17/10/2025
Étude n°4 le conflit derrière tous les autres, Josué 5.13-6.27 (25 10 25)
Étude n°4 le conflit derrière tous les autres, Josué 5.13-6.27 (25 10 25)
Exode 14.13-14 : « Soyez sans crainte ; restez en place et voyez comment l’Éternel va vous sauver aujourd’hui…l’Éternel combattra pour vous, et vous gardez le silence ».
Verset : 6.20 : « On sonna de la trompette, dès que le peuple l’entendit, il poussa un formidable cri de guerre et les murailles s’écroulèrent ».
Le texte étant assez long et fourni, nous ne verrons cette semaine que son aspect historique et les leçons qu’on peut en tirer. La semaine prochaine nous le reprendrons pour en étudier les enseignements spirituels et messianiques.
Informations
La conquête du pays commence. Elle durera environ sept ans, et comprendra trois grands événements : la prise de Jéricho et d'Aï, la victoire sur les rois du midi (ch 10), la victoire sur les rois du nord (ch 11).
Nous n’avons gardé de ces trois grands événements que la partie de la prise de Jéricho, comme exemple de la confiance que le Seigneur demandait à son peuple. En outre, la prise de Jéricho peut être considérée comme un « type » de la victoire spirituelle de la foi contre les puissances démoniaques, telle qu’Apocalypse 12.7-9 le révèlera plus tard.
Les autres récits manifestent combien la conquête du pays se fit cahin-caha, par la grâce de Dieu (victoire d’Aï, révélation de la loi au Mont Ebal, victoires sur les rois du Midi et du Nord), malgré les faiblesses du peuple (Infidélité d’Acan, du peuple et de Josué à Aï, erreur de jugement de Josué avec les Gabaonites).
Observons
1 - Plan du texte :
a) 5.13 - 6.5 Vision accordée à Josué et plan de bataille dressé par l’Éternel
b) 6.6-14 Marche silencieuse au son des trompettes
c) 6.15-21 La chute de Jéricho
d) 6.22.25 Le salut de Rahab
e) 6.26-27 Malédiction sur Jéricho
2 - Identité du personnage de la vision
Comment se fait-il reconnaître ?
- C'est un homme qui a une épée nue à la main,
- Il n'est ni Israélite ni Cananéen,
- Il se dit Chef des armées de l'Éternel,
- Il accepte l'adoration de Josué et le titre de “ Mon Seigneur ”
- Il révèle sa Sainteté (terre où il se trouve est sainte, v 5.15) : Il utilise le même geste qui avait été demandé à Moïse au buisson ardent (Ex 3.5)
- Il est nommé enfin “ L'Éternel ” (6.2)
C'est bien l'Ange de l’Éternel, ou la manifestation de Dieu aux hommes, celui qui sera le Christ du Nouveau Testament, qui apparaît à Josué, au début de la conquête.
3 - Stratégie ordonnée par Dieu
- Faire le tour de la ville une fois par jour
- En silence mais au son de sept trompettes
- Faire sept tours le septième jour toujours en silence
- Rompre le silence par un cri de victoire
- Contempler l'écroulement de la muraille
- Après l'écroulement des murs, monter dans la ville droit devant.
La participation humaine à cette victoire de Dieu réside dans la foi et l'obéissance.
4 - Ordre de marche
- En tête de la colonne, les hommes équipés (v 7)
- puis les 7 sacrificateurs aux 7 trompettes (v 4)
- l'arche portée par les sacrificateurs (v 8, 12)
- l'arrière garde constituée de tout le peuple (v 9, 13)
5 - Camp de base durant la conquête
Chaque soir, les soldats rentraient à Guilgal, où se trouvaient le Tabernacle avec l'arche et les 12 pierres tirées du Jourdain. Au Tabernacle, Josué pouvait consulter l’Éternel avant de prendre une décision.
6 - Sort dévolu à Jéricho
v 17 elle est dévouée par interdit à l’Éternel : c'est à dire que toute vie doit y être exterminée, et tout objet précieux doit être consacré au Trésor du Tabernacle. Rien ne doit revenir aux hommes, aucun butin ni en hommes, ni en troupeaux, ni en objets.
v 24 : elle est incendiée, pour être purifiée de sa souillure
v 26 : elle doit rester ville ouverte, sans fortifications ni portes, comme le signifie l'expression « rebâtir la ville ». Ce n'est pas une interdiction d'y demeurer, mais d'en faire une forteresse.
7 - Conséquences d'une éventuelle désobéissance
6.18 : mettre tout Israël en interdit et semer le trouble dans le camp. De l'attitude de chacun dépend le sort de la communauté toute entière.
8 - Salut de Rahab
v 22-25 : Toute sa famille, ceux qui s'étaient réfugiés sous son toit, furent épargnés. Placés temporairement hors du camp, comme étrangers impurs (Nb 5.3), ils furent intégrés au peuple après la circoncision des hommes et la purification des femmes. (Gn 34.15 ; Nb 19). Rahab épousa Salmon et devint mère de Booz. Elle est citée parmi les cinq femmes de la généalogie de Jésus (Mt 1.5)
COMPRENONS
1- la vision : Avant toute bataille un général étudie le terrain et la stratégie à suivre. Josué considère la ville (5.13a) et s'aperçoit de sa fermeture hermétique (6.1). A sa perplexité devant l'obstacle pour entrer dans la ville et de là dans tout le pays, le Seigneur répond en se faisant connaître comme le « chef des armées de l’Éternel ». Cette expression ne désigne pas l'armée d'Israël, mais une armée supérieure, celle des êtres célestes, celle des anges. Ainsi, Dieu fait comprendre à Josué qu'il envoie tous ses anges combattre pour son peuple, sous sa propre direction. N'étant ni un Israélite, ni un Cananéen, ce chef n'est pas manipulable, il est indépendant, Josué ne peut que lui obéir, dans le respect de son autorité et de sa sainteté.
Josué reconnaît dans cet être céleste, celui qui a parlé à Moïse dans le buisson ardent, l’Éternel lui-même, qui se présente avec l'aspect et les attributs adaptés à la situation et à l'état d'esprit de Josué. Ôter ses souliers en sa présence est symbole de son humilité et de sa soumission totale à son autorité sainte par abandon de ses droits à celui à qui on remet sa chaussure, abandon de ses propres sécurités et de ses prétentions (2 S 15.30 ; Es 20.2-6 ; Ruth 4.7-8) .
Cette vision est destinée
- à sonder la soumission et l'humilité de Josué : il doit accepter que le vrai chef de cette conquête ne soit pas lui, mais Dieu à qui il suffit d'obéir.
- à fortifier la foi de Josué : Dieu en personne est présent et dirige tout. Il n'y a rien à craindre.
2- La stratégie :
Dieu en révèle d'abord l'essentiel, les détails sont ensuite précisés, au fur et à mesure de l'action. C'est humainement fou ! La ville sera prise par des armes incongrues : le silence, les trompettes, l'arche, la marche autour de la ville, un cri de triomphe avant l'écroulement !
Chacun a un rôle à jouer et une responsabilité qui engage toute la communauté. L'obéissance ou la désobéissance de chacun aura des conséquences sur tout le peuple (6.18).
Dans la ville assiégée ne seront épargnés que ceux et ce qui appartiennent à l’Éternel, Rahab et sa famille, qui ont manifesté leur foi, les métaux précieux qui serviront de prémices du butin offerts à Dieu.
3- Les armes :
a) Les trompettes : d’après Nb 10 les trompettes servaient à
- appeler en assemblée devant le Tabernacle (v 3,7) par une sonnerie sans éclat (v 7)
- ordonner le départ du camp par une sonnerie avec éclat (v 5-6)
- marcher au combat avec une sonnerie éclatante (v 9)
- manifester à Dieu sa joie (v 10)
- se rappeler au bon souvenir de Dieu (v 10)!
En outre dans Ps 98.6 et 9, et dans Lev 25.9, les trompettes éclatantes sont associées au Jour des Expiations, jour du jugement de Dieu sur son peuple, et sur les nations. Remarquez dans le psaume combien le son des trompettes est lié aux chants et aux cris de joie : le jugement de Dieu est un événement heureux, car il manifeste le salut de Dieu (v 2), sa bonté et sa fidélité envers son peuple (v 3), sa justice et son équité envers les nations (v 2b, 9b).
Ici, devant Jéricho, les trompettes devaient sonner avec éclat pour :
- exprimer la foi du peuple en la puissance salvatrice de Dieu
- avertir les Cananéens de leur jugement imminent
- appeler Rahab et les siens à demeurer dans leur demeure, à l'abri du cordon rouge, symbole du sang de Jésus qui assure le salut.(rappel du sang de l'agneau répandu sur le linteau des portes à la 1ème plaies avant la sortie d’Égypte).
b) L'arche : elle avance au milieu du cortège. Dieu manifeste ainsi qu'il est au milieu de son peuple à qui il demande simplement de le suivre.
c) Le silence : toute discussion pourrait distraire ou semer le doute. Tous doivent être unis dans l'action obéissante (la marche), la méditation et la prière (le silence), et la confiance totale en Dieu.
d) Le tour de la ville : le chiffre 7 répété marque la perfection, l'achèvement, la plénitude. Dieu demande ces tours de la ville pour :
-inciter son peuple à faire le tour du problème ; en être bien conscient sous tous ses aspects, s'apercevoir que par ses propres forces, il ne peut rien faire.
- faire appel à sa foi : chaque jour il fallait se tourner vers Dieu pour recommencer une marche apparemment vaine et ridicule !
- éprouver l'obéissance et la persévérance du peuple. Ce n'est qu'en comptant sur Dieu qu'ils purent obéir et persévérer.
-avertir les Cananéens, comme Noé avertit pendant 120 ans les hommes antédiluviens, en construisant un bateau sur la terre ferme (Hb 11.7).
- prévenir Rahab de se tenir prête avec les siens.
e) Le cri de victoire : Ils doivent le pousser avant de voir la muraille s'écrouler. C'est l'expression la plus forte de la foi des Hébreux en la Parole de Dieu qui leur dit “ Je vous ai livré la ville ” (v 16). Ils croient qu'ils ont déjà ce que Dieu leur a promis !(Marc 11.24 ; Mat 21.22 ; Jean 14.13)
f) L'ordre de marche : Les hommes d'élite à l'avant, sont sans doute les trois tribus trans-jordaniennes, qui remplissent leur engagement. Fortes de ce qu'elles ont déjà reçu, elles entraînent les autres et leur montre le chemin et l'exemple, tout en préparant la voie pour les sacrificateurs aux trompettes et pour l'arche. Ces hommes du front sont pour tous un encouragement puissant et une exhortation vivante.
Ces armes sont dérisoires, humainement parlant, par rapport à la puissance des défenses de Jéricho, et des armes de guerre des Cananéens. Les mêmes procédés seront utilisés pour David contre Goliath ! Le miracle sera dans la concordance (=la synchronicité) entre l'utilisation de ces armes de la foi et le tremblement de terre probable qui abattit les murs de Jéricho.
4 - L'interdit : Il faut remarquer que l'interdit est d'abord une consécration à l’Éternel (6.17a). Or la seule façon de réserver à l’Éternel quelque chose d'impur, c'est de la détruire, car la sainteté de Dieu ne cohabite pas avec le péché. La première ville cananéenne est offerte à Dieu pour plusieurs raisons :
- C'est Dieu qui a remporté la victoire par sa seule puissance.
- Les prémices de tout ce que récolte Israël sont offertes à Dieu, du premier né du foyer et des troupeaux, jusqu'aux fruits de la terre, en passant donc par le butin de guerre.
- L'ignominie des Cananéens a atteint son comble. Leur temps de grâce est terminé. Il n'existe, parmi eux, plus aucune vie qui puisse être désolidarisée du péché, car il n'y a plus de repentance ; or le péché doit être détruit. Ce sera pour les autres Cananéens un signe et un avertissement sur ce qui les attend s'ils ne se repentent pas.
Pédagogiquement par cet interdit, Dieu veut enseigner son peuple
- sur son droit de propriétaire du pays : il est le Seigneur, premier servi. Tout ce qui se trouve dans le pays lui appartient, c'est lui qui en décide le sort.
- sur le devoir absolu d'éviter ce qui peut conduire à l'idolâtrie. Pactiser avec les Cananéens serait courir le risque de tomber sous le même jugement qu'eux. L'interdit a valeur d'exemple, d'avertissement pour le peuple hébreu aussi (v18).
- sur les limites de la patience de Dieu : elle a duré plus de 1800 ans, depuis la malédiction de Noé sur Canaan (Gn 9.25). Dieu envoya à ces peuples des témoins, Melchisédek, Abraham, pour les appeler à la repentance ; le sort de Sodome et Gomorrhe les a avertis, les récits des miracles de la Mer Rouge, du désert et du Jourdain ont pu les interpeller, mais leur iniquité les rendit sourds et aveugles, et Dieu ne supporte plus qu'elle dure plus longtemps et risque de corrompre son peuple.
- sur l'incompatibilité de sa sainteté, de son amour, de sa justice avec le mal : Dieu ne peut ni approuver, ni encourager, ni supporter éternellement le mal. Il ne peut laisser le croyant qui a confiance en lui, éternellement bafoué et persécuté. Sa justice réclame de le réhabiliter, et son amour de le sauver, comme il le fit avec Rahab. Et cela implique la destruction de l'auteur du mal!
- sur son utilisation des hommes pour témoigner de son amour et aussi de sa justice. Les Hébreux fidèles seront le bras de Dieu contre les Cananéens impies, comme plus tard les Assyriens et les Babyloniens seront les instruments de la justice de Dieu envers les Hébreux infidèles.(Attention ici de ne pas faire de ce texte un prétexte pour justifier les massacres commis actuellement en 2025, à Gaza et en Palestine)
5 - Les Cananéens
Le texte ne nous dit rien sur les sentiments et les actes des Cananéens : ils se sont tellement éloignés de Dieu par leurs mœurs sociales et religieuses dépravées (Dt 18.9-14), qu'ils sont déjà considérés comme “ morts ”(Mt 8.22). “ Et leur amour, leur haine, et leur envie ont déjà péri. Ils n'auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil ” (Ecc 9.6). “ Il n'y a ni oeuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts... ”(Ecc 9.10). La miséricorde de Dieu ne peut plus agir en leur faveur, sauf pour ceux qui se sont placés sous sa protection, dans la maison de Rahab.
Le problème est envisagé ici collectivement. On ne doit pas exclure que, dans cette collectivité, la grâce de Dieu agisse individuellement, pour le salut éternel des nouveau-nés par exemple, ou de ceux qui dans leur cœur se sont vraiment repentis à la dernière heure (voir le brigand sur la croix, ou la parabole des ouvriers de la dernière heure (Lc 23.43 ; Mt 20.15). Seul Dieu sait ce qui se passe dans les cœurs !
La ville entourée de hautes et épaisses murailles paraissait imprenable et les habitants réfugiés à l'intérieur pouvaient soutenir un long siège : au moment de l'attaque, les récoltes venaient d'être rentrées et le bétail avait été mis à l'abri des envahisseurs. L'archéologie a retrouvé des jarres remplies de grains, datant du 15è siècle av JC, et entourées de traces d'incendie et de tremblement de terre, confirmant les données du texte biblique.
Les Cananéens connaissaient l'art du bronze puis du fer, inconnu des Hébreux nomades. Cet art fit leur supériorité guerrière pendant de longs siècles, du temps des Juges et des Rois. Pour travailler les métaux, les Phéniciens allaient s'approvisionner jusqu'en Espagne. On explique ainsi que le prophète Jonas ait trouvé si facilement un bateau pour s'enfuir à Tarsis, au sud de l'Espagne.
Les métaux nombreux et précieux trouvés à Jéricho furent réservés pour le Trésor de l’Éternel, comme prémices du butin. Dans les autres villes, les soldats purent prendre leur part de butin. La ville fut incendiée selon la coutume antique qui voulait ainsi faire disparaître toutes traces du peuple vaincu. Josué empêchait les Cananéens de s'installer à nouveau près des gués du Jourdain et ainsi entraver la circulation, et il empêchait les Hébreux de s'arrêter dès le début de la conquête, dans les délices et les tentations de possession et de confort, après 40 ans d'errance.
6 - La malédiction
Elle n'atteint pas celui qui habitera à nouveau dans la ville, mais celui qui rebâtira des fortifications et des portes. La ville doit rester ouverte à tous, et ne pas présenter d'obstacle à la réalisation du plan de Dieu. Cette malédiction tombera sur Hiel de Béthel, qui, du temps du roi impie Achab, rebâtira les murailles et les portes, au prix de ses fils premier et dernier nés (1R 16.34).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Devant une difficulté de relation avec un proche ou un frère dans la foi, comment est-ce que je réagis : en m'enfermant dans ma forteresse ? En entourant mon vis-à-vis d'attentions, d'amour, d'appels au pardon, de prière ? En attaquant de front par des reproches ou des jugements, au risque de me heurter à un mur ? En faisant preuve d’humilité dans le ton et l’attitude ?
- Dans les problèmes à résoudre, en quoi ou en qui est-ce que je place ma confiance : en mes propres forces, en celle de mon entourage, parents, amis, pasteur, etc..., en Dieu ? A quelle attitude cela me conduit ?
- Comment puis-je participer à la mission confiée à mon Église de "conquérir" spirituellement des “ places-fortes ” ?
08:00 Publié dans Josué 4/25 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/10/2025
Étude n°3 Souvenirs de la grâce, Josué 3 et 4 (18 10 25)
Étude n°3 Souvenirs de la grâce, Josué 3 et 4 (18 10 25)
« L’Éternel votre Dieu a mis à sec devant vous le cours du Jourdain jusqu’à ce que vous ayez passé, comme l’Éternel votre Dieu l’avait fait à la mer des Joncs…afin que tous les peuples de la terre connaissent que la main de l’Éternel est une main puissante, et que vous ayez toujours la crainte de l’Éternel »Jos 4.23-24 
OBSERVONS
Le texte est long, mais a comme thème central le passage du Jourdain. On distingue plusieurs étapes dans ce récit, dont il serait bon d'abord de discerner les répétitions de mots et d'idées. En effet, la Bible s'exprime très volontiers par la répétition, pour faciliter la mémorisation de ce qu'il est important de retenir ou de comprendre. Ici vous remarquerez les expressions : Passer (21 fois = 3 fois 7, en sachant que 3 est le chiffre de la divinité, et 7 celui de la plénitude, de la perfection !), l'arche (9 fois au ch 3 (= 3x3), et 7 fois au ch 4), dans le Jourdain (3 fois au ch 3), à sec ou de pied ferme, etc...
Plan du texte
1- 3.1-13 Les préparatifs du passage
2- 3.14-4.14 Le passage
3- 4.15-24 La sortie du fleuve
Chacune de ces parties peut elle-même se décomposer en paragraphes, ce que nous ferons pour comprendre le détail du texte, mais il est nécessaire d'avoir une vue d'ensemble du récit pour en saisir l'unité et la portée.
Si l'on considère les chapitres 3 et 4, on s'aperçoit de l'importance donnée à la partie centrale (3.14 à 4.14) de la traversée du Jourdain (12 fois le mot “ passer ”).
COMPRENONS
Nous reprendrons en détail, chacune des parties du récit, selon les lectures historique, spirituelle, messianique et eschatologique.
Lecture historique
1 - Les préparatifs : 3.1-13
v 1-2 : Les trois jours d'arrêt au bord oriental du Jourdain correspondent aux trois jours que mirent les espions à revenir de Jéricho (2.22), et qui retardèrent la traversée. Depuis l'ordre de Josué en 1.11 se sont écoulés 3 jours de préparatifs à Sittim, 1 jour de marche vers le Jourdain (3.1), 3 jours d'attente au bord du Jourdain (3.2). Le peuple nomade voit arriver la fin de son errance et devra changer d'économie ; il devra d'abord devenir guerrier, puis sédentaire. Un tel changement ne peut s'opérer qu'après une préparation spirituelle et morale soignée.
v 3-6 : C'est pourquoi Josué recommande au peuple plusieurs démarches :
a) Regarder vers l'arche (v 3) : elle était habituellement derrière le voile du Tabernacle, cachée aux regards du peuple. Lors des déplacements, elle était enveloppée du voile et de deux couvertures, l'une en peaux de dauphins, l'autre en drap bleu (Nb 4.5-6), car il n'était pas permis au peuple de voir l'or de l'arche ou de la toucher sans mourir, puisqu'elle représentait la présence de Dieu lui-même (Nb 4.19-20 et Jos 3.10).
b) Partir, c'est à dire quitter ce que l'on connaît pour aller vers l'aventure et le risque (v 15b). Cela demande un acte de foi.
c) Se mettre en marche en suivant l'arche (v 3-4). La distance de 2000 coudées (= un peu plus d'1km) permettait à tous de la voir et marquait la sainteté de l'arche, trône de Dieu. De même au Sinaï, le peuple ne put approcher la montagne de la révélation de la loi, au-delà d'une certaine distance (Ex 19.12,24).
v 6 : Pour la première fois, l'arche marchait devant le peuple, alors que dans le désert elle était portée au centre de la colonne en marche. Cette fois, elle montrait le chemin à suivre (v 4). Il n'était pas possible d'être simple spectateur de l'œuvre de Dieu, il fallait être acteur et se mettre en marche derrière le guide.
d) Se sanctifier : avant les moments importants de rencontre avec Dieu, il est nécessaire de se préparer, physiquement par des ablutions, psychiquement par une séparation de tout ce qui peut distraire l'attention due à ce moment important, et spirituellement par une recherche de la communion avec Dieu. Ici, la sanctification n'est pas explicitée, mais on en a certaines modalités dans Nombres 19.10-11, 14-15. Avant d'entrer dans le pays le peuple tout entier doit être conscient du moment solennel où l'intervention de Dieu va transformer son mode d'existence.
v 7-13 L’Éternel explique à Josué :
a) les raisons de son intervention puissante : faire comprendre au peuple
- que Josué est bien leur chef successeur de Moïse, et que son autorité lui vient bien de Dieu.
- que l’Éternel est bien au milieu d'eux (v 10)
- qu'il a la puissance de chasser les populations cananéennes (7 peuples = la totalité de la population).
b) Ce qui va se passer :
- l'arche entrera dans le Jourdain
- dès que les pieds des sacrificateurs seront mouillés, l'eau s'arrêtera de couler.
- douze hommes sont prévus pour un acte qui n'est pas expliqué.
Dieu, en révélant son plan, demande l'adhésion de la foi du peuple. Humainement ce plan était hors de raison : comment un fleuve en crue pouvait-il être franchi ? C'est pour cela que les Cananéens ne s'inquiétaient pas de l'approche des Hébreux. Comment ce fleuve pouvait-il arrêter de couler, sans aucun signe précurseur de tarissement ? Les sacrificateurs devaient entrer dans l'eau avant de voir le miracle s'accomplir. Au contraire du miracle de la Mer Rouge, où seul le bâton de Moïse fut mouillé, ici chacun devait être impliqué et actif.
2 - le passage du fleuve (3.14 à 4.14)
a) 14-17 Le passage de l'arche : les détails climatiques et géographiques insistent sur la démarche de foi exigée par Dieu. Un fleuve en crue est un véritable obstacle pour pénétrer dans le pays. Le flot fut vraiment arrêté seulement quand les pieds des sacrificateurs portant l'arche furent mouillés, et les eaux furent coupées à une distance de 25km en amont de Jéricho, largement de quoi laisser passer le peuple et les troupeaux à sec dans le lit du fleuve. Par deux fois dans l'histoire, en 1266 ap JC et en 1927, un tremblement de terre avec glissement de terrain interrompit, pendant dix à vingt heures, l'écoulement du Jourdain à l'endroit le plus resserré de son cours, vers le Tell ed Damiyeh, qui est assimilé à la ville d'Adam (v 16). Dieu a la puissance de provoquer les circonstances destinées à accomplir son plan et renforcer la foi de son peuple. Le miracle, ici, tient plus à la simultanéité des faits qu'à une rupture merveilleuse des lois physiques.
De plus, il fallut attendre que l'arche se soit engagée dans l'eau pour voir le miracle s'accomplir. Une fois de plus, les responsables religieux du peuple ne restent pas contemplatifs des merveilles de Dieu et dans l'attente passive de ses interventions, ils s'engagent et prennent des risques pour que le reste du peuple puisse passer en toute sécurité, à sec.
b) 4.1-9 : les pierres du Jourdain : L'arche s'arrête au centre du lit du fleuve, et là, Josué fait élever un autel de 12 pierres, représentatif des douze tribus. Cet autel fut ensuite recouvert par l'eau et disparut aux regards du peuple. Pour que tous se souviennent de l'événement, 12 autres pierres prises au centre du fleuve, à l'emplacement de l'arrêt de l'arche, sont enlevées et portées au lieu où le peuple campera et reviendra après chaque combat, à Guilgal. Elles serviront à fortifier la foi de chacun, au souvenir de cette intervention spectaculaire de Dieu en faveur de son peuple (4.6-7).
c) 4.10-14 : le passage du peuple : le peuple passe à sec, mais en se hâtant (10b). Il a conscience de l'urgence et de la brièveté du temps. Même les trois tribus déjà dotées de territoire doivent traverser en tête du peuple. Obéissant aux ordres de Moïse et Josué dont l'autorité est confirmée, elles marquent leur solidarité avec les autres tribus, et leur dévouement en se mettant au front.
3 - La sortie du fleuve (4.15-24) Les sacrificateurs et l'arche, entrés les premiers, sortent les derniers. Aussitôt le fleuve retrouve son lit. A partir de cet événement, la vénération de l'arche va tourner à la superstition, du temps des Juges. La possession de l'arche sera considérée comme l'assurance de la présence et de la protection de Dieu. Le symbole matériel sera sacralisé au point de perdre son sens spirituel.
Un autel est édifié à Guilgal, peut-être avec les douze pierres du Jourdain, devant le
Tabernacle. Guilgal signifiant « cercle » ou « roulement », on pense aussi que les douze pierres ont pu être roulées et dressées en cercle comme monument commémoratif du passage des douze tribus. Là les Hébreux retourneront après chaque combat. La seule fois où ils n'y revinrent pas, fut après la chute de Jéricho, où le peuple partit attaquer Aï, sans consulter l’Éternel. Ce fut une défaite ! L'autel ou le monument devait donc rappeler au peuple l'intervention divine qui leur avait permis de traverser à sec, et aux autres peuples la puissance du Dieu d'Israël sur tout l'Univers et ses éléments (4.24 et 5.1).
Lecture spirituelle
Le récit de la traversée du Jourdain est le symbole du cheminement spirituel de celui qui devient disciple de Jésus-Christ :
-Il faut d'abord voir, regarder le Christ, apprendre qui il est et ce qu'il a fait,
-puis il faut croire en sa puissance et en ses promesses de salut,
-il faut se lever, s'engager et marcher à sa suite, c'est à dire descendre avec lui dans le fond du fleuve, et par le baptême s'identifier à sa mort et son ensevelissement (Rom 6.4). Comme les douze pierres représentant les douze tribus furent laissées au fond du fleuve et furent recouvertes, de même dans le baptême, le croyant abandonne sa nature pécheresse, son vieil homme rebelle à Dieu, incapable de communion avec lui et d'amour, que Jésus a fait mourir dans sa chair sur la croix. De l'emplacement où se trouvait l'arche dans le fleuve, ont été sorties douze pierres dressées ensuite en autel ou en monument à Guilgal. Ces douze pierres représentent l'homme nouveau, le croyant ressuscité qui sort des eaux du baptême, revêtu de Jésus-Christ et habité de son Esprit, qui va servir jour après jour son Seigneur, en rendant témoignage de sa puissance de salut et de son amour, comme le fit l'autel de Guilgal.
Lecture messianique
Le type du Messie est ici essentiellement l'arche : 3.10 “A ceci vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous...voici l'arche de l'alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain ”. Or le Messie est appelé “ Emmanuel, Dieu avec nous ”. Il est le guide qui marche devant son peuple, il entrera lui aussi dans le Jourdain devant et avant son peuple de disciples, au moment de son baptême. Comme l'or de l'arche était couvert du voile pour être présenté au peuple, le Messie glorieux a caché sa divinité en prenant le voile de sa chair (Héb 10.20) pour descendre au niveau des hommes (Ph 2.7).
L'arche marcha devant le peuple pour passer le Jourdain, de même Jésus, comme un berger (Jn 10.4), marcha devant son peuple pour le faire entrer dans son royaume éternel.
Comme l'arche entra dans les eaux du Jourdain, symbole de séparation et de mort, Jésus entra dans les eaux de la mort à la croix. Comme l'arche écarta ces eaux séparatrices, Jésus écarta la condamnation du péché qui séparait l'homme de Dieu, afin que son peuple puisse avoir accès au royaume de la vie.
Comme les eaux refluèrent dès l'entrée de l'arche dans le fleuve, Satan fut vaincu et le voile du temple se déchira à l'instant où Jésus pénétra dans la mort. L'accès à Dieu était ouvert à tous.
L'arche s'arrête au fond du lit de la rivière comme Jésus sur la croix atteignit le fond de l'angoisse et de la souffrance d'être “ fait péché pour nous ” et d'être ainsi séparé de Dieu. C'est là qu'il s'arrêta pour nous sauver.
Quiconque se fiait à l'arche pouvait passer sans encombre, de même quiconque croit au Fils est délivré de la condamnation et passe de la mort à la vie (Jn 5.24).
Enfin, l'arche, sortie du fleuve, prend la tête du peuple qui est passé en Canaan, comme Jésus, ressuscité, prend la tête de ceux qui s'en remettent à lui pour guider leur nouvelle vie.
Lecture eschatologique
Lorsque Jésus reviendra, ceux qui l'auront suivi comme leur arche partout où il va (Ap 14.4), qui auront lavé leurs robes et les auront blanchies dans le sang de l'Agneau (Ap 7.14), c'est à dire qui seront passés par la mort et la résurrection au baptême (=passage du Jourdain), pourront entrer dans la Terre promise de son Royaume.
Au terme de cette étude qui n'est pas exhaustive, je vous invite à dresser un tableau récapitulatif de tous les éléments du récit avec leurs différents sens spirituel, messianique et eschatologique, et de noter en face de chacun d'eux les questions qui vous viennent à l'esprit pour leur application dans votre vie personnelle ou d’Église.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Devant les obstacles, les faiblesses, les soucis et les peines qui encombrent ma vie et me séparent de Dieu, à qui est-ce que je regarde ? Est-ce que je regarde leur débordement avec abattement et désolation, ou bien mes regards se portent-ils vers le Seigneur qui peut me soutenir pour passer à travers ?
- La croix est-elle vraiment pour moi le signe de la mort de ma nature humaine égoïste et orgueilleuse, comme les 12 pierres laissées au fond du Jourdain ? Suis-je resté spirituellement dans le Jourdain, sans forces et abattu par ma culpabilité, ou bien suis-je sorti, en homme nouveau, comme les 12 pierres de Guilgal, pour servir le Seigneur par mon témoignage ?
- De quelle intervention de Dieu dans ma vie puis-je témoigner ? De quoi l’Église doit-elle témoigner?
08:00 Publié dans Josué 4/25 | Lien permanent | Commentaires (0)














