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22/05/2020

Étude n°9 Fondements 2 Genèse 2.4-25 (30 05 20)

Étude n°9 Fondements 2 Genèse 2.4-25 (30 05 20)

« Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains » Psaume 19.1

Observons la construction du Second récit de la Création

V 1 à 3 : conclusion du ch 1 ou transition avec le second récit de la création : le septième jour

a) V 4 à 6: État de la terre à l’origine : à quels versets du ch 1 correspond cette introduction ?

b) V 7 à 15: Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden :

v 7 : Comparez ce verset avec 1.27 et détaillez les nouveautés.

V 8-9 : Quel environnement végétal est donné à l’homme ? Quelle portée a le nom des deux arbres : sont-ils du domaine physique, symbolique, spirituel ? Que signifie la « connaissance du bien et du mal » : Que représentent le  « bien » et le « mal » dans ce contexte de la Genèse ?

V 10-14 : Quel environnement fluvial et minéral est créé autour de l’humain ? Dans quel but ?

V 15 : Quelle mission est confiée à l’homme ? Que sous-entend-elle ?

c) V 16 à 17: les commandements de Dieu à l’homme : Quelles sont les premières paroles de Dieu à l’Homme v 16 ? Puis les secondes ? Que nous apprennent-elles sur Dieu et sur l’homme ?

b’) V 18 à 20 : l’homme et les animaux : Que désire Dieu pour l’homme ? Que lui demande-t-il ? quels versets du ch 1 sont développés ici ?

a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme : Comment Dieu créé-t-il la femme (voir les répétitions) ? Pourquoi endort-il l’homme puis amène-t-il la femme vers l’homme ?

v 23 : que signifient les premiers mots de l’homme devant sa femme (prise de pouvoir sur elle, conscience de la ressemblance avec lui, émerveillement, amour)?

V 24 : Qui prononce ces mots ?  (voir Matthieu 19.4-5). Qu’instituent-ils ? Quelles directives donnent-ils pour la formation du couple ?

 V 25 : Dans quel état physique et moral vivait le couple en Eden ?

Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit (une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les  premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour. 

Comprenons 

Nous avons choisi la version Segond révisée, dite à la Colombe, pour ce texte aux interprétations multiples et controversées, car elle est l'une des plus proches du texte hébreu.

Contrairement à beaucoup de critiques de la Bible, nous considérons le second récit de la Création comme un développement de la partie essentielle du premier récit, la création de l’humain. Nous avons vu dans le premier récit comment tout était prévu et réalisé par Dieu Elohim (nom général) pour permettre la vie de l’être humain sur la terre.

Dans le second récit certains détails sont précisés sur son environnement, ses conditions de vie, sa mission de représentant sur terre du Dieu Yahvé (nom personnel).

La compréhension de ce texte est primordiale pour saisir la volonté de Dieu et les réflexions de Jésus et des apôtres sur la mission de l’homme et de la femme. Sans cesse la Bible se réfère à ce texte, que nous étudions avec précision, toujours dans une optique spirituelle (= considérant la relation entre Dieu et l’homme), et non scientifique. En effet si l’on s’engage à chercher les réalités géographiques (quels sont exactement les 4 fleuves ?), chronologiques (combien de temps Adam fut-il seul ?), morphologiques (Adam eut-il une côte en moins ?), ou autres, on se trouve vite dans des impasses. Le texte a pour seul but d’éclairer l’homme sur ce que Dieu a voulu pour son bonheur terrestre et ses relations avec les autres créatures et sur sa propre nature de créature.

A la différence des croyances païennes qui conçoivent des dieux indifférents ou hostiles à l’homme, le récit biblique montre un Dieu Créateur, soucieux jusqu’au bout de la créature qui porte son image. Il ne se contente pas de lui offrir de quoi satisfaire ses besoins physiques, air, eau, nourriture, abri. Il se préoccupe de ses besoins psychiques, affectifs, moraux, relationnels et spirituels.

Nous nous attachons ici à découvrir comment Dieu pourvoit aux besoins essentiels de l’homme.

- L’environnement

Les versets 4-6 décrivent l’état de la terre mentionné en 1.2 : une terre inculte et vide.

La pluie et la vapeur d’eau apparaissent ici comme signes de l’intervention de Dieu pour rendre la terre propre à la vie végétale, animale et humaine. Même le monde physique a besoin de l’intervention divine pour faire germer la vie.

Cette eau restera dans toute la Bible le symbole de la faveur divine pour un peuple vivant en Orient et craignant par-dessus tout la sécheresse. Spirituellement, la pluie est devenue le symbole de l’intervention puissante de l’Esprit (Joël 2.23-3.2 ; Actes 2.17-21). Sans cette pluie de l’Esprit, rien ne peut vivre éternellement.

 Les versets 8-14 montrent l’organisation de la matière terrestre par Dieu pour permettre le développement de la vie humaine. Jardin avec arbres et fruits, fleuve à 4 bras, pierres précieuses, or, parfums, tout doit satisfaire les besoins physiques ou esthétiques de l’homme. Rien n’est trop beau pour lui !

Les noms du Tigre et de l’Euphrate localisent ce jardin à l’Est du Moyen Orient, le pays de Kouch désigne la région de la Haute Egypte, Nubie et Ethiopie, le Guihon pourrait être le Nil. Ces localisations ont comme intérêt de donner un cadre aux Hébreux sortis d’Egypte et à la recherche de la Terre Promise en Canaan. Celle-ci leur est présentée ici comme le jardin d’Eden, le Paradis où il fait bon vivre.

Pour nous, ce jardin est aussi le symbole de la Terre Promise de la Nouvelle Création, héritage des élus dont parle Apocalypse 22.1-2. On y retrouve le fleuve et l’arbre de vie, symboles de la présence de Dieu dont dépend la vie éternelle de l’homme.

 2- Les conditions de vie

a) la nature de l’homme

v 7 : les traductions de ce verset varient selon les versions et les conceptions des traducteurs ! Il est important de faire remarquer que                                                                                                      -    l’homme est fait de la matière « Adama » créée par Dieu                                                            -    cette matière a besoin du souffle donné par Dieu pour devenir vivante, animée.                         -   Ce souffle est accordé aux animaux, pour en faire aussi des « êtres vivants » (1.20,21,24 //2.7) C’est la respiration (voir Ezéchiel 37.5 ; Daniel 5.23 ; Actes 17.25). Il n’est pas question ici ni d’une parcelle d’Esprit Saint introduite dans le corps matériel de l’homme, ni d’une âme indépendante et immortelle qui viendrait habiter momentanément le corps mortel et lui donner ainsi un peu de son immortalité ! Lorsque Jésus sur la croix dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains, il ne dit rien d’autre que Je te rends le souffle que tu m’as donné.                                    Le texte dit en Genèse 2.7 : l’homme devint un être vivant (ou une personne, une âme vivante) comme les animaux. Il ne dit pas qu’il eut une âme !

Ce n’est pas le verset 7 qui explique l’image de Dieu du ch 1.27. Ce sont les versets suivants qui explicitent la responsabilité et la mission de l’homme à la ressemblance de Dieu.

À remarquer que le mot souffle de vie «  ruah » de Genèse 1.2. n’est pas employé ici pour la création de l’humain ! Il a été traduit en grec et en latin par le mot  esprit, sous l’influence des idées dualistes du philosophe grec Platon (5è s av JC). Comme il est précisé que c’est Dieu qui donna à l’être humain un souffle (nichamah, mot synonyme de ruah, « vent, souffle), on en déduisit, dans une lecture spirituelle et non plus littérale, mise à tort[1] en parallèle avec 1 Thes 5.23 ( que votre être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps…) que Dieu donnait son Esprit à l’homme, ou bien lui accordait une faculté étrangère aux animaux, l’esprit, par laquelle Dieu pourrait communiquer avec lui. Il ne nous semble pas que ce texte nous permette d’aller jusque-là. Par cette formulation, le texte de Gen 2.7, dans une lecture littérale, nous enseigne que la vie de l’homme dépend de Dieu, qu’elle est de la même nature que le règne animal (matière + souffle), que son être est un, comme le confirmera le v 17. Quand il perdra le souffle, sa vie s’arrêtera, son être tout entier retournera à la poussière !

 b) La responsabilité de l’être humain, (versets 9, 16-17).

L’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont placés au centre du jardin : ils en sont donc les éléments essentiels, selon le processus de pensée hébraïque, qui met au milieu du développement l’argument important.                                                                                       Dieu se sert des réalités physiques, matérielles, pour faire comprendre des vérités spirituelles.   On ne doit pas exclure la matérialité de ces deux arbres, mais ils avaient surtout une fonction pédagogique pour l’homme.                                                                                                                Ils peuvent être interprétés comme les  symboles de deux façons de vivre[2] :                              L’arbre de vie représente la vie dans la dépendance de Dieu, et sous-entend le développement harmonieux de toutes les capacités spirituelles, intellectuelles, morales et physiques de l’être humain dans la lumière de la présence de Dieu.                                                                              *  L’arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole inverse d’une vie sans Dieu, dans l’indépendance de sa volonté, et même en opposition à Dieu, puisque l’être humain  désire prendre sa place, en devenant comme Dieu (Voir le ch 3).

Les symboles dont s’est servi l’artiste Zabou dans sa représentation des arbres du jardZabou Arbres en Eden.jpgin d’Eden  essaient de rendre l’enseignement de ces arbres. Ils permettaient à l’être humain de prendre conscience de sa liberté de choisir sa vie : soit une vie avec Dieu, dépendante de Lui et éternelle (= arbre de vie, portant des grappes, symbole du vin de la Cène, donc du Christ et du sang versé pour nous, Luc 22.20), soit une vie d’expériences personnelles sans Dieu, qui conduit à la mort (= arbre de la connaissance du bien et du mal portant les « yeux » de la connaissance).Illustration de Zabou : Au centre du Jardin d’Eden

Il ne s’agit pas ici de la connaissance intellectuelle, du savoir, de la science. La langue hébraïque a l’habitude de désigner une notion abstraite par son nom en y associant son contraire. Le bien ou bon, c’est la présence de Dieu. L’arbre de vie donnait à l’homme la possibilité de rester en contact avec Dieu, ce qui est le bien pour l’homme. L’autre arbre lui faisait connaître le contraire : le mal, c’est-à-dire la privation, l’absence de Dieu. On le voit, la connaissance dont il s’agit, est spirituelle, et ne s’oppose en rien à la science. Dieu ne voulait pas maintenir l’homme dans une ignorance scientifique et intellectuelle, indigne de sa condition d’image de Dieu !

La liberté de choisir sa vie confère à l’être humain sa dignité d’image de Dieu. Seule créature animale à pouvoir échapper au déterminisme de ses instincts et de ses besoins, l’être humain est responsable de sa vie présente et future (v 16-17). Qui dit choix sous-entend raisonnement et volonté. En cela l’homme est image de Dieu comme nous avons vu que Dieu a pensé la Création et l’a réalisée selon sa volonté,.

 c) La mission

Le texte nous indique les différents aspects de la mission de représentation de Sa personne confiée par Dieu à la seule créature qui soit à sa ressemblance.                                                    1) Dieu ayant créé par la Parole, est un Dieu de communication et de révélation ; l’être humain le représentera grâce à sa faculté de communiquer et de parler : c’est lui qui nommera les animaux et qui accueillera son complément féminin par le premier poème d’amour de l’humanité (v 18-20, 23).                                                                                                                                                    2) Dieu étant le maître de l’univers, l’homme sera le maître de la terre et des animaux : il en sera le gestionnaire et le responsable, gardien du jardin  (v 15). Il aura à  cultiver la nature, donc à en  maîtriser la connaissance et en contrôler les mécanismes, la nature étant aussi bien l’environnement que la nature humaine dans toutes ses dimensions. Pas de soumission à ses instincts, ses pulsions, ses besoins naturels. L’homme est appelé à les connaître et à les ordonner, les maîtriser, sans en être dominé et s’en rendre esclave.                                                 Cet aspect de la  mission confiée par Dieu dès la Création est mis en œuvre dans l’Église adventiste dans la pratique de la Gestion Chrétienne de la Vie dans ses cinq dimensions : la personne, le temps, les dons spirituels, les biens matériels, l’environnement.                                 3) Dieu étant un Dieu d’amour, attentif à chacun, l’homme partagera son amitié et son Zabou Adam nomme les animaux2.jpgrespect avec les animaux et avec ses semblables (v 19-20) : donner un nom à quelqu’un était considéré dans l’Antiquité comme une véritable adoption, une reconnaissance de paternité qui impliquait des liens d’affection, de respect et de protection.      (Illustration : Adam nomme les animaux, de Zabou)         4) La création de la femme entre aussi dans le projet de Dieu de faire de l’être humain son représentant sur la terre. Ce passage, souvent mal compris, a servi à maintenir la femme dans un rôle subalterne et inférieur sous prétexte que sa création vient en dernier, et que le mot « aide ou auxiliaire » sous-entend infériorité dans nos esprits. Ces arguments fondés sur des préjugés culturels ne tiennent pas après une étude du texte. En effet, on l’a vu, le fait que le récit de la création de la femme vienne en second dans le récit de la Création tient au procédé littéraire du récit hébraïque où on revient toujours sur les détails importants, après avoir rapporté les généralités : la création de la femme au chapitre 2 explicite le texte de 1.27 : Il les créa homme et femme.                                                De plus le mot aide, loin d’avoir une connotation péjorative, est employé dans la Bible toujours pour parler de Dieu qui vient en aide à sa créature, ou encore dans un contexte d’alliance entre deux chefs égaux qui unissent leurs forces pour lutter contre  un ennemi commun. On ne peut donc tirer de ce mot l’argument de l’infériorité de la femme. Elle est la partenaire égale et de même nature (comme le suggère le jeu de mots ich / icha, traduit par compagnon / compagne dans la BFC), qui multipliera les forces de l’être humain, et lui permettra d’échanger avec son vis-à-vis.                                                                                                                                                    Dieu a créé la femme d’une côte ou  à côté  de l’homme pour signifier qu’elle n’est ni au-dessus, ni au-dessous de son compagnon, et qu’elle est exactement de la même nature que lui, avec les mêmes capacités ou potentialités, comme le reconnaît immédiatement Adam.                             (Dessins de Zabou : Création d’Eve, et Eve reconnue par Adam)Zabou Eve reconnue par Adam.jpg

Zabou Création d'Eve.jpg

L’image de Dieu (1.27) ne pouvait être exacte et complète que dans cette dualité masculin /féminin. Cela ne condamne pas les célibataires, mais signifie à chacun, en couple ou solitaire, qu’il a à développer harmonieusement en lui les caractéristiques psychologiques et affectives des deux sexes, et non à  étouffer celles qui sont attribuées conventionnellement à l’autre sexe. Par exemple, on dit à un jeune garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que ce sont les filles qui pleurent. On habitue ainsi les hommes à refouler leur sensibilité, pour paraître plus virils, ou on refuse aux filles l’esprit de décision et d’entreprise, pour rester féminines !

Pour que l’homme (Adam, ish) puisse reconnaître et écouter la composante féminine de sa personnalité, Dieu l’a plongé dans le sommeil, suggérant ainsi que c’est dans le repos et le silence de sa masculinité, qu’il pourra être attentif à ce qui reste caché en lui, et qui doit s’exprimer pour lui permettre de vivre dans l’harmonie voulue par Dieu.                                         Dieu, dont l’être humain est l’image, révèle tout au long de la Bible les aspects masculins et féminins de sa personne. Ainsi Il dirige, organise, agit dans l’univers, mais aussi Il aime et est ému de compassion dans ses entrailles, en hébreu  son utérus !

5) L’union de l’homme et de la femme :Dieu éprouvant un amour privilégié pour la créature à son image et désirant s’unir à elle intimement, l’homme (= l’humain) s’attachera par un lien d’amour privilégié à son vis-à-vis, dans une communion de pensée, de projet de vie, de sentiments, de sensations et de plaisir (v 24-25). C’est ainsi que Dieu institua l’union conjugale comme signe et image de son caractère et de sa volonté de bonheur pour l’être humain.Ce qui explique qu'après la chute, l'union conjugale sera la cible privilégiée de l'Adversaire !

Les versets 24 et 25 sont indissociables, malgré la typographie de certaines Bibles, qui depuis le 4e siècle de notre ère les séparent. On peut considérer ces versets comme l’expression de la volonté de Dieu pour le bonheur du couple humain et l’accomplissement de sa mission. Jésus reprend ces paroles comme venant de Dieu dans le texte de Matthieu.

Psychologiquement et affectivement chacun des partenaires du couple cherche à :                        - avoir atteint la maturité psychique qui le rend conscient de sa personnalité et responsable de lui-même et de ses choix de vie (quitter son père et sa mère)                                                             - être capable de se détourner de son égoïsme naturel pour s’attacher à l’autre du sexe opposé et l’aimer, comme Dieu aime (il s’attachera à sa femme)                                                                    - avoir un projet de vie cohérent, un objectif à atteindre en commun avec l’autre, l’union des corps devant manifester l’union des cœurs et des esprits. (= devenir un seul être, ou une seule chair). Cette expression ne s’entend pas seulement de l’union physique du couple, et de l’union entre les valeurs de vie des deux partenaires, mais aussi de l’unité intérieure entre les composantes masculines et féminines de la personnalité de chacun.                                               - enfin, être vrai et transparent dans tous les domaines   (tous deux étaient nus sans honte). La nudité sans honte est le symbole d’une sexualité acceptée et vécue avec joie parce qu’elle consacre l’union de deux êtres à l’image de Dieu. Comme le suggère la place de ce verset dans le texte, la sexualité voulue par Dieu est le point d’orgue de l’union conjugale : elle en augmente la durée et en resserre les liens déjà noués sur tous les autres plans, mais ce n’est pas elle qui débute et fonde l’union, comme veulent le faire croire les médias et les coutumes actuelles.          Elle est aussi le symbole de l’acceptation de soi et de l’autre, tels que nous sommes et tels que Dieu nous voit, dont l’expression moderne « être bien dans sa peau » est une traduction ! En hébreu il y a homophonie entre les mots : nu, peau et lumière[3].                                                      Nus de peau, vivant dans la vérité entre eux et avec Dieu, ils jouissent de la lumière et de la chaleur de l’amour divin partagé sans obstacle ni arrière-pensée. Ainsi, psychologiquement, la nudité sans honte du jardin d’Eden signifiait qu’entre les deux humains, rien ne faisait obstacle à la communication, tout était clair entre eux, ils n’avaient rien à  cacher ni à Dieu ni à eux-mêmes.

Au ch 3 le jeu de mots continue avec le serpent rusé (= nu de peau), mais d’apparence lumineuse, séduisante et trompeuse. Le péché créera la séparation avec Dieu, donc l’absence de lumière. La gêne de cette disparition et la honte de l’avoir provoquée seront transférées sur la nudité et la sexualité.  

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Quelle image de Dieu puis-je donner dans ma vie familiale, professionnelle, ecclésiale, et sociale ?

- Si je suis marié, les relations au sein de mon couple sont-elles harmonieuses, dans le respect et l’amour partagés, avec le désir d’authenticité et de service mutuels ? Sur quel point dois-je veiller plus particulièrement pour atteindre cet objectif ?

- Si je suis célibataire, ou individuellement pour chacun des membres du couple, comment puis-je harmonieusement développer les aspects masculins et féminins de ma personnalité, pour être une image fidèle de Dieu  ?

- Qu’ai-je découvert par cette lecture plus symbolique qu’historique ou littérale, sur Dieu, sur l’homme et sur moi ? Comment l’intégrer à ma vie ?

- Qu'ai-je appris de nouveau sur l'interprétation de la Bible ? Comment ce regard change-t-il quelque chose à ma lecture de ces textes fondamentaux ?

 

[1] Ce ne sont ni la même époque, ni le même contexte, ni la même culture. Paul détaille les dimensions de l’être humain : le spirituel, le psychique et le physique, qui forment la personne,  un tout indissociable.

[2] Voir en parallèle le symbolisme de l’arbre  du Psaume 1.3 ; Daniel 4.17-19 ;   Jér 17.8 ; Ez 47.7 et 9 ; etc.

[3] Ces mots se prononcent de la même façon mais s’écrivent différemment. La langue hébraïque use souvent de ces jeux de mots pour signifier brièvement des notions éloignées plus ou moins l’une de l’autre. Seule une lettre muette les différencie à l’écriture.

 

 

15/05/2020

Étude n°8 Fondements 1 Genèse 1-2.3 (23 05 20) 

Étude n°8 Fondements 1 Genèse 1-2.3 (23 05 20)             

(Illustration de Zabou : Création par la Parole)    Zabou Création par la Parole.jpg            

« Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes.» Jean 1.1-4 

Introduction

Pour étudier ce texte poétique, en nous en tenant à la méthode de lecture et d’interprétation que nous avons vue la semaine dernière, nous avons privilégié une étude globale pour faire ressortir l’enseignement spirituel (= concernant la relation avec Dieu) qu’il contient. Nous avons fait suivre l'étude du texte, d'un commentaire sur l'enseignement qu'il donne au sujet du sabbat.

Ce premier récit de la Création est une véritable œuvre d’art, construit très harmonieusement. Il a une portée avant tout pédagogique. En aucun cas il ne se veut scientifique, ou historique expliquant le « comment » des choses. Il est, en effet, organisé pour faire saisir le « pourquoi » de  ce que l’homme peut voir dans son environnement. 

Observons

- Quels sont les premiers mots du livre ? Quelle signification cela suggère-t-il à l’homme ?

- Quelle est la personne centrale de ce chapitre ? Relevez toutes ses actions : quelles différences remarquez-vous entre la création des habitants de la terre et celle de l’humain ? Qu’est-ce qui distingue l’humain (voir le centre du v 27) ? Quelle mission lui est confiée ? De quoi se soucie Dieu pour ses créatures (v 29-30) ? Comment conclut-il l’œuvre de ces six jours (v 31 et 2.1) ?

- Comment le septième jour se distingue-t-il des autres ? - Le septième jour (2.2-3) : quelle est la construction hébraïque de la phrase  au verset 2 (relever les répétitions)? Que met-elle en valeur au centre ? Que signifie le verbe hébreu d’où est tiré le nom de ce jour ? Que fit Dieu ce jour-là( v 3) ? Quel sens ont les verbes ? Quelle valeur donnent-ils à ce jour ? 

Remarquez comment le texte est construit :

Un premier verset qui est un résumé de ce qui est détaillé ensuite, selon la coutume des récits bibliques, un dernier verset (2.4a) que l’on peut considérer soit comme la conclusion du premier récit de la Création, soit comme l’introduction du second récit.  

Entre ces deux versets, le texte se découpe selon les jours de la semaine rythmés par les refrains : Il y eut un soir et un matin... et les répétitions : Dieu dit = 10 fois, Dieu appela = 5 fois, Il en fut ainsi = 5 fois, créer, Dieu vit que cela était (très) bon = 7 fois ; Dieu bénit = 3 fois, si l’on joint les versets 2. 1-3 au chapitre 1. 

On constate en outre que les trois premiers jours sont consacrés aux espaces habitables, les trois jours suivants, à leurs habitants. Dans l’énumération suivante, il est intéressant de remarquer qu’à chaque espace correspond une catégorie d’habitants : les points 1 et 4, 2 et 5, 3 et 6, se correspondent :  

Espaces habitables :

Habitants :

1- Lumière (séparation d’avec les ténèbres)

 

4- Points lumineux (soleil, lune, astres)

2- Ciel (séparation des eaux d’en-haut = air, des eaux d’en-bas = mer)

5- Oiseaux et créatures aquatiques

3- Terres sèches (séparation d’avec les eaux marines) et végétation

6- Monde animal (bétail, reptiles, animaux sauvages, et les humains)

 Comprenons

Par le récit de la Création, tel que Moïse en a reçu la révélation, Dieu a voulu rétablir la vérité sur Lui, sur l’homme, sur l’univers, en opposition avec les conceptions idolâtres des civilisations de l’époque de Moïse et de toutes les époques jusqu’à la nôtre ! Il a voulu montrer que la Création ne pouvait être l’œuvre que de quelqu’un d’intelligent, de sage, qui savait ce qu’il entreprenait, et avait un but précis : l’épanouissement de la vie et de l’homme sur la terre, dans une relation étroite avec Lui.  

Nous allons voir comment ce message est transmis dans le texte de Genèse 1 : 

Enseignements sur Dieu

Les premiers mots « Au commencement, Dieu créa… » cherchent à faire comprendre à l’homme que toute l’histoire de la Création et de l’humain remonte à Dieu, qu’il n’a pas besoin de se préoccuper de ce qui est en deçà, et que Dieu maîtrise son avenir. Mais il n’y a pas ici introduction d’un récit historique, au sens où on entend aujourd’hui l’Histoire, comme le rapport objectif et chronologique de faits passés dûment constatés par des témoins directs. Ce récit est une révélation de Dieu sur les origines du monde dont nul n’a été témoin ! Dieu use de sa liberté pour nous révéler ces réalités qui nous dépassent, de la façon la plus adaptée au niveau de compréhension de l’homme, à l’époque de Moïse. Il nous faut donc aborder le texte avec respect et discernement des enseignements divins et non en le figeant dans une lecture littérale historique qui enfermerait Dieu dans des conceptions humaines limitées.

Les répétitions du verbe « dire » insistent sur la Parole et ses effets. Pour Dieu, parler est une véritable action qui permet la venue à l’existence de toute chose. Voir les deux textes complémentaires de Ps 33.9 et Jn 1.1-3.

L’homme n’a pas cette capacité de créer la matière et la vie rien que par la parole. Si la parole humaine a beaucoup de puissance bénéfique ou maléfique : compliment qui fait plaisir, encouragement qui redonne le moral, ou injure qui blesse, discours qui trompe et donne de faux espoirs, etc. elle n’a d’effets que sur l’esprit des gens, mais par sur la matière, car l’homme ne peut pas créer, il peut seulement transformer la matière en la manipulant. Dieu se montre ainsi bien supérieur à l’homme !

Les mots « créer » et « Dieu vit que cela était (très) bon » se retrouvent 7 fois. C’est sur ce chiffre qu’est fondée la semaine donnée à l’homme comme repère de temps. Dieu veut signifier par là que ce qu’il a conçu, puis créé, était parfait (symbole du chiffre 7), et correspondait à ses intentions de bonheur pour l’homme sur la terre. Ce chiffre est un peu comme la marque de qualité que Dieu appose sur son œuvre. 

Premier enseignement du récit : Dieu crée tout parfaitement par sa Parole

c) Un problème chronologique et logique, selon notre expérience des phénomènes de photosynthèse, est posé par  l’ordre des créations : la lumière et la végétation apparaissent le 1er et le 3ème jour, avant les astres (4ème jour) qui indiquent les saisons, les jours et les nuits. Cela met en évidence que le texte n’est pas un rapport scientifique ni historique, il veut apprendre quelque chose sur Dieu : Il est la lumière nécessaire à toute vie (Jn 1.4).

Le verset 2 commence le récit  par un tableau de ce qui existait au moment où Dieu organisa la terre pour la vie de l’homme. Ce verset permet de penser qu’il y eut un laps de temps indéterminé entre la création de la matière et son organisation pour la vie.

Le texte indique aussi qu’il y avait des ténèbres. D’où venaient-elles ? C’est comme si l’auteur voulait nous dire qu’elles ne venaient pas de Dieu (comme le mot « ténèbres » employé par Jean dans son prologue de l’Évangile le laisse entendre), mais que l’Esprit de Dieu les maîtrisait. C’est un indice précieux de l’existence du Mal antérieure à la création de notre monde, qu’on peut rapprocher des textes  d’Esaïe 14.12-15, Ezéchiel 28.14-19, et Apocalypse 12.7-9, pour tenter de comprendre la rébellion de Satan, prince des ténèbres, contre Dieu.

Que la lumière soit ! (v 3): en opposition aux ténèbres, le texte révèle que là où Dieu se manifeste, jaillit la lumière. Si on veut travailler dans un endroit, il faut de la lumière, pour distinguer les objets. La lumière donne la possibilité de prendre conscience des choses. Ainsi nous pouvons comprendre comment sur le plan psychologique et spirituel, Dieu dans sa Parole est lumière pour nous : Il nous  permet de prendre conscience de notre état devant Lui, et nous révèle les moyens de rester en communication avec Lui. Le récit ne donne là aucun renseignement scientifique ou historique, mais il se place au niveau spirituel.

 c) Le processus de création suivi par Dieu est celui d’une œuvre d’art : il y a d’abord création du cadre avec les éléments essentiels à la vie : lumière, air, eau, terre, végétation et temps. L’air est indiqué dans la Bible comme « l’étendue ». Les Anciens considéraient que cette étendue, ou atmosphère, était la frontière entre les eaux qui sont au-dessus et les eaux qui sont au-dessous, c’est-à-dire celles de la terre. Ils expliquaient ainsi la présence de l’eau de pluie, de la brume et des nuages dans l’atmosphère : c’étaient les eaux du dessus qui passaient par des trous dans l’étendue ! Rien de scientifique, mais plutôt du ressenti poétiquement exprimé ! Quant à la notion de temps, marqué par l’alternance jour/nuit, et le rythme hebdomadaire de 7 jours, c’est un don que fait à l’humain pour une vie harmonieuse. Tous les efforts de l’homme pour changer ce rythme de vie se sont révélés vains et nocifs. Dieu qui est infini, et hors du temps, a révélé par ce don son souci du bonheur et de la santé de sa créature humaine.

Après le cadre, il y a création du contenu, les trois jours suivants : les astres, les animaux et l’homme.

En ordonnant ainsi le récit, Dieu indique qu’il agit selon un projet précis, voulu, conçu dans sa pensée et exécuté méthodiquement. À comparer avec la démarche de l’architecte, ou celle de l’artiste. Tout a été prévu par Dieu pour que la vie soit possible sur terre.

Remarquons que tout est dit deux fois, d’abord quand Dieu exprime son intention, puis quand il la réalise par sa Parole.

En mentionnant neuf fois  « selon son espèce » pour caractériser plantes,  arbres et animaux, le récit montre d’abord que Dieu a agi avec ordre. Rien n’a été fait au hasard, tout a été prévu et planifié. Cette insistance fait comprendre que Dieu est très ordonné dans tous les détails, qu’il a conçu chaque chose avec soin, et lui a fixé sa place. Ainsi ni les plantes, ni les animaux n’évoluent en passant d’une espèce à l’autre, mais cela n’exclut pas un développement évolutif propre à chacun dans chaque espèce. Cela contredit la théorie de l’évolution progressive qui voudrait faire descendre l’homme du singe ou du poisson, donc avec passage d’une espèce à l’autre

Second enseignement : Dieu a tout conçu et réalisé selon un plan précis, comme un artiste, et non scientifiquement

Troisième enseignement : Dieu a voulu chaque créature à sa place, et dans son règne respectif, végétal, animal, humain.

 d) Le récit biblique de la Création nous donne un quatrième enseignement : Dieu veut, dans tout l’Ancien Testament, se révéler comme le seul vrai Dieu. Chacun des jours de la Création frappe de plein fouet toutes les idolâtries de l’Antiquité, mais aussi de notre époque avec les philosophies et religions panthéistes, qui adorent la Nature et ses forces, comme l’avaient fait les Egyptiens dont les Hébreux devaient s’affranchir !

Voici la liste des dieux de l’Egypte, qui étaient présents à l’esprit des Hébreux au moment de l’Exode, pendant lequel Moïse eut la révélation des récits de la Genèse :

1- Nout = la voûte céleste avec astres ;

2- Râ = dieu-soleil avec cobra-énergie sur une tête de faucon ;

3- Apis = dieu-taureau de la fertilité, de la vie.

4- Sekhmet = déesse-lionne de la guerre ;

5- Khnoum = dieu-bélier de la crue du Nil ou de la fécondité ;

6- Thot = dieu de la sagesse à tête d’ibis ou de babouin ;

7- Seth ou Anubis = dieu-chacal du mal et de la mort ;

En créant les astres le 4ème jour et les animaux les 5ème et 6ème jour, Dieu leur redonne leur nature de créatures qui lui sont soumises et dépendent entièrement de lui pour leur existence. Les astres ne sont que des luminaires, des lampes, destinés à éclairer la nuit et à marquer le temps pour les habitants de la terre. Il est nécessaire de distinguer ici l’astrologie de l’astronomie. L’astrologie attribue un pouvoir divin aux astres sur les caractères et le destin des hommes. L’astronomie étudie les lois physiques qui régissent le monde de l’espace. C’est une science exacte, alors que l’astrologie vient de l’occultisme.

Grâce aux astres, nous pouvons, comme Moïse, « compter nos jours », nos heures et nos années.

Quand on considère les merveilles de la nature comme l’aile du papillon ou l’oeil d’une mouche, la splendeur du ciel étoilé ou des montagnes majestueuses, peut-on croire, que tout cela se soit fait tout seul, de soi-même ? La complexité et la beauté de la nature sont justement des raisons de croire que son auteur est un être  bien plus intelligent, sage et puissant que l’homme lui-même, ou que le  hasard ! Adorer la nature ou la matière, ou l’énergie, c’est leur donner plus d’importance et d’intelligence qu’à l’homme, qui reste incapable de créer la vie, et qui craint les forces qu’il ne maîtrise pas ! Qu’est-ce qui est plus logique : honorer la matière ou un animal, ou honorer un Être intelligent et bon ?

 L’humain est le fruit d’une décision spéciale d’un Dieu créateur, unique mais aussi paradoxalement «  pluriel »: Il énonce son intention au pluriel « Faisons l’humain à notre ressemblance ». On peut voir dans ce pluriel, confirmé par la forme au pluriel du mot hébreu « Elohim » traduit par Dieu, la première suggestion du Dieu trinitaire, que l’Évangile révèlera comme Père, Fils et Saint-Esprit. On peut deviner la présence de ces trois manifestations d’Elohim dans ce chapitre 1 de la Genèse: il y a Dieu le Créateur, qui conçoit et organise son œuvre, Dieu qui par la Parole (Jn 1.1-3) donne existence à ses projets, et Dieu l’Esprit qui « plane au-dessus des eaux », qui protège la création. C’est dire l’importance de la création de l’humain, aux yeux d’un Dieu qui s’engage tout entier pour mettre au monde le chef-d’œuvre de sa création, un être qui va lui ressembler, et porter son image au milieu des autres créatures animales et végétales.

 Par ce récit de la Création, la Bible nous enseigne que l’homme est une créature spécialement conçue par Dieu.

Les animaux créés à la Parole de Dieu émanent de leur milieu de vie. L’homme, lui aussi créé par la Parole de Dieu mais façonné de la terre, est le seul « à l’image de Dieu », appelé à être « à sa ressemblance ». Dieu lui accorde ainsi une valeur supérieure au monde animal ou végétal, qu’il doit gérer en maître responsable (= dominer).  Ce que Dieu crée est immédiatement conforme à son projet. Il n’a pas besoin d’essais successifs !

 Enfin, alors que les autres 6 jours sont estimés bons puis très bons après la création de l’Homme, le 7ème jour seul est « béni et sanctifié », ce qui est une distinction supérieure ! La place à part dans le texte, que tient le jour de repos appelé en hébreu sabbat, indique clairement ce que Dieu désirait pour l’humain ; avant la chute, le repos physique n’était pas nécessaire, car il n’y  avait pas de fatigue dans les activités humaines, à plus forte raison divines ! Mais en bénissant et sanctifiant ce jour (= mis à part pour Dieu), le Créateur signifiait sa dimension spirituelle : son objectif était d’en faire un jour de relations spéciales avec la créature à son image, un jour de bienfait et d’harmonie avec Lui, dans l’environnement naturel qu’il avait créé pour elle.

  • Enseignements sur l’homme 

La création de l’humain n’est pas décrite en détail. Elle fera l’objet de plus de développement au chapitre 2. Mais ce qui en est dit au ch 1 nous révèle déjà bien des éléments essentiels pour connaître ce qu’il est et sa mission :

a) Comme Dieu est pluriel, l’humain portant son image est aussi pluriel: homme (masculin) et femme (féminin) ; le chapitre deux nous apprendra ensuite que la troisième personne de la Divinité sera donnée à l’humain par le « souffle de Dieu », donnant vie à cette créature humaine, seule « image de Dieu » parmi toutes les autres. C’est dans l’union du masculin et du féminin de la nature humaine, donc au sein de chaque créature humaine, que Dieu laisse percevoir ses propres qualités dites « masculines » (esprit d’entreprise, de décision et d’action, extériorité, logique, jugement, etc.) ou « féminines » (sensibilité, intériorité, intuition, amour, imagination, etc.). Cela rend bien vaines toutes les discussions futures sur la nature et le rôle de la femme, qui ont agité les hommes érudits de tous les siècles, imbus d’une fausse idée de leur supériorité !

b) La ressemblance avec Dieu se poursuit dans la mission donnée à l’humain : il est le roi de la terre qu’il doit « dominer » et « gérer ». Solidaire du règne animal créé le même jour que lui, l’homme n’a pas à se laisser dicter sa conduite par lui, ni à abuser de lui pour son profit, mais il doit gérer la nature pour permettre à chacun de vivre dans l’harmonie les uns avec les autres, à l’exemple de son Dieu créateur.

c) Dieu prend soin d’indiquer aussi la nourriture de chaque espèce : la végétation portant semence ou fruit pour l’humain, l’herbe verte pour l’animal. Cette nourriture devait entretenir la vie des créatures sans nuire au règne animal. Ce régime végétalien convenait dans un monde exempt du péché mais sera complètement bouleversé après la chute du roi de la terre !

d) Comme pour l’animal (v 22), la bénédiction de Dieu sur l’homme se manifestera par la fécondité, qui permettra de peupler la terre. Mais, comme il est à l’image de Dieu, l’humain non seulement perpétuera la vie physique de son espèce, mais créera et développera tout ce qui est du domaine de la vie morale et relationnelle, artistique scientifique et spirituelle. Son intelligence sera féconde et sa relation avec Dieu lui permettra de grandir harmonieusement sur tous les plans.

3- Conclusion

Récapitulons quelques-uns des enseignements principaux de ce texte :

Le récit très structuré n’est pas scientifique. Ce n’est pas un rapport qui rend compte objectivement de faits observés. De toute façon, l’auteur du livre n’était pas présent au moment de la Création ! Il a simplement reçu une révélation dont Dieu a choisi la forme  la plus adaptée à la compréhension limitée de l’homme. Dans la façon dont il relate cet événement miraculeux, l’auteur témoigne de sa foi en un Dieu Roi de l’Univers :

a) Dieu existe à l’origine de tout. Aucune description n’est fournie sur l’apparence de Dieu. Il existe tout simplement. Le commencement indiqué est celui de l’histoire de l’homme, et non de la personne de Dieu qui est intemporel, éternel, sans début ni fin.

b) C’est Lui qui a tout fait. Il est à la fois l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur, l’artiste, le charpentier, le jardinier, l’électricien, etc.

c) Il crée par sa seule Parole : Il ne fabrique pas à partir d’une matière préexistante, il fait jaillir de la formulation de sa pensée, la matière puis les êtres vivants, à la différence de l’homme qui ne peut que transformer la matière.

d) Dieu est le seul dieu. Il est au-dessus de toutes ses créatures et des corps célestes, qu’il dirige selon son plan. Ce texte réfute l’adoration païenne de la Nature et le polythéisme des religions environnantes. Si Dieu est unique, il se manifeste de façon « plurielle », selon ses fonctions et les besoins de sa créature humaine.

e) Dieu est un Dieu d’ordre. Tout était à sa place et occupait la fonction pour laquelle Dieu l’avait créé.

f) Dieu a tout créé bon. Il est parfait et son œuvre de création de l’humain reflétait cette perfection.

g) Dieu offrait à l’homme l’occasion d’approfondir sa relation avec Lui, en bénissant le 7ème  jour. Par ce rythme idéal de sept jours, il marquait son souci du bien-être total de sa créature (santé physique, psychique, spirituelle).

 L’auteur témoigne aussi de sa foi dans l’être humain, homme et femme, roi de la terre :

a) Créé pour couronner les espèces animales dont il fait partie (créé le même jour), il en est différent par sa ressemblance avec Dieu non pas physique, mais psychique, morale, relationnelle et spirituelle.

b) Il reçoit la mission de gérer la terre et ses habitants. Dieu lui délègue une partie de ses pouvoirs et lui donne une responsabilité.

L’organisation du récit révèle que tout a été fait pour que l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature et avec son Créateur, le seul vrai Dieu.

Questions pour une mise en pratique dans la vie chrétienne :

a) Dieu procéda à la création du monde selon un plan bien conçu et méthodique : Qu’en est-il de nous ? Agissons-nous toujours conformément à nos intentions ? Et ensuite, nous donnons-nous la peine de vérifier si notre travail est bien fait?

b) Savons-nous réfléchir et organiser notre action avant de nous lancer dans l’action, ou agissons-nous selon nos impulsions ? Quels en sont les résultats ? 

c) Quelle est ma position face à l’astrologie et les horoscopes, tellement prisés de nos jours ? Ai-je conscience que même par simple curiosité, ils me font courir le risque de manquer de confiance en mon Dieu Créateur ?

d) Comment ma vie reflète-t-elle l’image de Dieu : mes actes et mes paroles contribuent-ils à créer la vie et l’harmonie autour de moi ? A quoi dois-je veiller pour atteindre cet objectif ?

e) Comment concrètement, à mon niveau individuel, répondre à la mission confiée par Dieu de « dominer » (= gérer) la Nature, dans le sens de l’environnement (= l’écologie, le respect de la planète), ou de ce qui est « animal » ou « naturel » en moi (= la maîtrise de soi) ?

f) Quel est le but de cette mission de gestionnaire de la terre: devenir saint et puissant comme Dieu, ou manifester le respect dû à une création qu’Il avait jugée bonne pour la vie de l’homme, et rendre Dieu perceptible aux autres à travers ma vie?

g) Quel sens a pour moi le 7ème jour ? Pourquoi est-ce que je l’observe ? et comment mon observation témoigne-t-elle de l’amour de mon Créateur pour chacune de ses créatures ?

  

Voir ci-après  quelques réflexions sur le Sabbat 

Le sabbat

En étudiant attentivement le récit de la création, le lecteur se rend compte de l’importance du chiffre 7 : 7 jours, 7 fois le mot bon, 7 fois le verbe créer, 7 fois le verbe faire. On ne peut pas parler de hasard, surtout quand on se réfère à la symbolique des nombres en hébreu.

Il semble que l’auteur veuille montrer ainsi  que la création est complète (v 2) et que le temps indiqué de sept jours marque le rythme parfait de toute vie humaine sur terre. Jésus  rappellera que « le sabbat a été fait pour l’homme…(Mc 2.27) ; le sabbat étant le septième jour, on peut en déduire que le temps de la semaine a aussi été créé par Dieu pour l’homme.

Dieu n’a accompli aucune œuvre créatrice le septième jour. Au contraire, il s’est « reposé », a « béni » et « sanctifié » ce jour, juste après la création de l’homme.

 Dieu se reposa

Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un problème de fatigue ! Le constat du sixième jour en donne la raison, reprise par Genèse 2.2.

-    Tout était très bon.

-    L’œuvre était achevée : parfaite en son genre d’après le Larousse.

Le plan conçu par Dieu était réalisé. Tout était en place, il restait aux bénéficiaires de le vivre avec reconnaissance et dans une relation d’écoute avec celui qui en était l’auteur et qui pouvait donc apporter toute la compréhension, tout le soutien pour développer la vie d’une manière harmonieuse.

 Dieu bénit ce jour

Le mot bénir, du latin benedicere, signifie : dire du bien. Dieu dit que ce jour est bon, est nécessaire pour l’homme. Il l’a prévu en fonction de l’homme, de ses besoins physiques, psychiques et spirituels. Il fait partie intégrante de la réussite du plan de vie heureuse qu’il a prévu pour l’homme. Dès le départ, le sabbat est lié à une idée de bienfait pour l’homme et la femme. La bénédiction du sabbat fait suite à celle des êtres vivants (Genèse 1. 22 et 28).

Dieu sanctifia ce jour

Ce verbe signifie autant séparerdistinguer  que appartenir  à Dieu. Ce qui est sanctifié est mis à part  pour un but particulier, le service de Dieu. Ainsi le septième jour est un jour différent des autres.

 Caractéristiques du sabbat

a) Un jour de repos :

     -    pour Dieu.

Dieu, l’Éternel, le hors du temps, qui domine le temps et l’espace, s’est en quelque sorte introduit dans le temps qu’il a conçu pour l’homme.

Il l’y a précédé en organisant le temps de travail, six jours et  le temps de repos, le septième jour. S’arrêtant lui-même de créer, il indique à l’homme qui est son image, d’arrêter ce jour-là aussi ses activités « profanes », pour le servir. 

     -    pour l’homme.

Il semblerait qu’au départ, l’homme créé parfait ne devait pas connaître la fatigue ni le stress. Il avait un « patron » discret, des animaux dociles, un jardin sans mauvaises herbes, pas de maladies.

Dieu a-t-il prévu ce repos, en cas de...? Sans doute mais pas seulement. Il a tout fait parfait pour ce moment-là, car le sabbat n’est pas qu’un jour de cessation d’activités pour reposer son corps.

b) Un jour pour se souvenir

... un jour qui lui est réservé, car il s’y reposa de tout son travail de Créateur.(v 3 version F.C.)

Dieu rappelle qu’il est l’auteur de toute la création. Il en est le Seigneur, le Maître. Il possède seul la sagesse pour donner les instructions parfaites qui feront la réussite de l’avenir. L’homme, en adoptant le rythme de vie que Dieu lui propose, premièrement se place dans une perspective heureuse; deuxièmement annonce de semaine en semaine qu’il est le bénéficiaire d’un cadeau qu’il doit gérer et faire fructifier.

Le donateur, le propriétaire, c’est Dieu. L’homme le proclamera de génération en génération. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César..., dira Jésus (Mc 12. 17)

c) Un jour pour confirmer notre identité

France Quéré, dans La Famille, p. 253, écrit ceci : « Qui suis-je ? Je suis aimé ! Voilà mon identité.... Bonne nouvelle que l’amour des autres dépose dans nos cœurs et avec cette vérité-là, nous irons au bout du monde : je suis aimé, donc je suis : toute terre m’est une patrie, tout homme devient mon frère. » 

Je suis aimé de Dieu ! Voilà mon identité ! Porter une attention particulière au jour du sabbat, c’est reconnaître Dieu comme le créateur plein d’amour de toute forme de vie et affirmer que nous avons notre origine en Lui. C’est nous déclarer fils et filles bien-aimés de Dieu. C’est rejeter le hasard, c’est bannir la peur de l’avenir.

C’est affirmer, semaine après semaine : je sais d’où je viens et où je vais, je sais qui je suis. Le sabbat est un jour qui m’indique aussi mes limites : je suis créature, et ma sécurité est en Dieu.

d) Un jour de fête

Après une bonne nouvelle comme celle-ci, comment ne pas faire la fête ! Comment, aujourd’hui, alors que la plupart de nos contemporains courent après une identité par l’appartenance à un groupe sportif ou religieux, à un parti d’opposants au pouvoir en place, au monde des vedettes, à celui des industriels ou de la finance, de la marginalité, etc., comment ne pas se réjouir de se savoir fils ou fille de Dieu ? Ne faut-il pas fêter chaque semaine cette bonne nouvelle avec ceux qui reconnaissent la paternité de Dieu ? Ne faut-il pas louer l’auteur de notre vie ?

Peut-être pourrait-on mettre un panneau à l’entrée de nos églises pour dire aux gens : aujourd’hui nous nous réjouissons que Dieu soit notre créateur ! Voulez-vous partagez notre joie ? ... A condition qu’elle soit réellement à l’intérieur de nos portes !

e) Un jour pour la délivrance

S’il est vrai qu’au départ Adam et Eve n’avaient pas besoin d’un jour pour se défatiguer, est-il besoin, aujourd’hui d’insister sur la nécessité absolue de prendre du repos physiquement et psychiquement (compétition, tensions, conflits, stress).

Le travail est devenu le symbole de l’esclavage, de l’anti-liberté. C’est la course aux loisirs en même temps que la course à l’argent. Gagner gros en un minimum de temps. Nous sommes dans une économie de pouvoir, de domination de l’homme par l’homme. Sans compter l’injustice suprême : ne pas avoir de travail !

Le sabbat nous rappelle que Dieu nous a créés ni dominés, ni dominants, mais équivalents (= ayant même valeur)  devant lui qui est notre seul Maître. En ce sens, le sabbat nous délivre de l’oppression de l’homme par l’homme.

C’est à la sortie d’Égypte que le peuple reçoit les commandements (Exode 20.1-17; Dt 5. 6-21). Ils sont reliés à la délivrance opérée par Dieu. C’est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude...  (v.2.)

Cette notion de délivrance est reprise dans Hébreux 3.7 à 4.11, où nous sommes appelés à sortir de la révolte (comme à Massa et Mériba, Exode 17.7) pour entrer, dans le repos de Dieu, qui, dans ce texte, est clairement relié au repos du 7e jour.

Que le récit de la création compte chaque journée  d’un coucher du soleil à l’autre, n’est pas gratuit pour entrer dans le repos du sabbat : pendant la première soirée, puis la nuit, l’homme a le temps de se détacher de ses préoccupations de la semaine, pour préparer son corps et son esprit à la rencontre avec son Dieu dès le matin (Amos 4.12).

Le jour du sabbat nous ramène tous à égalité : tous esclaves du péché, avec ou sans gros sous, avec ou sans travail ! Et tous sauvés, si nous écoutons, aujourd’hui, la voix de Dieu  et entrons avec joie dans son repos. Tous dépendants de la grâce de Dieu. De son amour infini qui nous délivre, nous rachète tous au même prix, celui de la vie de son Fils. 

Le sabbat est plus que libération des fatigues du travail, il est symbole de libération du mal, du péché qui envahit nos vies et il est la préfiguration du repos en présence de Dieu, pour l’éternité.