13/10/2017
Étude n°3 : La condition humaine, Romains 1.16-25 ; 2.12-16 (10 07 10)
Étude n°3 : La condition humaine, Romains 1.16-25 ; 2.12-16 (21 10 17)
« Il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » Rom 3.23
Observons
Le contexte
Dans le prologue de sa lettre, Paul a exprimé son vif désir d’annoncer l’Evangile aux Romains,
Le texte (1.16-25) comprend deux parties bien définies :
- V 16-17 : Le sujet de la prédication (v 16-17), est placé par Paul juste avant le début du traité doctrinal de sa lettre, comme un titre du développement qui suit. Il en est donc la source et le résumé en deux versets.
- v 18-25 : les hommes sont inexcusables de ne pas reconnaître Dieu dans ses œuvres visibles (Aurore boréale)
Le texte 2.12-16 expose l’espérance offerte aux incroyants
En contexte (v 1-11) nous trouvons les principes du jugement de Dieu
2.1-5 : Juger l’autre ne sauve pas
2.6-11 : chacun recevra selon ses œuvres
2.12-16 : Connaître la Loi ne donne pas de privilège car Dieu juge selon le cœur de chacun.
Comprenons
A-1. 16-17 : Paul précise quel aspect de l’Évangile il se propose de présenter aux Romains ; il est la révélation de la justice de Dieu qui sauve tous les hommes, Juifs et non-Juifs, pourvu qu’ils aient foi en Jésus-Christ.
Qu’est-ce qu’avoir « honte de l’Evangile » ? C’est l’hésitation à proclamer un message qui révèle la nature déchue de l’homme et la venue d’un Sauveur humilié et crucifié, vrai « scandale pour les Grecs et folie pour les Juifs (1 Co 1.23). C’est reculer devant le risque de provoquer de la part des auditeurs incroyants, ironie, rejet, persécution et humiliation du chrétien, qui bien souvent préfère se taire et cacher sa foi. Paul affirme au contraire que l’Évangile est « puissance de Dieu » pour le croyant (Rm 1.16 ; 1 Cor 1.24). Il a expérimenté combien la Bonne Nouvelle du salut par la foi en Jésus-Christ peut transformer la personne et la vie de celui qui y croit. Libéré de la condamnation et de l’emprise du péché, affranchi de la perspective de la mort éternelle, le croyant reçoit de Dieu sa justice, son amour, la force de vivre selon sa volonté, et l’assurance de la vie éternelle. Or à l’opposé de la conviction des Juifs qui croyaient que le salut leur était réservé, Paul a expérimenté qu’il est offert à tous, et qu’il opère aussi bien pour les Juifs que pour les Gentils. Si les Juifs ont eu la priorité (v 16b) de l’annonce de l’Évangile, comme Paul l’a toujours pratiqué dans ses voyages missionnaires, et comme leur connaissance des Écritures les y préparait, les non-Juifs, ou Grecs, y ont maintenant accès sans restriction (ce sera la démonstration des chapitres 9 à 11). La foi est la seule condition de salut pour les uns et les autres.
B 1.18-25 : Entrant dans le vif de son sujet, Paul n’hésite pas à présenter l’Évangile comme la révélation d’abord de la « colère de Dieu » contre le péché de l’homme. Précisons quelques éléments du vocabulaire.
Les hommes (v 1) dont il parle, englobent tout le genre humain : le mot grec « anthropoï » désigne l’humain en général dans sa condition naturelle séparée de Dieu. On a voulu voir ici les Gentils, (c’est ainsi qu’on nommait les non-Juifs) en opposition aux Juifs à qui Paul s’adresse à partir du ch 2. Mais le mot grec est plus imprécis, et le raisonnement qui suit peut s’appliquer à tous ceux qui, Juifs ou non-Juifs, ne tiennent pas compte de Dieu dans leur vie.
La « colère de Dieu » est l’expression consacrée dans la Bible pour exprimer le jugement de Dieu sur l’état moral et spirituel de ces impies qui rejettent la vérité. Il est nécessaire de comprendre cette expression anthropomorphique non comme un sentiment humain violent et maléfique, mais comme une affliction et une indignation de Dieu devant le spectacle de la déchéance de sa créature. L’Évangile révèle à quoi cette indignation a poussé Dieu : il s’est donné lui-même en Jésus pour délivrer l’homme de sa déchéance, de son enfermement dans le mal ! En disant que cette colère est révélée du ciel, Paul indique que seul le monde spirituel peut faire connaître l’état de l’humanité et l’action divine pour y remédier. Derrière le tableau du péché humain, qui fait prendre conscience de la culpabilité, l’Esprit pousse à voir un appel à chercher en Dieu un pardon et un redressement.
L’impiété ou manque de foi est la source de l’injustice, c’est-à-dire de la vie sans Dieu, hors des lois divines. Elle est aussi la cause de la captivité de la vérité dans la prison de l’injustice et du mensonge. Les impies, les hommes sans Dieu, fuient la vérité qui les révèle tels qu’ils sont, et ils empêchent aussi les autres d’y accéder, comme Jésus le disait en Jean 3.19-20 : « les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient réprouvées ». Les impies préfèrent étouffer la vérité de Dieu, son existence et son œuvre, pour ne pas dévoiler leur mensonge et leur injustice.
Pourtant Dieu leur a parlé par leur conscience (v 19 : en eux) et par le spectacle de la Nature (v 20). Il leur a révélé dans l’ordre parfait de ses ouvrages, son caractère de puissance éternelle et divine, bien supérieure à tout ce qu’est la création perceptible (Ps 8.4 ; 19.2). Cette connaissance reste incomplète, car la sainteté, la justice et l’amour de Dieu ne sont pas perceptibles dans le monde visible et sont altérées ou cachées par les effets du péché qui domine le monde. Pourtant, elle pourrait suffire à l’homme naturel pour lui éviter l’idolâtrie. L’opposition que fait Paul entre l’invisible de Dieu et le visible de ses œuvres dans le monde (v 20), est une invitation à tout homme à « considérer » , rechercher, avec les yeux de l’intelligence spirituelle le message caché derrière le visible. Tout homme a reçu la capacité de distinguer la main de Dieu dans la création, et devient « inexcusable » s’il étouffe ou néglige cette capacité au point de refuser la vérité de l’existence et de l’action de Dieu. Le refus de croire au Dieu de la création le conduit à l’égarement dans les échafaudages vains de la raison et de l’intellect, et à l’idolâtrie de la créature corruptible, c'est-à-dire mortelle. Son aveugle folie lui fait croire que c’est sagesse d’adorer le visible, l’éphémère, homme ou animal. Au lieu de dominer la nature, selon la volonté de Dieu (Gen 1.28), l’homme s’y est soumis, est devenu l’esclave des désirs de son être (cœur et corps, v 24), au point de porter atteinte à sa dignité, à son honneur de créature « à l’image de Dieu ». Prisonnier de sa nature séparée de Dieu, il ne reconnaît plus les appels de la grâce de Dieu qui reste inefficace pour lui, comme le traduit Paul dans l’expression « Dieu les a livrés…».
Il faut se souvenir que Dieu ne désire ni la mort ni la « punition ». Il ne retire jamais sa grâce, sa proposition de libération, mais il laisse chacun libre et responsable de son choix. Lorsque dans le désert, on s’éloigne inconsciemment ou volontairement de la source d’eau, on s’expose, on « est livré » à la soif, à la sécheresse et à la mort. La faute n’en est pas à la source qui est toujours là, prête à désaltérer, mais elle incombe au choix de l’homme. Ce n’est pas la source qui punit l’homme de ses écarts, mais l’homme subit les conséquences funestes de son mauvais choix et se détruit lui-même.
En annexe à cette étude, nous commentons la suite du chapitre (1. 26-32) et le début du chapitre 2.1-11 pour ceux qui voudraient l’étudier pour leur méditation personnelle.
Le texte du chapitre 2.12-17 proposé ensuite à notre étude est une véritable bouffée d’air frais dans ce sombre tableau de la condition humaine.
Se posait alors pour le croyant d’origine Juive (ou adventiste !) le rôle de la Loi dans le jugement de Dieu. Comment Dieu peut-il sauver à égalité ceux qui connaissent la Loi et ceux qui l’ignorent ? La connaissance de cette Loi, oracles ou Paroles de Dieu, était en effet une seconde prérogative aux yeux du Juif pour avoir droit au salut.
Le passage placé au centre du second chapitre présente par là même une importance particulière. Il peut se séparer en trois paragraphes :
v 12-13 : Rôle de la loi dans le jugement de Dieu : le seul critère, c’est la mise en pratique ou non de la loi connue, naturelle ou révélée.
V 14-15 : les impies n’ont pas la loi révélée à Moïse, mais une « loi naturelle », inscrite dans leur conscience et qui les juge.
V 16 : le jugement final révèlera la justice de Dieu qui tient compte de ce que chacun a fait de la loi qu’il connaît, la loi révélée pour les croyants, ou la loi naturelle pour les non-croyants.
Ce passage est un puissant encouragement pour les non-croyants et une leçon d’humilité et d’ouverture pour les croyants. Il veut montrer que face au jugement de Dieu la connaissance de la loi mosaïque dont se prévalent les Juifs (et les chrétiens adventistes) ne sert pas pour être considéré comme juste devant Dieu. Connaître ne suffit pas, il faut pratiquer ce que l’on connaît pour révéler sa foi. Tous les croyants ont à pratiquer la loi révélée de Dieu et ont à montrer par cette obéissance quelle est leur foi en Dieu (Ja 1.22-25 et 2.18b). Les non-croyants qui n’ont pas la connaissance de la loi de Dieu révélée à Moïse, sont pourtant à égalité avec les croyants devant Dieu, car Dieu a mis en eux une conscience qui leur parle de ce qui est bien ou mal, et qui constituent en eux une loi naturelle selon laquelle ils seront jugés. Dieu tiendra compte de ce qu’ils auront fait de cette loi qui les accuse ou les défend intérieurement.
Dieu nous a donné l’exemple d’Abimélec (Gn 20.4-7), pour nous faire comprendre sa justice : Abimélec (remet Sara à Abraham) proteste de son ignorance de la situation de Sara et de l’intégrité de son cœur dans son appropriation de la femme d’Abraham. Dieu tient compte de l’état d’esprit sincère d’Abimélec, en accord avec les coutumes et avec son droit de roi, et lui accorde sa grâce, pour autant qu’il ne s’entête pas dans son projet, maintenant qu’il en connaît l’erreur et les conséquences mortelles. Dieu ainsi tient compte du degré de connaissance du bien que chacun possède, et de la mise en pratique qu’il en fait, qu’il soit croyant ou non.
À tous ceux qui s’inquiètent du sort final des incroyants, ou des non-adventistes, trouvant injuste une condamnation à cause de leur ignorance de Dieu ou de sa loi, Dieu répond ici que tous sont égaux devant lui, que connaître Dieu ou sa loi ne constitue pas un mérite, que chacun est responsable devant lui de la mise en pratique de ce qu’il connaît, loi de la conscience ou loi révélée. L’une et l’autre loi conduisent à désirer la délivrance de la culpabilité qu’engendre leur transgression (Ga 3.24). Tous peuvent trouver cette délivrance par la foi en Jésus-Christ (Jn 14.6), et tous en bénéficieront au jour du jugement de Dieu, pour peu qu’ils aient été conséquents et fidèles à leur foi.
Les luttes intérieures de chacun, restant secrètes aux hommes, ne leur permettent pas d’établir un jugement sur le salut des uns ou la perdition des autres (2.1-2). La bonté de Dieu s’exerce sur tous également, tout en tenant compte des différences de connaissance, de compréhension, d’état d’esprit et de pratique du bien de chacun ; Il appelle également les uns et les autres à se tourner vers Lui (se convertir, v 4), et à marcher dans la droiture, la justice et la miséricorde (Michée 6.8), quels que soient leur point de départ et leur chemin, dans ou hors du peuple des croyants.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- En quoi ce texte est-il une consolation et une espérance au sujet des non-croyants ou des non-adventistes que je côtoie ? En quoi est-il un appel à changer mon regard sur les autres qui ne sont pas adventistes ?
- Quel est mon regard sur le non-chrétien ou sur les autres chrétiens qui ne connaissent pas le Sabbat ? Est-ce celui du propre-juste (moi, je suis dans la bonne voie, je connais tous les commandements …) ? J’ai alors besoin de relire la suite du texte : Rm 2.17-29. Est-ce un regard indifférent, sous prétexte de respecter les choix de vie de l’autre, qui ne me regardent pas ? Ou est-ce un regard compatissant et solidaire, qui désire partager la joie de la délivrance de la culpabilité, que j’ai découverte dans la foi en Jésus-Christ ?
- Si Dieu se révèle à tous les hommes dans la nature et la conscience, comment ma vie contribue-t-elle à cette révélation ? Comment mon respect de la nature et la fidélité à la voix de ma conscience permettent-ils aux autres de découvrir l’existence d’un Dieu d’amour ?
- A quoi me conduit le tableau des dépravations humaines : à m’ériger en juge indigné, à compatir pour ceux qui se perdent, à proposer la libération par Christ, à me détourner du monde dans un repli sectaire pour me préserver de la contagion, à m’examiner avec lucidité et authenticité et à reconnaître ma solidarité, involontaire ou pas, avec le péché ? A désespérer de l’homme ou à me tourner vers le seul Homme qui n’a pas péché et peut me délivrer de cette nature pécheresse ?
Annexes :
- Romains 1.26-32 : Tableau des égarements de l’homme sans Dieu, soumis à ses passions destructrices.
La folie spirituelle qu’est l’ignorance de Dieu conduit à se chercher d’autres dieux « à l’image » des peurs de l’homme, et à croire que l’on peut détenir la puissance de vie par les pratiques sexuelles de la prostitution sacrée appelée ici « impudicité ou impureté» (v 24).
A la perversion de la vérité de Dieu répond la perversion de la vie sexuelle, à ce qui est naturel et refusé répond ce qui est contre-nature et pratiqué (v 25 et suivants) : on ne sait plus à quoi sert le naturel voulu de Dieu, on ne sait plus s’en servir, pour créer la vie. Rejetant les lois naturelles dont il ne reconnaît plus l’origine ni le but, l’homme devient le jouet de sa nature non contrôlée par l’Esprit. Cette nature se corrompt d’elle-même, car l’homme ne sait plus discerner ce qui est vérité, droiture et source de vie, il est entraîné par le plaisir et l’adoration de lui-même dans un dérèglement accablant et stérile des relations humaines où l’orgueil et la violence dominent ( 27-30).
La liste des dépravations humaines qui anéantissent tout respect de l’autre, se retrouve souvent dans les lettres de Paul dans un but pédagogique (Rm 13.13 ; 1 Co 5.10-11 ; 6.9-10 ; 2 Co 12.20 ; etc.). C’était un procédé courant à l’époque, pour amener le lecteur à s’interroger sur son propre comportement ! Personne ne totalise toutes ces déchéances, mais chacun peut se reconnaître en l’une ou l’autre et comprendre qu’étant solidaire du péché de la nature humaine sans Dieu, il tombe « sous la colère de Dieu » (Rm 3.9,23) et a besoin de la grâce de Dieu.
On ne peut limiter ce texte au seul problème de l’homosexualité, qui depuis l’Antiquité n’est pas toujours considérée comme illicite. Chez les Grecs, où la beauté du corps était idolâtrée, comme chez Gide au 20ème siècle, elle était considérée comme la plus haute forme de l’amour ! Ce que les Gentils, les « Sans Dieu » légitimaient et approuvaient même sans problème, existait aussi chez les Juifs mais était puni de mort (Lév 18.22-24 ; 20.13), car l’homosexualité se détourne des lois de la vie données par Dieu, au profit d’un plaisir stérile et idolâtre du corps humain. Avec bonne conscience et indignation religieuse, nous condamnons aujourd’hui parfois trop vite ceux qui pratiquent l’homosexualité ; ils sont souvent les victimes de la confusion des valeurs et de l’ignorance des lois divines qui conduisent au laxisme et au relativisme moral. Ils nous renvoient l’image de nos propres confusions spirituelles et morales. Paul en effet prend l’homosexualité comme exemple du détournement de la volonté divine connue grâce aux révélations de la nature et de la conscience. Consécutif à l’adoration de la créature à la place du Créateur, le rejet volontaire ou involontaire des lois de vie aboutit, quelle que soit la forme qu’il prend, à la dépravation mentale et physique, et à terme à la mort, physique et spirituelle, « salaire du péché » (v 27 ; Rm 6.23a).
Questions d’application
- Pourquoi les problèmes de sexualité sont-ils encore tabou et si fréquents dans les églises ? Comment les aborder librement à la lumière de l’Evangile sans tomber dans le moralisme pharisien, ni le laxisme ambiant ?
- Comment pratiquer un accueil ouvert à tous sans renoncer aux valeurs qui soudent notre communauté ?
- Romains 2.1-11 : Les principes du jugement de Dieu
En s’adressant brusquement à la deuxième personne du singulier à son lecteur, Paul veut briser le sentiment de propre-justice que peut avoir soulevé chez le croyant le tableau des dépravations du non-croyant. Que le croyant ne s’illusionne pas, lui aussi est coupable d’aveuglement sur soi, d’hypocrisie et de prétention orgueilleuse ! Il n’échappe pas au jugement de Dieu car sa connaissance de la bonté, du soutien et de la patience de Dieu à son égard, au lieu de l’appeler à revenir humblement à Lui, le rend impénitent et endurci de cœur, refusant de changer d’état d’esprit, de « se convertir » ! Il sait pourtant dans sa conscience que Dieu juge chacun avec vérité selon ses œuvres car elles révèlent son cœur.
Le jugement de Dieu encore méconnu et voilé aujourd’hui sera complètement révélé à la fin des temps quand les choix de vie ou de mort de l’humanité seront clairs pour tous. C’est cette révélation des cœurs qui constitue le jugement de Dieu, selon l’exemple prophétique ( ?) donné par Salomon dans le jugement des deux prostituées (1 Rois 3.16-28).
v 7-11 : La destinée future du croyant dépend de ses choix spirituels qui sont à l’origine de sa conduite (Dt 30.16-20). Dans la Bible ; le Mal et le Bien ne sont pas des notions morales mais spirituelles : le Bien c’est d’être en relation avec Dieu. De la qualité de cette relation découlent toute l’orientation des actes, et la sanctification, qui est persévérance dans la recherche de la gloire de Dieu, c’est-à-dire de l’amour de Dieu, Ex 33.19), de l’honneur et de l’incorruptibilité d’une vie avec Dieu.
En effet, Dieu ne décide pas arbitrairement qui est sauvé ou pas. Il révèle le choix de vie de chacun, et constate l’état de son cœur et les conséquences terrestres et célestes, présentes et futures, qui en découlent. Tous ceux qui ont cherché le Bien quelle que soit leur origine, récoltent de la part de Dieu, dès à présent et à jamais, gloire, honneur et paix intérieure, ils commencent leur vie éternelle dès aujourd’hui. Les autres qui ont vécu dans la désobéissance à Dieu, la contestation et l’injustice, expérimentent les tribulations et les angoisses de la mort définitive vers laquelle ils courent.
Pourquoi Paul parle-t-il d’une priorité du chrétien Juif*(*Note : A travers les prérogatives du chrétien d’origine Juive, on peut voir aussi celles du peuple adventiste !) sur le chrétien non Juif (= Grec) dans ce jugement (1.16 ; 2.9-8) ? Il en parle pour mieux la dénoncer.
La première prérogative dont le Juif croit pouvoir se réclamer, est de faire partie d’un peuple « choisi » par Dieu pour porter Son nom devant les nations (Ez 39.7 ; Ac 9.15 ; Ap 14.6-7) ; mais ce n’est pas un avantage pour le jugement, car cela lui confère une grande responsabilité (Amos 3.2 ; Luc 12.47-48) : « on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié ! » dit Jésus. Le message encourageant pour le croyant « Grec » vient de ce que Dieu ne faisant pas de différences entre les origines spirituelles des croyants, la promesse de vie éternelle dans le Royaume de vérité, de justice et d’amour, s’adresse à tous les croyants quelle que soit leur origine spirituelle (v 11).
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06/10/2017
Étude n°2 La controverse, Actes 15.1-29 (14 10 17)
Étude n°2 La controverse, Actes 15.1-29 (14 10 17)
« La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » Jean 1.17
Observons
Le contexte
Le premier voyage missionnaire de Paul à Chypre et en Asie Mineure, a ouvert la porte du salut aux païens. Après ce voyage, Paul est revenu en 49, à Antioche de Syrie, la première église d’origine en majorité païenne. Des croyants judaïsants viennent poser la question de la cohabitation entre croyants Juifs et Gentils ou Grecs. Ils veulent imposer pour tous le retour aux rites juifs, surtout la circoncision, comme nécessaires au salut.
Le texte
Plusieurs parties en parallèles
- a) v 1-6 : Discussion à Antioche sur l’incirconcision qui fermerait le salut aux païens convertis. Envoi de Paul et Barnabas à Jérusalem
- b) v 7-12 : Concile de Jérusalem : Dieu dans sa grâce a purifié le cœur des païens par la foi
- c) v 13-21 : Dieu veut que tous portent son nom et le manifestent dans leur conduite
b’) v 22-29 : Lettre aux Eglises : rien que le nécessaire pour glorifier Dieu
a’) v 30-35 : Retour de la paix à Antioche.
Le discours de Pierre (7-11) est construit en parallélisme concentrique déterminé par
- les répétitions : comme à nous, aucune différence entre nous et eux, de la même manière qu’eux.
- les oppositions entre ce que Dieu a fait (v 7-9) et ce que les hommes font (v 10-11),
entre la grâce du don du Saint-Esprit (v 8) et le joug sur le cou (v 10). Le parallélisme met en valeur au centre le v 9 : Dieu a aussi purifié les cœurs des païens par la foi.
Le discours de Jacques (14-21) est centré sur le nom de Dieu (v 14, 17) : son peuple d’Israël, choisi parmi les nations, doit le porter selon sa volonté « afin que le reste des hommes cherche le Seigneur » (v 17) ; Jacques en déduit les pratiques essentielles qui permettront aussi aux païens de porter le nom de Dieu dignement.
La lettre aux Eglises (v 23-29) oppose l’unité des frères dans la foi en Jésus-Christ, anciens, apôtres et païens convertis, inspirés du Saint-Esprit (v 23, 25-28), à l’initiative privée de certains semeurs de trouble (v 24). Cette lettre recommande les pratiques indispensables au témoignage fidèle à Dieu (v 29).
Comprenons
Le contexte du concile
Les païens convertis posèrent très vite un problème à ceux des Juifs convertis qui avaient accepté l’Evangile mais qui n’avaient pas abandonné les préjugés des pharisiens sur l’impureté rituelle des incirconcis. Comment vivre ensemble, ou même se fréquenter si les uns considèrent les autres comme « impurs », et si les « circoncis dans la chair » se croient seuls sauvés ? Le problème divise tellement l’église d’Antioche, qu’on en réfère à l’église de Jérusalem où se trouvent les apôtres, ceux qui ont été en contact avec le Christ et ont reçu, les premiers, l’ordre d’aller témoigner vers les païens, alors qu’ils étaient Juifs (Actes 10). En chemin vers Jérusalem, Paul et Barnabas, témoignent de leurs expériences de conversions des Gentils, à la grande joie des frères. Ceux-ci vivant en Phénicie ou en Samarie, étaient en contact permanent avec les Grecs. Ils étaient beaucoup plus ouverts à leur conversion que les frères de Jérusalem, en majorité Juifs d’origine et marqués par des préjugés ethniques et religieux.
Le texte
Pierre, le premier choisi par Dieu pour porter l’Évangile aux païens (Act 10), se fait le porte-parole des délégués d’Antioche qu’il a rencontrés auparavant en privé (Gal 2.2). Il témoigne de la grâce de Dieu qui
- a voulu que les païens aient accès à l’Évangile et à la foi (15.7),
- leur a donné le Saint-Esprit en considérant seulement leur engagement de cœur (8),
- a purifié leur être par ce don de l’Esprit, en ne tenant compte que de leur foi, sans faire de différence entre incirconcis et circoncis (v 9),
- sauve, selon leur foi, les uns et les autres par pure grâce (11).
(Paul et Pierre, 15ès)
Face à cette grâce divine, les efforts des hommes pour être purs par des pratiques légalistes sont une atteinte à la volonté de Dieu. Tenter ou éprouver Dieu en allant contre sa volonté et en lui opposant incrédulité et révolte, c’est provoquer ses jugements. Les légalistes, en voulant imposer la circoncision et les lois rituelles judaïques aux païens manifestaient leur ignorance de la grâce. Ils ne se souvenaient pas que c’est le cœur qui doit être circoncis (7.51, Ro 2.28-29), ou consacré entièrement à Dieu, « pur » de toute pensée de mériter le salut. C’est Dieu qui dans sa grâce accomplit cette purification pour celui qui ouvre son cœur, qu’il soit d’origine juive ou païenne, à la foi en Jésus-Christ et au don du Saint-Esprit. Les miracles parmi les païens, racontés par Paul et Barnabas (12), confirmaient la volonté de Dieu d’accepter chacun selon sa foi et non selon ses pratiques rituelles.
Les recommandations de Jacques furent acceptées de Pierre et de Paul sans problème. Elles visaient, en effet, à permettre au chrétien « Grec » de manifester à la fois son amour exclusif pour le seul vrai Dieu et son respect des nombreux Juifs de l’entourage (v 21). Ces recommandations sont le plus petit dénominateur commun des chrétiens de cette époque : ils « porteront le nom du Seigneur » pour que d’autres le cherchent et l’invoquent (v 14, 17) en bannissant toutes leurs anciennes pratiques idolâtres, pour ne pas heurter aussi leurs frères Juifs qui les avaient en horreur. En revanche, le silence sur la circoncision et les autres pratiques mosaïques doit implicitement faire comprendre aux Juifs convertis qu’elles n’ont pas de valeur pour l’obtention du salut. Alors que le débat avait été provoqué par la question de la circoncision, les lettres envoyées aux Eglises ne la mentionnent même pas ! Pour les chrétiens judaïsants, ce dut être un choc immense ! Ils devaient vraiment revoir leur attitude face au salut par la foi seule, que prêchait Paul.
Les pratiques recommandées (abstention de viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de l’impudicité), avaient toutes un rapport avec l’idolâtrie de l’époque. Les sacrifices aux idoles étaient consommés dans des banquets orgiaques après la cérémonie. Manger la viande des victimes était considéré comme une participation au culte idolâtre. Ces animaux, souvent « impurs » selon la loi juive, c’est-à-dire impropres au culte de Dieu, n’étaient pas toujours égorgés, et vidés de leur sang. On les consommait ainsi, et on buvait leur sang, pour acquérir leur force et leur vie, et par leur intermédiaire celles de l’idole. Enfin, l’immoralité, ou l’inconduite, n’était pas une simple pratique morale d’adultères ou de mariages prohibés par la loi juive (Lév 18). Elle découlait de l’habitude de la prostitution sacrée. En s’unissant sexuellement aux prêtresses ou aux prêtres païens, on mimait l’œuvre de fécondation de leurs dieux et on croyait ainsi s’attirer leur faveur pour la fertilité des champs et la prospérité de la maison. Cette croyance avait amené une débauche des mœurs, condamnée par la loi de Dieu, car elle était le signe de l’infidélité à l’alliance de Dieu, de l’adultère spirituel à son égard qu’est l’idolâtrie.
On comprend que le souci de l’Église primitive ait été de porter dignement le nom du Seigneur parmi les nations et parmi les Juifs, en s’écartant de tout ce qui, dans la conduite, rappelait les pratiques idolâtres, et tout ce qui, dans les rites religieux, pouvait faire croire à un salut gagné par les œuvres.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- L’Église, composée de croyants d’origines diverses, a toujours pour mission de porter dignement le nom du Seigneur. Si vous deviez écrire aux Églises les prescriptions indispensables à un témoignage fidèle dans le monde actuel, quelles pratiques communes vous sembleraient suffisantes ? Expliquez les raisons de votre choix.
- Suis-je convaincu(e) que la grâce de Dieu seule m’a sauvé(e) ? Comment cette conviction transparaît-elle dans ma vie et dans mes relations avec les autres, chrétiens ou pas ?
- Quelle est ma réaction face à un frère ou une sœur qui ne mange pas comme moi, qui ne vit pas le Sabbat comme moi, et face à un chrétien d’une autre dénomination? Puis-je prier avec lui ? Comment le fréquenter en le respectant, sans perdre mon identité d’adventiste ?
- Mes attitudes et mes paroles rendent-elles gloire à Dieu devant mon entourage en toutes circonstances ? (1 Co 6.20 ; 10.31).
- Mon témoignage a-t-il pour objectif de révéler à l’autre :
l’amour que Dieu lui porte, l’amour que je porte à Dieu, le jugement divin et humain sur ses actes, la sainteté de ma propre conduite, la supériorité de mon Église, l’obéissance stricte à la loi, ou le pardon offert gratuitement par Dieu en Jésus-Christ ? Quelles attitudes envers l’autre entraîne chacun de ces objectifs ?
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