26/04/2013
Etude n°5 : Cherchez l’Éternel et vivez, Amos 5.1-17 (04 05 13)
« Recherchez le bien et non le mal afin que vous viviez, et qu’ainsi l’Éternel des armées soit avec vous, comme vous le dites. » Am 5.14
Observons Amos 5.1-17
Le contexte : Amos vient de dénoncer l’endurcissement d’Israël, et d’avertir le peuple de la proximité de la rencontre avec le Créateur, et de la nécessité de s’y préparer.
Le texte est construit en parallèles concentriques (= chiasme)
a) 1-2 : Complainte sur la ruine d’Israël
b) 3-7 : Avertissements de l’Éternel
c) 8-13 : Puissance du Créateur qui juge les injustices en Israël
b’)14-15 : Appel de Dieu
a’)16-17 : Lamentations au passage de l’Éternel
Au centre des lamentations et des appels de Dieu, se trouve le jugement de Dieu sur son peuple pécheur.
Quelles injonctions de Dieu sont répétées avec insistance ?
De quelles explications sont-elles immédiatement suivies ? en quoi éclairent-elles l’appel de Dieu ?
Quelle est la situation spirituelle et sociale d’Israël ?
Quel espoir est laissé à Israël ?
Comprenons
a) Dans les deux premiers versets de ce chapitre, le prophète Amos prononce par anticipation une complainte sur la ruine certaine d’Israël. Cette ruine totale ne peut être évitée puisque les avertissements précédents (4.6-13) n’ont eu aucun effet.
La vierge d’Israël est le nom donné au peuple pour lui rappeler qu’il était destiné à s’unir avec Dieu, mais que cette union n’a pu se réaliser car le peuple, s’étant livré à l’idolâtrie, est tombé dans la boue. L’image de la vierge couchée à terre, évoque la prostitution sacrée qui accompagnait les cultes idolâtres. De la pureté spirituelle d’origine, le peuple est tombé dans la dépravation spirituelle et morale.
b,b’) La ruine s’annonce par la diminution de la puissance militaire du pays dont Israël s’enorgueillissait sous Jéroboam II. Le message d’Amos ne doit pas être facile à entendre par une population plongée dans la prospérité et l’orgueil national. L’appel du Seigneur à le chercher et à vivre retentit par trois fois pour insister sur l’urgence de changer d’objectif. Le verbe "chercher, rechercher" ne s’applique pas à la recherche fébrile d’un objet perdu, mais signifie plutôt « consulter, entrer en contact, fréquenter » une personne. Par deux fois (v 4,6), le verbe hébreu « chercher » est au mode inaccompli, pour signifier une durée ou une répétition de l’action ; il est suivi du verbe "vivre" à l’impératif. Mais la troisième fois, les modes sont inversés (v 14) : l’ordre porte maintenant sur la rechercher du bien, qui a pour conséquence ou pour but la Vie de l’homme dans la présence de Dieu. Dieu désire et ordonne que l’homme vive, et il en donne les moyens. Au projet du Seigneur doit répondre l’adhésion de l’homme et sa recherche persévérante de la présence de son Dieu. Le projet divin englobe la vie présente sur terre et la vie éternelle avec Lui.
Au verset 14, nous avons une allusion claire au récit de la Création, qui a été préparée par la présentation de Dieu comme le créateur tout puissant (v 8-9).Dès la Création, Dieu a placé l’homme devant le même choix de vie ou de mort, symbolisé par la présence des deux arbres au milieu du Jardin d’Eden. Soit l’homme se nourrissait de l’Arbre de Vie, et restait en communion avec Dieu, soit il optait pour la satisfaction de ses passions, délaissant Dieu et décidant par lui-même de ce qui est bien ou mal. La recherche du Bien est mise en parallèle avec la recherche de l’Éternel (v 4,6,14). Dieu est le Bien (tov en hébreu), comme Jésus le rappelle au jeune homme riche (Mat 19.16 ; Ps 25.8), et ce qu’Il fait est bon (tov) pour l’humain (Gen 1). C’est pourquoi rechercher la présence de ce Dieu Vivant et Bon, ne peut être que bénéfique. Pourtant Israël, comme Adam et Eve, s’est détourné de l’Éternel, ce qui est appelé « le mal » (v 14-15). Il a cru adorer l’Éternel en le représentant par des veaux d’or, ou en sacralisant des lieux historiques parce qu’ils avaient été le théâtre d’interventions divines. A Béthel (Gen 28.18), Jacob avait eu la vision de l’échelle et avait consacré une stèle commémorative en appelant le lieu « Maison de Dieu ». Le peuple du royaume du nord, privé du temple de Jérusalem dans le royaume du sud, avait établi à Béthel un culte idolâtre, croyant de bonne foi, comme les Hébreux dans le désert, que le veau d’or représentait l’Eternel (Ex 32.4-5). A Guilgal (Jos 4 et 5), situé entre le Jourdain et Jéricho, avaient eu lieu la première circoncision et la première Pâque en Canaan. Israël y pratiquait un culte commémoratif. Beer CHéba étonne ici, car il est situé en Juda. Dieu y était venu à la rencontre d’Agar (Gen 21. 14), et était ensuite apparu à Jacob qui y avait offert des sacrifices avant son dernier départ vers l’Egypte (Gen 46.1). Ce lieu historique était devenu une occasion de chute par sa sacralisation idolâtre. Cette mention d’un « lieu saint » de Juda était-elle destinée à avertir aussi le royaume du sud pour lui éviter le même sort qu’Israël ? Ou bien exagérait-elle volontairement la piété formaliste du royaume du nord, qui pensait plaire à Dieu en multipliant pèlerinages et commémorations rituelles (Am 5.21-23), tout en négligeant « le droit et la justice » dans la vie sociale (v 10-12, 24) ?
c) Amos rappelle que l’Éternel est le créateur pour insister sur sa toute puissance : il a créé les lois de l’univers pour favoriser la vie de l’homme, mais peut tout aussi bien les bouleverser, et donc abattre les puissants de ce monde qui se croient intouchables (v 9). Il est le Maître de la nature et de l’histoire humaine (Dan 2.21). Il est donc aussi le juge qui connaît les iniquités de son peuple.
Les trois répétitions de l’expression « à la porte » (v 10,12,15), donnent au texte une forte connotation de jugement. C’est en effet à la porte des villes que les anciens siégeaient pour juger les affaires courantes de la cité, et rendre justice aux opprimés et aux innocents accusés à tort (Jos 20.4 ; Ruth 4.1-2 ; 2 Sam 15.2 ; 1 Rois 22.10 ; Pr 1.20-21 ; et… Ap 4.1-2 !). Or en Israël, sous Jéroboam II, les juges bafouaient le droit et la justice, maintenant la population dans l’oppression ou la pauvreté pour mieux la réduire au silence et la dominer (v 7,12, 13), tandis que les puissants vivaient dans l’opulence, le mensonge, la corruption, refusant toute critique qui dénonçait la vérité (v 10). Ces accents indignés d’Amos, se retrouvent à un autre siècle chez l’apôtre Jacques (ch 2), et pourraient s’adapter à notre époque !
L’Éternel avertit que ces péchés contre autrui auront leurs conséquences directes selon la loi biblique « Tu récolteras ce que tu sèmes », ou « on vous jugera comme vous aurez jugé » (Mat 7.2 ; Gal 6.7).
a’) Comparé à un feu dévorant (v 6), l’Éternel juge, tout puissant, pourrait apparaître sans pitié pour son peuple coupable d’idolâtrie et d’injustices, qui se croyait à l’abri de son jugement parce qu’il était le peuple « élu ». Amos avertit Israël que le jugement-condamnation, considéré comme réservé aux nations impies, tombera aussi sur lui. Mais il laisse pour le « reste de Joseph » qui écouterait sa Parole (v 15b), une voie ouverte à la miséricorde et au pardon de Dieu lorsqu’ "il passera parmi eux". Joseph dont sont issues les deux tribus principales d’Israël, Ephraïm et Manassé, est, par toute son histoire dans la Genèse (ch 37 à 50), le « type » de Jésus-Christ. Le « reste de Joseph » peut désigner la fraction du peuple des croyants en Jésus-Christ, qui accepte d’écouter la voix de Dieu et suit ses enseignements. Ce Reste, qu’il ne nous est pas permis de désigner nous-mêmes (qui sommes-nous pour en juger ?) subsistera lorsque le Seigneur « passera au milieu » du peuple. Le verbe se réfère au « passage » de l’Ange exterminateur de la Pâque à la dixième plaie d’Egypte. Ceux qui avaient marqué leurs portes du sang de l’agneau pascal furent épargnés de la mort de leurs premiers-nés. Symbole très parlant de la miséricorde et du pardon de Dieu pour ceux qui se réclament du sacrifice de Jésus-Christ, « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Ils peuvent avoir l’assurance de la vie éternelle (Jean 3.16-18). Le salut est donc toujours possible, mais ce « passage de l’Éternel », à son retour en gloire, par-dessus les repentants, provoquera les lamentations générales des endurcis (v 16-17a).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment chercher l’Éternel aujourd’hui ? Est-ce une démarche spirituelle, et /ou concrète ?
- « Vivez » nous ordonne le Seigneur ! Cet ordre concerne-t-il le présent terrestre ou le futur éternel ? Qu’est-ce qui peut dans le texte expliquer notre réponse, dans un cas comme dans l’autre ? A quoi cela nous invite-t-il dans l’exercice de notre piété ?
- En quoi la dénonciation du formalisme de la piété peut-elle s’appliquer à notre dénomination ? Comment ne pas tomber dans l’idolâtrie de la mémoire de nos pionniers, de leurs lieux de résidence ou de leur mode de vie ? Quelle différence y a-t-il entre respect et vénération de nos traditions ?
- Comment vivons-nous notre religion (voir Michée 6.8) ?
- Attendons-nous le « passage » de notre Dieu comme un jugement-condamnation des autres, impies ou infidèles, ou un jugement libérateur, rendant justice aux opprimés, persécutés, et fidèles, parmi lesquels nous nous considérons ? A quels comportements une telle conception nous conduit-elle ? Comment les éviter ?
- Comment être le « reste de Joseph », objet de la miséricorde de Dieu ?
08:00 Publié dans Petits prophètes | Lien permanent | Commentaires (0)
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