré celui qui dans les derniers temps détiendra les pouvoirs religieux, politiques et économiques sur toute la terre, et imposera aux peuples adoration et soumission totale (Ap 13.16-18).
Au cours des siècles, on a donné à cet impie de multiples identités historiques (empereur romain, Mahomet, papauté du Moyen-Âge, dictateurs de tous bords,…) « Ce qui retient » la montée de cet antichrist à l’époque de Paul nous est inconnu. Le fait que cet obstacle doive disparaître pour permettre l’avènement de l’Impie (v 6-7) a fait penser que ce pouvait être le pouvoir de l’empire romain païen, dont la chute sera suivie, à partir du 4ème siècle, de la montée en puissance de l’empire romain chrétien qui allie politique et religion.
.Aujourd’hui même, sans pouvoir identifier avec précision cette puissance satanique (2 The 2.9), toujours à l’œuvre, nous en discernons la montée fulgurante à travers les événements politiques, économiques et religieux qui bouleversent le monde et font présager sa fin proche. « Quand vous verrez ces choses arriver, nous dit le Seigneur, redressez-vous et relevez vos têtes car votre délivrance approche » (Luc 21.28).
Au-delà de ces identifications, la prophétie de Paul a pour but de nous appeler à la vigilance pour ne pas nous laisser entraîner (église et individus) dans une adoration de nous-mêmes qui nous séparerait de Dieu. Elle nous invite à persévérer dans la foi, l’amour de la vérité et l’amour fraternel, que Dieu donne à ceux qui veulent les recevoir dans leur cœur (2 Cor 3.14-18).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment réagissons-nous à cette prophétie de l’Antichrist : cherchons-nous à identifier à tout prix cet impie, pour ne pas nous sentir concernés personnellement ?
Tout en tenant compte de la situation dans le monde, examinons-nous aussi ce qui est « antichrist » en nous (goût du pouvoir, injustice, idolâtrie, mensonge), pour nous en repentir et nous ouvrir à l’Esprit et à la Parole de Dieu, seuls capables de les éliminer ?
- Comment se manifeste concrètement notre amour de la vérité dans nos communautés et notre vie personnelle ?
08:01 Publié dans Thessaloniciens | Lien permanent | Commentaires (0)
07/09/2012
Etude n°11 Promesses aux persécutés 2 Thes 1.3-12 (15 09 12)
« Nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous rende dignes de son appel et qu’il accomplisse en vous avec puissance tous les desseins bienveillants de sa bonté et l’œuvre de votre foi. » (2 The 1.11)
Observons
Rechercher les mots répétés qui donnent au texte son orientation.
Structure :
3-5 : Progrès des Thessaloniciens en foi, amour, persévérance dans les persécutions
6-10 : Juste jugement de Dieu
11-12 : Prière de l’apôtre pour les Thessaloniciens
Comprenons
La seconde lettre envoyée à Thessalonique a été écrite peu après la première, sitôt que Paul eut reçu des nouvelles des réactions à sa première lettre. Les sujets sont les mêmes mais plus détaillés, car les Thessaloniciens semblent avoir mal compris certains passages de la première lettre, surtout à propos de l’avènement du Christ.
A- v 3-5 : Après les salutations d’usage, Paul remercie Dieu à juste titre, d’apprendre les progrès dans la foi, l’amour et la persévérance de son église persécutée. Il peut même parler d’eux avec fierté dans les autres églises de Grèce (il écrit sans doute de Corinthe).
Pour Paul, la fidélité persévérante des Thessaloniciens dans les souffrances injustes pour le nom de Christ, prouve la justice de Dieu qui reconnaît les élus dignes de son royaume (v 5), et leur promet le repos et la gloire (v 7) au jour du retour glorieux de Christ. Dieu ne les décevra pas et les « vengera » (Ap 5.10-11), leur « fera justice » (Luc 18.7-8).
Il ne faut pas considérer ces qualités du croyant persécuté comme des mérites qui lui devraient le salut, mais comme des preuves de la présence de Christ dans son cœur et sa vie. Christ le prépare ainsi pour le jour du grand rendez-vous. Malheureusement une lecture erronée de ces versets a produit une doctrine de la valeur méritoire de la souffrance et du martyre, qui nie le salut par grâce et le sacrifice de Christ.
B- 6-10 : La partie centrale de notre texte a pour thème le juste jugement dernier de Dieu sur les élus et sur les impies(Enluminure du14ès). La conception de la justice rétributive (juste répété 3 fois) qu’annonce Paul est l’héritage des Israélites et du monde romain de l’époque, dont nous avons beaucoup de mal encore à nous distancer. Le jugement de Dieu serait juste parce qu’il récompense les croyants en les sauvant et « punit » les impies en les éliminant pour toujours (v 9). Les Psaumes et Esaïe 53 sont remplis de cette notion de rétribution et de "punition" infligée par Dieu sur les « méchants » (voir aussi Héb 10.29-31). Pourtant Jésus lui-même, si parfois il est entré dans ce schéma de pensée dans ses paraboles (talents, vignerons, etc), a affirmé que s’il y a bien élimination des impies, ce n’est pas dû à une punition de Dieu, un acte volontaire de vengeance ou de destruction, mais c’est le résultat inéluctable d’un mauvais choix de l’homme (Jean 3.17-18) : "Celui qui croit en moi, dit Jésus, n’est point jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé". Refuser la vie proposée par Christ, c’est aller directement à la mort éternelle.
D’ailleurs une lecture attentive du texte hébreu d’Exode 20.5 montre que le verbe traduit ordinairement par « punir », n’a jamais ce sens en hébreu. Il signifie plutôt « prendre soin de, visiter ». Il faudrait comprendre ce verset ainsi : « Dieu prend soin de la faute des pères auprès de leurs enfants, pour que ses conséquences ne durent pas au-delà de trois ou quatre générations ». Ce qui est en accord avec le chapitre 18 d’Ezéchiel qui affirme la responsabilité individuelle de chacun, et avec la révélation de l’amour de Dieu par Jésus incarné, qui pardonne à ses persécuteurs au lieu de les anéantir, leur donnant ainsi l'occasion de changer et d'accéder à la Vie Eternelle ! Entraînés par une conception humaine de la justice qui châtie le coupable et rétablit l’innocent dans ses droits, nous nous formons une image de Dieu finalement très semblable. C’est ainsi que dès la chute, nous interprétons les paroles de Dieu comme des condamnations, des punitions, alors qu’on peut y voir de simples prévisions ou même des promesses. Jésus est venu pour rétablir l’image d’un Dieu qui aime, et pardonne, qui rétablit dans leur dignité ceux qui se confient en lui, mais qui laisse à l’homme impie la liberté de le rejeter et de subir les conséquences funestes qui en découlent (Deut 30.17-20). Dieu l’en a averti, dans son amour et sa prescience, car il ne veut pas la mort de sa créature, mais son changement de coeur. S’il laisse les épreuves tomber sur lui, ce n’est pas pour le punir mais pour le rendre conscient de son besoin de grâce et le faire revenir à lui dans l’humilité. Les épreuves, considérées à tort comme punitions ou châtiments de Dieu, peuvent conduire à un changement d’attitude, à une obéissance plus fidèle,car tant qu'il y a de la vie , il y a un espoir de changement. Mais au jugement dernier, une "épreuve-châtiment" n'a plus de sens, puisque les humains ont fait leur choix de leur vivant et ne peuvent plus changer. On ne peut plus parler alors de punition ordonnée par Dieu.
Au jugement dernier, il en sera comme dans le jugement de Salomon : la mauvaise mère (ou l’impie) ne reçoit pas de sentence punitive de la part de Salomon, elle disparaît tout simplement du texte, comme dans le silence et la mort (= la « ruine ») éternelle (2 The 1. 9) qu’elle a elle-même choisie, en voulant la mort du fils. Seule la vraie mère qui a prouvé son amour pour le fils, est reconnue par le roi et peut vivre en présence du Fils.
Paul s’adresse dans ces termes de justice rétributive à l’église de Thessalonique préoccupée du sort éternel de ses martyrs, en entrant dans le schéma de pensée humain dont ils ont l’habitude. Il cherche à les réconforter et les encourager par la perspective de la disparition de leurs souffrances, du repos et de la consolation qu’ils trouveront à l’avènement du Seigneur. Malheureusement, ces versets ont souvent été tordus (2 Pi 3.16) pour laisser les opprimés sans autre secours sur terre que la perspective d’une réparation future et du bonheur dans l’au-delà !
Au verset 9, la ruine ou destruction éternelle signifie bien la mort éternelle (le verbe ruiner a le sens de faire périr) et exclut donc toute idée de "peines" qui dureraient toute l’éternité. Comment un Dieu d’amour punirait-il une créature pécheresse, voire rebelle, dont la durée de vie est de quelques années, de souffrances qui ne s’arrêteraient jamais ? L’idée de mort est renforcée par la préposition « loin de » la face de Dieu, hors de la présence de Dieu de la vie. Mais cette préposition a aussi le sens de « par ». Les impies seront détruits « par » la face glorieuse de Dieu. Ce qui est confirmé par le verset « Nul homme ne peut voir Dieu et vivre »(Ex 33.20) et par l’effroi des prophètes à l’apparition de Dieu (Es 6.5). L’homme pécheur ne peut supporter d’être placé face à la sainteté glorieuse de Dieu. D’où la symbolique du voile du temple entre le Lieu Saint et le Lieu Très Saint, et la nécessité de l’intercession de Christ. Ceux qui n’ont pas reconnu ce ministère de Christ en leur faveur, ne pourront subsister devant sa gloire.
Au contraire, ce jour de gloire (v 10) permettra à tous de reconnaître et d’admirer les fils de Dieu, libérés de la servitude du péché (Rom 8.21), revêtus de l’incorruptibilité et de l’immortalité (1 Cor 15.53), que Christ leur a accordées à cause de leur foi en lui.
C- 11-12 : Paul adresse une prière fervente pour les Thessaloniciens, en vue de ce jour-là. La traduction du verbe « rendre digne » (v 5 et 11) semble inappropriée, puisque Paul reconnaît déjà la foi, l’amour et la persévérance des croyants et y voit la preuve de la présence de Christ en eux. Le verbe grec n’a jamais ce sens, mais plutôt celui de « juger digne ». Cela correspond mieux au thème de jugement juste, développé dans le paragraphe précédent. Paul désire que Dieu reconnaisse la réponse de foi, d’amour et de persévérance dans les persécutions, donnée par les Thessaloniciens à son appel à la Vie éternelle (= leur vocation). Il souhaite que le Seigneur continue à agir en eux avec puissance et bonté pour que l’œuvre de leur foi soit accomplie (= soit rendue complète, parfaite), c’est-à-dire pour que selon sa grâce, leur vie chrétienne manifeste une foi agissante et rende ainsi gloire et honneur au Seigneur Dieu Jésus-Christ, en reflétant l’image d’un Dieu d’amour. Pour la première fois dans les écrits de Paul, Jésus Christ est considéré comme Dieu lui-même ! En suivant et imitant Christ, l’image de Dieu se rétablit en nous et nous permet d’être des témoins fidèles de sa grâce.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans les épreuves subies pour notre foi, qu’est-ce qui soutient notre courage et notre persévérance dans la foi et l’obéissance ? La perspective d’une future réhabilitation, d’une punition des oppresseurs, d’un monde sans souffrance ni mort, la présence de Dieu ici et maintenant en attendant sa présence éternelle ?
- En quoi ces épreuves peuvent –elles être des occasions de grandir dans la foi, l’amour et la persévérance ?
- Comment ma vie personnelle et celle de mon église reflètent-elles l’image d’un Dieu d’amour, de grâce et de bonté ? Qu’y aurait-il à améliorer ?
- Quel souci avons-nous pour nos frères et sœurs persécutés ? Comment leur manifester notre solidarité et notre soutien ? (Voir par exemple les associations de l’ACAT, et de Portes Ouvertes, en faveur des chrétiens torturés et persécutés)
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