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27/10/2023

Étude n°5 excuses pour éviter la mission Jonas 4.1-11 (04 11 23)

Étude n°5  Excuses pour éviter la mission Jonas 4.1-11 (04 11 23)

« Tu m’as fait remonter vivant du gouffre…le salut appartient à l’Éternel. »Jon 2.7, 10.

« Je savais que tu es un Dieu qui fais grâce, et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal » Jon 4.2

Introduction au livre de Jonas

A cause de tous ces faits miraculeux, et de l’image négative que donne le héros de lui-même et du peuple juif, la critique moderne a contesté l’authenticité du livre et de son histoire. C’est oublier que Dieu utilise ses serviteurs les prophètes pour enseigner et corriger son peuple (2 Ti 3.16), ou avertir les nations (Jr 25.20-27), et qu’il se sert de miracles pour authentifier la révélation de sa puissance et de sa miséricorde (1 Rois 18.36-39).

La nature du livre peut être envisagée de trois façons différentes :

  • c’est l’histoire réelle d’un épisode de crise de la vie du prophète en conflit avec son Dieu,
  • c’est une parabole, sans appui historique, destinée à fustiger le nationalisme juif et à révéler l’universalisme de la grâce de Dieu,
  • c’est un enseignement de la miséricorde divine, à partir d’un fait réel, présenté sous forme de parabole.

Le livre est placé parmi les livres prophétiques plus à cause de la mention du prophète Jonas (2 Rois 14.25) et du sens de son enseignement qu’à cause du style de l’écrit qui l’apparente aux paraboles et non aux prophéties. L’intérêt du livre réside en effet surtout dans le sens de son enseignement, que nous chercherons à découvrir peu à peu.

Le personnage du prophète est tiré de 2 Rois 14.25 où il apparaît sous le nom de Jonas, fils d’Amittaï, de Gath-Hépher, pour annoncer la parole de Dieu au roi Jéroboam II à Samarie. Ce roi impie (v 24) gouverna 40 ans (787-747 av JC) le royaume d’Israël (au nord de celui de Juda). Malgré son impiété, Dieu bénit son long règne par pitié pour son peuple (v 26-27) à qui il tendait une dernière perche avant l’exil, pour l’amener au repentir. Ce règne fut ainsi marqué par une prospérité et une étendue territoriale extraordinaires, comme l’avait annoncé Jonas.

Dans le livre qui porte son nom, Jonas apparaît comme un nationaliste endurci, qui refuse d’entendre le message de la bonté universelle que Dieu désire lui faire comprendre à travers ses expériences personnelles.

La leçon générale du livre se révèle dans la structure littéraire : Jonas, après être passé par des périodes de refus obstiné de la volonté de Dieu (1.4-14 ; 4.1-3), par des expériences de « mort » dans la mer (2.4-6) ou sous son ricin (4.8), a enfin compris que le salut n’était qu’en Dieu (2.10), qui prenait soin non seulement de lui, le Juif rebelle, mais aussi de tous les peuples même les plus impies comme les Ninivites (4.11) lorsqu’ils crient à Dieu leur détresse et leur repentir (2.8 et 3.6-10).

Le but que Dieu se fixe en envoyant les avertissements et les appels de ses prophètes (Amos 3.7) aux Juifs comme aux impies, n’est pas de leur faire le mal prévu dans les prophéties, mais de les inciter à revenir à lui car « Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive » (Ez 33.11). Jonas et marins.jpg

Observons Jonas 4.1-11

Le contexte : Jonas, dont le prénom signifie “ colombe “, fut contemporain d’Amos et de Joël et appartenait à la tribu de Zabulon, il était originaire de Gath-Hépher, bourgade de la Galilée à une heure au nord-est de Nazareth. Jonas prophétisa sous Jéroboam II, à une période de grande prospérité et de paix, tandis que la puissance Assyrienne vivait un déclin passager. Jonas, possédé par l’idée du particularisme juif, a du mal à comprendre que Dieu puisse se préoccuper du salut d’un peuple aussi cruel, et lui confier la mission d’avertir des gens si corrompus. A quoi bon perdre son temps et risquer sa vie ? Jonas fuit donc dans la direction opposée à bord d’un bateau, puis au cours d’une tempête il est jeté à la mer sur sa demande ; après trois jours passés dans le ventre d’un grand poisson, il crie à l’Éternel et est miraculeusement rejeté sur la terre pour accomplir la mission que Dieu lui avait confiée.

Le texte :

- Quelle est la réaction de Jonas à l’annonce du repentir de Ninive et du pardon de Dieu ? v 1

- Quelles raisons invoque-t-il à sa colère ? Pourquoi la bienveillance de Dieu l’agace-t-elle au point de vouloir mourir ? v 2

- A quoi Dieu l’invite-t-il par deux fois ? v 4 et 9. Dans quel but ?

- Qu’attend Jonas sous sa hutte ? v 5

- Que veut lui montrer Dieu dans l’épisode du ricin ? v 6-11

- Quelles excuses pour ne pas remplir sa mission trouve Jonas ?

Comprenons

Jonas reçoit un deuxième appel de la part de Dieu et annonce à la grande ville: “encore 40 jours et Ninive sera bouleversée" (littéralement). Son mes­sage oral était inspiré par Dieu (3.2) sans qu’on sache exactement ce que Dieu lui avait demandé de dire, mais cela fut interprété par le prophète comme une condamnation plus que comme un appel à la repentance. Dieu avait ordonné à son prophète d’aller porter sa parole de jugement à Ninive. C’était  une parole très brève : crier contre sa méchanceté (1.2). La parole de Jonas est aussi courte, parole d’avertissement avec un délai. Le mot traduit par « destruction » (v 4), comme Jonas espérait le voir depuis sa hutte à l’est de la ville (4.5), signifie aussi « bouleversement », comme les Ninivites semblent l’avoir aussi compris, en bouleversant leurs attitudes, leurs sentiments, et leurs pensées par un retour à Dieu (3.8). Le prophète a  la connaissance de la miséricorde de Dieu (4.2) mais n’en parle pas aux Ninivites, et ce sont eux qui curieusement comptent sur la bonté de Dieu (3.10). La participation du bétail, tout à fait irréalisable, à ces rites de repentance, n’est indiquée que pour montrer l’étendue de ce mouvement vers Dieu ! Symboliquement, l’homme dans la Bible représente le croyant, opposé à la bête, qui symbolise l’incroyant (voir la mésaventure de Nébucadnetsar, transformé en « bête » à cause de son impiété, Dan 4.29). L’association des bêtes au deuil des hommes pourrait signifier que tous, religieux ou non, viennent à Dieu, pour éviter la destruction de la ville.

Jonas, comme prophète connaissait les paroles de jugement et de condamnation de Dieu contre ceux qui vivent sans lui. Dès les dix Paroles (Ex 20.5) Dieu avait affirmé qu’il ne laisserait pas impuni l’idolâtre, synonyme de méchant dans la Bible (Dt 7.9-10). Ninive à l’époque de Jonas représentait le summum de l’idolâtrie aux yeux des Israélites. Jusqu’à Jonas ces messages de jugement étaient donnés aux peuples d’Israël et de Juda, même s’ils concernaient des nations païennes, pour encourager le peuple de Dieu opprimé par ces nations. Pour la première fois, un prophète d’Israël est envoyé délivrer son message d’avertissement directement au peuple concerné ! L’intention miséricordieuse de Dieu pour ces nations étrangères et son enseignement à son peuple seront révélés à Jonas par ses expériences personnelles rapportées dans les chapitres 1-2 et 4.

Si Jonas connaissait les paroles de jugement, il n’ignorait pas non plus les paroles de miséricorde (4.2). Mais cette possibilité du pardon de Dieu pour Ninive, était, à ses yeux, très humiliante pour son personnage : il passerait pour un « faux prophète » puisque sa prédiction ne se réaliserait pas au bout des 40 jours annoncés. (Il n’imaginait pas que le repentir de Ninive serait très bref, ni que 40 ans plus tard Ninive serait effectivement détruite par les Babyloniens). 

Le choix du bref message oral qu’il délivre dans Ninive, est révélateur de son état d’esprit, reflet de celui d’Israël à son époque envers les nations païennes. Il ne retient que la condamnation et l’espère même profondément puisque le pardon lui donne envie de mourir (4.3). Il n’a pas compris la raison du délai de 40 jours (à mettre en parallèle avec les 40 ans dans le désert du peuple hébreu, ou les 40 jours de jeûne de Jésus dans le désert), délai destiné à donner le temps nécessaire pour prendre conscience de son état devant Dieu et lui revenir complètement. Jonas est rempli des préjugés de sa propre-justice, et du privilège de faire partie du peuple élu. Refusant de reconnaître Dieu comme un Dieu d’amour envers tous les hommes, il regarde tous les autres peuples comme idolâtres, donc destinés à la destruction. Et le plus vite serait le mieux à ses yeux, pour débarrasser le monde de cette « racaille malfaisante » ! Les fruits d’un tel état d’esprit ne sont que haine, irritation, désir de mort, comme l'actualité nous le prouve ! Est-ce ce qu’on attend d’un prophète de Dieu ?Jonas sorti du poisson.jpg

Sa première expérience de la miséricorde de Dieu envers les marins idolâtres et repentis (1.14-16) ou envers lui-même, prophète rebelle sauvé des abîmes par un poisson (ch 2), ne lui a pas servi à comprendre la situation de Ninive. Il faudra une autre intervention de Dieu à propos d’un ricin, qui touche de près à son confort personnel (4.6-11), pour lui ouvrir les yeux et enfin lui permettre d’offrir à Dieu sa reconnaissance (2.10).

Alors que les Ninivites avaient un temple dédié à leur divinité Ishtar, le roi demande de “ crier avec force “ au Dieu de Jonas et de revenir de leur mauvaise voie ainsi que de leurs actes de violence. Étonnante réaction d’un peuple cruel et sanguinaire qui se repent si facilement à l’annonce faite par un prophète hébreu ! L’expérience de Jonas était certainement connue du peuple, ce qui conféra à son message une redoutable autorité, le Christ lui-même dit “que Jonas fut un signe pour les Ninivites" (Luc 11.30). Jonas a un message oral à délivrer. Mais à son insu, son histoire personnelle parle aussi du jugement de Dieu sur le prophète en fuite, réalisé par sa mise à la mer dans la tempête, et suivi du salut de Jonas rejeté vivant hors du poisson ; elle parle aussi  du salut des marins repentis, qui ont dû raconter partout leur aventure miraculeuse. Cette expérience parlait de la puissance et du pardon de son Dieu. Les païens pouvaient constater « de visu » que celui qui revient à Dieu et lui obéit reçoit le pardon et la vie. Préparés par leur sentiment très religieux, voire superstitieux, par leur respect de la divination et par le récit du vécu de Jonas, les Ninivites vont entendre les paroles de jugement du prophète comme un appel à adorer son Dieu, donc à garder la vie comme Jonas. Ils vont mieux saisir que Jonas et son peuple (Mt 12.41), l’intention qu’a Dieu en leur envoyant un prophète et en leur accordant un délai : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive (Ez 33.11) et il ne fait pas de considération de personnes (Ac 10.34-35) pour tous ceux qui croient en lui (Ac 10.43).

            Le jeûne dans l’humiliation, la repentance, et un changement de direction radical sont toujours le signe d’un retour vers le Dieu unique, en reconnaissant sa dépendance de Lui et en attendant la délivrance du poids du péché comme David (Ps 51) ou des ennemis, comme Esther, Mardochée et le peuple (Esther 4).

Le prophète rempli de lui-même devra apprendre (ch 4) à sonder son propre cœur pour y découvrir ses idoles : égoïsme, orgueil nationaliste, ressentiment contre Dieu et haine des autres. Il devra passer par la mort de ces sentiments négatifs et destructeurs de sa personne, puisqu’ils le conduisent à désirer mourir (4.3,8-9). Cette mort à lui-même lui permettra de comprendre tout l’amour et le pardon de Dieu pour lui (poisson, ricin, suscités par Dieu pour sa vie et son confort) et pour tous ceux qui se repentent et l’adorent, même si ce n’est pas dans les formes de la piété dont il a l’habitude.

Il est facile aujourd’hui aussi de prononcer des jugements de condamnation sur les autres qui ne croient pas ou ne pratiquent pas comme nous, et refuser de leur parler d’un Dieu d’amour.

Nous sentons-nous concernés par les appels au repentir que contiennent implicitement  les avertissements divins ? (Ap 8 à 9.21)Jonas furieux.jpg

Nous pouvons comme Jonas nous retirer à l’écart pour attendre le retour de Jésus qui va balayer tous ceux qui commettent le mal et dont nous estimons ne pas faire partie. Heureusement, la miséricorde de Dieu à notre égard peut parler à notre insu, au-delà de notre attitude et de nos paroles de rejet. Combien le message serait mieux perçu si nos paroles et notre vie concouraient à annoncer la bonne nouvelle du salut, c’est-à-dire  l’absence de jugement pour ceux qui se repentent et reviennent à Dieu (Jean 3.18a) ! Nous remplirions ainsi notre rôle de prophètes des derniers temps, nos fruits de repentance, de justice et d’amour permettant de nous identifier comme messagers de Dieu (Mat 7.20).

Dieu entendit la voix du peuple de Ninive, Il vit leur repentance et leur pardonna (Jo 3.10). Le texte exprime ce pardon, de façon humaine, comme si Dieu changeait d’avis envers les Ninivites. En fait son intention avait toujours été de leur offrir son pardon ! Pour leur faire entendre cette offre, il fallait seulement les interpeller de façon « musclée », les avertir par des moyens susceptibles d’être compris par des cœurs « durs d’oreilles » ! Entendons-nous les appels de Dieu à travers les événements catastrophiques de notre époque, prophétisés de longue date dans l’Apocalypse ? "Quand  vous verrez ces signes arriver, levez vos têtes car votre délivrance est proche"(Luc 21.28). Lever sa tête, n'est-ce pas regarder à Dieu en se repentant et en se confiant en sa miséricorde ?

      Dieu veut montrer à Jonas que Ses desseins d’amour sont destinés aussi aux païens et que s’Il s’est choisi un peuple, c’est afin que celui-ci apporte aux Gentils le message de repentance et de salut. Jonas ne fut pas le seul messager : Elie fut envoyé à Sarepta vers une veuve (1R 17), Elisée guérit Naaman le Syrien ( 2R. 5), Jésus va vers la Samaritaine (Jn 4) et guérit la fille d’une femme grecque d’origine syro-phénicienne (Mc 7.26-30), plus tard Pierre a une vision d’une nappe (Ac 10) où Dieu lui demande de ne pas considérer comme souillé ce qu’Il déclare comme étant pur, puis Paul et les apôtres comprennent eux aussi que le message que Dieu leur a confié ne leur appartient pas, mais est pour tous les hommes et toutes les nations (Mt 28.19). Dieu veut nous dire que, à travers tous les siècles,  “Sa Parole ne retourne pas à Lui sans effet, sans avoir exécuté Sa volonté et accompli Ses desseins » (Es 55.11)

Par ces multiples expériences de Jonas, qui lui font découvrir l’amour inconditionnel et le pardon illimité de Dieu, Dieu nous invite à distinguer la spécificité du prophète de Dieu, qui le différencie du faux prophète selon la recommandation de Paul (1 The 5.20-21) : « Ne méprisez pas les prophéties, examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ». Le faux prophète flatte les hommes à qui il s’adresse, pour en tirer profit ; ses messages, par la parole et les actes, détournent de Dieu, ou donnent une fausse image de sa personne. Le vrai messager de Dieu délivre une parole souvent peu agréable à entendre, mais quand elle est accompagnée du message de salut en Jésus-Christ, elle permet aux destinataires de rentrer en eux-mêmes, de prendre conscience de leur état de péché devant Dieu et de se tourner vers Dieu pour leur salut. Le témoignage de la vie du prophète de Dieu est en lui-même porteur de ce message de l’amour inconditionnel de Dieu.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Quels sentiments envers les autres dominent en moi ? Quels préjugés  sur moi et sur les autres, ou quelle peur des autres, me faut-il abandonner ?

 - Ai-je conscience que Dieu m’a confié un message pour que je le transmette,  qu’Il m’en fait le dépositaire et que je n’ai pas le droit de le garder pour moi ?

- Quelles excuses me trouvé-je pour ne pas remplir cette mission ?

- Pourquoi l’appel de Dieu à revenir à lui n’est-il pas entendu aujourd’hui ? Sont-ce tous ces gens étrangers à mon éducation et à ma culture qui ne sont pas prêts à entendre le dernier message que Dieu adresse à l‘humanité ? Ou est-ce moi qui ne suis pas prêt à le transmettre?

 

20/10/2023

Étude n°4 Partager la mission de Dieu Gen 12.1-9 (28 10 23)

Étude n°4 Partager la mission de Dieu Gen 12.1-9 (28 10 23)

« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres"Abraham.jpg

Observons

Le contexte (11.10-32) : De quelle lignée post-diluvienne descend Abram ?

Où s’installa-t-elle après le déluge ? Que savons-nous sur la famille d’Abram ? d’où partit-elle pour s’arrêter où ? Quand Dieu appela-t-il Abram (v 32)

Le texte : 12.1-9

V 1 : Quel est l’ordre de Dieu à Abram ? Que doit-il quitter ?

V 2-3 : Quelle est la triple promesse de Dieu ? Que doit devenir Abram en retour ?

V 4-6 : Qui partirent avec Abram ? Pour quelle destination ? Quels en étaient les habitants ? Où s’arrêta Abram ?

V 7-9 : Quelle promesse lui fait l’Éternel ? Que construit alors par deux fois Abram ? Pourquoi ? Jusqu'où vont les pérégrinations d’Abram ?

Comprenons

Le contexte

1- De Babel à Abram

Les onze premiers chapitres de la Genèse ont été consacrés à l’histoire générale des débuts de  l’humanité. Le ch 12 commence l’histoire particulière de la famille des patriarches, ancêtres et fondateurs du peuple de Dieu. Il est relié au précédent chapitre par le thème de la célébrité du nom : les hommes de Babel construisirent la tour pour se “ faire un nom ”,  “ être  célèbres ” (11.4), tandis que Dieu révèle à Abram qu’Il rendra célèbre son nom (12.2).

La problématique est la même dans ces deux passages : la prolongation ou la célébrité de la vie humaine dépend-elle de Dieu ou des efforts humains ? 

2- D’Our en Chaldée à Haran (en Turquie) :

Après la dispersion de Babel, la famille de Sem s’installa à l’embouchure des deux fleuves de Babylonie, le Tigre et l’Euphrate, dans la région riche et commerçante d’Our, en Iraq actuel. Sous l’influence du paganisme ambiant, cette famille se mit à adorer les dieux du pays (Josué 24.2), tout en conservant sans doute le souvenir des récits du déluge transmis par Sem et ses descendants de génération en génération. Abram put ainsi avoir entendu parler de ce Dieu créateur qui avait sauvé ses ancêtres de la destruction générale.

On ne sait pas pourquoi Térah le père d’Abram décida d’émigrer vers Canaan (11.31), en remontant l’Euphrate avec une partie de sa famille. Etait-ce pour des raisons commerciales, économiques, religieuses ? Toujours est-il qu’il accomplit un voyage de plus de 2500 km le long du fleuve, avec son fils Abram, et son petit-fils Lot, fils d'Haran, leurs serviteurs et leurs biens.

Il s’installa près d’une ville qui prit le nom du père de Lot, décédé à Our. Haran se situe dans le Sud-Est de l’actuelle Turquie. On y a retrouvé les traces du même culte de la lune qui était pratiqué tout le long du fleuve. Le récit biblique de Rachel cachant les idoles de son père Laban, lors du retour de Jacob en Canaan (Genèse 31.32-34), montre que la famille continuait à avoir des pratiques superstitieuses et idolâtres.

Le texte :

3- L’appel d’Abram. De Haran à Canaan.

A Haran, Dieu s’adressa directement en particulier à Abram et lui demanda de poursuivre le voyage commencé par son père, cette fois-ci sous sa direction et avec ses promesses.

Cet ordre venait sans doute en réponse à un souci d’Abram, à un moment important de sa vie : après la mort de son père, Abram se retrouvait chef de famille, seul responsable des décisions à prendre pour la vie du clan. Jusqu’alors c’était Terah qui décidait. Qu’allait décider maintenant son fils ? Devait-il rester à Haran et continuer sur la lancée de son père ? Devait-il innover, prendre son indépendance, vivre selon ses propres aspirations et sa propre foi ?

Dieu intervient alors. Par son ordre “ Va vers toi ! ”, il fait comprendre à Abram qu’il lui est nécessaire de quitter toutes ses sécurités humaines : pays, famille, religion établie, pour découvrir qui il est et surtout qui est ce Dieu dont il a entendu parler et qui s’adresse à lui personnellement. A 75 ans, Abram devait se prendre en charge, découvrir ses propres capacités, expérimenter une nouvelle vie d’adulte responsable, sous la direction de Dieu.

 En prenant la décision d’obéir à cette voix divine (audible ou intérieure, on ne sait), Abram accomplit son premier pas d’adulte indépendant et se lance dans l’aventure de la vie avec Dieu. Cette démarche est comparable à celle de l’adolescent qui un jour doit décider lui-même l’orientation de sa vie professionnelle, affective, morale et spirituelle. Elle répond à l’ordre de Dieu donné en Eden : « L’homme quittera son père et sa mère » (Genèse 2.24). 

4- Les promessesAbraham et la promesse de descendance Gen 15.jpg

Dieu ne laisse pas Abram seulement avec cet ordre de partir. Il lui fait des promesses importantes pour lui, afin de soutenir son espérance dans l’aventure qu’il lui demande de vivre avec Lui.  

a) v 1: Il montrera à Abram le pays où il devra se rendre. Il sera donc son guide dans cette marche vers l’inconnu. Lorsque Dieu ordonne, il donne en même temps les moyens d’accomplir sa volonté !

b) v 2 : Il promet une descendance à cet homme âgé sans enfants ! La stérilité était et est encore dans certaines civilisations, considérée comme une malédiction : elle rend impossible la continuation du nom à travers les siècles, et religieusement on pensait qu’elle coupait ainsi toute possibilité de vie éternelle. En effet on ne connaissait pas encore les révélations de Dieu à ce sujet, et on croyait que le seul moyen de lutter contre la mort et l’extinction de son nom, était d’avoir des enfants. Abram apprend par cette promesse, que Dieu donne la vie présente et éternelle !

c) v 2 : Dieu affirme sa volonté de bénir, de faire du bien, non seulement à Abram, mais aussi à l’humanité à travers lui. Marcher avec Dieu rend le marcheur heureux et lui permet à son tour de rendre heureux ceux qui le connaissent.

d) v 2 : la promesse de célébrité se trouve, dans la phrase hébraïque, entourée des promesses de bénédictions selon le schéma suivant :

   a- promesse de descendance personnelle

       b- bénédiction de Dieu sur Abram

            c- promesse de célébrité

         b’- bénédiction d’Abram sur les autres

   a’- promesse de bénédiction universelle 

Cette célébrité convoitée par les constructeurs de Babel, n’est pas le résultat des efforts humains pour acquérir la gloire et la grandeur. Elle viendra :

- de l’intervention de Dieu dans la vie d’un homme pour faire de lui le père d’un peuple, le peuple des croyants.

- du témoignage que la vie de cet homme rendra auprès des autres de l’existence et de la bonté de ce Dieu qui donne tout pour être heureux.

- des conséquences de ce témoignage parmi ceux à qui il s’adresse : la vie éternelle pour ceux qui acceptent de reconnaître Dieu, la mort ou disparition éternelle pour ceux qui refusent de voir la main de Dieu et d’entendre son appel.

On retrouvera la même idée chez l’apôtre Paul lorsqu’il écrit aux Corinthiens (2 Co 2.14-16):

Dieu nous utilise pour faire connaître le Christ en tout lieu. Nous sommes comme un parfum à l’odeur agréable offert par Christ à Dieu...pour ceux qui sont sur la voie du salut et pour ceux qui se perdent. Pour ceux qui se perdent, c’est une odeur de mort qui donne la mort, pour ceux qui sont sur la voie du salut, c’est une odeur de vie qui donne la vie. ”

Dieu propose le même choix à chacun pour sa vie : une célébrité toute humaine qui conduit à la mort, ou une grandeur spirituelle par l’attachement à Dieu, qui conduit à la vie éternelle. 

5- En Canaan

Le premier pas d’Abram l’a conduit à quitter son pays et une partie de sa famille. Il garde de grandes richesses. A-t-il conservé les dieux de son père ?

Le verset 6 indique qu’il traversa Canaan jusqu’à Sichem. Là Abram trouve le chêne sacré de Moré (= devin), honoré par les Cananéens comme moyen de communication avec le dieu de la fertilité représenté par la lune ! (Les chênes verts, ou térébinthes, en Orient, ne perdent pas leur feuillage et symbolisent la vie). Jacob après le drame de Sichem, à son retour en Canaan, enterrera au pied de ces chênes les idoles emportées de chez Laban par sa famille  (Ge 35.4). Abram retrouve donc les mêmes divinités que là d’où il vient. Va-t-il les honorer ?

Le Seigneur en lui apparaissant, et en lui promettant la possession de ce pays, le place devant un choix important : quel dieu adorer ? Abram répond en se détournant des objets sacrés idolâtres, et en dressant une sorte de pierre commémorative de sa rencontre personnelle avec Dieu. Par là il signifie aux Cananéens qu’il adore un autre Dieu. Son trajet est marqué  de ces monuments commémoratifs : le premier à Sichem, le second à Béthel (v 8), le troisième à Hébron (13.18). Ils sont les signes et le témoignage de son adoration du Dieu qu’il reconnaît comme son Seigneur et Maître. 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Que me faut-il quitter pour devenir moi-même, maître de mes décisions, et suivre le Seigneur ? Marc 10.29-30
  • Comment devenir une source de bénédiction pour les autres ?
  • Par quels signes témoignons-nous de notre foi en Dieu ? On peut trouver une réponse dans Romains 12.2 : “ Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence,”...et de votre comportement !