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22/04/2022

Étude n°5 : Babel et toutes les nations Genèse 11.1-9 (30 04 22)

Étude n°5 : Babel et toutes les nations Genèse 11.1-9

"On l'appela du nom de Babel, car c'est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c'est de là que l’Éternel les dissémina sur toute la surface de la terre." Gen 11.9

Observons Genèse 11.1-9 (tableau de Breughel)Tour de Babel Pieter Bruegel.jpg

Le contexte

Après le déluge et l’alliance de Dieu avec Noé, ses fils manifestèrent leurs caractères et leur respect ou irrespect pour leur père (ch 9). Leurs généalogies encadrent l’histoire de la tour de Babel, pour expliquer comment leurs clans se séparèrent et remplirent la terre (10.5 ; 11.9). La seconde généalogie de Sem (11.10-26)  reprend en détails la première (10.21-31) pour faire le lien avec Abraham et montrer la continuité de la foi dans une humanité où règne la confusion.

Le texte

1-2 : situation initiale d’uniformité et de sédentarité : relever les répétitions de mots et la situation géographique, qui justifient le titre que nous donnons à ces deux versets.

3-4 : projet humain : Que marque la répétition de « Allons » ? Quel est le triple projet ? Quelle est l’angoisse des hommes ? D’où leur vient-elle ? (ch 4.14 et ch 7)

5-7 : Intervention de Dieu. v 5 : Quel est le mouvement de Dieu inverse de celui des hommes ? Que signifie-t-il spirituellement sur la relation de  Dieu avec les hommes? Quelle préfiguration peut-on y voir ? v 6 : De quoi s’indigne l’Éternel ? Que redoute-t-il ? v 7 : Que répète-t-il ? A quelle personne du verbe s’exprime-t-il ? Sur quoi agit-il ? Dans quel but ? Quelle est la contradiction avec Actes 2.6-11 ? Comment l’expliquer ?

8-9 : dispersion finale sur toute la terre : Quelle expression est répétée deux fois ?  Qu’encadrent  ces parallèles ?  Que signifie le nom de Babel en hébreu et en Babylonien ? Voir les notes de vos bibles. Qu’est-ce que cela annonce sur le sens symbolique du nom de Babylone ?

Comprenons

Le récit de Babel est très souvent considéré comme un jugement négatif de Dieu, pour punir les hommes de leur prétention à l’atteindre. Dieu apparaît ainsi comme inaccessible et jaloux de ses prérogatives. Le texte aurait été écrit pour expliquer la prolifération des langues dont la Pentecôte serait l’antidote. C’est une interprétation qui, pensons-nous, fausse le regard sur Dieu et méconnaît sa volonté de salut pour tous malgré les choix néfastes de l’homme.

1- La situation du récit dans le texte biblique encadré par des généalogies en fait un texte important, selon les lois de composition littéraire hébraïque (parallélisme concentrique ou chiasme pour mettre en valeur ce qui est au centre), pour comprendre le projet de Dieu pour l’humanité : la dispersion des langues et des peuples est un bienfait pour la liberté de la descendance de Sem, issue de Seth. Celle-ci qui invoquait le nom de l’Éternel (Gen 4.26), et était appelée « fils de Dieu » (Gen 6.2,4) par opposition aux « fils des hommes » (11.5) ou aux « nations » (10.32) impies, sans Dieu.

Remarquer les mouvements opposés des hommes et de Dieu, la répétition (2x) de « un même langage » opposée à  «confondre le langage »(3x), l’opposition entre l’installation des hommes (2, 4) et leur dissémination par Dieu (8-9

2- Une même langue

Cela peut s’entendre au sens propre, mais aussi au sens figuré pour signifier l’union des esprits dans un même projet. Ce n’est pas cette union qui est condamnable, c’est la nature du projet humain conçu contre l’Esprit et les ordres de Dieu (Gen 1.28 ; 9.7). Le langage n’est que le moyen, l’outil au service de la volonté humaine.  Dieu va frapper cet outil pour empêcher que se réalise un projet concentrationnaire  et uniformisant, contraire à sa volonté de liberté et de salut pour tous. A l’inverse, le langage deviendra l’outil au service de la volonté de Dieu et de l’homme sous l’action de l’Esprit, à la Pentecôte, pour que tous entendent la Bonne Nouvelle qui pourra les unir autour de l’Éternel.

3- Le projet humain

Partant de la région où l’on situe généralement l’arrêt de l’arche, sur le mont Ararat, au Nord-Est de la Mésopotamie, tout naturellement les hommes choisissent la voie de circulation la plus facile, les fleuves. Au lieu d’obéir à l’ordre de Dieu (9.7) de se répandre sur toute la terre, ils s’installent tous au même endroit, une vallée confortable, celle qu’arrose l’Euphrate.

Ils pallient l’absence de pierre et de ciment par les moyens du bord, la terre et le goudron. Ils mettent donc toute leur ingéniosité et leur esprit créatif au service de leur projet qui a pour but d’éviter la dispersion ordonnée par Dieu. Ils veulent :

a) construire une ville et une tour, pour se sécuriser et surveiller les alentours,

b) atteindre le ciel, donc Dieu, pour dominer le monde

c) se faire un nom par soi-même au lieu de le tirer de Dieu (Es 56.5b ; Eph 3.15)

Le projet humain apparaît comme une révolte contre la volonté divine, un désir d’indépendance vis-à-vis de Lui, et comme une volonté de s’imposer à tous par la grandeur et la célébrité de l’entreprise. (voir la tentation par le serpent, Gen 3)

4- L’humour de Dieu

Aux deux Allons humains (11.3-4), Dieu répond aussi par un Allons (11.7). Au désir humain d’ascension et d’escalade du ciel, Dieu répond par une descente, et une vision d’ensemble de la situation terrestre (v 5-7). Dieu sait ce que font les hommes, il n’a pas besoin de descendre pour voir, Il n’est pas loin et connaît les pensées humaines ! Mais son mouvement vers les hommes est une préfiguration de son incarnation en Jésus pour se mettre au niveau des hommes et les tirer de leur situation mortelle. A l’uniformité dans un même langage, il oppose la diversité par des langues variées. Les moyens de communiquer et de se comprendre faisant défaut, le projet humain de construction avorte. 

5- Le projet de Dieu

En hébreu, il n’existe pas de pluriel de majesté, et pourtant l’Éternel s’exprime à la première personne du pluriel, comme à la Création (Elohim est un nom pluriel) ; c’est sa personne tout entière qui intervient triplement comme Créateur, Sauveur, Consolateur, pour offrir une autre voie de vie à l’humanité.

Pourquoi Dieu désirait-il tellement que l’humanité se répande sur la terre ?

Le texte pourrait être une réponse à cette interrogation : lorsque les hommes se rassemblent et se  sédentarisent, ils tombent dans la tentation de l’orgueil, de l’autosatisfaction, du matérialisme qui met la sécurité dans les biens acquis, de l’idolâtrie ou de l’athéisme : on croit pouvoir se passer de Dieu, puisque l’union fait la force. Les exemples historiques de camps de concentration ont mis en évidence les outrances tragiques qui résultent de cette pensée unique en opposition à Dieu, qui conduit au désespoir.

En dispersant les hommes, Dieu leur donnait une espérance : il désirait leur apprendre à vivre dans la liberté, en comptant non sur leurs propres forces, mais sur sa présence et son appui (voir le discours de Paul à Athènes, Actes 17.26-27), comme il avait tenté de le faire comprendre à Caïn, en l’envoyant comme nomade au désert (Gen 4). La précarité de la vie nomade, l’isolement les uns des autres devaient leur enseigner l’humilité, la confiance en Dieu, l’entraide mutuelle pour subsister dans des conditions difficiles, et la responsabilité personnelle sans laquelle il n’y a pas de croissance possible. Cette dispersion voulue par Dieu protégeait aussi les croyants qui vivaient parmi ces peuples, des entreprises totalitaristes des incroyants. Le parallélisme aux versets 8 et 9 entre les deux répétitions de l’expression « l’Éternel les dissémina sur toute la surface de la terre » met en valeur le sens de "confusion" donné à la ville. Cette confusion est la cause de la dispersion : le nom de Babel, à l’origine du nom de la ville Babylone, par un jeu de mots dont l’hébreu est coutumier, est rapproché du verbe « balal » qui signifie « confondre ». Mais en babylonien il se traduit par « Porte (Bab) de Dieu (El) ». La ville de Babylone symbolisera dans le reste de la Bible, l’orgueil de l’homme qui se prend pour Dieu (comme Nebucadnetsar dans le livre de Daniel), et la confusion spirituelle dans laquelle vivent les hommes idolâtres (Apocalypse 14.8 ; 17.5).

Ainsi, placée au milieu des peuples de la terre (géographiquement et spirituellement)  la descendance de Sem put perpétuer la foi en Dieu et témoigner de son amour jusqu’à l’élection d’Abraham, puis jusqu’à la venue de Christ, au carrefour des civilisations du Moyen-Orient.

Il ne s’agit pas de prendre ce texte comme prétexte de condamnation des villes ou des efforts d’unité entre les hommes ! Ce n’est pas son but. C’est une mise en garde de Dieu contre tout projet qui exclut Dieu et met l’homme sur un piédestal  comme objet d’adoration ; ce qui, comme la Babylone de l’Apocalypse, est voué à sa perte. Le texte est aussi un appel à devenir le témoin de ce Dieu d’amour partout où il nous envoie vivre, afin que tous les hommes puissent un jour choisir de répondre à son amour et lui obéir.

« Toute Écriture étant inspirée de Dieu et utile pour enseigner, convaincre, redresser, éduquer dans la justice afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne » (2 Tim 3.16), nous pouvons avec l’aide de l’Esprit étudier les textes de la Bible, en cherchant toujours ce que Dieu a voulu nous enseigner pour fortifier notre foi et approfondir notre relation avec Lui et les autres. 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 - Qu’est-ce qui dans nos projets personnels, ou ceux de nos pays, peut s’opposer à la volonté d’amour et de vie pleinement libre, de Dieu ?  

-. Quel témoin serai-je aujourd’hui ? Comment mettre à profit la liberté dont nos pays occidentaux disposent, pour annoncer l’Évangile à tous ?

 

 

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