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01/04/2022

Etude n°2 : La chute Genèse 3 (09 04 22)

Étude n°2 : La chute Genèse 3 (09 04 22)

"Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon" Gen 3.15

 Le 3e chapitre de la Genèse est aussi important que les deux premiers pour comprendre la situation actuelle de l’homme et de la création par rapport à Dieu. Il permet de saisir le plan de Dieu qui veut sortir  l’être humain de la catastrophe provoquée  par son choix désastreux de  vivre à sa guise, sans tenir compte de Lui. Pour compléter nos études sur le livre de la Genèse, vous pouvez consulter dans la colonne de gauche de la page les études passionnantes du pasteur belge Johan Delameilleure.

Observons

Le récit de la seconde création, concernant surtout l’humain, commence en Genèse 2.4b et ne se termine pas avant la fin du chapitre 3. Il est donc indispensable, de prendre un peu de recul  pour voir le contenu d’ensemble.

L’écrivain biblique n’a pas écrit ce texte au hasard. Il a pris la peine de donner à son récit une structure élaborée qui permet d’en faire ressortir l’essentiel.

 La méthode dite inductive permet de repérer cette structure  en observant les mots et expressions qui se répètent. Ces expressions répétitives font ici apparaître une structure concentrique, dans laquelle les expressions des extrémités du passage se font écho de part et d’autre d’un axe central constitué par Genèse 3.9.

Voici cette structure présentée sous la forme d’un tableau général,  :

A. 2.4-17 : l’homme dans le jardin

a) 2. 7,8 : dans le jardin, l’homme

b) 2.15 : l’homme doit cultiver et garder le jardin

c) 2.16,17 : il peut manger de tous les arbres sauf de celui de la connaissance du bien et du mal.

        B. 2.18-25 :    des relations agréables

        a) 2.18 : l’homme a besoin d’un vis à vis

        b) 2.20 : il donne des noms aux animaux

       c) 2.23 : la femme est tirée de l’homme

       d) 2.25 : ils sont nus sans honte

            C. 3.1a : Dieu et le serpent

            a) 3.1a : le serpent créé par Dieu

            b) 3.1a : le plus rusé des animaux

            c) 3.1a : le serpent parle à la femme

               D. 3.1b-6 : Dieu mis en doute et accusé

               a) 3.1b : vous ne devez manger aucun fruit ?

               b) 3.2,3 : vous ne devez pas en manger de peur d’en mourir

               c) 3.4,5a : le serpent dit : vous verrez les choses telles qu'elles sont

              d) 3.5b : vous serez comme Dieu

              e) 3.6 : elle en prit et en mangea, puis en donna à son mari.

                    E. 3.7,8 : l’attitude de l’homme

                     a) 3.7 : ils se rendirent compte qu’ils étaient nus

                     b) 3.8a : ils entendirent le Seigneur se promener

                     c) 3.8b : ils se cachèrent

                            X . 3.9 :      Le Seigneur appelle l’homme : Où es-tu ?

                   E’. 3.10 :   l’attitude de l’homme

                   b’. 3.10a : je t’ai entendu

                   a’. 3.10b : j’ai eu peur car je suis nu

                   c’. 310c :   et je me suis caché

              D’. 3.11-13 : l’homme responsable

              a’. 3.11 :         avez-vous mangé du fruit défendu ?

              b’. 3.12 :         c’est la femme

              c’. 3.13a :       pourquoi as-tu fait cela ?

              d’. 3.13b :      le serpent m’a séduite

              e’. 3.13c :       j’ai mangé

          C’. 3.14,15 : Dieu maudit le serpent

          a’. 3.14 :         Dieu maudit

          b’. 3.14 :         le plus méprisé des animaux

          c’. 3.15 :         le serpent sera vaincu par la postérité de la femme

     B’. 3.16-21 : des relations endommagées

     a’. 3.16 :         l’homme dominera sur sa femme

     b’. 3.17,18 :   l’homme tirera sa subsistance du sol

     c’. 3.20 :    l’homme donne un nom à sa femme

     d’. 3.21 :    ils n’ont plus honte car Dieu les habille

A’. 3.22-24 : l’homme hors du jardin

c’. 3.22 :    l’homme ne peut plus manger de l’arbre de vie

b’. 3.23 :    il doit cultiver le sol hors du jardin

a’. 3.24 :    il ne peut plus rester dans le jardin.

  

Comprenons 

1- Cette structure fait apparaître que l’axe autour duquel tout le récit est construit est l’intervention de Dieu auprès de l’homme.  Cette intervention n’est pas agressive : Dieu appelle, et il est présenté non seulement avec son titre Dieu Elohim, mais avec son nom propre : L’Éternel (le tétragramme YHVH).

Les paroles qu’il prononce ne sont ni des accusations, ni des reproches, ni une condamnation, mais une question. Pédagogiquement c’est à l’homme de se situer, de dire à Dieu où il est, et où il en est dans sa relation avec lui-même, avec la femme, avec la nature que Dieu a faite pour lui, et avec Dieu, son créateur.

 2- Tout ce qui est avant l’axe décrit la situation initiale jusqu’à l’acte commis et à ses premières conséquences indépendantes de toute intervention de Dieu. La situation initiale comporte des risques indiqués par l’ordre de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et par la présence du serpent, qui va se révéler instrument de séduction.

 3- Tout ce qui est après l’axe montre la situation finale compte tenu de l’intervention de Dieu. Cette situation est marquée par un certain nombre de conséquences liées à la désobéissance de l’homme.    

A- La séduction Gen 3.1-7  

La séduction faisant appel essentiellement aux sens et à la sensibilité, le séducteur va s’attaquer à celui des deux êtres humains où ils sont les plus développés, la femme,  par rapport aux facultés de raisonnement logique, et de maîtrise de soi que l’on attribue plutôt à l’homme.

V 1 : Le serpent (médium et symbole de Satan, Ap 12.9), avant de séduire cherche à semer le doute dans l’esprit d’Eve sur la parole de Dieu.

V 2-3 : Les ajouts ou transformations de la parole de Dieu apportés par  Eve (le fruit, ne pas toucher), montrent combien l’interprétation de la Parole de Dieu dépend de l’esprit auquel on se soumet pour interpréter : cherche-t-on à être guidé et éclairé par Dieu, ou par sa propre intelligence ou par ses sentiments, ou par un esprit de critique ?

Si on n’y cherche pas une relation intime avec Dieu, la lecture et l’étude de la Bible seront vaines, ou influencées par d’autres esprits que l’Esprit Saint. Eve en écoutant le serpent s’est déjà mise sous son influence et le montre tout de suite par son ajout à la parole divine. 

Mettre en doute la parole de Dieu (1) ouvre la porte à toutes les convoitises. Celles des yeux et de la chair (1 Jean 2.16) se manifestent (6a) dans le désir d’Eve de posséder ce que symbolise pour elle le fruit de l’arbre défendu : l’immortalité (4) et le discernement personnel du bien et du mal, qui sont les privilèges de Dieu (5). Satan a su éveiller en elle l’aspiration à sortir de sa condition dépendante de Dieu, et à conquérir le pouvoir divin de décider ce qui est bien ou mal.  Or les promesses de Satan se révèlent totalement fallacieuses : leurs yeux s’ouvrent* non pas sur le monde spirituel des dieux, mais sur leur situation de dénuement total de créatures sans Dieu !(*Cette expression dans la Bible s’applique toujours aux « voyants », prophètes de Dieu ou devins, qui ont accès au monde invisible (voir 2 Rois 6.16-17).

 Nous retrouvons quotidiennement les facettes de cet « orgueil de la vie », lorsque sans même nous en rendre compte, et souvent avec les meilleures intentions du monde, nous nous mettons à la place de Dieu. Déterminer qui est sauvé ou pas, décider de la vie de ses proches ou de l’Église selon sa propre volonté, chercher à briller aux yeux des hommes, ou à grimper dans les hiérarchies pour exercer un pouvoir sur les autres, toutes ces attitudes reproduisent le péché de nos premiers parents. Il les rendit mortels, et les conduisit à cacher leur faiblesse devant Dieu et les autres par des moyens de fortune précaires (7). Ainsi en est-il de nos efforts pour donner le change et faire croire à une capacité personnelle de nous sortir des impasses dans lesquelles nous nous enfonçons par notre insoumission à Dieu.  

Comment Dieu agit-il face à l’échec de son plan de vie pour l’homme ?Chute Zabou.jpg

 Illustration de Zabou : Adam et Eve séduits par le serpent 

 V 4-5 : Les paroles du serpent présentent les 7 dogmes de l’humanisme spirituel qu’a repris  la philosophie du Nouvel-Age, et qui s’infiltrent dans la pensée contemporaine. Ils ont comme objectif subtil et masqué de séparer l’homme de Dieu, et de faire de l’homme un rival de Dieu en lui faisant croire à son indépendance, son pouvoir et son intelligence.  

1- Vous serez comme des dieux : c’est le refus du statut de créature dépendante de Dieu, et l’aspiration à l’auto-adoration. 

2- Vous ne mourrez pas : c’est la croyance en l’immortalité naturelle, que l’on retrouve dans toutes les religions, et qui conduit à la foi en la réincarnation. 

3- Vos yeux s’ouvriront : dans la Bible cette expression s’emploie pour la prise de connaissance du monde occulte, donc inaccessible au profane, au non-initié. Eve va croire que Dieu la condamne à la naïveté, à avoir les yeux fermés sur ces pouvoirs de l’esprit, sur cette intelligence de l’infini et de l’au-delà. 

4- Vous connaîtrez le bien et le mal : chacun sera capable de déterminer ce qui est son bien ou son mal : c’est le relativisme moral, où l’homme n’a de compte à rendre à personne que lui-même. 

5- Dieu a-t-il réellement dit ...: le doute est  semé sur la révélation divine, qui prend moins d’importance que la communication de l’esprit humain avec les forces surnaturelles. 

6- Dieu sait que ...: Dieu est présenté comme un Dieu d’obscurantisme, un Dieu qui veut garder jalousement son savoir, qui interdit à l’homme la connaissance, l’ouverture d’esprit.  

7- Un fruit précieux pour ouvrir l’intelligence : la recherche du développement du cerveau par l’énergie cosmique (symbolisée par cet arbre) avec laquelle on entre en contact grâce à la méditation, est l’idée-clé de la philosophie humaniste spirituelle du Nouvel-Age. Elle s’introduit aussi dans l’Église, lorsqu’on ne perçoit pas toute la subtilité des propositions sataniques, dont le but est de séparer de Dieu. 

V 6 : La tentation d’Eve reprend les trois convoitises dont parle l’apôtre Jean (1 Jean 2.16) : convoitise des yeux, convoitise de la chair et orgueil de la vie.

La tentation d’Adam est un peu différente : il devait choisir entre écouter Dieu et perdre sa femme, ou écouter sa femme, perdre Dieu et se perdre tous les deux. Il préféra la seconde solution, ce qui fait dire que le péché d’Adam avait une connotation sexuelle.  Mais en aucun cas, nous ne pouvons prétendre que le péché de nos parents fut l’acte sexuel ! Celui-ci était voulu et béni par Dieu, pour le bonheur de l’être humain et le peuplement de la terre, et même pour symboliser l’union que Dieu voulait vivre avec la créature à son image !

B- Le dialogue entre Dieu et le couple ( Gen 3.8-20) révèle la sollicitude de Dieu 

Ce passage est très important pour comprendre la rupture des relations entre Dieu et la créature, et entre les êtres créés eux-mêmes. Il n’y a plus confiance, mais peur et accusations mutuelles dans le couple. Seul Dieu continue à aimer : Il va au devant de l’homme, Il le recherche, Il lui parle, Il veut l’amener à prendre conscience de sa responsabilité et à se tourner vers Lui, Il lui fait des promesses, et concrètement lui donne les moyens de comprendre Son amour.

 Ce dialogue  nous apprend sur Dieu qu’ :

  1. il accepte de se laisser accuser indirectement sans se fâcher,
  2. il s’adresse au serpent séducteur et le maudit,
  3. il annonce la guerre qui s’ouvre entre l’humanité et le serpent et en révèle l’issue favorable à l’humanité, il est donc un Dieu d’espérance;
  4. il ne cache pas les difficultés : il y aura blessure au talon,
  5. il permet à la femme de vivre suffisamment de temps pour transmettre la vie, même si cette transmission se fera dans la douleur,
  6. il ne maudit ni la femme, ni l’homme,
  7. il sait qu’il y aura à la fois attirance de la femme vers l’homme et domination de l’homme sur la femme : il ne donne pas l’ordre qu’il en soit ainsi, il le voit d’avance.
  8. il sait que le travail de la terre sera difficile,
  9. il sait que les humains seront mortels, et c’est une grâce dans ces nouvelles conditions de vie, pour ne pas perpétuer sans fin souffrances et destructions.
  10. il agit pour enlever la honte de l’homme et de la femme : il est donc un Dieu de pardon, de grâce.

 Il n’y a donc aucune raison d’avoir peur de Dieu. Tout nous pousse à l’aimer et à lui manifester notre reconnaissance pour ce qu’il est et ce qu’il fait.

 Au lieu de reprocher à l’homme sa désobéissance, ou de se détourner de lui par dépit et fureur de voir son œuvre parfaite gâchée, Dieu s’approche du couple dans un désir de reprendre la relation rompue, à l’heure la plus propice pour un échange dans l’intimité. Les questions posées n’ont d’autre but que de pousser l’humain à faire le point sur sa situation, à reconnaître sa responsabilité et à revenir humblement à son Créateur. Adam ne saisit pas la perche tendue, et s’enfonce dans sa culpabilité en accusant Dieu et sa femme (12), tandis qu’Eve reconnaît rapidement avoir été séduite : cette plus grande capacité de la femme à avouer sa faiblesse expliquerait-elle la présence plus nombreuse des femmes dans nos églises ?

 La différence des réactions à l’interrogation de Dieu entre l’homme et la femme n’est pas sans conséquence : Dieu promet à la femme que sa postérité vaincra le serpent, et à l’homme il rappelle qu’il est poussière et retournera à la poussière (Gen 3.19). Pourquoi n’est-il pas dit   « leur » postérité ? Si l’on rapproche ce texte de celui qui concerne la postérité d’Abraham (Gal 3.16,29) qui reçoit l’héritage promis par la justice de la foi (Rom 4.13), la postérité d’Eve victorieuse du serpent ne concernerait que celle qui, comme elle, sait reconnaître avec humilité son péché devant Dieu (Gen 3.13), qui accepte comme Abel (Gen 4.4), puis Seth (4.26), ou comme l’Église (Rom 16.20), de dépendre de Dieu pour son salut et sa victoire, tel que Christ le vivra parfaitement en se donnant lui-même sur la croix. La postérité d’Adam au contraire, refuse comme Caïn, d’écouter Dieu, se détourne de lui et retourne à la poussière ! Attention à ne pas désigner l’autre comme faisant partie de cette postérité : nous avons tous en nous un Adam et une Eve, l’un qui ne veut jamais reconnaître ses torts et accuse autrui pour se justifier, l’autre qui accepte sa faiblesse et revient humblement vers son Sauveur. Lequel des deux privilégions-nous ?

C- La nudité (3.7)

 En fait, on peut trouver une piste d’interprétation de ces versets, dans le jeu de mots qui existe dans la langue hébraïque entre le mot nu et le mot lumière. Quand on entendait le verset 25 du ch 2, l’hébreu pouvait presque comprendre ils étaient lumière. Cette lumière leur venait de la présence de Dieu. Et voilà que, après leur désobéissance, ils comprennent qu’ils se sont séparés de la présence de Dieu, ils ont perdu sa lumière et se retrouvent seuls face à eux-mêmes, sans sa protection. Le froid et la peur qu’ils en éprouvent se traduisent par la honte de se voir tels qu’ils sont.  La nudité dans la Bible devient alors le symbole de l’état de péché du cœur de l’homme, qu’il ne peut cacher devant Dieu. Mais physiquement elle n’a pas de valeur négative, de même que le sexe et la sexualité. Ils ont été voulus par Dieu pour le bonheur, la complémentarité et la procréation des êtres humains. C’est le péché introduit par l’homme, la séparation d’avec Dieu, qui en a fait des tabou, des sujets de honte et de souffrance.

La conscience de la nudité qu’a l’être humain à ce moment est l’expression physique, somatique (sentiment de froid) de sa détresse intérieure, psychique, en s’apercevant qu’il s’est coupé de Dieu, qu’il se retrouve seul, démuni de sa protection, et voué à la mort. Ici, leur honte intérieure de s’être séparés de Dieu, se transfère sur leur nudité : ils ne peuvent plus se regarder eux-mêmes en face, tels qu’ils sont, ils ne s’aiment plus eux-mêmes, et ne peuvent plus aimer l’autre car chacun  renvoie à l’autre l’image d’un être faible et privé de la présence et de l’amour de Dieu.

 Les feuilles de figuier qu’ils utilisent pour se couvrir sont le symbole des efforts humains pour cacher l’état de pécheur, et pour mériter son salut. Dieu va en montrer toute la vanité, en offrant lui-même un vêtement de peau. Pour cela, Il est contraint de sacrifier le premier animal innocent. Il enseigne ainsi concrètement le plan du salut de l’homme : Il sacrifiera son propre Fils pour que l’homme puisse vivre ! C’est le sens des sacrifices bibliques.

  D- « Les malédictions » (v 14,17)

 Il est indispensable d’être au clair au sujet des malédictions. Encore faut-il s’entendre sur le sens des malédictions divines : Dieu ne veut jamais le mal pour personne. Simplement il voit à l’avance ce qui va découler du mauvais choix de chacun, et il l’annonce. On pourrait transcrire le «tu seras maudit » par « tu seras malheureux, toi qui … ». Dieu ne fait que constater les dégâts que la rupture de l’homme avec Dieu entraîne sur ses relations dans le couple (16), dans la nature (17-19), et sur ses facultés de donner (16) et d’entretenir la vie (19). Les malédictions n’atteignent que le serpent (14) et le sol (17), dont Dieu annonce l’impossibilité totale de sortir de leur nouvelle condition ! La  souffrance va atteindre chacun dans ses forces de vie : la femme dans sa faculté de transmettre la vie, l’homme dans sa faculté d’entretenir la vie, le sol dans sa capacité de produire les moyens de vie, et le serpent dans son pouvoir de séduire et d’ôter la vie. Ce n’est pas la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi. Dieu constate seulement ce que la séparation d’avec lui entraîne.

En voulant être comme Dieu, en devenant rival de Dieu, on devient rival de son vis-à-vis, qui est image de Dieu. Lorsqu’on accepte d’être à nouveau adopté par Dieu comme fils ou fille, les rapports avec le vis-à-vis sont transformés et retrouvent l’amour et l’égalité voulus par Dieu à l’origine. Ce ne sont pas des fatalités, puisque, en même temps Dieu annonce le remède, par ses paroles et ses actes: ainsi Dieu annonce la victoire sur l’adversaire(v 15), le moyen de cette victoire par le sacrifice d’un être innocent pour conserver la vie de l’homme(v 21), et la fin de la mortalité (v 22), puisque le pécheur ne prolongera pas éternellement son état de péché,  l’accès à l’arbre de vie, qui le ferait vivre éternellement, lui étant désormais impossible.               Dieu prévient l’homme des conséquences désastreuses de son mauvais choix en lui indiquant les signes de la mort introduite

- dans la nature :

*   pour le serpent : malédiction (= peur, dégoût, mépris) parmi les animaux, poussière comme nourriture (symbole de la mort dont se nourrit Satan), reptation sur le ventre (le domaine d’action de Satan sera désormais essentiellement sur terre auprès des hommes et non plus dans le ciel, auprès des anges (Ap 12.7-8).

*   pour les relations du serpent et des humains : guerre avec les humains qui se terminera par la mort du serpent après qu’il les ait blessés.

*   pour le sol : malédiction du sol qui devient difficile à cultiver et encombré de mauvaises herbes.

 - dans la condition de la femme : la souffrance des accouchements augmentera.

Cela ne signifie pas que la souffrance existait déjà avant, simplement le travail de l’accouchement devient sensible et douloureux : le seuil de sensibilité s’est considérablement abaissé et rend douloureux le travail naturel de l’enfantement !

 - dans la condition de l’homme : peine quotidienne pour trouver de la nourriture, blessure par le serpent, retour à la poussière, donc mort.

 - dans leurs relations mutuelles : le désir d’amour de la femme pour son mari se heurtera à l’esprit de domination de l’homme sur elle : les relations d’amour et d’égalité entre eux font place à des rapports de force. En chacun d’eux, le même décalage se fera entre la sensibilité féminine et la force virile.

 Dieu est-il « sadique » ? (v 16)

L’expression « je rendrai tes grossesses très difficiles » est une de celles qui ont répandu l’image d’un Dieu qui s’acharne sur sa créature ! Elle vient de la conception vétérotestamentaire d’un Dieu Unique et Tout-Puissant, source de tout ce qui existe, bien comme mal (Job 1.21). La pensée d’un auteur du mal, indépendant de Dieu et révolté contre lui était inconcevable pour des croyants farouchement opposés au polythéisme païen. Seuls Job (1), Zacharie (3.1) et Daniel (10.13,20 ; 12.1) y font allusion,outre les prophéties d'Esaïe 14.12-15et Ezéchiel 28,  et il faudra attendre le Nouveau Testament pour avoir une notion plus précise de ce conflit cosmique entre Satan et Christ. On peut alors comprendre que « Dieu n’éprouve personne » (Jac 1.13), et que dans l’épreuve, il envoie la force et les moyens d’en sortir (1 Cor 10.13) à celui qui se confie en Lui.

 E- Les promesses divines

 Au centre de ces prévisions de l’avenir de l’homme, Dieu prononce la première promesse messianique, en deux volets (15) :

  • l’homme et la femme ne mourront pas immédiatement, ils auront une postérité.
  • Dans cette descendance apparaîtra celui qui, au prix de ses souffrances (blessure au talon) sera vainqueur du serpent mortel, symbole de Satan (Ap 12.9 ; Héb 2.14). Le grand combat entre Christ et Satan, dont nous sommes à la fois les acteurs et les enjeux, est clairement annoncé par Dieu dès la Genèse, et fera l’objet de ses révélations aux prophètes, sans être vraiment compris jusqu’à l’incarnation de son Fils. Discernons-nous au milieu de nos souffrances, la lumière d’espoir que le Seigneur entretient, pour nous permettre de les surmonter ? Adam l’a si bien saisie, que de toutes les paroles de Dieu il n’a retenu que cette promesse. Il l’en remercie en donnant à sa compagne le nom de son espérance : la Vivante ! L’avenir de l’homme, c’est la Vie promise par Dieu !

 Dieu leur laisse d’autres promesses merveilleuses :

  • le couple aura une postérité, donc la vie continue !
  • cette postérité, en la personne de Christ, malgré la souffrance causée par le mal, vaincra le mal (v 15). Cette première promesse messianique projette le couple dans un avenir certain et permet à l’homme (isch) de reconnaître en sa compagne (ischa) Eve, la mère des vivants (20).
  • v 21 : Dieu est avec eux et pourvoit à leurs besoins physiques (un vêtement chaud contre le froid), moraux et psychiques (le vêtement de peau donné par Dieu symbolise la nouvelle peau = la nouvelle façon de vivre et de percevoir les choses grâce à Dieu), spirituels (le sacrifice d’un animal innocent pour que l’homme coupable vive, symbolise le salut et la justice, offerts à l’homme par le sacrifice de Christ sur la croix).

Ce geste d’amour de Dieu remplira le couple de reconnaissance, il enseignera à ses enfants à le reproduire quotidiennement dans un sacrifice de foi et de soumission à Dieu, comme Abel le comprendra (Gn 4 et Hb 11.4).

  • v 22-23 : Dieu leur donne un avenir avec la perspective de la fin du mal : ils ne vivront pas éternellement pécheurs, mais la mort leur sera une image concrète qu’un jour le mal aussi mourra (Ap 21.4). Etre chassé du jardin où l’arbre de vie subsiste n’est pas une punition, mais une étape nouvelle de leur existence, pour leur permettre de croître dans des conditions de vie différentes, incompatibles avec celle de l’Eden à cause de l’introduction du péché. L’homme (ou l'humain) devra non seulement cultiver la terre, mais encore le terrain de sa personnalité, pour grandir jusqu’à la “stature parfaite de Christ" (Ep 4.13).
  • v 24 : Pour cela, le chemin de l’arbre de vie subsiste, il est “gardé”, et même montré de façon claire par l’épée de la Parole de Dieu (Hb 4.12), flamboyante de la lumière de l’Esprit (Act 2.3-4 ; Jn 14.26), agitée sous les yeux des hommes par les quatre chérubins, symboles de la justice, la miséricorde, la fidélité et la vérité que Dieu met en œuvre dans le jugement libérateur (Ps 89.15 ; Ez 1 ; Ap 4.6), qu’il exerce en faveur de sa créature devenue esclave de Satan (Rm 3.9-18 ; 6.16 ; 7.24-25).

 Quelle plus belle espérance Dieu pouvait-il donner que celle de la vie éternelle offerte en Christ à celui qui, pécheur repentant, veut marcher sur son chemin (Christ) selon les directives de sa Parole ? 

F- La liberté de choix

 Dieu avait mis en garde l’homme, qui connaissait donc les données du problème, comme nous les connaissons aussi par la Bible aujourd’hui. Mais Dieu dans son amour, laisse l’homme libre, car il ne veut pas s’imposer par la force et faire de l’homme une marionnette. En refusant la liberté de la vie avec Dieu, l’homme devient une marionnette, un esclave de Satan. Seul Dieu peut alors le libérer, et il a tout prévu pour cela. Mais là aussi il faut le consentement de l’esclave, l’acceptation du plan de Dieu.

 Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • La lecture de ce texte fondamental pour l’humanité me fait-elle considérer Dieu comme punissant et poursuivant l’homme de sa colère, ou comme un Dieu d’amour, accompagnant sa créature en détresse pour lui donner l’espérance d’une nouvelle vie avec lui ? En hébreu le verbe traduit à tort par « punir » dans Ex 20.5, signifie en réalité « visiter, s’occuper de, prendre soin de », Dieu prend soin des conséquences désastreuses sur les enfants de la faute de leurs parents, sur au moins trois générations. Il ne les impose pas comme des punitions (ce serait totalement injuste et en contradiction avec Ezéchiel 18, mais il accompagne les enfants pour les en soulager et les en délivrer.
  • Comment est-ce que je réagis aux difficultés et aux souffrances ? en accusant Dieu et les autres, en m’accrochant à ses promesses, en faisant de ces obstacles et de ces promesses des moyens de “cultiver mon sol”, en remerciant Dieu de me laisser et de m’ouvrir un chemin vers la Vie ?
  • Quels actes et quelles attitudes témoignent de l’espérance qui m’habite, malgré les manifestations du mal en moi et autour de moi ?
  • Comment ce texte me permet-il de comprendre l’œuvre de réparation accomplie par Christ sur la croix ? Comment manifester concrètement cette nouvelle perception, dans ma vie quotidienne, et dans ma relation avec Dieu ?

 

25/03/2022

Etude n°1bis : La Création Genèse 2

Genèse 2 

Introduction

Pour compléter nos études sur le livre de la Genèse, vous pouvez consulter dans la colonne de gauche de la page, les études passionnantes du pasteur belge Johan Delameilleure.

Nous avons choisi la version Segond révisée, dite à la Colombe, pour ce texte difficile et controversé, car elle est la plus proche du texte hébreu.

La version en français courant est déjà une tentative d’interprétation, dépendante des courants de pensée moderne (par exemple, elle dit au verset 4 du ch 2 : Dieu créa par étapes le ciel et la terre. Le texte original ne contient pas le par étapes, qui marque une approche « scientifique », hors de son objectif. 

Contrairement à beaucoup de critiques de la Bible, nous considérons le second récit de la Création comme un développement de la partie essentielle du premier récit, la création de l’humain. Nous avons vu dans le premier récit comment tout était prévu et réalisé par Dieu pour permettre la vie de l’être humain sur la terre.  

Dans le second récit certains détails sont précisés sur son environnement, ses conditions de vie, sa mission de représentant de Dieu sur terre. 

La compréhension de ce texte est primordiale pour saisir la volonté de Dieu et les réflexions de Jésus et des apôtres sur la mission de l’homme et de la femme. Sans cesse la Bible se réfère à ce texte, que nous étudions avec précision, toujours dans une optique spirituelle (considérant la relation entre Dieu et l’homme), et non scientifique.

En effet si l’on s’engage à chercher les réalités géographiques (quels sont les 4 fleuves ?), chronologiques (combien de temps Adam fut-il seul ?), morphologiques (Adam eut-il une côte en moins ?), ou autres, on se trouve vite dans des impasses.  

Le texte a pour but d’éclairer l’homme sur ce que Dieu a voulu pour son bonheur terrestre et ses relations avec les autres  créatures.   

Observons

La construction du texte :

V 1 à 3 : conclusion du ch 1 ou transition avec le second récit de la création : le septième jour

Second récit de la Création

  1. a) V 4 à 6 : État de la terre à l’origine
  2. b) V 7 à 15 : Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden
  3. c) V 16 à 17 : les commandements de Dieu à l’homme

b’) V 18 à 25 : l’homme et les animaux

a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme

Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit ( une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour. 

Comprenons

A la différence des croyances païennes qui conçoivent des dieux indifférents ou hostiles à l’homme, le récit biblique montre un Dieu Créateur, soucieux jusqu’au bout de la créature qui porte son image. Il ne se contente pas de lui offrir de quoi satisfaire ses besoins physiques, air, eau, nourriture, abri. Il se préoccupe de ses besoins psychiques, affectifs, moraux, relationnels et spirituels. Le sabbat en est l’expression la plus adéquate.

Nous nous attacherons à découvrir comment Dieu pourvoit aux besoins essentiels de l’homme.

  • Le sabbat

En étudiant attentivement le récit de la création, le lecteur se rend compte de l’importance du chiffre 7 : 7 jours, 7 fois le mot bon, 7 fois le verbe créer, 7 fois le verbe faire. On ne peut pas parler de hasard, surtout quand on se réfère à la symbolique des nombres en hébreu.  

Il semble que l’auteur veut montrer ainsi  que la création est complète (v 2) et que le temps indiqué de sept jours marque le rythme parfait de toute vie humaine sur terre Jésus  rappellera que « le sabbat a été fait pour l’homme…(Mc 2.27) ; le sabbat étant le septième jour, on peut en déduire que le temps de la semaine a aussi été créé par Dieu pour l’homme. 

Dieu n’a accompli aucune oeuvre créatrice le septième jour. Au contraire, il s’est « reposé », a « béni » et « sanctifié » ce jour, juste après la création de l’homme.

Dieu se reposa

Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un problème de fatigue ! Le constat du sixième jour en donne la raison, reprise par Genèse 2.2.

-    Tout était très bon.

-    L’œuvre était achevée : parfaite en son genre d’après le Larousse.

 Le plan conçu par Dieu était réalisé. Tout était en place, il restait aux bénéficiaires de le vivre avec reconnaissance et dans une relation d’écoute avec celui qui en était l’auteur et qui pouvait donc apporter toute la compréhension, tout le soutien pour développer la vie d’une manière harmonieuse.

 Dieu bénit ce jour

 Le mot bénir, du latin benedicere, signifie : dire du bien. Dieu dit que ce jour est bon, est nécessaire pour l’homme. Il l’a prévu en fonction de l’homme, de ses besoins physiques, psychiques et spirituels. Il fait partie intégrante de la réussite du plan de vie heureuse qu’il a prévu pour l’homme. Dès le départ, le sabbat est lié à une idée de bienfait pour l’homme et la femme. La bénédiction du sabbat fait suite à celle des êtres vivants (Genèse 1. 22 et 28).

 Dieu sanctifia ce jour

 Ce verbe signifie autant séparerdistinguer  que appartenir  à Dieu. Ce qui est sanctifié est mis à part  pour un but particulier, le service de Dieu. Ainsi le septième jour est un jour différent des autres.

 Caractéristiques du sabbat

 a) Un jour de repos :

     -    pour Dieu.

Dieu, l’Éternel, le hors du temps, qui domine le temps et l’espace, s’est en quelque sorte introduit dans le temps qu’il a conçu pour l’homme.

Il l’y a précédé en organisant le temps de travail, six jours et  le temps de repos, le septième jour. S’arrêtant lui-même de créer, il indique à l’homme qui est son image, d’arrêter ce jour-là aussi ses activités « profanes », pour le servir.   

     -    pour l’homme.

Il semblerait qu’au départ, l’homme créé parfait ne devait pas connaître la fatigue ni le stress. Il avait un « patron » discret, des animaux dociles, un jardin sans mauvaises herbes, pas de maladies.

Dieu a-t-il prévu ce repos, en cas de...? Sans doute mais pas seulement. Il a tout fait parfait pour ce moment-là, car le sabbat n’est pas qu’un jour de cessation d’activités pour reposer son corps.

 b) Un jour pour se souvenir

... un jour qui lui est réservé, car il s’y reposa de tout son travail de Créateur.(v 3 version F.C.)

 Dieu rappelle qu’il est l’auteur de toute la création. Il en est le Seigneur, le Maître. Il possède seul la sagesse pour donner les instructions parfaites qui feront la réussite de l’avenir. L’homme, en adoptant le rythme de vie que Dieu lui propose, premièrement se place dans une perspective heureuse; deuxièmement annonce de semaine en semaine qu’il est le bénéficiaire d’un cadeau qu’il doit gérer et faire fructifier.

Le donateur, le propriétaire, c’est Dieu. L’homme le proclamera de génération en génération. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César..., dira Jésus (Mc 12. 17)

 c) Un jour pour confirmer notre identité

France Quéré, dans La Famille, p. 253, écrit ceci :

« Qui suis-je ? Je suis aimé ! Voilà mon identité.... Bonne nouvelle que l’amour des autres dépose dans nos cœurs et avec cette vérité-là, nous irons au bout du monde : je suis aimé, donc je suis : toute terre m’est une patrie, tout homme devient mon frère. » 

Je suis aimé de Dieu ! Voilà mon identité !

Porter une attention particulière au jour du sabbat, c’est reconnaître Dieu comme le créateur plein d’amour de toute forme de vie et affirmer que nous avons notre origine en Lui. C’est nous déclarer fils et filles bien-aimés de Dieu. C’est rejeter le hasard, c’est bannir la peur de l’avenir.

C’est affirmer, semaine après semaine : je sais d’où je viens et où je vais, je sais qui je suis.

Le sabbat est un jour qui m’indique aussi mes limites : je suis créature, et ma sécurité est en lui.

 d) Un jour de fête

Après une bonne nouvelle comme celle-ci, comment ne pas faire la fête ! Comment, aujourd’hui, alors que la plupart de nos contemporains courent après une identité par l’appartenance à un groupe sportif ou religieux, à un parti d’opposants au pouvoir en place, au monde des vedettes, à celui des industriels ou de la finance, de la marginalité, etc., comment ne pas se réjouir de se savoir fils ou fille de Dieu ? Ne faut-il pas fêter chaque semaine cette bonne nouvelle avec ceux qui reconnaissent la paternité de Dieu ? Ne faut-il pas louer l’auteur de notre vie ? 

Peut-être pourrait-on mettre un panneau à l’entrée de nos églises pour dire aux gens : aujourd’hui nous nous réjouissons que Dieu soit notre créateur ! Voulez-vous partagez notre joie ? ... A condition qu’elle soit réellement à l’intérieur de nos portes !

 e) Un jour pour la délivrance

S’il est vrai qu’au départ Adam et Eve n’avaient pas besoin d’un jour pour se défatiguer, est-il besoin, aujourd’hui d’insister sur la nécessité absolue de prendre du repos physiquement et psychiquement (compétition, tensions, conflits, stress).

 Le travail est devenu le symbole de l’esclavage, de l’anti-liberté. C’est la course aux loisirs en même temps que la course à l’argent. Gagner gros en un minimum de temps. Nous sommes dans une économie de pouvoir, de domination de l’homme par l’homme. Sans compter l’injustice suprême : ne pas avoir de travail !

 Le sabbat nous rappelle que Dieu nous a créés ni dominés, ni dominants, mais équivalents (= ayant même valeur)  devant lui qui est notre seul Maître. En ce sens, le sabbat nous délivre de l’oppression de l’homme par l’homme.

 C’est à la sortie d’Égypte que le peuple reçoit les commandements (Exode 20.1-17; Dt 5. 6-21). Ils sont reliés à la délivrance opérée par Dieu. C’est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude...  (v.2.)

 Cette notion de délivrance est reprise dans Hébreux 3.7 à 4.11, où nous sommes appelés à sortir de la révolte (comme à Massa et Mériba, Exode 17.7) pour entrer, dans le repos de Dieu, qui, dans ce texte, est clairement relié au repos du 7e jour.

Que le récit de la création compte chaque journée  d’un coucher du soleil à l’autre, n’est pas gratuit pour entrer dans le repos du sabbat : pendant la première soirée, puis la nuit, l’homme a le temps de se détacher de ses préoccupations de la semaine, pour préparer son corps et son esprit à la rencontre avec son Dieu dès le matin (Amos 4.12).

 Le jour du sabbat nous ramène tous à égalité : tous esclaves du péché, avec ou sans gros sous, avec ou sans travail ! Et tous sauvés, si nous écoutons, aujourd’hui, la voix de Dieu  et entrons avec joie dans son repos. Tous dépendants de la grâce de Dieu. De son amour infini qui nous délivre, nous rachète tous au même prix, celui de la vie de son Fils.

 Le sabbat est plus que libération des fatigues du travail, il est symbole de libération du mal, du péché qui envahit nos vies et la préfiguration du repos en présence de Dieu, pour l’éternité.

 B- L’environnement

 Les versets 4-6 décrivent l’état de la terre mentionné en 1.2 : une terre inculte et vide. La pluie et la vapeur d’eau apparaissent ici comme signes de l’intervention de Dieu pour rendre la terre propre à la vie végétale, animale et humaine. Même le monde physique a besoin de l’intervention divine pour faire germer la vie.

 Cette eau restera dans toute la Bible le symbole de la faveur divine pour un peuple vivant en Orient et craignant par dessus tout la sécheresse. Spirituellement, la pluie est devenue le symbole de l’intervention puissante de l’Esprit (Joël 2.23-3.2 ; Actes 2.17-21). Sans cette pluie de l’Esprit, rien ne peut vivre éternellement.

 Les versets 8-14 montrent l’organisation de la matière terrestre par Dieu pour permettre le développement de la vie humaine. Jardin avec arbres et fruits, fleuve à 4 bras, pierres précieuses, or, parfums, tout doit satisfaire les besoins physiques ou esthétiques de l’homme.

 Les noms du Tigre et de l’Euphrate localisent ce jardin à l’Est du Moyen Orient, le pays de Kouch désigne la région de la Haute Égypte, Nubie et Ethiopie, le Guihon pourrait être le Nil. Ces localisations ont comme intérêt de donner un cadre aux Hébreux sortis d’Egypte et à la recherche de la Terre Promise en Canaan. Celle-ci leur est présentée ici comme le jardin d’Eden, le Paradis où il fait bon vivre.

Pour nous, ce jardin est aussi le symbole de la Terre Promise de la Nouvelle Création, héritage des élus dont parle Apocalypse 22.1-2. On y retrouve le fleuve et l’arbre de vie, symboles de la présence de Dieu dont dépend la vie éternelle de l’homme.

 C- Les conditions de vie

 a) la nature de l’homme

v 7 : les traductions de ce verset varient selon les versions et les conceptions des traducteurs ! Il est important de faire remarquer que

     -    l’homme est fait de matière créée par Dieu

     -    cette matière a besoin du souffle de vie donné par Dieu pour devenir vivante.

     -    Ce souffle de vie est accordé aussi aux animaux, c’est la respiration

     -    Il n’est pas question ici ni d’une parcelle d’Esprit Saint introduite dans le corps matériel de l’homme, ni d’une âme indépendante et immortelle qui viendrait habiter momentanément le corps mortel et lui donner ainsi un peu de son immortalité !

Lorsque Jésus sur la croix dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains, il ne dit rien d’autre que Je te rends le souffle que tu m’as donné.

Le texte dit en Genèse 2.7 : l’homme devint un être vivant (ou âme vivante). Il ne dit pas qu’il eut une âme !  Ce n’est pas le verset 7 qui explique l’image de Dieu du ch 1.27. Ce sont les suivants qui explicitent la responsabilité et la mission de l’homme à la ressemblance de Dieu.

À remarquer que le mot souffle de vie «  rouah » de Genèse 1.2.  a été traduit en grec et en latin par le mot  esprit, sous l’influence des idées dualistes du philosophe grec Platon . Comme il est précisé que c’est Dieu qui le donna à l’être humain, on en déduisit, dans une lecture spirituelle et non plus littérale, que Dieu donnait son Esprit à l’homme, ou bien lui accordait une faculté étrangère aux animaux, l’esprit, par laquelle Il pourrait communiquer avec lui. Il ne nous semble pas que le texte nous permette d’aller jusque là.

 b) La responsabilité de l’être humain, (versets 9, 16-17).

L’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont placés au centre du jardin : ils en sont donc les éléments essentiels, selon le processus de pensée hébraïque, qui met au milieu du développement l’argument important. Dieu se sert des réalités physiques, matérielles, pour faire comprendre des vérités spirituelles.

On ne doit pas exclure la matérialité de ces deux arbres, mais ils avaient surtout une fonction pédagogique. Ils, peuvent être interprétés comme les  symboles de deux façons de vivre :    

     *   L’arbre de vie représente la vie dans la dépendance de Dieu, et sous-entend le développement harmonieux de toutes les capacités spirituelles, intellectuelles, morales et physiques de l’être humain dans la lumière de la présence de Dieu.  

*  L’arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole inverse d’une vie

sans Dieu, dans l’indépendance de sa volonté, et même en opposition à Dieu, puisque l’être humain  désire prendre sa place, en devenant comme Dieu.(Voir le ch 3) 

Les symboles dont s’est servie l’artiste Zabou dans sa représentation des arbres du jardin d’Eden  essaient de rendre l’enseignement de ces arbres. Ils permettaient à l’être humain de prendre conscience de sa liberté de choisir sa vie : soit une vie avec Dieu, dépendante de Lui et éternelle (= arbre de vie, portant des grappes, symbole du Christ et du sang versé pour nous (Luc 22.20), soit une vie d’expériences personnelles sans Dieu, qui conduit à la mort (= arbre de la connaissance du bien et du mal portant les « yeux » de la connaissance).

 Illustration de Zabou : Au centre du Jardin d’Eden

Zabou Arbres en Eden.jpg

 Il ne s’agit pas ici de la connaissance intellectuelle, du savoir, de la science. La langue hébraïque a l’habitude de désigner une notion abstraite par son nom en y associant son contraire. Le bien ou bon, c’est la présence de Dieu. L’arbre de vie donnait à l’homme la possibilité de rester en contact avec Dieu, ce qui est le bien pour l’homme.

L’autre arbre lui faisait connaître le contraire : le mal, c’est-à-dire la privation, l’absence de Dieu. On le voit, la connaissance dont il s’agit, est spirituelle, et ne s’oppose en rien à la science. Dieu ne voulait pas maintenir l’homme dans une ignorance scientifique et intellectuelle, indigne de sa condition d’image de Dieu !

La liberté de choisir sa vie confère à l’être humain sa dignité. Seule créature animale à pouvoir échapper au déterminisme de ses instincts et de ses besoins, l’être humain est responsable de sa vie présente et future (v 16-17). Qui dit choix sous-entend raisonnement et volonté. En cela l’homme est image de Dieu : Dieu en effet a pensé la Création et l’a réalisée selon sa volonté, comme nous l’avons vu.

 c) La mission

 Le texte nous indique les différents aspects de la mission de représentation de Sa personne confiée par Dieu à la seule créature qui soit à sa ressemblance. 

 1) Dieu ayant créé par la Parole, est un Dieu de communication et de révélation l’être humain le représentera grâce à sa faculté de communiquer et de parler : c’est lui qui nommera les animaux et qui accueillera son complément féminin par le premier poème d’amour de l’humanité (v 18-20, 23).

 2) Dieu étant le maître de l’univers, l’homme sera le maître de la terre et des animaux : il en sera le gestionnaire et le responsable, gardien du jardin  (v 15). Il aura à  cultiver la nature, donc à en maîtriser la connaissance et en contrôler les mécanismes, la nature étant aussi bien l’environnement que la nature humaine dans toutes ses dimensions.

Cet aspect de la  mission confiée par Dieu dès la Création est mis en œuvre dans l’Église adventiste dans la pratique de la Gestion Chrétienne de la Vie.

  3) Dieu étant un Dieu d’amour, attentif à chacun, l’homme partagera son amitié et son respect avec les animaux et avec ses semblables (v 19-20) : donner un nom à quelqu’un était considéré dans l’Antiquité comme une véritable adoption, une reconnaissance de paternité qui impliquait des liens d’affection, de respect et de protection.      (Illustration : Adam nomme les animaux, de Zabou)

Zabou Adam nomme les animaux2.jpg               

4) La création de la femme entre aussi dans le projet de Dieu de faire de l’être humain son représentant sur la terre. Ce passage, souvent mal compris, a servi à maintenir la femme dans un rôle subalterne et inférieur sous prétexte que sa création vient en dernier, et que le mot « aide ou auxiliaire » sous-entend infériorité dans nos esprits. Ces arguments fondés sur des préjugés culturels ne tiennent pas après une étude du texte.  

En effet, on l’a vu, le fait que le récit de la création de la femme vienne en second dans le récit de la Création tient au procédé littéraire du récit hébraïque où on revient toujours sur les détails importants, après avoir rapporté les généralités. La création de la femme au chapitre 2 explicite le texte : Il les créa homme et femme de 1.27.

De plus le mot aide, loin d’avoir une connotation péjorative, est employé dans la Bible toujours pour parler de Dieu qui vient en aide à sa créature, ou encore dans un contexte d’alliance entre deux chefs égaux qui unissent leurs forces pour lutter contre  un ennemi commun. On ne peut donc tirer de ce mot l’argument de l’infériorité de la femme. Elle est la partenaire égale et de même nature (comme le suggère le jeu de mots ich / icha, traduit par compagnon / compagne dans la BFC), qui multipliera les forces de l’être humain, et lui permettra d’échanger avec son vis-à-vis. 

Dieu a créé la femme d’une côte ou  à côté  de l’homme pour signifier qu’elle       n’est ni au-dessus, ni au-dessous de son compagnon, et qu’elle est exactement de la même nature que lui, avec les mêmes capacités, comme le reconnaît immédiatement Adam.

L’image de Dieu (1.27) ne pouvait être exacte et complète que dans cette dualité masculin /féminin. Cela ne condamne pas les célibataires, mais signifie à chacun, qu’il a à développer harmonieusement en lui les caractéristiques psychologiques et affectives des deux sexes, et non à  étouffer celles qui sont attribuées conventionnellement à l’autre sexe. Par exemple, on dit à un jeune garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que ce sont les filles qui pleurent. On habitue ainsi les hommes à refouler leur sensibilité, pour paraître plus virils, ou on refuse aux filles l’esprit de décision et d’entreprise, pour rester féminines !

Pour que l’homme puisse reconnaître et écouter la composante féminine de sa personnalité, Dieu l’a plongé dans le sommeil, suggérant ainsi que c’est dans le repos et le silence de sa masculinité, qu’il pourra être attentif à ce qui reste caché en lui, et qui doit s’exprimer pour lui permettre de vivre dans l’harmonie voulue par Dieu.

Dieu, dont l’être humain est l’image, révèle tout au long de la Bible les aspects masculins et féminins de sa personne. Ainsi Il dirige, organise, agit dans l’univers, mais aussi Il aime et est ému de compassion dans ses entrailles, en hébreu  son utérus !

 5) L’union de l’homme et de la femme :Dieu éprouvant un amour privilégié pour la créature à son image et désirant s’unir à elle intimement, l’homme s’attachera par un lien d’amour privilégié à son vis-à-vis, dans une communion de pensée, de projet de vie, de sentiments, de sensations et de plaisir (v 24-25). C’est ainsi que Dieu institua l’union conjugale comme signe et image de son caractère et de sa volonté de bonheur pour l’être humain.

Les versets 24 et 25 sont indissociables, malgré la typographie de certaines Bibles, qui depuis le 4e siècle de notre ère les séparent. On peut considérer ces versets comme l’expression de la volonté de Dieu pour le bonheur du couple humain et l’accomplissement de sa mission.

Psychologiquement et affectivement chacun des partenaires du couple cherche à :

 -    avoir atteint la maturité psychique qui le rend conscient de sa personnalité et responsable de lui-même (quitter son père et sa mère)

 -    être capable de se détourner de son égoïsme naturel pour s’attacher à l’autre du sexe opposé et l’aimer, comme Dieu aime (il s’attachera à sa femme)

  -    avoir un projet de vie cohérent, un objectif à atteindre en commun avec l’autre (devenir un seul être, ou une seule chair).

Cette expression ne s’entend pas seulement de l’union physique, mais aussi de l’unité intérieure entre les composantes de la personnalité de chacun, et entre les valeurs de vie des deux partenaires.    

-    enfin, être vrai et transparent dans tous les domaines   (tous deux étaient nus sans honte). La nudité sans honte est le symbole d’une sexualité acceptée et vécue avec joie parce qu’elle consacre l’union de deux êtres à l’image de Dieu. Comme le suggère la place de ce verset dans le texte, la sexualité voulue par Dieu est le point d’orgue de l’union conjugale : elle en augmente la durée et en resserre les liens déjà noués sur tous les autres plans, mais ce n’est pas elle qui débute et fonde l’union, comme veulent le faire croire les médias et les coutumes actuelles.

Elle est aussi le symbole de l’acceptation de soi et de l’autre, tels que nous sommes et tels que Dieu nous voit, dont l’expression moderne être bien dans sa peau est une traduction !

Psychologiquement, la nudité sans honte du jardin d’Eden signifiait qu’entre les deux humains, rien ne faisait obstacle à la communication, tout était clair entre eux, ils n’avaient rien à  cacher ni à Dieu ni à eux-mêmes.

 La tradition juive joue aussi sur l’homophonie des mots nu et lumière en hébreu. Seule une lettre muette les différencie à l’écriture. Dans le jardin d’Eden, le couple était nu ou dans la lumière de Dieu où rien n’est caché. Le péché créera la séparation avec Dieu, donc l’absence de lumière. La gène de cette disparition et la honte de l’avoir provoquée seront transférées sur la nudité et la sexualité.  

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Quelle est ma conception du repos ? Comment est-ce que je remplis les moments de cessation de mes activités professionnelles ou familiales ? Est-ce que j’en fais des moments privilégiés de rencontre avec Dieu, avec les autres, des moments de divertissement, de détente totale, de culture intellectuelle ou physique, des occasions d’étourdissement, etc. ?
  • Comment vivre le sabbat en harmonie avec l’enseignement biblique ?
  • L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Quelle image de Dieu puis-je donner dans ma vie familiale, professionnelle, ecclésiale, et sociale ?
  • Si je suis marié, les relations au sein de mon couple sont-elles harmonieuses, dans le respect et l’amour partagés, avec le désir d’authenticité et de service mutuels ? A quel point dois-je veiller plus particulièrement pour atteindre cet objectif ?
  • Si je suis célibataire, ou individuellement pour chacun des membres du couple, comment puis-je harmonieusement développer les aspects masculins et féminins de ma personnalité, pour être une image de Dieu fidèle ?