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15/12/2017

Étude n°12 : Victoire sur le Diable par le Bien, Romains 12.1-21 (23 12 17)

Étude n°12 : Victoire sur le Diable par le Bien, Romains 12.1-21 (23 12 17)

 

« Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait ». Rom 12.2

 

Observons

Le chapitre 12 est construit sur le modèle des parallélismes concentriques, afin de mettre en valeur leur partie centrale concernant la loi de l’Amour.

Ch 12 

v 1-2 : en  introduction : les principes de vie en Christ, sacrifice vivant et renouvellement intérieur.

A- v 3-8 : le chrétien dans l’église, corps de Christ : modestie et dons spirituels

B- v 9-13 : Amour fraternel et actif

C- v 14-21 : relations dans et hors de l’Église : pardon, empathie, humilité, dispositions de paix.

 

Comprenons

Après avoir réglé la question du sort d’Israël, qui lui tenait vraiment à cœur (Paul l’a située au centre de sa lettre pour manifester l’importance qu’il lui accorde au regard de la justification par la foi), l’apôtre aborde avec le chapitre 12 les conséquences pratiques de la justice accordée par Dieu à ses enfants, comme il l’a développé dans les chapitres 1 à 11. Si le chrétien a par la foi « revêtu la justice de Christ », son comportement dans et hors de l’Église en est transformé et cela doit se voir dans toutes ses relations.

Introduction : (12.1-2) Les principes de la vie chrétienne

Paul rappelle d’abord les « compassions », la miséricorde de Dieu pour toute l’humanité, Juifs et non-Juifs. Il vient de les louer à la fin du chapitre précédent (11.30-36), et elles constituent le fondement de la vie chrétienne. C’est parce que « Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4.7-11) que nous pouvons l’aimer et le servir selon sa volonté.

a) premier principe, le don de soisacrifice_of_abraham.jpg

Ces deux versets utilisent le vocabulaire cultuel juif, en le transposant sur le plan spirituel, pour bien montrer le changement opéré par Christ dans le cœur du chrétien. Le culte n’est plus célébré par des rites, ni par une caste de spécialistes religieux, sacrificateurs ou lévites. Tout chrétien devient prêtre, serviteur de Dieu dans sa vie quotidienne. Il offre à Dieu non plus une bête égorgée, mais sa propre personne vivante, comme Abraham s’offrait symboliquement tout entier dans le sacrifice de son fils Isaac, en signe visible de la reconnaissance et de l’amour qu’il éprouve pour son Créateur et Sauveur. Le mot « sacrifice » a une connotation péjorative à notre époque, car il évoque un abandon un peu forcé ou à contrecœur de quelque chose qui nous appartient et qui est précieux à nos yeux. (ex : faire des sacrifices pour ses enfants = se priver de sorties ou de dépenses futiles, pour pouvoir élever ses enfants). En général le but des sacrifices compense leur désagrément.

Dans notre texte le mot fait allusion essentiellement aux offrandes sacrificielles que le croyant apportait au temple, et auxquelles il s’identifiait par imposition des mains, pour accueillir le pardon de Dieu, d’un cœur entièrement tourné vers lui, ouvert à sa grâce. Par la mort de l’animal, il signifiait à Dieu qu’il lui abandonnait lui-même sa vie  pour qu’il la régénère et la consacre au service de sa volonté. Paul garde ce sens spirituel des sacrifices rituels, mais l’applique à la personne du croyant chrétien qui se consacre tout entier et quotidiennement au service de Dieu. 

Le mot «corps » représente sa personne tout entière, dans son aspect concret, visible, en relation avec les autres. Le corps est mis ici en parallèle contrasté avec « l’intelligence », le « discernement » (v 2), qui désignent plutôt l’être intérieur.

Le sacrifice de sa personne est « vivant et saint», car il implique une activité (= vie), au service de Dieu (= saint), et non plus au service du « moi »naturel et sans Dieu.

Le sacrifice de soi ne signifie pas l’abandon pénible de sa personnalité à un Dieu exigeant qui prendrait plaisir à l’humiliation et à la soumission servile de sa créature. C’est au contraire le don de sa volonté, de son énergie, de son affectivité, de son activité et de ses projets, de son caractère, à un Dieu qui libère du poids de la culpabilité, de l’esclavage de ses tendances naturelles à faire le mal (Rm 7.22-25), et qui en pardonnant, revêt son enfant de la justice acquise pour lui par Christ à la croix, et le rend capable d’agir avec droiture et justesse, à son honneur.

C’est ce sacrifice vivant et saint qui est agréable à Dieu. Paul dira aux Philippiens (4.18) qu’il est « un parfum de bonne odeur », en contraste avec les sacrifices de l’Ancien Testament qui n’étaient que des symboles prophétiques du sacrifice de Jésus-Christ. La consécration par le croyant de sa personne au service de Dieu lui est agréable parce que c’est le seul moyen pour le chrétien de rendre gloire concrètement à son Seigneur, et de témoigner autour de lui de l’amour de son Sauveur.

Il est intéressant de voir que Paul appelle cette offrande de soi à Dieu un culte « raisonnable, logique ». Le mot grec est un composé de Logos, et pourrait être traduit par « selon le Logos ». Logos est le mot employé par Jean dans son prologue pour désigner le Verbe, la Parole, Christ ! Il était employé à l’époque des apôtres par les mouvements philosophico-religieux  de la Gnose, dans le sens de « Raison », principe divin de l’organisation du monde et de la vie, et révélateur des mystères de la « connaissance » métaphysique nécessaire au salut, selon les Gnostiques. Ces spéculations intellectuelles commençaient à concurrencer le message évangélique. Paul emploie ce mot pour désigner le culte agréable à Dieu, dans une intention polémique contre ces cultes ésotériques, intellectuels, spéculatifs, pratiqués par des « initiés » aux mystères spirituels, mais n’ayant aucune conséquences sur la vie et les relations humaines. Paul affirme que le « vrai » culte, le culte selon le vrai Logos, selon la Parole de Dieu, c’est celui du chrétien qui se consacre au service de Christ, au grand jour, sans autre initiation que le renouvellement par l’Esprit de l’être intérieur (v 2).

C’est un culte « raisonnable » aussi dans le sens de rempli de bon sens, à l’opposé du mysticisme, et des exaltations religieuses. Le bon sens a les pieds sur terre, et le chrétien consacré à Christ ne se perd pas dans une spiritualité abstraite, mais s’engage dans le concret de la vie quotidienne au service de Dieu auprès des autres, comme la suite du chapitre va le détailler.

 b) Le second principe de la vie chrétienne est « le renouvellement de l’intelligence » pour discerner la volonté de Dieu. En effet le don de son corps (= de toute sa personne en relation avec les autres) ne servirait à rien s’il ne s’accompagnait du don de son être intérieur, de l’ouverture de son intelligence à l’influence et à la lumière de l’Esprit Saint (Ti 3.5b). L’intelligence n’est pas la qualité intellectuelle comme on l’entend dans le monde. Dans la Bible elle désigne la faculté spirituelle à communiquer avec Dieu, dont l’homme a été pourvu en étant créé « à l’image de Dieu ». Cette ouverture à l’Esprit n’est pas naturelle à l’homme pécheur, elle n’est pas conforme à ce qui règne dans le monde (1 Co 2.14). Elle demande au croyant un engagement volontaire à se laisser guider et transformer par l’Esprit. Paul dit aux Corinthiens que l’Esprit peut alors les « transformer de gloire en gloire », à l’image de Christ, le Seigneur (2 Co 3.18).

Le renouvellement de notre être intérieur par l’Esprit non seulement transforme notre façon de vivre, dans la liberté par rapport au conformisme ambiant, aux modes et coutumes du monde sans Dieu, mais il permet d’acquérir le discernement, ou la compréhension du bien et du mal selon Dieu. Le verbe « discerner » a le sens ici de « éprouver, tester, déterminer ». Le chrétien devenu son propre prêtre (= il offre un sacrifice) et sa propre victime (il s’offre lui-même), devient alors un « prophète », un « voyant » de Dieu (1 The 5.21 ; 2 Co 13.5) ; il discerne et comprend les « choses d’en-haut », invisibles à l’homme naturel (1 Co 2.14), la volonté de Dieu pour sa vie.

Les effets de ce renoncement à soi et de cette transformation intérieure sur la vie pratique du chrétien seront développés dans le reste du ch 12 et le ch 13.

« Le bon, l’agréable, le parfait », à la fin du verset 2, peut s’appliquer à la fois à la volonté de Dieu, et à la démarche de consécration, de renouvellement quotidien, de transformation, en un mot, de « sanctification », dans la liberté et la lumière de l’Esprit. Cette démarche est « parfaite » car elle est conforme à la volonté divine, et non au monde ; elle manifeste la puissance de la grâce et de la justice que Dieu accorde à celui qui s’abandonne totalement à Lui.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Qu’est-ce qui me rend encore pénible le « sacrifice » de ma personne à Dieu ? Qu’ai-je peine à abandonner ?
  • Dans quel état d’esprit et quel but me suis-je consacré(e) à Dieu à mon baptême ? Pourquoi renouveler cet engagement chaque jour ?
  • Comment laisser l’Esprit renouveler mon être intérieur et me donner le discernement de la volonté de Dieu ? Comment mon église y participe-t-elle et m’aide-t-elle dans cette démarche ?
  • L’exigence de non-conformisme s’applique-t-elle seulement au monde pour le chrétien ? Quels conformismes religieux est-il appelé aussi à rejeter ?

 

Pratique chrétienne victorieuse du mal

A-v 3-8 : Le chrétien dans le corps de l’Église

Le renouvellement par l’Esprit de l’être intérieur permet au chrétien de se démarquer du monde orgueilleux, vaniteux, et égoïste, par la modestie, l’humilité, la modération, que sa raison éclairée par la foi lui conseille comme conformes à la volonté de Dieu.

La modestie devant Dieu exclut toute prétention au salut par ses propres œuvres, et devant les hommes elle ne se vante pas, parce qu’elle reconnaît sa juste place de pécheur devant Dieu, sans orgueil ni dévalorisation de soi, ni fausse humilité.           

La foi ou confiance en Dieu permet au chrétien une « juste » évaluation de soi et une mise en valeur des dons spirituels reçus de la grâce de Dieu (v 6), pour former le corps de Christ (v 5), image chère à Paul pour désigner l’Église unie mais diverse (1 Co 12.14-27)foule africaine.jpg (Illustration de Yann Artus-Bertrand, la Terre vue du ciel). La foi-confiance en Dieu peut alors s’emparer de la puissance de Dieu pour agir avec consécration au service de Dieu dans la solidarité et le respect de la diversité des dons. Toute mise en œuvre des dons spirituels demande esprit de service, persévérance (v 7), simplicité, empressement, bonté et joie ! (v 8).

Paul énonce un principe au sujet de la prophétie (v 6), que Pierre reprend aussi (2 Pi 1.20) : « Aucune prophétie ne peut faire l’objet d’interprétation particulière », car les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (1 Co 14.32). Le prophète ne peut parler qu’en correspondance, analogie avec l’enseignement de l’ensemble des Écritures qui fondent la foi de l’Église. Cela n’exclut pas toute nouveauté dans l’interprétation des Écritures, car la Parole de Dieu n’est pas figée dans une seule lecture, elle est vivante et se révèle de façon évolutive au fil du temps : ce qui nous paraissait obscur hier peut s’éclairer aujourd’hui, ce que nous ignorons ou négligeons aujourd’hui peut nous « sauter aux yeux » et prendre plus d’importance demain. C’est ainsi que la redécouverte de plusieurs vérités bibliques a provoqué des réveils importants dans l’Église au cours des siècles. Nous avons l’exigence à la fois de respecter la lettre et de nous ouvrir à l’Esprit pour chercher, avec persévérance et fidélité à l’enseignement biblique, à comprendre les messages divins adaptés à notre époque ou notre vécu. Paul n’a rien fait d’autre dans cette lettre aux Romains, lorsqu’il s’est appuyé sur les textes de l’Ancien Testament pour expliquer la justification par la foi en la grâce de Dieu. De même Mme White a invité l’Église à toujours sonder les Écritures pour y découvrir les messages propres à faire grandir sa foi, parce qu’ils sont adaptés aux circonstances vécues. Notre proclamation de l’Évangile (= sens du mot prophétie) tient-elle compte de ces deux principes de la prophétie : fidélité aux Écritures et adaptation au vécu des auditeurs ?

L’Église constituera un corps uni par Christ dans la diversité et la complémentarité des dons de l’Esprit, parce que la base de cette union, respectueuse de la diversité, se trouve dans l’amour fraternel.

B- v 9-13 : Amour fraternel et actif

La vie chrétienne ne consiste pas à faire étalage de ses dons, mais à les mettre au service des autres avec solidarité, fraternité, « prévenances réciproques », bienveillance, joie et espérance ;  tous ces sentiments sont fruits de l’Esprit (Gal 5.22) et découlent de l’amour-agapê, qui caractérise le chrétien (1 Cor 13).

C- v 14-21 : Relations hors de l’Eglise

Le chapitre 12 se termine avec les exhortations de Paul au sujet des relations du chrétien avec le monde hors de l’Église. Celui en qui demeure l’Esprit d’amour, ne peut que bénir (= vouloir le bien) autour de lui, quelles que soient les circonstances qu’il subit (v14). Par empathie, il s’associe aux joies et aux pleurs, comme Christ l’a fait durant sa vie terrestre (v 15). Avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres est interprété comme, soit poursuivre le même but d’amour du prochain en se préoccupant des intérêts matériels et spirituels de l’autre avant les siens (Phi 2.2,4), soit vivre en bonne intelligence avec son entourage, sans présomption mais avec humilité, dans la recherche du Bien et de la paix entre tous les hommes. Ce qui n’est pas incompatible !

Paul reconnaît que la paix ne dépend pas que des bons sentiments du chrétien, et il laisse la responsabilité de la discorde à celui qui ne veut pas entrer dans cette démarche pacifique (v 18). Ce qui dépend du chrétien, c’est essentiellement l’état de son cœur, de son être intérieur : s’il met sa confiance en Dieu, il lui remet sa cause pour être délivré de tout désir de vengeance (v 19). Par sa miséricorde et sa bienveillance envers son « ennemi », le chrétien amasse sur la tête de ce dernier des « charbons ardents » (v 20). Cette expression doit se comprendre à la lumière charbons ardents.jpgdes images de l’Ancien Testament. Ce n’est pas attirer sur lui le jugement sévère de Dieu, mais c’est par le feu de son amour, faire reculer en lui la haine et la méchanceté, purifier son cœur de toute malveillance, faire naître en lui la repentance et le désir de changer d’attitude et de connaître Celui qui est à la source du comportement bienveillant du chrétien. C’est ainsi que « l’homme au vêtement de lin » dans la vision d’Ezéchiel (9.4 et 10.2,7), qui représente le Christ, jette sur la ville de Jérusalem les charbons ardents pris sur l’autel des parfums (symbole de son intercession) : il purifie et marque du sceau de son Esprit le « front de ceux qui soupirent et gémissent »(= souffrent, s’humilient et se repentent), à cause des horreurs qui se commettent dans la ville et le temple. La prière, d’intercession du chrétien et sa bienveillance envers ceux qui lui font du mal, les amènent à prendre conscience de leurs actes, à s’interroger devant un tel amour, et à se repentir pour changer de conduite. L’Esprit ainsi purifie le cœur du chrétien de la haine et du désir de vengeance, et le cœur de « l’ennemi » de toute méchanceté et violence. Le pardon des offenses et l’amour pour l’autre, dons de l’Esprit Saint, triomphent ainsi du mal en soi et en l’autre. Ce sont les armes spirituelles du chrétien dans le combat de la foi (Eph 6.11-18).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Ai-je la même attitude fraternelle envers les autres dans l’Église et hors de l’Église ? Comment éviter d’être double : aimable avec mes frères un jour par semaine, et emporté contre les autres le reste de la semaine ?

 

  • Quelles sont les motivations de mes attitudes agressives ou pacifiques envers les autres ? Comment ressembler de plus en plus au Christ dans mes relations avec mon entourage ?

 

  • Quelle place tient la prière d’intercession dans ma piété ? De quels exaucements et de quelles victoires sur le mal puis-je témoigner ?

 

 

 

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08/12/2017

Étude n°11 : l’élection de la grâce, Romains 10.1-13 ; 11.25-32 (16 12 17)

Étude n°11 : l’élection de la grâce, Romains 10.1-13 ; 11.25-32 (16 12 17)

 

« Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Certes non ! Car moi aussi, je suis Israélite, de la descendance d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a pas rejeté son peuple qu’il a connu d’avance !...Aussi dans le temps présent, il y a un reste selon l’élection de la grâce ! » (Rm 11.1-2a, 5)

 

Observons

Après le chapitre 9 qui mettait l’accent sur le refus de la Bonne Nouvelle par Israël, pour avoir cherché le salut dans les œuvres d’obéissance à la loi, Paul, dans une seconde partie (10.1 à 11.10) de l’ensemble consacré à Israël,  exprime sa foi dans le salut par la grâce, toujours offert à Israël. La troisième partie (11.11-36) montre l’espoir de Paul dans l’élection d’Israël que Dieu ne renie pas, et qui sera sauvé s’il ne demeure pas dans l’incrédulité (11.23).

 

Plan des ch 10-11 : (nous mettons en italiques et gras les deux passages à développer dans les groupes)

  • 1-11.10 : le salut par la foi en la grâce
  1. a) 10.1-13 : Impossibilité du salut sans la foi au Christ, pour Juifs et Gentils (v 9-10)
  2. b) 10.14-21 : la foi vient de la prédication de la parole de Christ (v 17)
  3. c) 11.1-10 : En Israël existe un reste sauvé par grâce (v 5)
  • 11-36 : la grâce est pour tous, à cause de l’endurcissement temporaire d’Israël.
  1. 11-15 : l’endurcissement des Juifs a permis d’annoncer l’Evangile aux Nations
  2. 16-24 : métaphore de l’olivier greffé
  3. 25-36 : Prophétie du retour d’Israël à la foi en la grâce de Christ.

 

Comprenons

  • le salut par la foi en la grâce
    1. 1-13 : Avec le mot « frères », Paul semble s’adresser en priorité aux judéo-chrétiens qui pourraient s’étonner et s’attrister comme lui du refus du salut par la majorité d’Israël, tombé sur la pierre d’achoppement de Christ. La prière de Paul est la réponse remplie d’espérance au désarroi des judéo-chrétiens qui s’interrogeaient sur l’attitude de Dieu à l’égard du peuple d’Israël. Tout le paragraphe à partir de 9.30 jusqu’à 10.13 envisage l’histoire du salut du côté humain. Les Juifs se sont attachés avec zèle à une recherche du salut ou de la justice (= justification par Dieu) dans l’accomplissement de la loi (v 5), sans voir que cette loi menait à Christ (« fin » = but), comme l’esclave romain appelé « pédagogue » menait l’élève chez son maître dans le monde antique. Les Juifs n’ont pas compris non plus que Christ, en accomplissant parfaitement la loi, mettait « fin » (= un terme) au système judaïque, aux rites du temple dont il est « l’antitype » (= la réalisation), et à la recherche vaine du salut par ses propres œuvres.

Chercher le salut ailleurs (le ciel et l’abîme représenteraient-ils le mysticisme et le spiritisme ?) qu’en Christ, c’est anéantir l’œuvre de sa mort et de sa résurrection en faveur des hommes. C’est vouloir recommencer ce qu’il a déjà accompli une fois pour toutes (Héb 9.26-28a). Il est inutile de chercher le salut bien loin, c’est dans son cœur qu’on le trouve, le jour où l’on croit à Christ (v 9), et où on le confesse publiquement en paroles (v 10) et en actes. En effet la foi n’est pas à confondre avec la croyance ni avec la connaissance, qui sont du domaine de l’affectif et du cognitif. Le cœur, synonyme de l’être intérieur, comprend outre ces deux domaines, celui du spirituel par lequel on est en contact avec l’Esprit de Dieu.

L’être intérieur ne se révèle pas seulement par des paroles, mais par la transformation visible de l’être extérieur, comme Jacques (2.17-18) l’exprime avec force : « Il en est ainsi de la foi, si elle n’a pas d’œuvres, elle est morte en elle-même » (= elle ne vaut rien !), C’est en effet, « par mes œuvres que je montrerai ma foi ».

Le souci de Paul n’est pas ici d’expliquer cette apparente contradiction avec Jacques. Il veut seulement marquer l’opposition entre la recherche du salut dans la propre justice humaine (v 3), et l’acceptation du salut  par la foi en la grâce de Christ, seule voie offerte aux Juifs comme aux Gentils (= païens), (v 12-13).

 

  1. b) 10. 14-21: La bonne nouvelle du salut par grâce ne peut être connue des Juifs et des Gentils que par la prédication de la Parole par ceux qui l’ont acceptée (v 17). C’est leur responsabilité, même si le refus d’Israël d’entendre la Bonne Nouvelle était déjà prophétisé par Moïse et Esaïe. Dieu ne cesse pas pour autant d’appeler son peuple, « de tendre ses mains vers lui », par fidélité aux promesses faites aux patriarches.mains du crucifié.jpg

 

  1. c) 11.1-10: Dans ce chapitre trois sortes de personnes sont concernées : « moi », c’est-à-dire Paul représentant les juifs devenus chrétiens, constituant « le reste» (v 5), Israël qui désigne les Juifs ayant refusé Christ (v 7,25), et les païens (v 11) qui ont accès au salut à cause du refus des Juifs.

V 1 : Paul revient à l’objection éveillée déjà en 9.6 par le refus de la Bonne Nouvelle par Israël : Dieu aurait-il rejeté Israël à cause de ce refus ? Cette question reste encore valable de nos jours, face à la longue histoire de pogroms, de déportations, de persécutions et de la Shoah, qu’a subie Israël.

Paul essaie d’élever la vision humaine des choses qu’implique cette question, jusqu’au mystère de l’amour inconditionnel de Dieu, qu’on peut malgré tout discerner dans la pérennité du peuple d’Israël. Il s’appuie pour cela sur la révélation faite à Elie bien des siècles auparavant, qu’un reste demeure, selon l’élection de la grâce de Dieu. Alors que la situation d’endurcissement et de rébellion semble aux yeux humains désespérée et générale en Israël, Dieu sait qu’une minorité reçoit sa grâce et lui est fidèle.

Nous n’avons aucun droit de nous instituer juges de l’infidélité d’Israël et de nos églises, comme le faisait Elie. Nous n’avons pas plus le droit de nous déclarer nous-mêmes « le Reste » fidèle, parce que « nous gardons les commandements ». La Parole de Dieu est très claire à ce sujet : Dieu seul connaît ceux qui acceptent par la foi sa grâce en Jésus-Christ. Notre seule responsabilité est de nous situer individuellement dans ce « reste », en « écoutant » la Parole pour la pratiquer activement (Ja 2.25), et en « voyant » les choses d’en-haut (Col 3.1), sans nous assoupir, ni nous endurcir, ni nous désespérer comme Elie, parce que les choses d’en-bas nous choquent !

 11-36 : La grâce est pour tous

v 11-15: Après la question posée précédemment (v 1), voici une seconde question : « la chute d’Israël est-elle définitive ? » Impossible ! répond Paul aux pagano-chrétiens cette fois. En effet ceux-ci avaient compris l’incrédulité juive et la mise à l’écart d’Israël comme définitives, ce qui donna naissance à l’antisémitisme récurrent de l’Église à travers les siècles. Le refus d’Israël est un faux-pas qui permet à Paul de proclamer l’Evangile aux Gentils, et de sauver ceux des Juifs qui seraient interpellés par cette extension du salut à tous (v 14). Paul espère envers et contre tout (10.1), que son peuple tout entier se ressaisira dans une sorte de résurrection spirituelle (v 15).

 Paul semble prolonger la parabole du fils prodigue (Luc 15.11-32). Si la joie du Père est grande au retour du fils cadet (= les Gentils), que sera son allégresse au retour du fils aîné (Israël rebelle), et à la réunion de tous ses enfants !

 Abraham et Isaac montant au mont Morija.jpgb) v 16-24: Les prémices dont il s’agit ici représentent Abraham, racine et fondement du peuple d’Israël élu par la grâce de Dieu. L’offrande à Dieu des prémices de la récolte rendait sacrée, sainte, toute la récolte que le peuple pouvait consommer (Lév 23.10). Abraham ayant cru à la promesse de Dieu, est devenu le père des croyants sauvés par la foi en la grâce et mis à part (= saints) pour le servir. Ainsi tout le peuple d’Israël est mis à part pour servir Dieu, soit par le rejet de l’Évangile qui ouvre la porte du salut aux païens, soit par l’accueil de l’Évangile qui permet la réintégration dans le peuple des croyants.

Au milieu du verset 16, l’image change et introduit la métaphore suivante de l’olivier. Elle est destinée à rappeler aux pagano-chrétiens l’humilité et le respect envers Israël (v 17-18) qui reste la racine de leur foi. Comme Abraham sauvé par la foi (Gen 15.6) a été le père de tous les croyants et la racine d’Israël, l’Israël croyant est représenté par le tronc de l’olivier franc (v 24 ; Jér 11.16), le porte-greffe. Certaines de ses branches naturelles, stériles à cause de leur incrédulité, sont tombées et ont été retranchées (= les Juifs hostiles à l’Évangile), mais elles ont permis aux branches issues de l’olivier sauvage (= les païens) d’être entées, greffées à leur place sur le tronc de la foi. Paul utilise cette image contre nature (on ne fait pas de greffons à partir d’un plant sauvage !) pour montrer toute la puissance de la grâce divine pour sauver les païens (v 24).

D’autre part Paul avertit les pagano-chrétiens de ne pas tomber eux-mêmes par orgueil spirituel (v 20) ou par manque de persévérance dans la foi en la grâce (v 22 ; 1 Co 10.12).Toutefois, Paul affirme la puissance de Dieu pour enter de nouveau les Juifs rebelles s’ils renoncent à leur incrédulité, sur le tronc du peuple croyant (v 24). C’est le souhait profond de l’apôtre fondé sur la promesse de Jésus que « quiconque croit en lui a la vie éternelle (Rm 10.13 ; Jn 3.16).

 

  1. c) v 25-36 : Prophétie du retour d’Israël

Ce passage donne lieu à bien des discussions pour interpréter l’expression de Paul « Tout Israël sera sauvé » (v 26). Parle-t-il de la conversion massive du peuple Juif sauvé en entier lorsque la « totalité des païens sera entrée dans le royaume ? » (v 25). C’est ainsi que le comprennent les partisans du salut universel : Dieu est infiniment miséricordieux, il sauvera finalement tous les hommes ! Cela contredit malheureusement la liberté de choix laissée à chacun, et par là sa responsabilité de vie.

Paul sous-entend-il dans cette expression l’Israël spirituel auquel l’Église chrétienne se plait à s’identifier ? Ce serait croire que Paul voue son peuple Juif incrédule au rejet définitif du royaume, et qu’il suggère un transfert des promesses faites aux Juifs sur l’Église seule, comme on le prétend orgueilleusement encore trop souvent.

Or cette expression « tout Israël » est associée dans le texte à l’autre expression qui lui est opposée : « la totalité des païens ». Dans cette dernière expression, il est fort probable que Paul ne pense pas à tous les individus du paganisme, mais à la plénitude du nombre de ceux qui acceptent le salut par la foi. C’est à rapprocher du texte d’Ap 6.11, où l’ange demande aux martyrs impatients de recevoir justice, d’attendre que « soit au complet le nombre de leurs compagnons de service ».

De même en s’appuyant sur les prophéties de Moïse et d’Esaïe, Paul envisage dans le « tout Israël », le nombre complet des Juifs qui par leur foi en la grâce de Dieu saisissent le salut, en acceptant « le pardon de leurs impiétés » (v 26-27), et qui entrent ainsi dans l’Alliance de leurs pères, les patriarches (v 28).

« Les dons gratuits et l’appel de Dieu sont irrévocables » (v 29), car les dispositions Fils prodigue Retour Rembrandt.jpgmiséricordieuses de Dieu ne changent pas envers ses créatures à cause de leurs chutes : le Père attend avec impatience et amour le retour du fils prodigue (Luc 15.20) (Rembrandt). La bonté de Dieu s’étend à tous les pécheurs (v 32). Ses promesses toujours là et valables, se réalisent dans leur vie quand ils s’en emparent à leur conversion. Dieu laisse à chacun la liberté et la responsabilité de s’en saisir ou non. Il ne peut forcer personne à entrer contre son gré dans son Royaume ! Même son fils aîné reste libre d’entrer ou non dans la joie du Père (Luc 15.28-32)

Le salut accordé aux non-Juifs convertis provoquera de la part des Juifs un sursaut qui en amènera certains à la repentance et à la foi. Ils bénéficieront alors, à leur tour, des bénédictions de la miséricorde divine (v 31). Dieu poursuit ce but en dépit de la rébellion présente de la majorité du peuple Juif.

Il ne faut pas assimiler ce retour spirituel d’Israël au retour des Juifs en Palestine et à la constitution de l’Etat d’Israël. Pour toute prophétie, la réalisation matérielle n’est qu’un signe de la réalisation spirituelle qui n’est pas automatiquement simultanée ! Si l’Etat d’Israël actuel réalise les prophéties de retour au pays dans l’Ancien Testament, la conversion ou retour à Dieu ne se réalise que pour un nombre restreint mais croissant de Juifs qui reconnaissent Jésus comme le Messie annoncé par les prophètes.

Les trois chapitres sur Israël se terminent (v 33-36) par un chant de louange et d’adoration devant la sagesse et la richesse du plan de Dieu pour le salut de tous les pécheurs. Rempli d’admiration, Paul s’incline avec humilité devant la gloire et la profondeur insondable des pensées du Dieu Créateur et Sauveur.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • En quoi le peuple d’Israël accomplit-il encore malgré son endurcissement le projet de salut formé par Dieu pour tous ?
  • Comment éviter, en tant qu’adventistes (= « juifs » parmi les chrétiens) de nous assoupir, ou nous endurcir dans notre propre justice de « Reste » (Rom 9.27), peuple choisi pour la fin des temps (Ap 14.6-9), gardien des commandements de Dieu et de la foi de Jésus » ? (Ap 14.12)
  • Comment accueillir sans mépris ni jugement (Rom 11.18, 20b) nos frères Juifs convertis au  Messie ? Par exemple, quelle place leur donnons-nous pour les laisser adorer et prier selon leur sensibilité et leurs coutumes ? (voir la Revue Adventiste du mois d’Avril 2010)
  • Comment vivre les uns et les autres, selon « l’élection de la grâce » ?

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