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25/03/2022

Etude n°1bis : La Création Genèse 2

Genèse 2 

Introduction

Pour compléter nos études sur le livre de la Genèse, vous pouvez consulter dans la colonne de gauche de la page, les études passionnantes du pasteur belge Johan Delameilleure.

Nous avons choisi la version Segond révisée, dite à la Colombe, pour ce texte difficile et controversé, car elle est la plus proche du texte hébreu.

La version en français courant est déjà une tentative d’interprétation, dépendante des courants de pensée moderne (par exemple, elle dit au verset 4 du ch 2 : Dieu créa par étapes le ciel et la terre. Le texte original ne contient pas le par étapes, qui marque une approche « scientifique », hors de son objectif. 

Contrairement à beaucoup de critiques de la Bible, nous considérons le second récit de la Création comme un développement de la partie essentielle du premier récit, la création de l’humain. Nous avons vu dans le premier récit comment tout était prévu et réalisé par Dieu pour permettre la vie de l’être humain sur la terre.  

Dans le second récit certains détails sont précisés sur son environnement, ses conditions de vie, sa mission de représentant de Dieu sur terre. 

La compréhension de ce texte est primordiale pour saisir la volonté de Dieu et les réflexions de Jésus et des apôtres sur la mission de l’homme et de la femme. Sans cesse la Bible se réfère à ce texte, que nous étudions avec précision, toujours dans une optique spirituelle (considérant la relation entre Dieu et l’homme), et non scientifique.

En effet si l’on s’engage à chercher les réalités géographiques (quels sont les 4 fleuves ?), chronologiques (combien de temps Adam fut-il seul ?), morphologiques (Adam eut-il une côte en moins ?), ou autres, on se trouve vite dans des impasses.  

Le texte a pour but d’éclairer l’homme sur ce que Dieu a voulu pour son bonheur terrestre et ses relations avec les autres  créatures.   

Observons

La construction du texte :

V 1 à 3 : conclusion du ch 1 ou transition avec le second récit de la création : le septième jour

Second récit de la Création

  1. a) V 4 à 6 : État de la terre à l’origine
  2. b) V 7 à 15 : Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden
  3. c) V 16 à 17 : les commandements de Dieu à l’homme

b’) V 18 à 25 : l’homme et les animaux

a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme

Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit ( une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour. 

Comprenons

A la différence des croyances païennes qui conçoivent des dieux indifférents ou hostiles à l’homme, le récit biblique montre un Dieu Créateur, soucieux jusqu’au bout de la créature qui porte son image. Il ne se contente pas de lui offrir de quoi satisfaire ses besoins physiques, air, eau, nourriture, abri. Il se préoccupe de ses besoins psychiques, affectifs, moraux, relationnels et spirituels. Le sabbat en est l’expression la plus adéquate.

Nous nous attacherons à découvrir comment Dieu pourvoit aux besoins essentiels de l’homme.

  • Le sabbat

En étudiant attentivement le récit de la création, le lecteur se rend compte de l’importance du chiffre 7 : 7 jours, 7 fois le mot bon, 7 fois le verbe créer, 7 fois le verbe faire. On ne peut pas parler de hasard, surtout quand on se réfère à la symbolique des nombres en hébreu.  

Il semble que l’auteur veut montrer ainsi  que la création est complète (v 2) et que le temps indiqué de sept jours marque le rythme parfait de toute vie humaine sur terre Jésus  rappellera que « le sabbat a été fait pour l’homme…(Mc 2.27) ; le sabbat étant le septième jour, on peut en déduire que le temps de la semaine a aussi été créé par Dieu pour l’homme. 

Dieu n’a accompli aucune oeuvre créatrice le septième jour. Au contraire, il s’est « reposé », a « béni » et « sanctifié » ce jour, juste après la création de l’homme.

Dieu se reposa

Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un problème de fatigue ! Le constat du sixième jour en donne la raison, reprise par Genèse 2.2.

-    Tout était très bon.

-    L’œuvre était achevée : parfaite en son genre d’après le Larousse.

 Le plan conçu par Dieu était réalisé. Tout était en place, il restait aux bénéficiaires de le vivre avec reconnaissance et dans une relation d’écoute avec celui qui en était l’auteur et qui pouvait donc apporter toute la compréhension, tout le soutien pour développer la vie d’une manière harmonieuse.

 Dieu bénit ce jour

 Le mot bénir, du latin benedicere, signifie : dire du bien. Dieu dit que ce jour est bon, est nécessaire pour l’homme. Il l’a prévu en fonction de l’homme, de ses besoins physiques, psychiques et spirituels. Il fait partie intégrante de la réussite du plan de vie heureuse qu’il a prévu pour l’homme. Dès le départ, le sabbat est lié à une idée de bienfait pour l’homme et la femme. La bénédiction du sabbat fait suite à celle des êtres vivants (Genèse 1. 22 et 28).

 Dieu sanctifia ce jour

 Ce verbe signifie autant séparerdistinguer  que appartenir  à Dieu. Ce qui est sanctifié est mis à part  pour un but particulier, le service de Dieu. Ainsi le septième jour est un jour différent des autres.

 Caractéristiques du sabbat

 a) Un jour de repos :

     -    pour Dieu.

Dieu, l’Éternel, le hors du temps, qui domine le temps et l’espace, s’est en quelque sorte introduit dans le temps qu’il a conçu pour l’homme.

Il l’y a précédé en organisant le temps de travail, six jours et  le temps de repos, le septième jour. S’arrêtant lui-même de créer, il indique à l’homme qui est son image, d’arrêter ce jour-là aussi ses activités « profanes », pour le servir.   

     -    pour l’homme.

Il semblerait qu’au départ, l’homme créé parfait ne devait pas connaître la fatigue ni le stress. Il avait un « patron » discret, des animaux dociles, un jardin sans mauvaises herbes, pas de maladies.

Dieu a-t-il prévu ce repos, en cas de...? Sans doute mais pas seulement. Il a tout fait parfait pour ce moment-là, car le sabbat n’est pas qu’un jour de cessation d’activités pour reposer son corps.

 b) Un jour pour se souvenir

... un jour qui lui est réservé, car il s’y reposa de tout son travail de Créateur.(v 3 version F.C.)

 Dieu rappelle qu’il est l’auteur de toute la création. Il en est le Seigneur, le Maître. Il possède seul la sagesse pour donner les instructions parfaites qui feront la réussite de l’avenir. L’homme, en adoptant le rythme de vie que Dieu lui propose, premièrement se place dans une perspective heureuse; deuxièmement annonce de semaine en semaine qu’il est le bénéficiaire d’un cadeau qu’il doit gérer et faire fructifier.

Le donateur, le propriétaire, c’est Dieu. L’homme le proclamera de génération en génération. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César..., dira Jésus (Mc 12. 17)

 c) Un jour pour confirmer notre identité

France Quéré, dans La Famille, p. 253, écrit ceci :

« Qui suis-je ? Je suis aimé ! Voilà mon identité.... Bonne nouvelle que l’amour des autres dépose dans nos cœurs et avec cette vérité-là, nous irons au bout du monde : je suis aimé, donc je suis : toute terre m’est une patrie, tout homme devient mon frère. » 

Je suis aimé de Dieu ! Voilà mon identité !

Porter une attention particulière au jour du sabbat, c’est reconnaître Dieu comme le créateur plein d’amour de toute forme de vie et affirmer que nous avons notre origine en Lui. C’est nous déclarer fils et filles bien-aimés de Dieu. C’est rejeter le hasard, c’est bannir la peur de l’avenir.

C’est affirmer, semaine après semaine : je sais d’où je viens et où je vais, je sais qui je suis.

Le sabbat est un jour qui m’indique aussi mes limites : je suis créature, et ma sécurité est en lui.

 d) Un jour de fête

Après une bonne nouvelle comme celle-ci, comment ne pas faire la fête ! Comment, aujourd’hui, alors que la plupart de nos contemporains courent après une identité par l’appartenance à un groupe sportif ou religieux, à un parti d’opposants au pouvoir en place, au monde des vedettes, à celui des industriels ou de la finance, de la marginalité, etc., comment ne pas se réjouir de se savoir fils ou fille de Dieu ? Ne faut-il pas fêter chaque semaine cette bonne nouvelle avec ceux qui reconnaissent la paternité de Dieu ? Ne faut-il pas louer l’auteur de notre vie ? 

Peut-être pourrait-on mettre un panneau à l’entrée de nos églises pour dire aux gens : aujourd’hui nous nous réjouissons que Dieu soit notre créateur ! Voulez-vous partagez notre joie ? ... A condition qu’elle soit réellement à l’intérieur de nos portes !

 e) Un jour pour la délivrance

S’il est vrai qu’au départ Adam et Eve n’avaient pas besoin d’un jour pour se défatiguer, est-il besoin, aujourd’hui d’insister sur la nécessité absolue de prendre du repos physiquement et psychiquement (compétition, tensions, conflits, stress).

 Le travail est devenu le symbole de l’esclavage, de l’anti-liberté. C’est la course aux loisirs en même temps que la course à l’argent. Gagner gros en un minimum de temps. Nous sommes dans une économie de pouvoir, de domination de l’homme par l’homme. Sans compter l’injustice suprême : ne pas avoir de travail !

 Le sabbat nous rappelle que Dieu nous a créés ni dominés, ni dominants, mais équivalents (= ayant même valeur)  devant lui qui est notre seul Maître. En ce sens, le sabbat nous délivre de l’oppression de l’homme par l’homme.

 C’est à la sortie d’Égypte que le peuple reçoit les commandements (Exode 20.1-17; Dt 5. 6-21). Ils sont reliés à la délivrance opérée par Dieu. C’est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude...  (v.2.)

 Cette notion de délivrance est reprise dans Hébreux 3.7 à 4.11, où nous sommes appelés à sortir de la révolte (comme à Massa et Mériba, Exode 17.7) pour entrer, dans le repos de Dieu, qui, dans ce texte, est clairement relié au repos du 7e jour.

Que le récit de la création compte chaque journée  d’un coucher du soleil à l’autre, n’est pas gratuit pour entrer dans le repos du sabbat : pendant la première soirée, puis la nuit, l’homme a le temps de se détacher de ses préoccupations de la semaine, pour préparer son corps et son esprit à la rencontre avec son Dieu dès le matin (Amos 4.12).

 Le jour du sabbat nous ramène tous à égalité : tous esclaves du péché, avec ou sans gros sous, avec ou sans travail ! Et tous sauvés, si nous écoutons, aujourd’hui, la voix de Dieu  et entrons avec joie dans son repos. Tous dépendants de la grâce de Dieu. De son amour infini qui nous délivre, nous rachète tous au même prix, celui de la vie de son Fils.

 Le sabbat est plus que libération des fatigues du travail, il est symbole de libération du mal, du péché qui envahit nos vies et la préfiguration du repos en présence de Dieu, pour l’éternité.

 B- L’environnement

 Les versets 4-6 décrivent l’état de la terre mentionné en 1.2 : une terre inculte et vide. La pluie et la vapeur d’eau apparaissent ici comme signes de l’intervention de Dieu pour rendre la terre propre à la vie végétale, animale et humaine. Même le monde physique a besoin de l’intervention divine pour faire germer la vie.

 Cette eau restera dans toute la Bible le symbole de la faveur divine pour un peuple vivant en Orient et craignant par dessus tout la sécheresse. Spirituellement, la pluie est devenue le symbole de l’intervention puissante de l’Esprit (Joël 2.23-3.2 ; Actes 2.17-21). Sans cette pluie de l’Esprit, rien ne peut vivre éternellement.

 Les versets 8-14 montrent l’organisation de la matière terrestre par Dieu pour permettre le développement de la vie humaine. Jardin avec arbres et fruits, fleuve à 4 bras, pierres précieuses, or, parfums, tout doit satisfaire les besoins physiques ou esthétiques de l’homme.

 Les noms du Tigre et de l’Euphrate localisent ce jardin à l’Est du Moyen Orient, le pays de Kouch désigne la région de la Haute Égypte, Nubie et Ethiopie, le Guihon pourrait être le Nil. Ces localisations ont comme intérêt de donner un cadre aux Hébreux sortis d’Egypte et à la recherche de la Terre Promise en Canaan. Celle-ci leur est présentée ici comme le jardin d’Eden, le Paradis où il fait bon vivre.

Pour nous, ce jardin est aussi le symbole de la Terre Promise de la Nouvelle Création, héritage des élus dont parle Apocalypse 22.1-2. On y retrouve le fleuve et l’arbre de vie, symboles de la présence de Dieu dont dépend la vie éternelle de l’homme.

 C- Les conditions de vie

 a) la nature de l’homme

v 7 : les traductions de ce verset varient selon les versions et les conceptions des traducteurs ! Il est important de faire remarquer que

     -    l’homme est fait de matière créée par Dieu

     -    cette matière a besoin du souffle de vie donné par Dieu pour devenir vivante.

     -    Ce souffle de vie est accordé aussi aux animaux, c’est la respiration

     -    Il n’est pas question ici ni d’une parcelle d’Esprit Saint introduite dans le corps matériel de l’homme, ni d’une âme indépendante et immortelle qui viendrait habiter momentanément le corps mortel et lui donner ainsi un peu de son immortalité !

Lorsque Jésus sur la croix dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains, il ne dit rien d’autre que Je te rends le souffle que tu m’as donné.

Le texte dit en Genèse 2.7 : l’homme devint un être vivant (ou âme vivante). Il ne dit pas qu’il eut une âme !  Ce n’est pas le verset 7 qui explique l’image de Dieu du ch 1.27. Ce sont les suivants qui explicitent la responsabilité et la mission de l’homme à la ressemblance de Dieu.

À remarquer que le mot souffle de vie «  rouah » de Genèse 1.2.  a été traduit en grec et en latin par le mot  esprit, sous l’influence des idées dualistes du philosophe grec Platon . Comme il est précisé que c’est Dieu qui le donna à l’être humain, on en déduisit, dans une lecture spirituelle et non plus littérale, que Dieu donnait son Esprit à l’homme, ou bien lui accordait une faculté étrangère aux animaux, l’esprit, par laquelle Il pourrait communiquer avec lui. Il ne nous semble pas que le texte nous permette d’aller jusque là.

 b) La responsabilité de l’être humain, (versets 9, 16-17).

L’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont placés au centre du jardin : ils en sont donc les éléments essentiels, selon le processus de pensée hébraïque, qui met au milieu du développement l’argument important. Dieu se sert des réalités physiques, matérielles, pour faire comprendre des vérités spirituelles.

On ne doit pas exclure la matérialité de ces deux arbres, mais ils avaient surtout une fonction pédagogique. Ils, peuvent être interprétés comme les  symboles de deux façons de vivre :    

     *   L’arbre de vie représente la vie dans la dépendance de Dieu, et sous-entend le développement harmonieux de toutes les capacités spirituelles, intellectuelles, morales et physiques de l’être humain dans la lumière de la présence de Dieu.  

*  L’arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole inverse d’une vie

sans Dieu, dans l’indépendance de sa volonté, et même en opposition à Dieu, puisque l’être humain  désire prendre sa place, en devenant comme Dieu.(Voir le ch 3) 

Les symboles dont s’est servie l’artiste Zabou dans sa représentation des arbres du jardin d’Eden  essaient de rendre l’enseignement de ces arbres. Ils permettaient à l’être humain de prendre conscience de sa liberté de choisir sa vie : soit une vie avec Dieu, dépendante de Lui et éternelle (= arbre de vie, portant des grappes, symbole du Christ et du sang versé pour nous (Luc 22.20), soit une vie d’expériences personnelles sans Dieu, qui conduit à la mort (= arbre de la connaissance du bien et du mal portant les « yeux » de la connaissance).

 Illustration de Zabou : Au centre du Jardin d’Eden

Zabou Arbres en Eden.jpg

 Il ne s’agit pas ici de la connaissance intellectuelle, du savoir, de la science. La langue hébraïque a l’habitude de désigner une notion abstraite par son nom en y associant son contraire. Le bien ou bon, c’est la présence de Dieu. L’arbre de vie donnait à l’homme la possibilité de rester en contact avec Dieu, ce qui est le bien pour l’homme.

L’autre arbre lui faisait connaître le contraire : le mal, c’est-à-dire la privation, l’absence de Dieu. On le voit, la connaissance dont il s’agit, est spirituelle, et ne s’oppose en rien à la science. Dieu ne voulait pas maintenir l’homme dans une ignorance scientifique et intellectuelle, indigne de sa condition d’image de Dieu !

La liberté de choisir sa vie confère à l’être humain sa dignité. Seule créature animale à pouvoir échapper au déterminisme de ses instincts et de ses besoins, l’être humain est responsable de sa vie présente et future (v 16-17). Qui dit choix sous-entend raisonnement et volonté. En cela l’homme est image de Dieu : Dieu en effet a pensé la Création et l’a réalisée selon sa volonté, comme nous l’avons vu.

 c) La mission

 Le texte nous indique les différents aspects de la mission de représentation de Sa personne confiée par Dieu à la seule créature qui soit à sa ressemblance. 

 1) Dieu ayant créé par la Parole, est un Dieu de communication et de révélation l’être humain le représentera grâce à sa faculté de communiquer et de parler : c’est lui qui nommera les animaux et qui accueillera son complément féminin par le premier poème d’amour de l’humanité (v 18-20, 23).

 2) Dieu étant le maître de l’univers, l’homme sera le maître de la terre et des animaux : il en sera le gestionnaire et le responsable, gardien du jardin  (v 15). Il aura à  cultiver la nature, donc à en maîtriser la connaissance et en contrôler les mécanismes, la nature étant aussi bien l’environnement que la nature humaine dans toutes ses dimensions.

Cet aspect de la  mission confiée par Dieu dès la Création est mis en œuvre dans l’Église adventiste dans la pratique de la Gestion Chrétienne de la Vie.

  3) Dieu étant un Dieu d’amour, attentif à chacun, l’homme partagera son amitié et son respect avec les animaux et avec ses semblables (v 19-20) : donner un nom à quelqu’un était considéré dans l’Antiquité comme une véritable adoption, une reconnaissance de paternité qui impliquait des liens d’affection, de respect et de protection.      (Illustration : Adam nomme les animaux, de Zabou)

Zabou Adam nomme les animaux2.jpg               

4) La création de la femme entre aussi dans le projet de Dieu de faire de l’être humain son représentant sur la terre. Ce passage, souvent mal compris, a servi à maintenir la femme dans un rôle subalterne et inférieur sous prétexte que sa création vient en dernier, et que le mot « aide ou auxiliaire » sous-entend infériorité dans nos esprits. Ces arguments fondés sur des préjugés culturels ne tiennent pas après une étude du texte.  

En effet, on l’a vu, le fait que le récit de la création de la femme vienne en second dans le récit de la Création tient au procédé littéraire du récit hébraïque où on revient toujours sur les détails importants, après avoir rapporté les généralités. La création de la femme au chapitre 2 explicite le texte : Il les créa homme et femme de 1.27.

De plus le mot aide, loin d’avoir une connotation péjorative, est employé dans la Bible toujours pour parler de Dieu qui vient en aide à sa créature, ou encore dans un contexte d’alliance entre deux chefs égaux qui unissent leurs forces pour lutter contre  un ennemi commun. On ne peut donc tirer de ce mot l’argument de l’infériorité de la femme. Elle est la partenaire égale et de même nature (comme le suggère le jeu de mots ich / icha, traduit par compagnon / compagne dans la BFC), qui multipliera les forces de l’être humain, et lui permettra d’échanger avec son vis-à-vis. 

Dieu a créé la femme d’une côte ou  à côté  de l’homme pour signifier qu’elle       n’est ni au-dessus, ni au-dessous de son compagnon, et qu’elle est exactement de la même nature que lui, avec les mêmes capacités, comme le reconnaît immédiatement Adam.

L’image de Dieu (1.27) ne pouvait être exacte et complète que dans cette dualité masculin /féminin. Cela ne condamne pas les célibataires, mais signifie à chacun, qu’il a à développer harmonieusement en lui les caractéristiques psychologiques et affectives des deux sexes, et non à  étouffer celles qui sont attribuées conventionnellement à l’autre sexe. Par exemple, on dit à un jeune garçon qu’il ne faut pas pleurer, parce que ce sont les filles qui pleurent. On habitue ainsi les hommes à refouler leur sensibilité, pour paraître plus virils, ou on refuse aux filles l’esprit de décision et d’entreprise, pour rester féminines !

Pour que l’homme puisse reconnaître et écouter la composante féminine de sa personnalité, Dieu l’a plongé dans le sommeil, suggérant ainsi que c’est dans le repos et le silence de sa masculinité, qu’il pourra être attentif à ce qui reste caché en lui, et qui doit s’exprimer pour lui permettre de vivre dans l’harmonie voulue par Dieu.

Dieu, dont l’être humain est l’image, révèle tout au long de la Bible les aspects masculins et féminins de sa personne. Ainsi Il dirige, organise, agit dans l’univers, mais aussi Il aime et est ému de compassion dans ses entrailles, en hébreu  son utérus !

 5) L’union de l’homme et de la femme :Dieu éprouvant un amour privilégié pour la créature à son image et désirant s’unir à elle intimement, l’homme s’attachera par un lien d’amour privilégié à son vis-à-vis, dans une communion de pensée, de projet de vie, de sentiments, de sensations et de plaisir (v 24-25). C’est ainsi que Dieu institua l’union conjugale comme signe et image de son caractère et de sa volonté de bonheur pour l’être humain.

Les versets 24 et 25 sont indissociables, malgré la typographie de certaines Bibles, qui depuis le 4e siècle de notre ère les séparent. On peut considérer ces versets comme l’expression de la volonté de Dieu pour le bonheur du couple humain et l’accomplissement de sa mission.

Psychologiquement et affectivement chacun des partenaires du couple cherche à :

 -    avoir atteint la maturité psychique qui le rend conscient de sa personnalité et responsable de lui-même (quitter son père et sa mère)

 -    être capable de se détourner de son égoïsme naturel pour s’attacher à l’autre du sexe opposé et l’aimer, comme Dieu aime (il s’attachera à sa femme)

  -    avoir un projet de vie cohérent, un objectif à atteindre en commun avec l’autre (devenir un seul être, ou une seule chair).

Cette expression ne s’entend pas seulement de l’union physique, mais aussi de l’unité intérieure entre les composantes de la personnalité de chacun, et entre les valeurs de vie des deux partenaires.    

-    enfin, être vrai et transparent dans tous les domaines   (tous deux étaient nus sans honte). La nudité sans honte est le symbole d’une sexualité acceptée et vécue avec joie parce qu’elle consacre l’union de deux êtres à l’image de Dieu. Comme le suggère la place de ce verset dans le texte, la sexualité voulue par Dieu est le point d’orgue de l’union conjugale : elle en augmente la durée et en resserre les liens déjà noués sur tous les autres plans, mais ce n’est pas elle qui débute et fonde l’union, comme veulent le faire croire les médias et les coutumes actuelles.

Elle est aussi le symbole de l’acceptation de soi et de l’autre, tels que nous sommes et tels que Dieu nous voit, dont l’expression moderne être bien dans sa peau est une traduction !

Psychologiquement, la nudité sans honte du jardin d’Eden signifiait qu’entre les deux humains, rien ne faisait obstacle à la communication, tout était clair entre eux, ils n’avaient rien à  cacher ni à Dieu ni à eux-mêmes.

 La tradition juive joue aussi sur l’homophonie des mots nu et lumière en hébreu. Seule une lettre muette les différencie à l’écriture. Dans le jardin d’Eden, le couple était nu ou dans la lumière de Dieu où rien n’est caché. Le péché créera la séparation avec Dieu, donc l’absence de lumière. La gène de cette disparition et la honte de l’avoir provoquée seront transférées sur la nudité et la sexualité.  

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Quelle est ma conception du repos ? Comment est-ce que je remplis les moments de cessation de mes activités professionnelles ou familiales ? Est-ce que j’en fais des moments privilégiés de rencontre avec Dieu, avec les autres, des moments de divertissement, de détente totale, de culture intellectuelle ou physique, des occasions d’étourdissement, etc. ?
  • Comment vivre le sabbat en harmonie avec l’enseignement biblique ?
  • L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Quelle image de Dieu puis-je donner dans ma vie familiale, professionnelle, ecclésiale, et sociale ?
  • Si je suis marié, les relations au sein de mon couple sont-elles harmonieuses, dans le respect et l’amour partagés, avec le désir d’authenticité et de service mutuels ? A quel point dois-je veiller plus particulièrement pour atteindre cet objectif ?
  • Si je suis célibataire, ou individuellement pour chacun des membres du couple, comment puis-je harmonieusement développer les aspects masculins et féminins de ma personnalité, pour être une image de Dieu fidèle ?

Étude n°1 : La Création Genèse 1 (02 04 22)

Étude n°1 : La Création Genèse 1 (02 04 22)

"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre" Genèse 1.1             (Illustration de Zabou : Création par la Parole)       Zabou Création par la Parole.jpg          

Introduction

Pour compléter nos études sur le livre de la Genèse, vous pouvez consulter dans la colonne de gauche de la page les études passionnantes du pasteur belge Johan Delameilleure.

Pour étudier ce texte poétique, nous avons privilégié une étude globale pour faire ressortir l’enseignement spirituel (= concernant la relation avec Dieu) qu’il contient.

Ce premier récit de la Création est une véritable œuvre d’art construite très harmonieusement. Il a une portée avant tout pédagogique. En aucun cas il ne se veut scientifique, expliquant le « comment » des choses. Il est, en effet, organisé pour faire saisir le « pourquoi » des choses que l’homme peut voir dans son environnement. 

Observons

Remarquez comment le texte est construit :

Un premier verset qui est un résumé de ce qui est détaillé ensuite, selon la coutume des récits bibliques, un dernier verset (2.4a) que l’on peut considérer soit comme la conclusion du premier récit de la Création, soit comme l’introduction du second récit.

Entre ces deux versets, le texte se découpe selon les jours de la semaine rythmés par les refrains : Il y eut un soir et un matin... et les répétitions : Dieu dit = 10 fois, Dieu appela = 5 fois, Il en fut ainsi = 5 fois, créer, Dieu vit que cela était (très) bon = 7 fois ; Dieu bénit = 3 fois, si l’on joint les versets 2. 1-3 au chapitre 1.

On constate en outre que les trois premiers jours sont consacrés aux espaces habitables, les trois jours suivants, à leurs habitants. Dans l’énumération suivante, il est intéressant de remarquer qu’à chaque espace correspond une catégorie d’habitants : les points 1 et 4, 2 et 5, 3 et 6, se correspondent :

Espaces habitables :

1- Lumière (séparation d’avec les ténèbres)

2- Ciel (séparation des eaux d’en-haut = air, des eaux d’en-bas = mer)

3- Terres sèches (séparation d’avec les eaux marines) et végétation

Habitants :

4- Points lumineux (soleil, lune astres)

5- Oiseaux et créatures aquatiques

6- Monde animal (bétail, reptiles, animaux sauvages, et les humains) 

Comprenons

Par le récit de la Création, tel que Moïse en a reçu la révélation, Dieu a voulu rétablir la vérité sur Lui, sur l’homme, sur l’univers. Il a voulu montrer que la Création ne pouvait être l’œuvre que de quelqu’un d’intelligent, de sage, qui savait ce qu’il entreprenait, et avait un but précis : l’épanouissement de la vie et de l’homme sur la terre.  

Nous allons voir comment ce message est transmis dans le texte de Genèse 1 : 

Enseignements sur Dieu

a) Les répétitions du verbe « dire » insistent sur la Parole et ses effets. Pour Dieu, parler est une véritable action qui permet la venue à l’existence de toute chose. Voir les deux textes complémentaires de Ps 33.9 et Jn 1.1-3.

L’homme n’a pas cette capacité de créer la matière et la vie rien que par la parole. Si la parole humaine a beaucoup de puissance bénéfique ou maléfique : compliment qui fait plaisir, encouragement qui redonne le moral, ou injure qui blesse, discours qui trompe et donne de faux espoirs, etc. elle n’a d’effets que sur l’esprit des gens, mais par sur la matière, car l’homme ne peut pas créer, il peut seulement transformer la matière en la manipulant.                Dieu se montre ainsi bien supérieur à l’homme !

Les mots « créer » et « Dieu vit que cela était (très) bon » se retrouvent 7 fois. C’est sur ce chiffre qu’est fondée la semaine donnée à l’homme comme repère de temps. Dieu veut signifier par là que ce qu’il a conçu, puis créé, était parfait, et correspondait à ses intentions de bonheur pour l’homme sur la terre. Ce chiffre est un peu comme la marque de qualité que Dieu appose sur son œuvre.

Premier enseignement du récit : Dieu crée tout parfaitement par sa Parole

 b) Un problème chronologique et logique, selon notre expérience des phénomènes de photosynthèse, est posé par  l’ordre des créations : la lumière et la végétation apparaissent le 1er et le 3ème jour, avant les astres (4ème jour) qui indiquent les saisons, les jours et les nuits. Mais le texte n’est pas un rapport scientifique, il veut apprendre quelque chose sur Dieu : Il est la lumière nécessaire à toute vie (Jn 1.4)

Le verset 2 commence le récit  par un tableau de ce qui existait au moment où Dieu organisa la terre pour la vie de l’homme. Ce verset permet de penser qu’il y eut un laps de temps indéterminé entre la création de la matière et son organisation pour la vie.

Le texte indique aussi qu’il y avait des ténèbres. D’où venaient-elles ? C’est comme si l’auteur voulait nous dire qu’elles ne venaient pas de Dieu (comme le mot « ténèbres » employé par Jean dans son prologue de l’Évangile le laisse entendre), mais que l’Esprit de Dieu les maîtrisait. C’est un indice précieux de l’existence du Mal antérieure à la création de notre monde, qu’on peut rapprocher des textes  d’Esaïe 14.12-15, Ezéchiel 28.14-19, et Apocalypse 12.7-9, pour tenter de comprendre la rébellion de Satan contre Dieu.

Que la lumière soit ! (v 3): en opposition aux ténèbres, le texte révèle que là où Dieu se manifeste, jaillit la lumière. Si on veut travailler dans un endroit, il faut de la lumière, pour distinguer les objets. La lumière donne la possibilité de prendre conscience des choses. Ainsi nous pouvons comprendre comment sur les plans psychologique et spirituel, Dieu dans sa Parole est lumière pour nous : Il nous  permet de prendre conscience de notre état devant Lui, et nous révèle les moyens de rester en communication avec Lui. Le récit ne donne là aucun renseignement scientifique, mais il se place au niveau spirituel.

Avec la lumière apparaît la notion de temps, rythmé sur l’alternance  du jour et de la nuit. Dieu étant lui-même hors du temps, éternel (comme l’exprime  2 Pie 3.8 : devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour), il fait ce cadeau du temps à l’homme. Seul de ses créatures à percevoir et mesurer le temps, l’homme pourra compter ses jours et en rendre grâce au Seigneur (Ps 90.12). De plus le rythme de la semaine de sept jours que Dieu adopte pour ce récit de la Création (Rien ne l’empêchait de créer en un seul jour, en un clin d’œil !) indique à l’homme un rythme biologique parfait pour son équilibre physique (Ceux qui ont voulu changer ce rythme, les révolutionnaires français, ont subi des échecs cuisants, les hommes s’épuisant très vite sous un autre régime), et son équilibre psychique et spirituel, le septième jour étant consacré comme on le voit au ch 2, après six jours d’activité pour sa propre vie, à l’adoration, la louange et la communion de l’homme avec son Créateur en harmonie avec la création entière.  

c) Le processus de création suivi par Dieu est celui d’une œuvre d’art : il y a d’abord création du cadre avec les éléments essentiels à la vie : lumière, air, eau, terre, végétation. L’air est indiqué dans la Bible comme « l’étendue ». Les Anciens considéraient que cette étendue, ou atmosphère, était la frontière entre les eaux qui sont au-dessus et les eaux qui sont au-dessous, c’est-à-dire celles de la terre. Ils expliquaient ainsi la présence de l’eau de pluie, de la brume et des nuages dans l’atmosphère : c’étaient les eaux du dessus qui passaient par des trous dans l’étendue ! Il n’y a rien de scientifique dans cette manière d’exprimer une impression, une conception humaine de l’environnement.

Après le cadre, il y a création du contenu, les trois jours suivants : les astres, les animaux et l’homme. En ordonnant ainsi le récit, Dieu indique qu’il agit selon un projet précis, voulu, conçu dans sa pensée et exécuté méthodiquement. À comparer avec la démarche de l’architecte, ou celle de l’artiste. Tout a été prévu par Dieu pour que la vie soit possible sur terre. Remarquons que tout est dit deux fois, d’abord quand Dieu exprime son intention, puis quand il la réalise par sa Parole.

En mentionnant neuf fois  « selon son espèce » pour caractériser plantes,  arbres et animaux, le récit montre d’abord que Dieu a agi avec ordre. Rien n’a été fait au hasard, tout a été prévu et planifié. Cette insistance fait comprendre que Dieu est très ordonné dans tous les détails, qu’il a conçu chaque chose avec soin, et lui a fixé sa place. Ainsi ni les plantes, ni les animaux n’évoluent en passant d’une espèce à l’autre. Cela contredit la théorie de l’évolution progressive qui voudrait faire descendre l’homme du singe ou du poisson. Mais cela n’exclut pas une adaptation au milieu de vie au sein de chaque espèce.

Second enseignement : Dieu a tout conçu et réalisé selon un plan précis.

Troisième enseignement : Dieu a voulu chaque créature à sa place, et dans son règne respectif, végétal, animal, humain.

d) Le récit biblique de la Création nous donne un quatrième enseignement : Dieu veut, dans tout l’Ancien Testament, se révéler comme le seul vrai Dieu. Chacun des jours de la Création frappe de plein fouet toutes les idolâtries de l’Antiquité, mais aussi de notre époque avec les philosophies et religions panthéistes, qui adorent la Nature et ses forces, comme l’avaient fait les Égyptiens dont les Hébreux devaient s’affranchir !

Voici la liste des dieux de l’Égypte, qui étaient présents à l’esprit des Hébreux au moment de l’Exode, pendant lequel Moïse eut la révélation des récits de la Genèse :

1- Nout = la voûte céleste avec astres ;

2- Râ = dieu-soleil avec cobra-énergie sur une tête de faucon ;

3- Apis = dieu-taureau de la fertilité, de la vie.

4- Sekhmet = déesse-lionne de la guerre ;

5- Khnoum = dieu-bélier de la crue du Nil ou de la fécondité ;

6- Thot = dieu de la sagesse à tête d’ibis ou de babouin ;

7- Seth ou Anubis = dieu-chacal du mal et de la mort ;

En créant les astres le 4ème jour et les animaux les 5ème et 6ème jour, Dieu leur redonne leur nature de créatures qui lui sont soumises et dépendent entièrement de lui pour leur existence. Les astres ne sont que des luminaires, des lampes, destinés à éclairer la nuit et à marquer le temps pour les habitants de la terre. Il est nécessaire de distinguer ici l’astrologie de l’astronomie. L’astrologie attribue un pouvoir divin aux astres sur les caractères et le destin des hommes. L’astronomie étudie les lois qui régissent le monde de l’espace. C’est une science exacte, alors que l’astrologie vient de l’occultisme.  Grâce aux astres, nous pouvons, comme Moïse, « compter nos jours », nos heures et nos années.

Quand on considère les merveilles de la nature comme l’aile du papillon ou l’œil d’une mouche, la splendeur du ciel étoilé ou des montagnes majestueuses, peut-on croire que tout cela s’est fait tout seul, de soi-même ? La complexité et la beauté de la nature sont justement des raisons de croire que son auteur est un être  bien plus intelligent, sage et puissant que l’homme lui-même. Adorer la nature ou la matière, ou l’énergie, c’est leur donner plus d’importance et d’intelligence qu’à l’homme, qui reste incapable de créer la vie de rien, et qui craint les forces qu’il ne maîtrise pas ! Qu’est-ce qui est plus logique : honorer la matière ou un animal, ou honorer un Être intelligent et bon ? 

L’humain est le fruit d’une décision spéciale d’un Dieu créateur, unique mais aussi paradoxalement «  pluriel »: Il énonce son intention au pluriel « Faisons l’humain à notre ressemblance ». On peut voir dans ce pluriel, confirmé par la forme au pluriel du mot hébreu « Elohim » traduit par « Dieu », la première suggestion du Dieu trinitaire, que l’Evangile révèlera comme Père, Fils et Saint-Esprit. On peut deviner la présence de ces trois manifestations d’Elohim dans ce chapitre 1 de la Genèse: il y a Dieu le Créateur, qui conçoit et organise son œuvre, Dieu qui par la Parole (Jn 1.1-3) donne existence à ses projets, et Dieu l’Esprit qui « plane au-dessus des eaux », qui protège la création. C’est dire l’importance de la création de l’humain, aux yeux d’un Dieu qui s’engage tout entier pour mettre au monde le chef-d’œuvre de sa création, un être qui va lui ressembler, et porter son image au milieu des autres créatures animales et végétales.

Enseignements  sur l’homme

Enfin par ce récit de la Création, la Bible nous enseigne que l’homme est une créature spécialement conçue par Dieu.

Les animaux créés à la Parole de Dieu émanent de leur milieu de vie. L’homme, lui aussi créé par la Parole de Dieu, est le seul « à l’image de Dieu », « à sa ressemblance ». Dieu lui accorde ainsi une valeur supérieure au monde animal ou végétal, qu’il doit gérer en maître responsable (= dominer).  

Ce que Dieu crée est immédiatement conforme à son projet. Il n’a pas besoin d’essais successifs !

La création de l’humain n’est pas décrite en détail. Elle fera l’objet de plus de développement au chapitre 2. Mais ce qui en est dit au ch 1 nous révèle déjà bien des éléments essentiels pour connaître ce qu’il est et sa mission :

a) Comme Dieu est pluriel, l’humain portant son image est aussi pluriel : homme (masculin) et femme (féminin) ; cette créature humaine, reçoit de Dieu le souffle qui en fait une créature animée, comme les autres êtres vivants (2.7), mais elle seule est  « image de Dieu » parmi toutes les autres. C’est dans l’union du masculin et du féminin de la nature humaine animée par Lui,  que Dieu laisse percevoir ses propres qualités dites masculines (esprit d’entreprise, de décision et d’action, extériorité, logique, jugement, etc.) ou féminines (sensibilité, intériorité, intuition, amour, imagination, etc). Cela rend bien vaines toutes les discussions futures sur la nature et le rôle de la femme, qui ont agité les hommes érudits de tous les siècles, imbus d’une fausse idée de leur supériorité !

b) La ressemblance avec Dieu se poursuit dans la mission donnée à l’humain : il est le roi de la terre qu’il doit « dominer » et « gérer ». Solidaire du règne animal créé le même jour que lui, l’homme n’a pas à se laisser dicter sa conduite par lui, ni à abuser de lui pour son profit, mais il doit gérer la nature pour permettre à chacun de vivre dans l’harmonie des uns et des autres, à l’exemple de son Dieu créateur.

c) Dieu prend soin d’indiquer aussi la nourriture de chaque espèce : la végétation portant semence ou fruit pour l’humain, l’herbe verte pour l’animal. Ce régime végétalien convenait dans un monde exempt du péché mais sera complètement bouleversé après la chute du roi de la terre !

d) Comme pour l’animal (v 22), la bénédiction de Dieu sur l’homme se manifestera par la fécondité, qui permettra de peupler la terre. Mais, comme il est à l’image de Dieu, l’humain non seulement perpétuera la vie physique de son espèce, mais créera et développera tout ce qui est du domaine de la vie morale et relationnelle, artistique et scientifique. Son intelligence sera féconde et sa relation avec Dieu lui permettra de grandir harmonieusement sur tous les plans.

3- Conclusion

Récapitulons quelques-uns des enseignements principaux de ce texte : 

Le récit très structuré n’est pas scientifique. Ce n’est pas un rapport qui rend compte objectivement des faits observés. De toutes façons l’auteur du livre, n’était pas présent au moment de la Création ! Dans la façon dont il relate cet événement miraculeux, il témoigne de sa foi en un Dieu Roi de l’Univers :

a) Dieu existe à l’origine de tout. Aucune description n’est fournie sur l’apparence de Dieu. Il existe tout simplement.

b) C’est Lui qui a tout fait. Il est à la fois l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur, l’artiste, le charpentier, le jardinier, l’électricien, etc.

c) Il crée par sa seule Parole : Il ne fabrique pas à partir d’une matière préexistante, il fait jaillir la matière et les êtres vivants de la formulation de sa pensée, à la différence de l’homme qui ne peut que transformer la matière.

d) Dieu est le seul dieu. Il est au-dessus de toutes ses créatures et des corps célestes, qu’il dirige selon son plan. Ce texte réfute l’adoration païenne de la Nature et le polythéisme des religions environnantes. Si Dieu est unique, il se manifeste de façon « plurielle », selon ses fonctions.

e) Dieu est un Dieu d’ordre. Tout était à sa place et occupait la fonction pour laquelle Dieu l’avait créé.

f) Dieu a tout créé bon. Il est parfait et son œuvre reflétait cette perfection.

 L’auteur témoigne aussi de sa foi dans l’être humain, homme et femme, roi de la terre :

a) Créé pour couronner les espèces animales dont il fait partie (créé le même jour), il en est différent par sa ressemblance avec Dieu non pas physique, mais psychique, morale, relationnelle et spirituelle.

b) Il reçoit la mission de gérer la terre et ses habitants. Dieu lui délègue une partie de ses pouvoirs et lui donne une responsabilité.

L’organisation du récit révèle que tout a été fait pour que l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature et avec son Créateur, le seul vrai Dieu.

 

Questions pour une mise en pratique dans la vie chrétienne :

a) Dieu procéda à la création du monde selon un plan bien conçu et méthodique :

Qu’en est-il de nous ? Agissons-nous toujours conformément à nos intentions ? Et ensuite, donnons-nous la peine de vérifier si notre travail est bien fait? 

b) Savons-nous réfléchir et organiser notre action avant de nous lancer dans l’action, ou agissons-nous selon nos impulsions ? Quels en sont les résultats ?

c) Quelle est ma position face à l’astrologie et les horoscopes, tellement prisés de nos jours ? Ai-je conscience que même par simple curiosité, ils me font courir le risque de manquer de confiance en mon Dieu Créateur ?

d) Comment ma vie reflète-t-elle l’image de Dieu : mes actes et mes paroles contribuent-ils à créer la vie et l’harmonie autour de moi ? A quoi dois-je veiller pour atteindre cet objectif ?

e) Comment concrètement, à mon niveau individuel, répondre à la mission confiée par Dieu de « dominer »(= gérer) la Nature, dans le sens de l’environnement (= l’écologie, le respect de la planète), ou de ce qui est « animal » ou « naturel » en moi (= la maîtrise de soi) ?  

f) Quel est le but de cette mission de gestionnaire de la terre: devenir saint et puissant comme Dieu, ou manifester le respect dû à une création qu’Il avait jugée bonne pour la vie de l’homme, et rendre Dieu perceptible aux autres à travers ma vie ?