08/03/2013
Etude n°11 : Sabbat, cadeau de l’Eden, Hébreux 4.1-11 et Gen 2.1-3 (16 03 13)
« Le Fils de l’homme est maître du sabbat » Mat 12.8
Observons Hébreux 4.1-11
Le contexte : Au ch 3, l’auteur demande que les croyants n’imitent pas l’incrédulité des Israélites, qui les priva d’entrer dans le repos de Dieu que représentait l’entrée en Canaan après la sortie d’Egypte.
Le texte
Les répétitions « entrer dans le repos » (8x), « se reposer » ou le « repos » (5x), et les oppositions entre la foi qui permet d’entrer dans le repos (v 3,9,11) et l’incrédulité qui l’empêche (v 2, 5, 6), donnent le thème du passage.
La notion du temps est sous-jacente en permanence :
le passé avec le repos de la création au 7ème jour (v 3b-4) et le repos de l’entrée en Canaan (v 2,6,8) ;
le présent : est-ce trop tard pour entrer dans le repos de Dieu ? (v 1), puis la promesse pour « aujourd’hui » qui est un temps pour le repos de la foi et la communion avec Dieu (v 10-11) ;
le futur avec l’allusion au « sabatissime = super- repos de sabbat » de l’éternité avec Dieu (v 9).
La construction du texte est faite sur deux parallélismes concentriques :
1- v 1-7 : a) v 1-2 : la promesse de jouir du repos subsiste, malgré l’incrédulité des hommes du passé.
b) v 3a : Par la foi, on entre dans le repos de Dieu,
c) v 3b : l’incrédulité empêche le repos,
d) v 3c-4 : le repos est offert depuis la Création,
c’) v 5 : l’incrédulité empêche le repos,
b’) v 6 : la foi permet d’entrer dans le repos
a’) v 7 : la promesse est à saisir aujourd’hui.
2- v 8-11 : a) v 8 : l’entrée en Canaan, image imparfaite du repos de Dieu
b) v 9-10 : un super-repos est promis au peuple de Dieu = communion éternelle avec lui.
a’) v 11 : invitation à entrer dans ce vrai repos-là dès aujourd’hui.
Les deux parallélismes mettent en valeur au centre, le repos du sabbat, et le repos de la communion éternelle avec Dieu.
Comprenons
Le contexte
Après avoir démontré la ressemblance de Christ avec Moïse serviteur fidèle et conducteur du peuple, mais aussi sa supériorité comme Fils de Dieu, l’auteur a invité les disciples de Jésus à ne pas suivre l’exemple d’incrédulité des Israélites qui les mena à la mort dans le désert au lieu d’entrer dans le repos de Canaan.
Le texte
Ce n’est pas parce que cette entrée dans le repos ne s’est pas réalisée pour les Israélites, qu’est périmée la promesse du repos du salut dont elle était le « type ».
En effet,
1- le sabbat depuis la Création offre la même promesse. En se reposant le 7ème jour, alors qu’il n’avait pas besoin de repos physique, en bénissant et sanctifiant ce jour, et en l’offrant à l’homme comme première journée de sa vie, Dieu l’invitait à partager avec Lui sa joie, sa paix, sa satisfaction devant Son œuvre en faveur de l’homme, à communier ensemble dans un dialogue face-à-face et plein d’amour.
Mais l’incrédulité de l’homme n’a pas permis de jouir pleinement de ce repos.
2- L’entrée en Canaan sous la conduite de Josué n’a pas réalisé non plus, à cause de l’incrédulité du peuple, cette entrée dans le repos de Dieu qu’elle voulait symboliser.
3- Dieu, aujourd’hui, fait encore entendre son appel à entrer dans le repos spirituel, la réconciliation avec lui, par la foi en Jésus-Christ qui permet de trouver la communion avec Dieu, d’entrer dans le repos promis de la vie éternelle (v 9-10).
Ainsi l’auteur fait du sabbat de la Création et de l’entrée en Canaan des symboles du repos et de la communion avec Dieu que la foi en Jésus-Christ procure dès à présent au croyant ; ce sont des images prophétiques, des « types » du repos de la vie éternelle que Dieu veut faire partager à son peuple, si à son exemple, il arrête ses propres œuvres, pour entrer dans la contemplation des œuvres de Dieu (v 10).
On peut comprendre cette invitation comme un appel à contempler et accepter l’œuvre du salut par grâce offert par Christ, au lieu de s’accrocher à ses propres œuvres pour gagner son salut !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Le sabbat est-il pour moi et les miens un avant-goût du repos éternel dans la communion avec Dieu ? Comment puis-je en faire mes délices (Es 58.10) ? Comment le vivre pour en faire un signe de la re-création de toutes choses, promise par Dieu à la venue de Christ ?
-
Quelle est ma conception du repos en général ? Comment est-ce que je remplis les moments de cessation de mes activités professionnelles ou familiales ? Est-ce que j’en fais des moments privilégiés de rencontre avec Dieu, avec les autres, des moments de divertissement, de détente totale, de culture intellectuelle ou physique, des occasions d’étourdissement, etc. ?
-
Comment vivre le sabbat en harmonie avec l’enseignement biblique ?
- La foi en Jésus-Christ m’a-t-elle donné la paix et la joie ? Sinon, quel obstacle m’empêche d’en jouir ?
-
La perspective du retour de Christ qui donnera à tous les croyants le vrai repos me pousse-t-elle à répondre avec empressement à l’appel de Dieu d’entrer dès aujourd’hui dans la communion avec lui ?
Pour l'étude du texte de Gen 2.1-3, se reporter à la note 3 de ce trimestre :
"La création achevée"
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01/03/2013
Etude n°10 Gestion et environnement, Gen 2.4-15 (09 03 13)
« Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui rampe sur la terre. » Gen 1.28
Observons Gen 2.4-15
La structure du texte en parallélisme concentrique ne nous permet pas de séparer le passage de cette semaine du passage étudié la semaine dernière. C’est pourquoi nous répétons l’observation de l’étude précédente.
Second récit de la Création
a) V 4 à 6 : État de la terre à l’origine
b) V 7 à 15 : Création de l’homme et de son environnement dans le jardin d’Eden
c) V 16 à 17 : les commandements de Dieu à l’homme
b’) V 18 à 25 : l’homme et les animaux
a’) v 21 à 25 : l’homme et la femme
Au centre du second récit de la création, nous trouvons les premières paroles de Dieu adressées à l’homme, une autorisation (une liberté épanouissante) et un interdit (une limite structurante) ; à la fin du chapitre nous découvrons les premières paroles de l’homme pour sa compagne : un chant d’amour.
Comprenons les versets 4-15
Le second récit de la création permet de revenir sur des détails qui n’avaient pas été mentionnés dans le premier récit, consacré aux généralités.
Les versets 4-6 décrivent l’état de la terre mentionné en 1.2 : une terre inculte et vide, que Dieu doit aménager pour que l’homme y vive. L’intention anthropocentrique du Créateur manifeste son amour, son intérêt, et sa sollicitude pour la créature à son image. L’environnement naturel et animal n’a d’autre fonction que de servir l’épanouissement de l’humain.
La pluie et la vapeur d’eau apparaissent ici comme signes de l’intervention de Dieu pour rendre la terre propre à la vie végétale, animale et humaine. Même le monde physique a besoin de l’intervention divine pour faire germer la vie qu’il ne possède pas en lui-même.
Cette eau restera dans toute la Bible le symbole de la faveur divine pour un peuple vivant en Orient et craignant par dessus tout la sécheresse. Spirituellement, la pluie est devenue le symbole de l’intervention puissante de l’Esprit (Joël 2.23-3.2 ; Actes 2.17-21). Sans cette pluie de l’Esprit, rien ne peut vivre éternellement.
Les versets 8-14 montrent l’organisation de la matière terrestre par Dieu pour permettre le développement de la vie humaine. Jardin avec arbres et fruits, fleuve à 4 bras, pierres précieuses, or, parfums, rosée, tout doit satisfaire les besoins physiques ou esthétiques de l’homme. Celui-ci en retour est chargé de « cultiver » son environnement naturel (v 5) pour le conserver en vie.
Les noms du Tigre et de l’Euphrate localisent ce jardin à l’Est du Moyen Orient, le pays de Kouch désigne la région de la Haute Egypte, Nubie et Ethiopie, le Guihon pourrait être le Nil. Ces localisations ont comme intérêt de donner un cadre aux Hébreux sortis d’Egypte et à la recherche de la Terre Promise en Canaan. Celle-ci leur est présentée ici comme le jardin d’Eden, le Paradis où il fait bon vivre.
Pour nous, ce jardin est aussi le symbole de la Terre Promise de la Nouvelle Création, héritage des élus dont parle Apocalypse 22.1-2. On y retrouve le fleuve d’eau vive et abondante et l’arbre de vie, symboles de la présence de Dieu dont dépend la vie éternelle de l’homme.
Les conditions de la vie humaine (v 7 -15)
Le second récit de la création comme le premier, ne suit pas un ordre chronologique des événements. Il est centré sur l’humain, dont il explicite la nature (v 7, l’environnement (v 8-14) et la mission (v 15)
a) la nature de l’homme (Illustration de la création de l’homme, 11ème s)
v 7 : les traductions de ce verset varient selon les versions et les conceptions des traducteurs ! Il est important de faire remarquer que
- l’homme est fait de matière créée par Dieu
- cette matière a besoin du souffle de vie donné par Dieu pour devenir vivante.
- Ce souffle de vie est accordé aussi aux animaux, c’est la respiration, le souffle
Il n’est question ici ni d’une parcelle d’Esprit Saint introduite dans le corps matériel de l’homme, ni d’une « âme » indépendante et immortelle qui viendrait habiter momentanément le corps mortel et lui donner ainsi un peu de son immortalité. Lorsque Jésus sur la croix dit : Père, je remets mon esprit entre tes mains, il ne dit rien d’autre que : Je te rends le souffle (= la respiration) que tu m’as donné. Le texte dit en Genèse 2.7 : l’homme devint un être vivant (ou âme, personne vivante = « néphesh »). Il ne dit pas qu’il eut une âme !
Ce n’est pas le verset 7 qui explique l’image de Dieu du ch 1.27. Ce sont les suivants qui explicitent la responsabilité et la mission de l’homme qui est appelé à grandir à la ressemblance de Dieu.
À remarquer que le mot « souffle de vie »( ruah ) de Genèse 1.2 qui ne se trouve pas au chapitre 2 pour l’homme, a été traduit en grec et en latin par le mot « esprit » (psyché et spiritus), sous l’influence des idées dualistes du philosophe grec Platon. Comme il est précisé que c’est Dieu qui le donna à l’être humain, on en déduisit, dans une lecture spirituelle et non plus littérale, que Dieu donnait son « Esprit » à l’homme, ou bien lui accordait une faculté étrangère aux animaux, « l’esprit », par laquelle Il pourrait communiquer avec lui. Il ne nous semble pas que le texte nous permette d’aller jusque là1.
b) La responsabilité de l’être humain, (versets 9, 16-17).
L’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal sont placés au centre du jardin : ils en sont donc les éléments essentiels, selon le processus de pensée hébraïque, qui met au milieu du développement l’argument important.
Dieu se sert des réalités physiques, matérielles, pour faire comprendre des vérités spirituelles.
On ne doit pas exclure la matérialité de ces deux arbres, mais ils avaient surtout une fonction pédagogique.
Ils peuvent être interprétés comme les symboles de deux façons de vivre :
* L’arbre de vie représente la vie dans la dépendance de Dieu, et sous-entend le développement harmonieux de toutes les capacités spirituelles, intellectuelles, morales, physiques et sociales de l’être humain dans la lumière de la présence de Dieu2.
* L’arbre de la connaissance du bien et du mal est le symbole inverse d’une vie
sans Dieu, dans l’indépendance de sa volonté, et même en opposition à Dieu, puisque l’être humain en le convoitant désire prendre sa place, et devenir comme Dieu ( 3.5)
Les symboles dont s’est servie l’artiste Zabou dans sa représentation des arbres du jardin d’Eden essaient de rendre l’enseignement de ces arbres. Ils permettaient à l’être humain de prendre conscience de sa liberté de choisir sa vie : soit une vie avec Dieu, dépendante de Lui et éternelle (= arbre de vie, portant des grappes, symbole du Christ et du sang versé pour nous (Luc 22.20), soit une vie d’expériences personnelles sans Dieu, qui conduit à la mort (= arbre de la connaissance du bien et du mal portant les « yeux » de la connaissance).
Illustration de Zabou : les deux arbres au centre du Jardin d’Eden
Il ne s’agit pas ici de la connaissance intellectuelle, du savoir, de la science. La langue hébraïque a l’habitude de désigner une notion abstraite par son nom en y associant son contraire. Le bien ou bon, c’est la présence de Dieu. L’arbre de vie donnait à l’homme la possibilité de rester en contact avec Dieu, ce qui est le bien pour l’homme.
L’autre arbre lui faisait connaître le contraire : le mal, c’est-à-dire la privation, l’absence de Dieu. On le voit, la connaissance dont il s’agit, est spirituelle, et ne s’oppose en rien à la science. Dieu ne voulait pas maintenir l’homme dans une ignorance scientifique et intellectuelle, indigne de sa condition d’image de Dieu !
En lui proposant, par ces deux arbres, un choix de vie, Dieu donnait à l’homme la liberté de se séparer de Lui. Il ne voulait pas d’une marionnette entre ses mains, d’un esclave soumis sans volonté propre. Ces deux arbres excluent toute idée de prédestination, ou de fatalité. L’homme est une personne à part entière et non un pantin, car il est « image de Dieu », appelé à grandir « à sa ressemblance ».3
La liberté de choisir sa vie confère à l’être humain sa dignité. Seule créature animale à pouvoir échapper au déterminisme de ses instincts et de ses besoins, l’être humain est responsable de sa vie présente et future (v 16-17). Qui dit choix sous-entend raisonnement et volonté. En cela l’homme est image de Dieu : Dieu en effet a pensé la Création et l’a réalisée selon sa volonté, comme nous l’avons vu. L’homme est appelé à « penser » sa vie et à assumer la responsabilité de ses choix. L’ordre de cultiver et garder le jardin donne à l’homme un sens à sa vie. Celle-ci ne sera pas oisive, réduite à la simple jouissance des bienfaits de Dieu. Il a la responsabilité de les faire fructifier pour l’épanouissement de tous (humains et nature). En outre, l’ordre de « garder » implique une notion de faillibilité, de fragilité, de mortalité, auxquelles l’homme est appelé à faire attention, pour conserver la vie sur la terre, grâce à sa communion avec le Dieu de la Vie, son Créateur, symbolisée par sa fréquentation de l’arbre de Vie, au milieu du jardin.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
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L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Quelle image de Dieu puis-je donner dans la gestion de mon environnement naturel et de ma vie physique?
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Comment comprendre l’ordre de Dieu de « dominer la nature » ? Comment appliquer cet ordre dans le domaine de la « nature humaine » ?
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Dans quelles circonstances mangeons-nous de l’arbre de vie ? Et dans quelles autres circonstances sommes-nous tentés par l’arbre de la connaissance du bien et du mal, par le désir de ne pas mourir ou d’être semblables à Dieu ?
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Comment «cultiver notre sol » pour rendre l’image de Dieu de plus en plus à sa ressemblance ? (2 Cor 3.18 et Eph 4.13).
1 Pour aborder ce sujet de l’âme, vous pouvez consulter la mallette pédagogique « Après la vie » (Fédération France Sud) qui traite en détails ce thème spécifique de l’Église adventiste.
2 Voir le Psaume 1.2-3
3 Voir à l’étude n°3, Genèse 1.26-27
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