29/09/2017
Étude n°1 : Paul et Rome (07 10 17) Rom 1.1-17
Étude n°1 : Paul et Rome (07 10 17) Rom 1.1-17
« Je rends grâces à mon Dieu par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, parce que votre foi est renommée dans le monde entier » (Rm 1.8)
Observons
Le contexte :
A- Date et lieu de composition : L’épitre de Paul aux Romains est la lettre du Nouveau Testament qui a eu le plus d’importance dans l’histoire de la chrétienté, puisque c’est la redécouverte, par Luther au XVIème siècle, de son message sur la justification par la foi, qui a donné naissance au mouvement de la Réforme.
Cette lettre a été écrite pendant l’hiver 57 ou 58, alors que Paul se reposait à Corinthe (Act 20.3). Il en partit au printemps pour porter à l’Église de Jérusalem le produit des collectes organisées dans les Églises de Grèce et d’Asie Mineure (Rm 15.25-28). Paul était à un tournant de son ministère. Il pensait avoir achevé sa mission auprès des païens en Méditerranée orientale (Rm 15.19) et il désirait se tourner vers l’Occident, jusqu’en Espagne (Rm 15.23, 28), territoire encore ignorant de l’Évangile. C’est pourquoi il envoie une lettre aux chrétiens de Rome, étape normale d’un voyage vers l’Ouest, et capitale de l’Empire Romain.
B- L’église de Rome avait été fondée très tôt, sans doute au retour dans la capitale des « Juifs et prosélytes » venus adorer à Jérusalem pour la Pentecôte (Act 2.10). Ayant entendu la Bonne Nouvelle du salut de la bouche des apôtres, ils l’ont retransmise dans la communauté juive de Rome. L’Église s’est donc développée d’abord dans cette communauté, jusqu’à ce que des querelles naissent entre les Juifs et les convertis, et provoquent un décret d’exil de tous les Juifs sous l’empereur Claude en 49-50. Aquilas et Priscille ont dû faire partie de ce premier noyau chrétien à Rome. Ayant rencontré Paul à Corinthe lors de son deuxième voyage missionnaire, ils reçurent ses enseignements et les rapportèrent à Rome à leur retour d’exil (Rm 16.1). La communauté chrétienne, alors très réduite, commença à intégrer des convertis d’origine païenne qui en constituèrent bientôt la majorité. Paul respectant le serment qu’il s’est fait à lui-même de ne pas marcher sur les brisées d’un autre (Rm 15.20), s’est abstenu de venir jusque-là à Rome, évangélisée par des disciples inconnus, mais ne s’en est pas moins tenu au courant de ce qui s’y passait (Rm 1.8). S’il veut les visiter, c’est surtout pour « affermir » la foi qu’il partage avec les Romains (Rm 1.12). Sa lettre prépare son arrivée en exposant calmement et objectivement le cœur de l’Évangile qu’il a toujours prêché aux Juifs comme aux païens. Par cet écrit doctrinal, il prévient prophétiquement tout dérapage de la foi évangélique de la part des judaïsants comme des pagano-chrétiens; il développe l’histoire du salut par la foi offert à tous, et tout particulièrement à ses frères juifs dans les chapitres 9 à 11, placés à la charnière centrale de sa lettre (Il reste fidèle ainsi au procédé littéraire hébreu du chiasme, ou parallélisme concentrique, qui permet de mettre au centre d’un développement la pensée la plus importante).
C- La construction de la lettre est très claire :
Ch 1.1-17 : Introduction
- Traité dogmatique : ch 1.18 à 8.39 :
- Justification par la foi (1.18-5.21)
- Sanctification par l’Esprit (6.1-8.17)
- Gloire finale (8.18-39)
- Histoire du salut : ch 9-11
- liberté de Dieu : le salut offert aux non-Juifs (9.1-29)
- rejet par Israël du salut par la foi (9.30-10.21)
- réconciliation finale (11.1-36)
- Traité pratique ch 12 à 15.13 :
- devoirs généraux : amour et obéissance à l’autorité (12-13)
- devoirs spéciaux, les forts et les faibles, à l’exemple de Christ (14.1-15.13)
Ch 15.14-16.27 : Conclusion : Projets de Paul et salutations.
Le texte de notre étude de la semaine : Romains 1.1-17
Ce texte d’introduction comprend trois paragraphes
- 1-7 : Salutations présentant l’auteur (v 1), l’évangile prêché (v 2-5a), l’apostolat de Paul (v 5-6) et les destinataires (v 6-7). Ce paragraphe débute par la mention du Christ Jésus, et se termine sur les mots Jésus-Christ. Christ est nommé 7 fois si l’on compte ses titres de Fils de Dieu et Fils (v 3, 4). Au centre se détache le sujet de la Bonne Nouvelle: Jésus Christ notre Seigneur (v 5a).
- 8-15 : Sentiments de Paul à l’égard des Romains :
- actions de grâces et vœu de visite (8-12)
- désir de prêcher à Rome (v 13-15)
C- 1.16-17 : Sujet de la lettre : L’Évangile du salut par la foi est puissance de Dieu pour tous et révélation de sa justice.
Comprenons
A- Les salutations commencent comme il était d’usage à l’époque, par la présentation de l’auteur de la lettre. Comme les Romains ne le connaissent pas de vue, Paul ajoute à son nom ses titres de serviteur et d’apôtre de JC qui accréditent son message. Il fait précéder le nom de Jésus de sa fonction de Messie-Oint-Christ. (Lorsque cette fonction suit le nom de Jésus, elle forme le nom spécifique du Sauveur). Paul se dit serviteur de Christ seulement dans notre texte et dans la lettre aux Philippiens(1.1). Le mot avait le sens d’esclave, d’homme appartenant et soumis à un Maître. Paul se déclare ainsi consacré au service de Christ. Sa fonction dans ce service est celle d’un « apôtre par vocation ou appel de Dieu ». Paul se met au même rang que les Douze (à qui on réservera plus tard ce titre), appelé comme eux directement par Jésus (Ac 9.15). Il n’a pas choisi ni n'a reçu cette fonction dans l’Église. C’est Christ qui, en quelque sorte, la lui a imposée (1 Cor 9.16). Son apostolat repose sur la seule autorité de Dieu (v 5 ; Gal 1.1) et non sur celle des hommes, comme on peut le penser de celui de Matthias, élu par tirage au sort par les Onze pour remplacer Judas (Act 1.26). Il consiste à répandre la Bonne Nouvelle de Dieu, c’est-à-dire annoncer le salut par la foi en Jésus incarné et ressuscité (v 4). Paul ne retient de toute l’œuvre terrestre du Christ que le début et la fin, qui en sont les points essentiels et englobent tout le reste. Paul rattache cet Évangile au message des prophètes des Écritures saintes (parce qu’elles rapportent les Paroles de Dieu) qui ont annoncé la personne et l’œuvre de salut du Messie. Pour Paul, le Fils de Dieu est d’abord incarné (selon la chair, v 3) dans la lignée royale de David, et finalement par sa résurrection d’entre les morts, « établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté » (v 4). Nous avons là une véritable profession de foi de l’église primitive (voir celle de Phil 2 qui la développe). Le mot « selon la chair » demanderait un long développement que l’on peut résumer ainsi : le mot « Chair » a trois sens dans la Bible. Il désigne, soit la substance matérielle du corps, soit la nature humaine où l’esprit n’est pas dirigé par Dieu mais est asservi à l’empire du péché, soit enfin la faiblesse de l’homme soumis à la douleur et à la mort. Dieu en s’incarnant en Jésus a pris notre faiblesse (troisième sens de chair), et en a supporté les conséquences douloureuses, tentations, souffrances et mort (Rm 8.3). Mais en lui, sa chair, sa nature faible, ne fut pas soumise au péché, car son esprit était sanctifié par sa soumission à l’Esprit Saint de Dieu (Rm 8.9-10). Victorieux du péché, il est ressuscité des morts, manifestant la puissance de Dieu et inaugurant pour tout homme qui croit en lui comme Fils de Dieu, une autre vie qui bénéficie de la puissance, de la grâce et de la paix de Dieu, pour la gloire de son Nom (v 5). Le rappel de la lignée terrestre était important pour annoncer aux lecteurs Juifs la messianité de Jésus, et celui de la résurrection est essentiel pour manifester à tous la divinité et la puissance retrouvée du Christ.
De cette confession de foi, il ressort que le Christ est l’Alpha et l’Omega (Ap 1.18 ; 22.13) de la théologie de Paul et de l’histoire du salut dont le centre est la foi en la résurrection de Christ, Créateur et Rédempteur (1 Co 15).
A la suite des prophètes, les apôtres ont été associés à l’annonce du salut en Jésus-Christ, de sorte que l’humanité entière, Juifs et Gentils (= non-Juifs), est concernée par la Bonne Nouvelle. Paul a reçu la mission d’annoncer le salut par la foi en Jésus-Christ incarné et ressuscité, spécialement aux nations (v 5b), c’est-à-dire aux non-Juifs, dont font partie la majorité des chrétiens de Rome (v 6-7). Ayant reçu eux-aussi l’appel de Dieu, ils sont « mis à part », « saints », comme serviteurs bien-aimés de Dieu et reçoivent la bénédiction de Paul. Celle-ci, très souvent reprise dans les lettres de Paul, puis dans les églises chrétiennes, allie la salutation grecque « charis » = « grâce », et la salutation juive : « schalom » = « Paix ». Ainsi Grecs (non-Juifs) et Juifs sont concernés par la lettre aux Romains, qui affirme le salut par la foi universellement promis à tous ceux qui croient.
B v 8-15 : Les sentiments de Paul envers l’église de Rome.
Après les salutations, Paul manifeste dans une action de grâces (v 8-12) son intérêt pour les Romains. Sa reconnaissance pour leur foi est adressée à Dieu par Jésus-Christ, parce qu’il en est la source et l’intercesseur. La foi des Romains est connue partout où il y a des chrétiens ; en effet, Rome est la capitale de l’Empire et la plaque tournante de tous les échanges commerciaux, économiques et administratifs, les nouvelles s’y transmettent très rapidement. Les églises profitent de ces échanges pour communiquer entre elles et connaître les progrès de l’Évangile dans le monde méditerranéen. Toutes savent (et elles s’en réjouissent), qu’à Rome existe une communauté vivante qui est née non de la prédication d’apôtres, mais du témoignage de disciples anonymes. Paul a besoin d’affirmer la vérité de ses prières en en prenant à témoin le Dieu qu’il sert du plus « profond de son cœur » (= en mon esprit) (v 9), par l’annonce de l’Évangile.
Il exprime le vœu de visiter les Romains pour affermir par ses paroles leur foi enseignée par d’autres, qu’il ne cherche ni à corriger ni à compléter, puisqu’il reconnaît qu’elle leur est « commune » (v 12b) ! Il espère aussi tirer de ces échanges un grand encouragement pour lui-même (v 12a). Paul exprime ainsi que la solidarité de la foi et le partage de la Parole entre chrétiens contribuent à l’édification mutuelle, à la nourriture spirituelle de chacun et à la croissance de l’Église.
En parlant des « fruits » qu’il espère recevoir des Romains, à l’exemple des autres nations (v 13), Paul pense non seulement à ces fruits spirituels, mais aussi à la contribution financière que les Romains peuvent apporter en faveur de l’église de Jérusalem. La solidarité spirituelle se traduit concrètement par l’aide financière apportée à la communauté éprouvée de Jérusalem, que Paul se préparait à transmettre (Rm 15.25-26).
On ne connaît pas ce qui a empêché jusque-là Paul de réaliser son vœu de visite à Rome. Le verset 14 semble indiquer que ce fut surtout le sens du devoir d’annoncer à tous la Bonne Nouvelle en Méditerranée orientale, avant d’entreprendre une tournée missionnaire en Occident. Paul s’était fixé comme objectif de prêcher aux non-Juifs, Grecs ou savants (en science philosophique ou mathématiques), comme Barbares ou ignorants (par rapport à la culture et la sagesse des Grecs). La tâche était immense en Grèce et en Asie Mineure, c’est pourquoi sa visite à Rome avait été retardée.
Bien que les Romains aient déjà connu l’Évangile, Paul désire encore le leur «annoncer » (v 15) : la Bonne Nouvelle est toujours à prêcher et à approfondir. Chaque prédicateur, chaque « témoin » en présente un aspect nouveau, personnalisé, et contribue à sa proclamation à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église.
- Le sujet de la prédication (v 16-17), est placé par Paul juste avant le début du traité doctrinal de sa lettre, comme un titre du développement qui suit. Il en est donc la source et le résumé en deux versets.
Nous le reprendrons en détail dans l’étude n°3
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels aspects de la personne et de l’œuvre de Jésus ma foi privilégie-t-elle ? Incarnation, miracles, enseignements, passion, mort, résurrection, glorification, ministère d’intercession, retour ? Comment cela se traduit-il dans ma façon de vivre et de témoigner ?
- Quel est le but de notre « évangélisation » ? Proclamer la Bonne Nouvelle à tous ou « faire des Adventistes » ? Quelle est la différence d’attitude et de témoignage entrainée par cette différence d’objectifs ?
- Jusqu’où va notre solidarité de témoins de l’Évangile avec les autres dénominations chrétiennes, ou les autres églises de notre dénomination ? Quel témoignage chrétien commun devons-nous et pouvons-nous porter ? Comment y contribuer personnellement à l’échelle de notre ville, de notre région ?
- Comment passer outre aux barrières sociales, religieuses, culturelles, qui nous empêchent de proclamer à tous la Bonne Nouvelle? Quel orgueil, mépris de l’autre, indifférence, quelle peur, l’Esprit doit-il effacer en nous ? Qu’est-ce que cela demande de notre part pour expérimenter la puissance de l’Évangile et vivre en « justifié par la foi » (v 17b) ?
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